Le rôle secret du MLQ
MISE EN GARDE SUR LA FRANC-MAÇONNERIE
par Otto Kretzmer
Ce sujet est délicat: il peut susciter des réactions négatives envers son auteur. On dira peut-être de lui qu'il n’est qu’un intégriste, un illuminé, un catholique à gros grains, un empêcheur de danser en rond ou un de ces antiquaires qui époussettent la théorie paranoïde du complot. Cela est tout à fait compréhensible. Mais avant de faire de ces étiquettes un jugement “dernier, permettez-nous de vous instruire sur l'esprit qui nous anime au sujet de la Franc-Maçonnerie.
Comme vous le constaterez, dès les premières lignes des documents que vous lirez, nous dévoilons la bannière secrète de la Franc-Maçonnerie. Cette opération ne peut se faire qu'avec une certaine dose de virulence. Cependant - et nous soulignons ceci à traits rouges - la nature de cette offensive n'a pas ses sources dans la haine et le mépris, mais dans la fermeté d'esprit de personnes qui ont travaillé le sujet pendant de nombreuses lunes. La Franc-Maçonnerie est une religion antichrétienne, une secte luciférienne farouchement anticatholique! et cela ne se dit pas avec la douceur du miel.
Mais, avant de continuer sur cette lancée, soyons bien clair: notre but n'est pas de brimer l'intégrité des personnes qui, à titre de membre agréé, participent aux activités d'une loge maçonnique. La très grande majorité, autant à la base de la hiérarchie qu'au sommet, est bien intentionnée. Comme on dit, c'est du bon monde! Si nous tracions un portrait du franc-maçon, on ne pourrait pas éviter les attributs du citoyen honnête, démocratique et “tolérant.”
Cela dit, reprenons notre cheval de bataille. Ce qui nous révolte ce n'est pas tant l'école de pensée humaniste et laïciste que la Franc-Maçonnerie professe en soi - avec tous les droits légitimes que la démocratie lui confère - c'est son ambition d'imposer une structure totalitaire à l'ensemble de la société et du monde, du réseau scolaire à l'Etat, tant au niveau public que privé.
Au mois de juin 2005, le gouvernement du Québec a voté que les enfants du Québec n’apprendraeint plus la religion de leurs ancêtres, mais la relgion de la religion humaniste séculaire, la franc-maçonnerie.
On peut commencer a se poser de sérieuses questions quand il est recommandé au gouvernement que tous les jeunes chrétiens - catholiques et protestants - soient obligatoirement tenus à se laisser endoctriner, dès le primaire, par le credo libéral et/ou humaniste de la religion franc-maçonnique. Il en est de même quand on encourage la métamorphose du Ministre de l'Education en Ministre du Culte. Et pour tout dire, nous faisons nôtre la dénonciation de l'Association des juristes catholiques du Québec (AJCQ) qui affirme que les recommandations du rapport Proulx «sont basées sur un dirigisme étatique pratiquée dans les états totalitaires ou dans les pays exerçant de la discrimination contre la démocratie scolaire». Ce que nous désirons, c'est un régime démocratique juste et équitable. Et nous sommes convaincus que même parmi les laïcistes, les francs-maçons et les libres penseurs, l'indignation s'élève devant l'énormité de cette dictature qui est en voie d'implantation dans notre société.
Michèle Boulva, «Les juristes catholiques attaquent les visées “totalitaires» du Rapport Proulx., L'informateur catholique 29 juin 1999, p. 2.
L’article suivant est écrit par un Grand Maîtrre maçon. Cet article a le don de prouver que la maçonnerie joue un rôle important dans la fonction publique, tant à Québec qu’à Ottawa. Voici le texte:
J.-Z.-Léon Patenaude, «Pour mieux connaître l'histoire de la laïcité au Québec», Bulletin de Liaison du AMQ, p. 10.
Pour mieux connaître l’histoire de la laïcité au Québec
Dans les combats qu’il mène présentement, le Mouvement Laïque québécois se rattache à une veine historique qui remonte à la fin du XVIIIe siècle.
Déjà, dans son «Appel à la justice» de l’État, paru en 1784, Pierre du Calvet s’élève contre l’exclusivité d’une formation sacerdotale donnée dans les collèges du Québec et réclame que les biens des Jésuites servent à l’établissement d’écoles publiques et d’institutions aptes à l’enseignement des sciences.
Pour sa part, le premier imprimeur-libraire montréalais, Fleury Mesplet, appuie dans la «Gazette de Montréal», le projet d’ériger système d’instruction publique couronné par une université non confessionnelle, projet préconisé par le gouverneur Dorchester à la suite d’une enquête royale prouvant l’analphabétisme chronique de la population en 1790.
