L'heure de la franc-maçonnerie
Extrait d'un texte magistral de Louis Even (texte complet ici)
les archives complètes de Louis Even sont disponibles ici http://www.michaeljournal.org/causeries/causeriesmp3.htm
L'heure de la franc-maçonnerie
Vint 1960. Les précurseurs que nous avons mentionnés, et d'autres, avaient préparé le terrain pour des changements de taille dans la province de Québec. L'élection de cette année-là favorisa ces desseins, en portant le parti libéral au pouvoir, pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Les membres les plus influents du nouveau gouvernement étaient, avec le premier ministre Jean Lesage, Paul Gérin-Lajoie, René Lévesque le favori de Moscou, et Pierre Laporte. Ils ne perdirent pas de temps. On ne tarda pas à entendre la -publicité faite au projet de la nationalisation des compagnies productrices d'électricité, projet moussé par le socialiste René Lévesque. Et surtout celle faite au projet, parrainé par Paul Gérin-Lajoie, d'une « Grande Charte de l'Éducation », qu'il aurait pu aussi bien appeler « Charte maçonnique de l'Éducation ».
Les forces athées et maçonniques virent, en effet, leur chance. Ce qu'elles n'avaient pu obtenir 50 années auparavant; à, l'époque de, la loge maçonnique canadienne-française « L'Émancipation », il leur fallait le réussir maintenant. L'accélérateur fut poussé à fond.
Le 8 avril 1961, Marcel Rioux, Maurice Blain, avec quelques autres de même calibre, fondaient le Mouvement Laïque de Langue, Française, pour presser la laïcisation du système scolaire (alors confessionnel) au Québec. Cette fondation, à laquelle assistaient 500 à 600 personnes, se fit dans la salle sociale de l'Université de Montréal une université possédant une charte pontificale romaine, avec comme chancelier l'Archevêque' de Montréal, qui était alors un cardinal, et comme recteur un dignitaire ecclésiastique de l'archidiocèse ! Mais que ne voit-on pas aujourd'hui, et que signifie encore le mot, « catholique » même pour des prêtres, même pour des évêques?
Un cardinal dans le courant
D'ailleurs, l'Archevêque de Montréal était alors le Cardinal Paul-Émile Léger, version 1961 et non plus version 1950.
Le cardinal Léger de 1961 était-il donc différent de l'archevêque Léger de 1950? Malheureusement oui. Il était acquis aux idées des « émancipateurs », le dos au passé et engagé dans les voies du progressisme, plongeant dans un inconnu à découvrir (expression de Gérard Pelletier).
C'est le trio Trudeau-Pelletier-Hébert qui fut le premier surpris en même temps que le premier à savourer ce changement. C'est ce que Gérard Pelletier relate dans un article paru dans « Le Devoir » du 24 novembre 1967, relativement sans doute à la démission par le cardinal de l'archevêché de Montréal. L'article se voulait sans doute aussi à la louange du cardinal. Gérard Pelletier faisait le récit de la rencontre du trio avec le cardinal Léger en janvier 1961 et la comparait avec une précédente rencontre en 1952.
En 1952, le cardinal les avait mandés pour leur exprimer ses inquiétudes au sujet de leurs écrits dans « Cité Libre » surtout. Il ne voulait pas aller jusqu'à une condamnation hâtive et publique, mais il les mettait en garde. L'entrevue leur avait laissé un souvenir désagréable. Ils ne s'étaient pas revus depuis. Aussi nos trois avant-gardistes •de la « révolution tranquille » furent-ils intrigués quand,- neuf années plus, tard, ils reçurent de l'archevêché une invitation à dîner avec le cardinal à sa maison de Lachine. Serait-ce une manière de les avoir pour leur filer de nouveaux reproches ?
Mais non. C'est le cardinal qui leur ouvrit lui-même la porte quand ils arrivèrent à la maison de Lachine. Lui-même aussi qui leur servit l'apéritif. Ils causèrent de pays visités par les uns et les autres. Puis, à table, le cardinal parla de sujets plus actuels, du conclave qui avait élu le pape Jean XXIII, des préparatifs d'un concile oecuménique. Mais, écrit Gérard Pelletier
« La vraie surprise de cette rencontre, nous l'éprouvâmes quand la discussion vira sur nos problèmes internes. Sans doute avions-nous nous-mêmes mûri au cours de ces neuf ans. Sans doute encore est-il plus facile démesurer l'évolution des autres que la sienne propre. Mais de toute évidence, le cardinal de 1961 n'était plus le même homme que l'archevêque de 1952. Et le Concile n'était pas encore inauguré...
« Entre la poire et le fromage, nous fîmes l'inventaire, non plus des distances qui nous séparaient, mais, au contraire, des attitudes que nous partagions désormais. Il acceptait de Plonger dans l'inconnu.... Il savait qu'une grave crise spirituelle guettait notre chrétienté nord-américaine. Mais il a accepté d'y faire face ...
La présence de l'Église devait changer de forme, et tous les changements dont il devait être le promoteur et l'auteur, tous les nouveaux horizons qu'il devait ouvrir à l'Église pendant et après le Concile, il les avait conçus déjà ou du moins ébauchés dans son esprit et nous en parlait sans détour pendant cette soirée neigeuse de janvier 1961 ... à nous qui avions été ses bêtes noires simplement parce que nous vivions 'nos vies de laïques au coeur de l'action et aux écoutes d'un Québec qui se cherchait lui-même. La soirée de Lachine a marqué pour nous une étape ».
Ainsi le trio Trudeau-Pelletier-Hébert — et donc la bande des persifleurs de notre chrétienté québécoise — avaient dès, lors un haut prélat à leur goût, l'archevêque à la tête du plus grand nombre de catholiques dans tout le commonwealth britannique.
Triomphe maçonnique
Ce n'était certainement pas le Cardinal Léger qui allait opposer une résistance à la dissolution du Conseil confessionnel de l'Instruction Publique et à son remplacement, tant attendu des Loges, par un ministère de l'instruction ou de l'éducation. Bien au contraire, il neutraliserait plutôt l'opposition que d'autres évêques y avaient exprimée.