L’une des revendications des Patriotes de 1837-1838 a trait à la séparation de l’Eglise et de l’Ecole.Dans la déclaration d’indépendance signée Robert Nelson, il est avancé à l’article 13, qu’il est du «devoir du gouvernement envers le peuple» d’établir un enseignement public. Comme le précise ll’article 4, l’implantation d’un tel système se fera dans la plus entièrre liberté de conscience, puisque «toute union entre l’eglise et l’Etat est déclarée abolie».
La pensée des Patriotes trouvera refuge à l’Institut canadien de Montréal qui livrera de 1844 à 1884 une dire lutte contre l’intolérance cléricale et sa main-mise sur l’enseignement public. La Ligue de l’enseignement poursuivra le combat.
En 1960, dans la vague de la Révolution tranquille, le Mouvement Laïque de langue française se lance dans l’action, sous la présidence du notaire Maurice Blain,. La relève est prise aujourd’hui par le Mouvement laïque québécois.
La bibliographie qui suit permettra aux letrices et lecteurs intéressés d’approfondir la question de la continuité des combats pour la laïcité au Québec.
Jean-Paul de Lagrave, Fleury Mesplet (1734_1794), imprimeur, éditeur, libraire, journaliste: diffuseur des Lumières au Québec, Montréal, Patenaude Editeur, 1985.
Jean-Paul Lagrave, Histoire de l’information au Québec, Montréal, La Presse, 1980.
Jean-Paul de Lagrave et Jacques Ruelland. L’Appel à la Justice de l’etat de Pierre du Calvet, Québec, Le Griffon d’argile 1986.
David Amar et autres, L’école laïque, Montréal. Les Éditions du Jour, 1961.
Jean-Jacques Jolois, J.-F. Perrault (1735-1844) et les origines de l’enseignement laïque au Bas-Canada, Montréal, Les Presses, de l’Université de Montréal, 1969.
Jean-Paul Bernard, Les Rouges: libéralisme, nationalisme et anticléricalisme au milieu du XIXe siècle, Montréal, Les Presses de l’Université du Québec, 1971.
Lucie Laurin, Des luttes et des droits - antécédents et historique de la Ligue des droits de l’homme de 1936 à 1975, Montréal, Le Méridien, 1985.
Ruby Heap, “La Ligue de l’enseignement (1902-1904): héritage du passé et nouveaux défis”. Revue d’Histoire de l’Amérique française, vol. 36, no 3, décembre 1982.
Yvan Lamonde, “Les archives de l’Institut canadien de Montréal (1844-1900) - Historique et inventaire”, Revue de l’Histoire de l’Amérique française, vol. 28, no 1, juin 1994.
Conférences annuelles de l’Institut canadien des affaires publiques, Montréal, Les Educations du Jour, 1961 à 1967.
Dans l’article suivant, l’auteur nie de toutes ses forces que la franc-maçonnerie soit une religion ou une secte. Nous verrons par la suite qu’il ment comme il respire. Pour ceux de la fonction publique qui se demandent pourquoi certains postes leur sont refusés, la réponse est simple: vous devez faire partie de la maçonnerie pour gagner du galon.
LE DEVOIR 17/6/87
Les francophones dans la Franc-Maçonnerie
LIBRE OPINION
J. Z. LÉON PATENAUDE
L’auteur à été le premier francophone originaire du Québec initié au Grand Orient de France du cours de la période contemporaine. Il fut aussi l'initiateur en 1977 du Grand Orient du Québec, association des trancs-maçons du Québec.
Dans un rapport d'une étude indépendante de Me Pierre Gagnon de Québec, sur les relations interpersonnelles au sein du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS), on conclut que ce service se livre à une discrimination systématique envers les francophones et envers tout autre groupe bien défini et étaye la thèse d'une CIA canadienne infiltrée par la Franc-Maçonnerie anglo-protestante au sein de cet organisme par des anciens de la GRC.
Malgré les nombreuses dénonciations dans les Rapports annuels du Commissaire aux langues officielles dans de nombreux organismes et ministères fédéraux, cette situation constatée aujourd'hui à l'endroit de la SCRS mérite d’être clarifiée.
Ni une église, ni une secte
On connaît les résistances dans la fonction publique fédérale, dans les ministères fédéraux et particulier de la Défense nationale et de la Gendarmerie royale du Canada à l'application de la Loi sur les langues officielles et aux très nombreuses recommandations des commissaires qui se sont succédé.