L'opération fut consommée par l'adoption du fameux Bill 60 en 1964. Malgré certains points de-second ordre établissant des comités confessionnels qui pourraient soumettre des désirs au ministre, le train scolaire était dès lors placé sur les rails vers la pleine laïcisation. La suite l'a démontré.
Le premier ministre Jean Lesage avait pourtant déclaré publiquement que, tant qu'il serait à la tête du gouvernement, il n'y aurait pas de Ministère de l'Éducation dans Québec. Mais Jean Lesage pouvait bien céder aux poussées qui, l'entouraient quand les Évêques eux-mêmes capitulaient acceptant leur mise au rancart comme des garnements pris en défaut.
Le parti libéral se glorifiait de la « révolution tranquille » mise en marche par lui au Québec. Pourquoi s'arrêter ? Il ne prévoyait sans doute pas que d'autres la trouveraient trop tranquille et qu'un ministre d'alors (Pierre Laporte) serait six ans plus tard la victime de révolutionnaires plus pressés.
Le gouvernement de Québec établit avec le gouvernement de Paris des « échanges culturels », des professeurs de France venant enseigner au Québec pour un terme donné, et un égal nombre de professeurs québécois allant faire un stage équivalent d'enseignement dans des écoles françaises. Excellent moyen de maçonniser nos écoles, le •tri étant fait à Paris par le ministère d'un franc-maçon; et nos professeurs canadiens revenant d'un stage en France avec des idées nouvelles et un prestige accru pour les faire valoir chez nous.
La paganisation de notre enseignement s'étendit rapidement dans tout le système, du primaire au préuniversitaire. La promiscuité dans les écoles et dans les autobus y transportant, l'indiscipline, la circulation de drogues et de littérature érotique, etc., ont produit ce que tout le, monde voit : la laxité des moeurs; l'ignorance en matière religieuse, le mépris de l'autorité des parents, le tout s'aggravent d'une année à l'autre. L'impudeur, les exhibitions de la chair, les conversations lascives, les journaux d'étudiants rivalisant d'articles voltairiens, blasphématoires et impudiques, sont devenus tellement affaire courante que presque personne n'essaie plus d'enrayer le déferlement de cette vague de pourrissement. Peut-on s'étonner, après cela, que de telles plantations sortent des fruits qui empestent, qui bouleversent, qui horrifient?
Syndicats
Nous n'avons donné que quelques noms et touché seulement quelques secteurs. Que ne faudrait-il pas dire des unions ouvrières? Des syndicats qui, autrefois étiquetés catholiques, se sont tellement éloignés des objectifs proclamés lors de leur fondation qu'ils ont secoué leur étiquette, dont, d'ailleurs, ils avaient pris honte. Les syndicats sont devenus, de plus en plus, des bouillons de culture de socialistes, de communistes ouverts ou cryptos, et des officines de grèves qui perturbent la vie sociale et servent d'entraînement à des révolutions à venir.
Que n'est pas devenue la CSN, par exemple, avec les Gérard Picard, le Gérard Pelletier (l'homme de partout), les Jean Marchand (celui-ci devenu lui aussi ministre dans le gouvernement Trudeau) ? Et ça continue sous la direction de leurs successeurs.
A force d'insistance et en faisant jouer leur influence ou leur chantage auprès de partis qui comptent le nombre d'électeurs à gagner ou garder plus importants que les principes en politique, les syndicats ont obtenu le droit de grève même dans les services publics, et ils se sont hâtés d'en profiter, On a eu des grèves criminelles, qui n'avaient souci ni de malades dans les hôpitaux, ni du bien des enfants dans les écoles. On a même connu une grève, Dieu merci courte, dans le service des pompiers-et des gardiens de la sécurité, dans" la plus grande ville du Canada.
En terminant
Mais terminons ces réflexions sur les événements d'octobre au Québec par une note moins attristante, car il advient souvent que Dieu dans- sa bonté tire le bien du mal. A la méditation, nous sommes portés à voir dans ces faits bouleversants une grâce du Ciel, un avertissement à des hommes qui en avaient besoin et qui a provoqué chez plusieurs une prise de conscience. Un Père Franciscain nous disait récemment, et plusieurs prêtres l'ont confirmé, que nombreuses sont les conversions suscitées par ce passage de l'Ange d'un Dieu trop offensé.
Alors, ne faut-il pas se réjouir plutôt que se lamenter? Si c'est l'éloignement de Dieu qui a introduit un cancer révolutionnaire dans notre autrefois si chrétienne province de Québec, n'est-ce pas, par le retour à Dieu dans la vie privée, dans la vie familiale, dans la vie publique, dans les institutions, que ce cancer peut en être extirpé, bien plus efficacement que par des répressions uniquement 'policières, si nécessaires soient celles-ci? Nous le croyons.
Louis Even
les archives complètes de Louis Even sont disponibles ici http://www.michaeljournal.org/causeries/causeriesmp3.htm
L'heure de la franc-maçonnerie
Vint 1960. Les précurseurs que nous avons mentionnés, et d'autres, avaient préparé le terrain pour des changements de taille dans la province de Québec. L'élection de cette année-là favorisa ces desseins, en portant le parti libéral au pouvoir, pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale.
Les membres les plus influents du nouveau gouvernement étaient, avec le premier ministre Jean Lesage, Paul Gérin-Lajoie, René Lévesque le favori de Moscou, et Pierre Laporte. Ils ne perdirent pas de temps. On ne tarda pas à entendre la -publicité faite au projet de la nationalisation des compagnies productrices d'électricité, projet moussé par le socialiste René Lévesque. Et surtout celle faite au projet, parrainé par Paul Gérin-Lajoie, d'une « Grande Charte de l'Éducation », qu'il aurait pu aussi bien appeler « Charte maçonnique de l'Éducation ».
Les forces athées et maçonniques virent, en effet, leur chance. Ce qu'elles n'avaient pu obtenir 50 années auparavant; à, l'époque de, la loge maçonnique canadienne-française « L'Émancipation », il leur fallait le réussir maintenant. L'accélérateur fut poussé à fond.
Le 8 avril 1961, Marcel Rioux, Maurice Blain, avec quelques autres de même calibre, fondaient le Mouvement Laïque de Langue, Française, pour presser la laïcisation du système scolaire (alors confessionnel) au Québec. Cette fondation, à laquelle assistaient 500 à 600 personnes, se fit dans la salle sociale de l'Université de Montréal une université possédant une charte pontificale romaine, avec comme chancelier l'Archevêque' de Montréal, qui était alors un cardinal, et comme recteur un dignitaire ecclésiastique de l'archidiocèse ! Mais que ne voit-on pas aujourd'hui, et que signifie encore le mot, « catholique » même pour des prêtres, même pour des évêques?
Un cardinal dans le courant
D'ailleurs, l'Archevêque de Montréal était alors le Cardinal Paul-Émile Léger, version 1961 et non plus version 1950.
Le cardinal Léger de 1961 était-il donc différent de l'archevêque Léger de 1950? Malheureusement oui. Il était acquis aux idées des « émancipateurs », le dos au passé et engagé dans les voies du progressisme, plongeant dans un inconnu à découvrir (expression de Gérard Pelletier).
C'est le trio Trudeau-Pelletier-Hébert qui fut le premier surpris en même temps que le premier à savourer ce changement. C'est ce que Gérard Pelletier relate dans un article paru dans « Le Devoir » du 24 novembre 1967, relativement sans doute à la démission par le cardinal de l'archevêché de Montréal. L'article se voulait sans doute aussi à la louange du cardinal. Gérard Pelletier faisait le récit de la rencontre du trio avec le cardinal Léger en janvier 1961 et la comparait avec une précédente rencontre en 1952.
En 1952, le cardinal les avait mandés pour leur exprimer ses inquiétudes au sujet de leurs écrits dans « Cité Libre » surtout. Il ne voulait pas aller jusqu'à une condamnation hâtive et publique, mais il les mettait en garde. L'entrevue leur avait laissé un souvenir désagréable. Ils ne s'étaient pas revus depuis. Aussi nos trois avant-gardistes •de la « révolution tranquille » furent-ils intrigués quand,- neuf années plus, tard, ils reçurent de l'archevêché une invitation à dîner avec le cardinal à sa maison de Lachine. Serait-ce une manière de les avoir pour leur filer de nouveaux reproches ?
Mais non. C'est le cardinal qui leur ouvrit lui-même la porte quand ils arrivèrent à la maison de Lachine. Lui-même aussi qui leur servit l'apéritif. Ils causèrent de pays visités par les uns et les autres. Puis, à table, le cardinal parla de sujets plus actuels, du conclave qui avait élu le pape Jean XXIII, des préparatifs d'un concile oecuménique. Mais, écrit Gérard Pelletier
« La vraie surprise de cette rencontre, nous l'éprouvâmes quand la discussion vira sur nos problèmes internes. Sans doute avions-nous nous-mêmes mûri au cours de ces neuf ans. Sans doute encore est-il plus facile démesurer l'évolution des autres que la sienne propre. Mais de toute évidence, le cardinal de 1961 n'était plus le même homme que l'archevêque de 1952. Et le Concile n'était pas encore inauguré...
« Entre la poire et le fromage, nous fîmes l'inventaire, non plus des distances qui nous séparaient, mais, au contraire, des attitudes que nous partagions désormais. Il acceptait de Plonger dans l'inconnu.... Il savait qu'une grave crise spirituelle guettait notre chrétienté nord-américaine. Mais il a accepté d'y faire face ...
La présence de l'Église devait changer de forme, et tous les changements dont il devait être le promoteur et l'auteur, tous les nouveaux horizons qu'il devait ouvrir à l'Église pendant et après le Concile, il les avait conçus déjà ou du moins ébauchés dans son esprit et nous en parlait sans détour pendant cette soirée neigeuse de janvier 1961 ... à nous qui avions été ses bêtes noires simplement parce que nous vivions 'nos vies de laïques au coeur de l'action et aux écoutes d'un Québec qui se cherchait lui-même. La soirée de Lachine a marqué pour nous une étape ».
Ainsi le trio Trudeau-Pelletier-Hébert — et donc la bande des persifleurs de notre chrétienté québécoise — avaient dès, lors un haut prélat à leur goût, l'archevêque à la tête du plus grand nombre de catholiques dans tout le commonwealth britannique.
Triomphe maçonnique
Ce n'était certainement pas le Cardinal Léger qui allait opposer une résistance à la dissolution du Conseil confessionnel de l'Instruction Publique et à son remplacement, tant attendu des Loges, par un ministère de l'instruction ou de l'éducation. Bien au contraire, il neutraliserait plutôt l'opposition que d'autres évêques y avaient exprimée.
L'opération fut consommée par l'adoption du fameux Bill 60 en 1964. Malgré certains points de-second ordre établissant des comités confessionnels qui pourraient soumettre des désirs au ministre, le train scolaire était dès lors placé sur les rails vers la pleine laïcisation. La suite l'a démontré.
Le premier ministre Jean Lesage avait pourtant déclaré publiquement que, tant qu'il serait à la tête du gouvernement, il n'y aurait pas de Ministère de l'Éducation dans Québec. Mais Jean Lesage pouvait bien céder aux poussées qui, l'entouraient quand les Évêques eux-mêmes capitulaient acceptant leur mise au rancart comme des garnements pris en défaut.
Le parti libéral se glorifiait de la « révolution tranquille » mise en marche par lui au Québec. Pourquoi s'arrêter ? Il ne prévoyait sans doute pas que d'autres la trouveraient trop tranquille et qu'un ministre d'alors (Pierre Laporte) serait six ans plus tard la victime de révolutionnaires plus pressés.