Puisque le rôle et l'importance de la Franc-Maçonnerie inglo-saxonne est mentionnée, il est temps après tant d'années de luttes au sein de la fonction publique fédérale, de faire le point sur les résultats et percer les résistances solides, comme c'est le cas actuellement de la SCRS. et de ta GRC, tel que vu récemment, ainsi que dans d’autres importants ministères fédéraux.
Puisqu’il est question de réseaux de Francs-Maçons et de la Franc-Maçonnerie dans cette triste réalité, le public a le droit de savoir la situation des Francs-Maçons francophones du Québec sur la question culturelle, les problèmes linguistiques et le respect de la Loi sur les langues officielles.
La Franc-Maçonnerie n'est pas une église, ni une secte, ni un parti politique, ni un syndicat, et elle n'est pas homogène. Il existe deux grandes tendances: la Franc-Maçonnerie démocratique libérale et la Franc-Maçonnerie anglo-protestante. Toutes les deux sont universelles.
Depuis 1795, cette réalité historique existe et l’histoire de la Franc-Maçonnerie au Québec témoigne de ce fait des différences culturelles, linguistiques, sociales depuis Mesplet, DuCalvet, Jean-François Xavier Perreault, Louis-Joseph Papineau, , Ludger Duvernay, parmi les Patriotes de 1837, des dirigeants de l’Institut canadien de Montréal (On doit référer à l’ouvrage de Bernard Les Rouges, PUQ, page 272, concernant les relations entre cet organisme et et le Grand Orient de France).Il y à de plus la Loge Émancipation avec Honoré Beaugrand, Godfroy Langlois, la Ligue de l’enseignement, la Loge Force et Courage du Grand Orient de France.
Loyauté et désintéressement
Les deux Francs-Maçonneries ne maintiennent aucun lien entre elles. J’appartiens à la Franc-Maçonnerie libérale représentée au Québec par
quatre Obédiences reconnues, ayant plusieurs loges francophones et qui ne sont pas reconnues par l'autre Franc-Maçonnerie.
La Franc-Maçonnerie libérale est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui à pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. La Franc-Maçonnerie libérale au Québec groupe très majoritairement des francophones d’origine québécoise et canadienne-française.
Pour un Franc-Maçon, c’est la pratique de la loyauté et du désintéressement; il vit dans un milieu social et culturel; il a des racines culturel et sa langue, et il demande protection à la Charte des droits et libertés ainsi que travailler dans sa langue et faire une carrière dans lez services publics à tous les niveaux.
La Franc-Maçonnerie libérale est composée d’obédiences qui admettent les femmes et l’égalité des deux sexes dans leurs Temples. C'est pourquoi les maçons francophones du Québec favorisent les demandes et les réclamations des femmes dans la Fonction publique fédérale en particulier, dans l’armée et dans le Services de la GRC.
La Franc-Maçonnerie se compose d’individus venus de tous les horizons, d'origine philosophique et religieuse ou sociale totalement diverses, oeuvrant ainsi au Québec en français, profondément attachés à notre langue, notre culture, ses droits conférés dans la Loi sur les langues officielles, et notre possibilité de gravir tous les échelons dans les services gouvernementaux en travaillant en français.
Pour un Franc-Maçon libéral francophone, il y a de devoirs à accomplir, de sacrifices à consentir, de périls à redouter; la Franc-Maconnerie ne doit pas être un moyen de parvenir...et ceux qui n’en sont pas convaincus ne tardemt pas à se retirer. Nous ne cherchons aucun pouvoir, ni politique, ni religieux; nous travaillons pour le progrès de l'humanité dans le respect de la dignité humaine. la justice sociale, la laïcité, le contrôle de la violence et contre tous les totalitarismes. le racisme, l’antisémitisme, et réclament la séparation de de l’État et des églises ainsi que l’école publique non confessionnelle.
La société distincte du Québec
Les Franc-Maçons francophones ne réclament aucun privilège, mais seulement la mise en application de mesures, et cela rapidement au sein du gouvernement fédéral pour permettre l’accession de francophones à des postes de commandes, selon les expériences et compétences, le respect intégral dans les ministères de la Loi des langues officielles.
Les Francs-Maçons francophones québécois tiennent compte des réalités sociologiques, culturelles et politiques de la société distincte du Québec.
Je voudrais rappeler un fait historique pour une meilleure cornpréhension des francophones au sein ce la Fonction Publique fédérale. En 1928, à Ottawa, un groupe de fonctionnaires fédéraux fondaient une société discrète: l’Ordre des commandeurs de Jacques Cartier. Le secrétaire-fondateur était un Canadien français franc-maçon afin de promouvoir et favoriser la venue des Canadiens français dans le gouvernement: le Service civil.