Le gouvernement de Québec établit avec le gouvernement de Paris des « échanges culturels », des professeurs de France venant enseigner au Québec pour un terme donné, et un égal nombre de professeurs québécois allant faire un stage équivalent d'enseignement dans des écoles françaises. Excellent moyen de maçonniser nos écoles, le •tri étant fait à Paris par le ministère d'un franc-maçon; et nos professeurs canadiens revenant d'un stage en France avec des idées nouvelles et un prestige accru pour les faire valoir chez nous.
La paganisation de notre enseignement s'étendit rapidement dans tout le système, du primaire au préuniversitaire. La promiscuité dans les écoles et dans les autobus y transportant, l'indiscipline, la circulation de drogues et de littérature érotique, etc., ont produit ce que tout le, monde voit : la laxité des moeurs; l'ignorance en matière religieuse, le mépris de l'autorité des parents, le tout s'aggravent d'une année à l'autre. L'impudeur, les exhibitions de la chair, les conversations lascives, les journaux d'étudiants rivalisant d'articles voltairiens, blasphématoires et impudiques, sont devenus tellement affaire courante que presque personne n'essaie plus d'enrayer le déferlement de cette vague de pourrissement. Peut-on s'étonner, après cela, que de telles plantations sortent des fruits qui empestent, qui bouleversent, qui horrifient?
Syndicats
Nous n'avons donné que quelques noms et touché seulement quelques secteurs. Que ne faudrait-il pas dire des unions ouvrières? Des syndicats qui, autrefois étiquetés catholiques, se sont tellement éloignés des objectifs proclamés lors de leur fondation qu'ils ont secoué leur étiquette, dont, d'ailleurs, ils avaient pris honte. Les syndicats sont devenus, de plus en plus, des bouillons de culture de socialistes, de communistes ouverts ou cryptos, et des officines de grèves qui perturbent la vie sociale et servent d'entraînement à des révolutions à venir.
Que n'est pas devenue la CSN, par exemple, avec les Gérard Picard, le Gérard Pelletier (l'homme de partout), les Jean Marchand (celui-ci devenu lui aussi ministre dans le gouvernement Trudeau) ? Et ça continue sous la direction de leurs successeurs.
A force d'insistance et en faisant jouer leur influence ou leur chantage auprès de partis qui comptent le nombre d'électeurs à gagner ou garder plus importants que les principes en politique, les syndicats ont obtenu le droit de grève même dans les services publics, et ils se sont hâtés d'en profiter, On a eu des grèves criminelles, qui n'avaient souci ni de malades dans les hôpitaux, ni du bien des enfants dans les écoles. On a même connu une grève, Dieu merci courte, dans le service des pompiers-et des gardiens de la sécurité, dans" la plus grande ville du Canada.
En terminant
Mais terminons ces réflexions sur les événements d'octobre au Québec par une note moins attristante, car il advient souvent que Dieu dans- sa bonté tire le bien du mal. A la méditation, nous sommes portés à voir dans ces faits bouleversants une grâce du Ciel, un avertissement à des hommes qui en avaient besoin et qui a provoqué chez plusieurs une prise de conscience. Un Père Franciscain nous disait récemment, et plusieurs prêtres l'ont confirmé, que nombreuses sont les conversions suscitées par ce passage de l'Ange d'un Dieu trop offensé.
Alors, ne faut-il pas se réjouir plutôt que se lamenter? Si c'est l'éloignement de Dieu qui a introduit un cancer révolutionnaire dans notre autrefois si chrétienne province de Québec, n'est-ce pas, par le retour à Dieu dans la vie privée, dans la vie familiale, dans la vie publique, dans les institutions, que ce cancer peut en être extirpé, bien plus efficacement que par des répressions uniquement 'policières, si nécessaires soient celles-ci? Nous le croyons.
Louis Even
3 Comments:
un autre extrait d'un texte de louis Even, Trudeau le marxiste.
De retour au pays, à Montréal, en 1951, Trudeau lance la revue « Cité Libre », premier coup de pioche contre l'édifice chrétien de la province de Québec. Cité « libre » — un Québec à libérer de toute influence sacerdotale, à déconfessionnaliser dans ses syndicats, dans ses écoles, dans toutes ses institutions publiques. Et qui furent les associés de Pierre-Elliot Trudeau dans cette démolition par la plume ? Gérard Pelletier dès la fondation ; puis des « rouges » pur-sang : le professeur Raymond Boyer, convaincu d'espionnage soviétique dans le procès de l'affaire Gouzenko ; Stanley Ryerson, théoricien en vue du parti communiste canadien et rédacteur de la « Marxist Review » ; Pierre Gélinas, rédacteur du journal communiste « Combat » et directeur pour Québec de l'AgitProp (agitation et propagande) du parti communiste.
En 1952, Pierre-Elliot Trudeau conduisait à Moscou, pour une conférence économique, une délégation dite d'hommes d'affaires, qui s'avéra une délégation de communistes canadiens. Les articles pro-soviétiques qu'il publia à son retour le firent qualifier de communiste dans « Le Droit » d'Ottawa et dans « L'Action Catholique » de Québec.
En 1953, Trudeau se vit refuser l'entrée aux Etats-Unis, comme « inadmissible », sans doute à cause de ses affinités communistes qu'il n'était plus possible d'ignorer. Et c'est ce type-là que certains voudraient hisser au sommet de la politique du Canada !
En 1955, Pierre-Elliott Trudeau essaya de former dans Québec un rassemblement de tous les groupes de gauche, un « front uni ». Mais Trudeau fut jugé trop à gauche, même par le parti CCF d'alors (aujourd'hui Nouveau Parti Démocratique). Or, c'est cet homme, ce Trudeau trop à gauche pour le parti de gauche, qui allait être accueilli dix ans plus tard par le parti libéral, qui allait en devenir une des figures de premier plan ! O histoire !
Mais en attendant, Trudeau devait encore manifester le fond de son personnage rouge. En 1960, il conduisait une délégation communiste, à Pékin cette fois, pour célébrer la victoire des Rouges, imposant leur pouvoir à la grande Chine continentale.
Entretemps, le communiste Castro s'est installé à la tête du gouvernement de Cuba. Il faut lui rendre hommage. Trudeau veut le faire par un geste remarquable. Il part de la côte des États-Unis en canot, ramant avec ferveur vers Cuba. Mais avant qu'il franchisse la limite des eaux américaines, il est arrêté par un garde-côte de Key West et re-déporté au Canada.
En 1961, les dirigeants marxistes et socialistes du Nouveau Parti Démocratique publiaient un manuel intitulé « Social. Purpose for Canada », destiné à être pour le parti socialiste N. P.D. ce qu'avait été dans les années '30 le « Social Planning for Canada » rédigé par les intellectuels du CCF. Un chapitre de ce nouveau manuel a été composé par Pierre-Elliott Trudeau. Il y montre Mao-Tse Tung, chef rouge de la Chine, comme un maître à imiter :
« L'expérience de ce stratégiste de grande classe, Mao-Tse-Tung, peut nous amener à conclure que, dans un pays vaste et hétérogène, la possibilité d'établir des châteaux-forts socialistes dans certaines régions est la meilleure chose à faire ».
Trudeau n'est pas séparatiste. Nous non plus. Mais pas pour la même raison. Nous voulons être chez nous dans un grand pays libre, d'un océan à l'autre. Trudeau, lui, veut un grand pays socialiste, et il juge que c'est plus facile d'y arriver avec une tête socialiste en commande à Ottawa. Dans son livre « La Pratique et la Théorie du Fédéralisme », il écrit, page 373 de l'édition anglaise, (nous traduisons) :
« Le Fédéralisme doit être bienvenu comme un instrument de valeur permettant à des partis dynamiques de planter des gouvernements socialistes dans certaines provinces, d'où la semence du radicalisme peut graduellement s'étendre ».
La «semence du radicalisme ». Radical, c'est cela Trudeau, un radical, un intellectuel radical, un intellectuel révolutionnaire.
En 1962, sous la pression d'étudiants de gauche dont il alimentait la ferveur, Trudeau obtint un poste de professeur à l'Université de Montréal. Université qui devint vite un incubateur de pro-Castros.
C'est en 1965, il y a donc seulement trois ans, que Trudeau décida de joindre le parti libéral —ou plutôt de se servir du parti libéral pour se propulser à un pouvoir politique qui lui permettrait de façonner un Canada à la Castro ou à la Mao, au moins tel qu'il le concevait dans son esprit depuis une quinzaine d'années.
Et l'on vit la machine fabricatrice de vedettes exalter le trio rouge Trudeau, Pelletier, Marchand, comme artisans de rajeunissement du parti libéral, qui allaient délivrer le parti de sa vieille garde et accélérer la marche vers le progrès — le progrès rouge, évidemment, même sans le dire.
Dès 1966, Pearson faisait de Trudeau, ce nouveau-né dans le parti, son Secrétaire parlementaire. Et en 1967, il le nommait au ministère important de la Justice.
Grande réjouissance pour les communistes, non seulement du Canada, mais du monde entier, cette ascension fulgurante d'un des leurs à un poste-politique élevé d'où il pourrait faire beaucoup pour eux au Canada. Le fondateur du Comité communiste pour la Liberté de Cuba, le professeur communiste Kenneth McNaught, pouvait bien déclarer avec un sentiment de triomphe : « Le sort politique de Trudeau pourra bien être le sort politique du Canada. » Ce qui signifiait un Canada communiste.
Quels Libéraux encore sensés peuvent songer à se donner comme chef un homme qui devrait être mis à la porte du parti comme un danger mortel ?
A peine devenu ministre de la Justice, Trudeau rêvait déjà de faire- de son ministère un organe pour la planification socialiste du Canada. Un communiqué publié par lui-même, dans le Toronto Star du 25 avril 1967, dit en effet :
« La Justice doit être regardée de plus en plus comme un département de planification pour la société de demain, et pas seulement comme un bureau de conseillers légaux du gouvernement.»
Une telle conception du ministère de la Justice pourrait convenir à un ministre de pays communiste, mais certainement pas à un ministre du gouvernement canadien.
Trudeau à la tête du parti libéral ? Nous ne sommes ni de ce parti ni d'un autre; mais à titre de citoyen d'un pays encore libre, nous répondrions : Non, pas à la tête, mais à la porte du parti !
Et ce n'est pas tout. C'est avec une puanteur de Sodome que Pierre-Elliot Trudeau courtise le poste de chef du parti libéral fédéral. Il a, en effet, présenté à la Chambre son bill « omnibus ». Omnibus, parce que ce bill couvre des amendements à plusieurs sujets du code criminel. Trudeau les met ensemble pour faire passer, dans un même vote, le neutre et le mauvais. Deux points du bill omnibus devraient marquer de honte le ministre de la Justice et feraient rejaillir cette honte sur le Canada s'ils étaient adoptés. L'un légalise l'homo-sexualité. L'autre permet l'avortement dans certains cas, légalisant ainsi le meurtre d'êtres humains innocents.
Les Évêques ont déclaré que ce permis à l'avortement ne peut être accepté par des catholiques. Il ne peut l'être, non plus, par des chrétiens qui, sans être catholiques, se réclament de la doctrine du Christ, ou même de la simple loi naturelle. Mais Trudeau veut que les députés votent son bill selon la ligne du parti, et non pas selon leur conscience.
Voilà Trudeau. Trudeau marqué du signe de la Bête. Va-t-on lui permettre de marquer du même signe la législation canadienne ? Que saint Michel nous en préserve, même s'il doit tirer son épée, comme il l'a déjà fait plus d'une fois dans l'histoire, pour protéger des peuples qu'il aime contre la pourriture et la domination de Satan !
Dernière heure
1
LA DÉCONFESSIONNALISATION SANS DOULEUR
Le Devoir du lundi 28 février 1966, nous apprenait que M. Gérin-Lajoie avait été invité à rassurer la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) quant à la confessionnalité de l'enseignement au Québec. Il a répondu à la question concernant la confessionnalité de l'enseignement : «Oui, mais pas comme autrefois.»