Ayant personnellement joué un rôle durant 13 années (1944-39) au sein de cette franc-maçonnerie catholique et canadienne-française, l’historien Raymond Laliberté a reconnu son rôle, son Importance et son influence, principalement dans les milieux gouvernementaux en faveur du français et de la place que les francophones devaient y occuper (Je réfère le lecteur intéressé à l’ouvrage de M. Laliberté sous le titre Une Société secrète: l'Ordre de Jaques Cartier, éditions Hurtibise, HM-1983).
Les Francs-Maçons du Québec ont toujours été séparés selon la culture et la langue. Les luttes se sont atténuées. mais la résistance semble se prolonger dans les milieux fédéraux, ce qu’évoque le Rapport et l’étude du comité. Les Francs-Maçons francophone ne peuvent que se réjouir de toutes les initiatives qui devront être prises afin d'assure le droit linguistique au sein de SCR, de la GRC et de la Défense nationale, sans minimiser les recommandations des Rapports annuels des commissaires aux langues officielles, de même qu'appuyer, favoriser l’égalité des femmes dans les Forces armées et les Forces de sécurité, incluant les femmes de culture et de langue françaises.
M. Horace Miner, un sociologue du l'Université du Michigan aux U.S.A., publiait en 1939 une étude sociologique sur un village canadien-français, Saint-Denis de Kamouraska. Au cours de son ouvrage, Horace Miner en vint à comprendre que le Québec s'était formé en villages et en villes -non pas autour des usines, comme c'est le cas aux U.S.A. -, mais par paroisse, autour des lieux de culte, c'est-à-dire, autour des églises.
Ainsi, s'est-il peut-être posé la question: Quelle est la plus haute forme de civilisation? Celle où les hommes s'agglutinent en villages autour des usines, afin de pouvoir vivre; ou bien celle où les hommes se rassemblent autour du lieu de culte et construisent leur vie à partir de ce centre, tirant de la terre le nécessaire pour vivre?
Nous nous trouvons alors en face de deux civilisations différentes qui se sont construites à partir de deux conceptions différentes. La première civilisation repose sur la nature essentiellement religieuse de l'homme: le "lien" qui unit l'homme à Dieu est "premier"; il est surtout "vrai", car il produit des vertus chez l'homme dont la plus remarquable, à l'oeil d’un sociologue, est ce détachement persévérant des biens de la terre, la tempérance. Toute la vie sociale est alors imprégnée par l'effet de cette vertu cardinale. On aura reconnu là la caractéristique d'une civilisation catholique: Dieu premier servi.
L'autre civilisation, celle qui a prospéré aux U.S.A., spécialement en Nouvelle-Angleterre, est née, elle aussi, de la religion. Mais le lien qui unit l'homme à Dieu est interprété d'une façon toute différente: l'homme prospère, et non pas l'homme vertueux, est considéré, socialement, comme "béni de Dieu" C'est la civilisation née du puritanisme protestant. De là à l'affirmation d'Adam Smith, que l'intérêt individuel bien entendu pour les biens économiques est le principe ordonnateur de la vie sociale, il n'y a qu'un pas qui fut franchi: le libéralisme économique était né.
Dans son maître livre, “Progress and Religion,” l'historien catholique Christopher Dawson analyse l'intime connexion qui existe entre le puritanisme protestant et le capitalisme: le puritanisme fut la motivation religieuse (erronée) qui permit l'avènement de la société capitaliste. Dans une telle société, la vie sociale n'est plus, principalement, qu'une vie économique. L'ordre social lui-même ne dépend plus de la morale, mais de la libre compétition des intérêts individuels pour les biens économiques. Bref, l'amour de l'argent dont Saint-Paul dit qu'il est la "racine de tous les maux" a remplacé, pratiquement, l'amour de Dieu et du prochain. Les conditions se trouvaient donc réunies, à brève ou longue échéance, pour que puisse naître et se développer la pire maladie sociale que le monde ait connue, le communisme athée! De la lutte entre individus pour les biens économiques à la lutte des classes, il n’y a qu’un pas qui fut franchi allègrement.
En 1965, au Québec, la situation pouvait s'exprimer ainsi: Les enfants de la civilisation catholique se sont pris d'une soif inextinguible, semble-t-il, pour les biens de la terre, et ils refusent en bloc l'héritage d'une civilisation qui a produit des hommes vertueux au lieu de produire des hommes riches et puissants. Au souci du devoir accompli fait place le culte national des droits revendiqués. C'est la mort de la société catholique et l'émergence de la société protestante et nationaliste.