Alors, comment, de quelle façon se réalisera cette dite «confessionnalité nouvelle» conçue personnellement par le ministre de l'Education? M. Gérin-Lajoie a donné à titre d'exemple le projet mis au point pour la région de Sherbrooke, selon lequel la commission scolaire régionale à direction protestante assurerait en même temps l'enseignement des anglophones catholiques et protestants, au niveau secondaire; et l'inverse, la commission scolaire à direction catholique s'occuperait des francophones protestants et catholiques.
On voit le glissement proposé par ce projet: le critère de base justifiant l'existence de deux comités dans l'organisme gouvernemental actuel ne serait plus, dans plusieurs dispositions pratiques, la liberté de religion, mais la langue nationale de deux groupes ethniques, quelle que soit par ailleurs la croyance ou l'incroyance des sujets.
Il devient donc évident qu'à partir de ce moment-là, l'école ne sera plus concrètement confessionnelle; la situation de fait qui serait créée, si l'on réalisait jamais ce projet, amènerait tôt ou tard le rejet par voie légale de la confessionnalité de l'école telle que l'Église catholique l'entend (à moins que tous les francophones se mettent de bon gré ou par la force des choses à l'école du catholicisme et que tous les anglophones se fassent les élèves du protestantisme; ce qui serait absurde dans les deux cas). Il y a dans ce projet de planification scolaire, selon la pratique, semble-t-il, de l'idéologie «séparatiste-nationaliste», une violation radicale du droit à la liberté de religion de la personne humaine, du fait que cette nouvelle planification scolaire ne tiendra aucun compte de la religion pratiquée par les élèves ou par les professeurs.
«Quand je pense à des formules différentes de la confessionnalité, a pourtant dit le ministre de l'Éducation, C'EST À DES INITIATIVES COMME CELLE-LA QUE JE SONGE.»
Une question vaut la peine d'être posée: Pourquoi M. Gérin-Lajoie tient-il pour bonne cette «replanification» de l'école selon l'idéologie «séparatiste-nationaliste», alors qu'il devrait plutôt tenir pour bonne ET DÉFENDRE une reconnaissance pratique plus efficace du droit sur lequel repose le système scolaire actuel, c'est-à-dire le droit à la confessionnalité. Notre système d'écoles catholiques doit rester catholique en droit et en fait. Et j'imagine que les protestants tiennent tout autant à ce que le système d'écoles protestant reste protestant en droit et en fait. C'est ie devoir obligé du serviteur du Bien commun en matière d'éducation, en l'occurrence le ministre de l'Éducation, de veiller à ce que le droit à la confessionnalité soit respecté dans les faits. Une différence de langue ou de culture ne sera jamais une raison valable pour justifier l'attitude d'un ministre de l'Éducation qui approuverait expliciteraient dans ses discours un projet semblable à celui mis au point pour la région de Sherbrooke, qui bouleverse aussi arbitrairement un droit de l'homme aussi universel. Des écoles catholiques de langue anglaise existent déjà; il suffit de les adapter et de les multiplier au besoin. Il en est de même pour les écoles protestantes de langue française.
L'ÂME D'UN SYSTÈME D'ÉDUCATION
Le 29 août 1963, les évêques catholiques ont fait la suggestion suivante dans une lettre au gouvernement de la province de Québec (1), qu'une déclaration explicite des droits fondamentaux de la personne pourraient être comme «l'âme du système d'éducation et des structures qu'on veut établir». Et ils énuméraient ainsi les libertés et les droits de base en matière d'éducation, qui pourraient être l'objet d'un tel projet de loi :
«Droit pour tout enfant de bénéficier d'un système qui favorise le plein épanouissement de sa personnalité;
«Droits pour les personnes et les groupes de créer des institutions d'enseignement autonomes et, les exigences du bien commun étant sauves, de bénéficier des moyens administratifs et financiers nécessaires à la poursuite de leurs fins.»
Et les évêques continuaient leur lettre:
«Les citoyens retrouveraient dans cette proclamation des droits des personnes et des groupes en matière d'éducation, l'expression d'un principe qu'ils considèrent tous comme sacré : la liberté de conscience.
«LE DROIT À LA CONFESSIONNALITÉ SE PLACE TOUT ENTIER, LUI AUSSI, DANS LA LOGIQUE DU DROIT À LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE; il permet à ceux qui professent un foi religieuse d'avoir des écoles conformes à leurs convictions intérieures et à leur idéal de vie.
«Loin de vouloir imposer aux autres leurs propres conceptions de la culture et de l'éducation, nos catholiques estiment nécessaire que, par des structures pluralistes souples, le gouvernement assure à chacun une juste liberté. D'autre part, obéissant à leur conscience, ils demandent pour eux-mêmes des écoles confessionnelles.»
Un peu plus loin dans la même lettre au gouvernement du Québec, les évêques catholiques ont cru utile «de rappeler brièvement, en tant qu'évêques, ce qu'est la conception catholique d'une école confessionnelle.
«Selon le concept que l'Église a de l'éducation, une école qui peut satisfaire pleinement les catholiques N'EST PAS simplement une école où l'on donne, à côté des matières profanes, un enseignement proprement religieux ou encore où l'on consacre des moments à la prière et au culte. C'est un des aspects de l'universalité propre du christianisme que celui-ci embrasse l'ensemble de la vie humaine et donne une inspiration et un éclairage particuliers à toute l'activité de l'homme. Le levain qu'est la doctrine du Christ doit être mis dans la pâte ; pour un étudiant, la pâte, ce sont aussi les matières profanes qu'il étudie, c'est le milieu dans lequel il vit. UN ESPRIT CHRÉTIEN DOIT DONC SE RETROUVER DANS TOUTE LA VIE DE L'ÉCOLE, DANS SON ORDONNANCE, DANS LA PHILOSOPHIE DE L'ÉDUCATION QUI L'ANIME, DANS SES CONCEPTIONS PÉDAGOGIQUES. On comprend en particulier qu'une telle conception implique certaines exigences pour ce qui est des programmes, de la qualité du matériel didactique, DES QUALIFICATIONS DES ÉDUCATEURS EUX-MÊMES.»
Et les évêques catholiques concluaient que la lettre qu'ils envoyaient au gouvernement et les amendements qui y étaient joints avaient «pour but de sauvegarder la confessionnalité dans les organismes de consultation, de décision et d'exécution que le projet de loi 60 doit mettre sur pied. Nous sommes convaincus que la volonté générale de la population ne saurait y suffire et que l'éducation chrétienne des enfants catholiques NE PEUT ÊTRE GARANTIE QUE PAR DES DISPOSITIONS PRÉCISES DE LA LOI».
Après une telle lettre, M. Gérin-Lajoie ne peut guère plaider, aujourd'hui, l'ignorance de la doctrine catholique en matière d'éducation; il sait exactement et il a toujours su quelles sont les exigences du catholicisme en matière d'éducation. Et pourtant, plusieurs décisions qu'il a prises ces derniers temps contredisent radicalement la conception chrétienne de l'éducation telle qu'exposée par nos évêques. Sans revenir sur l'affaire des manuels de lecture de première, deuxième et troisième année, il n'y a qu'à rappeler la mise en vigueur des fameuses cartes d'identité que devront remplir les professeurs des écoles catholiques; à l'item concernant la religion, sur ces cartes officielles, on attribue le qualificatif «facultatif». Le dictionnaire Littré donne la définition suivante du mot «facultatif»: «Qui donne ou laisse la faculté de faire ou de ne pas faire une chose.» Le dictionnaire Larousse est plus bref, mais dit la même chose en substance: «Facultatif: Qu'on peut faire ou ne pas faire.» Ce qui veut dire que, dans le système catholique lui-même, des professeurs non-catholiques et même athées pourront enseigner puisque de religion, «on peut en faire ou ne pas en faire!» Il y a dans cette stipulation administrative plus qu'un accroc fait au droit de liberté de conscience que les catholiques ont autant, je pense, que les agnostiques!
LE "MELTING-POT" MULTI-CONFESSIONNEL
À la SSJB, le ministre de l'Éducation déclarait donc que les écoles seraient confessionnelles, «mais pas comme autrefois». Qu'est-ce que cela veut dire au juste? Et il donne comme exemple «des initiatives auxquelles il songe», un projet visant à fonder, en pratique, le système scolaire, non plus sur la liberté de conscience, mais sur le commun dénominateur nationaliste, voire séparatiste, qui ferait des écoles catholiques et protestantes actuelles un «melting-pot» multi-confessionnel où des professeurs de diverses religions et sans religion et où des élèves de diverses religions et sans religion seraient ensemble: situation on ne peut plus contraire, en définitive, au droit à la confessionnalité reconnu à toute personne ou groupe de personnes. Ce serait faire injure à l'intelligence de maître Gérin-Lajoie que de prétendre qu'il donne dans l'idéologie «séparatiste-nationaliste». Mais alors, pourquoi songe-t-il à de telles initiatives comme à ces formes différentes de confessionnalité qu'il entend établir au Québec?
Quelques mois avant l'adoption du projet de loi 60, et quelques mois après l'envoi de la lettre des évêques au gouvernement, dans Le Devoir du 12 octobre 1963, le directeur de la revue Relation, le Père Richard Arès s.j., faisait remarquer à propos de la confessionnalité: «qu'un projet de loi peut affirmer un principe et le contredire dans ses dispositions concrètes». Et il poursuivait: «Dans le cas des catholiques tout au moins, le projet de loi 60 ne respecte pas intégralement la confessionnalité de l'école parce qu'il ne respecte pas la conception catholique de l'école confessionnelle selon laquelle il ne suffit pas d'enseigner la religion, mais il faut que tout le climat et tout l'enseignement soient chrétiens.» Il est facile de se rendre compte à présent, qu'il y a deux ans, même après la lettre des évêques, le ministère de l'Éducation (qui n'était pas encore légalement constitué, remarquons-le) songeait déjà à des formes «différentes» de confessionnalité, c'est-à-dire à des formes différentes de la conception catholique de la confessionnalité - et cela pour le secteur catholique lui-même! Déjà le droit à la liberté de conscience des catholiques était lésé.
Dans La Presse du 4 février 1966, en page 13, nous lisons que le ministre de l'Éducation «avait affirmé la veille à la Chambre des Communes, qu'il y aurait d'ici quelque temps un système d'écoles neutres dans le Québec». Et le journaliste de La Presse, M. Gilles Daoust, mettait bien en évidence cette parole-ci de M. Gérin-Lajoie:
«Je ne peux pas dire si nous aurons un système d'écoles neutres parallèle aux secteurs catholique et protestant, mais je puis affirmer que le Québec comptera prochainement un système d'écoles non-confessionnelles.»
Et tout de suite une autre question nous vient à l'esprit: pourquoi n'y aurait-il pas un système d'écoles neutres parallèle aux secteurs catholique et protestant? La nature ne reconnaît-elle pas aux parents le droit premier et inaliénable d'éduquer leurs enfants selon leurs principes?
Une première raison serait, semble-t-il, le nombre infime de ceux qui fréquenteraient ces écoles non-confessionnelles. En effet, selon le recensement (2) de 1961, la province de Québec compte 5 259 211 habitants. Sur ce nombre 4 642 167 sont catholiques, soit 88,2 %; 448 503 sont protestants, soit 8,5 %; 32 237 sont orthodoxes, soit 0,6%; 104 727 sont judaïques, soit 2 %; et, enfin, 6 351 sont sans confession religieuse, soit 0,1 %.
Alors, peut-on se demander, si le nombre est si peu élevé par rapport à la population totale du Québec, de ceux qui se disent sans confession religieuse, pourquoi tant de tapage et toute cette campagne à propos des écoles neutres ou non-confessionnelles? Les orthodoxes et les judaïques qui sont ensemble vingt fois plus nombreux que les sans religion, n'ont pourtant pas fait tant de bruit pour leurs propres écoles confessionnelles. Ils ont quand même des écoles de leur confession religieuse et, jusqu'à date, ils peuvent recevoir du gouvernement les subventions nécessaires pour les maintenir.
Ceux qui sont sans confession religieuse ne pourraient-ils pas faire de même?
Or, justement, il y a une distinction à faire entre les gens qui sont sans confession religieuse et ceux qui travaillent à déconfessionnaliser le système scolaire existant, et, spécialement, le secteur catholique, qui est le plus important. Ceux qui militent pour l'école neutre ou non-confessionnelle, ne veulent pas d'un système d'écoles non-confessionnelles parallèle aux secteurs catholique et protestant, pour la bonne raison que celui-ci serait si peu important, si bien circonscrit, que son influence sociale serait pratiquement nulle. Et c'est ce que ne veulent certainement pas les militants de la neutralité ou du laïcisme, celui-ci étant une doctrine, selon la définition du concile de Vatican Il lui-même, «une doctrine néfaste qui s'efforce de construire la société sans tenir aucun compte de la religion et qui combat et ruine la liberté religieuse des citoyens!» (Constitution dogmatique de l'Église, chap. 4, art. 36).
Donc, de toute évidence, le système d'écoles neutres parallèle aux secteurs catholique et protestant n'est pas une victoire pour les militants de la non-religion; la victoire serait que les écoles confessionnelles deviennent neutres; et la meilleure façon de le faire dans un pays où les non-religieux sont l'infinie minorité, c'est de «pourrir» le système actuel en établissant, par exemple, le «melting-pot» de l'école dite multi-confessionnelle par le biais commode du nationalisme.
«Je ne peux pas dire si nous aurons un système d'écoles neutres parallèle aux secteurs catholique et protestant, a dit le ministre de l'Éducation, mais je peux affirmer que le Québec comptera prochainement un système d'écoles non-confessionnelles.»
Mais où sera-t-il ce système d'écoles non-confessionnelles dont l'existence est assurée d'avance par M. Gérin-Lajoie, s'il n'est pas institué parallèlement ou d'une façon séparée au système confessionnel existant?
S'agit-il ici d'une contradiction de langage de M. Gérin-Lajoie? Sinon, cette phrase ne peut signifier qu'une seule chose: le système confessionnel existant deviendra le prochain système non-confessionnel, qu'on appellera autrement alors, pour les besoins de la cause, «un système de forme différente de confessionnalité», «d'une confessionnalité qui n'est pas celle d'autrefois», bref, fort probablement, «un système anglais-français d'écoles multi-confessionnelles». Autre façon de faire fi de la confessionnalité sans mettre la puce à l'oreille d'un trop grand nombre de catholiques, et qui permettrait même, à l'occasion, de les utiliser en faisant appel à leur esprit de charité ou de coopération.
Et c'est ainsi que serait achevée la manoeuvre commencée officiellement il y a trois ans, ayant pour but d'enlever sans douleur aux catholiques leur propre système d'écoles, portant ainsi un coup mortel à notre société chrétienne.
Il serait naïf de croire que les laïcistes s'arrêteront à la déconfessionnalisation de l'enseignement. A preuve, dans La Presse du vendredi 4 février 1966 (sur la même page où M. Gérin-Lajoie vient de déclarer qu'il y aura certainement un système d'écoles non-confessionnelles au Québec, le Dr Jacques Mackay, qui est le président du Mouvement Laïque de Langue Française (MLF), avait ceci à dire à la suite de la déclaration de M. Gérin-Lajoie:
«Le Mouvement Laïque de Langue Française, dont le but premier était justement d'obtenir l'institution d'écoles neutres, ne disparaîtra pas une fois ce but atteint. Nous avons encore du pain sur la planche», de préciser le Dr Mackay. Il espère que si tout va bien, le MLF pourra consacrer ses énergies à faire campagne dans d'autres domaines où il faut que la laïcité soit reconnue par exemple, pour les questions juridiques et les questions d'état civil; pour les formalités de mariage et de divorce; dans les hôpitaux et dans les services sociaux. En somme dans tous les domaines où la séparation de l'Église et de l'État n'est pas chose faite, et où elle devrait l'être.
On peu en juger: les ambitions des laïcistes sont sans fin. Pour eux, il s'agit de séparer totalement la société de la religion; ils ne s'arrêteront que leur but atteint.
Le concile de Vatican II a fait un devoir aux catholiques et à tout homme de bonne volonté «de rejeter cette doctrine néfaste qui s'efforce de construire la société sans tenir aucun compte de la religion et qui combat et ruine la liberté religieuse des citoyens» (Constitution Dogmatique, chap. 4, art. 36).
Au Québec, il est déjà très tard pour commencer un combat pour Dieu, l'Église et la Patrie. Mais que la situation soit bonne ou mauvaise, c'est un devoir de conscience, dont il ne saurait jamais être délié, pour un chrétien que de travailler et de lutter pour le salut temporel et éternel des siens.
«Honneur à ceux, écrivait le Pape Léon XIII, qui, ainsi provoqués au combat descendent dans l'arène avec la ferme persuasion que la force de l'injustice aura un terme et qu'elle sera un jour vaincue par la sainteté du droit et de la religion».
Notes :
1. Cette Lettre des évêques est publiée in extenso dans la revue Relation de mars 1966.
2. Relation, Mars 1966, page 80.
Et le système métrique? Était-ce vraiment planifié par les FM?
En tout cas son implantation n'est pas réussi.
Bonne nouvelle! Les FM implantés dans la NASA ont réussi à imposer le système métrique de bout en bout dans tous les futurs projets spatiaux de l'Amérique.
C'était le but de leur sabotage de la mission sur Mars en altérant un programme de conversion des mesures pour un système de contrôle orbital
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