A ce changement de cap de la société québécoise on a donné le nom, dans les journaux, de "Révolution Tranquille". Personnellement, je ne crois pas que nous en soyons encore à la "Révolution" proprement dite; nous en sommes à l'étape préalable: l'apostasie.
En effet, beaucoup de Québécois ne veulent pas encore briser radicalement le lien naturel qui unit l'homme à Dieu; mais, par contre, ils veulent que ce lien ne soit plus catholique, du moins socialement. La preuve de cet état d'esprit est dans cette manie générale de tout "déconfessionnaliser" au nom du "pluralisme social". Le nom catholique est devenu gênant pour beaucoup, et cela pour la bonne raison qu'ils ne vivent plus selon les exigences morales de leur foi catholique; au lieu de réformer leur vie en conséquence, ils préfèrent réformer les structures selon une nouvelle conscience non confessionnelle. Et pour que cette "laïcisation" se fasse sans que l'unité sociale soit rompue trop tôt, on substitue "tranquillement" le lien national au lien religieux. Le dénominateur commun de l'unité n'est plus l'Eglise, mais la Nation. La radio, la télévision, et la grande presse s'emploient sans relâche à propager la nouvelle "idéologie".
Au Québec, on peut donc dire qu'actuellement tout se traduit par une tendance, d'abord, et par une volonté, ensuite, de se détacher du Christ par le biais de la Nation. Tout est québécois, plus rien n'est catholique, socialement. C'est "l’Apostasie Tranquille” précédant la "Révolution.” Evidemment, on évite de se l’avouer à soi-même, seul à seul: mais, mus par un instinct grégaire nationalisé, tous "marchent” dans le coup. Le but de la vie sociale n'est plus la perfection des citoyens, mais la "liberté" de vivre civilement comme si l'on n'était plus catholique.
Parmi les jeunes, certains ont été formés "soit à l'école de Sartre, soit à celle du marxisme-léninisme"; plusieurs d'entre eux ont déjà pris conscience" des demi trahisons casuistiques de l’ Apostasie Tranquille, et, par la “science révolutionnaire", ils vont au delà de l'apostasie vers le communisme athée. Ils ont déjà réclamé la reconnaissance du DROIT de croire que la religion soit un mal" et ils préparent “scientifiquement" la prise du pouvoir par le Parti. Aussi saluent-ils l'avènement de "l'homme québécois" comme celui d'un "Homme Nouveau" qui a amorcé la "situation révolutionnaire" au Québec et rendu possible pour l'avenir une guerre civile qui fera "accoucher l'Histoire": "Car les partis réellement socialistes, disent-ils, n'ont pu prendre le pouvoir en quelque pays que ce soit, que pendant une guerre civile". Pour provoquer la guerre civile, ils ont "choisi d'exploiter scientifiquement" "comme thèmes de recherche et de combat le socialisme, le laïcisme et l'indépendantisme".
Telle est encore la situation dans la province de Québec en 2005.
Que faire?
La réponse est simple: il faut faire comme le Pape, résister. Mais résister avec cet espoir invincible: l'homme moderne saura encore découvrir, dans la conception religieuse à lui offerte par le catholicisme, sa propre vocation à une civilisation qui ne meurt pas, mais qui avance sans cesse vers la perfection naturelle et surnaturelle de l'esprit humain que a grâce de Dieu rend capable de la possession honnête et pacifique des biens temporels tout en l'ouvrant à l'espérance des biens éternels (Ecc.l Suam). Autrement dit, la consigne de Pie XI dans Quas Primas est plus que jamais actuelle en 2005: La Paix du Christ par le Règne du Christ.
Mais pour que le Christ règne a nouveau, il faut des homme nouveaux. C'est-à-dire,
1- des hommes catholiques, des
2- conscients de l'être
3- et capables de traduire en termes sociaux exacts la conscience qu'ils ont du lien qui les unit au Christ-Roi
L'interprétation sociale exact de ce lien, c'est la doctrine sociale de l'Eglise.
Dans ce qui suit, je vais faire l’historique du Mouvement Laïque Québécois et le démasquer.
MOUVEMENT LAÏQUE DE LANGUE FRANÇAISE
Avis est donné qu'en vertu de la troisième partie de la loi des compagnies de Québec, il a été accordé, par le Lieutenant-gouverneur de la province de Québec, des lettres patentes, en date du 4e jour de janvier 1962, constituant en corporation sans capital-actions: Dr Jacques R. Mackay, psychiatre, 1870 Côte-des-Neiges, Montréal, Judith Jasmin, journaliste, 1230 rue Mc Gregor, Montréal, Pierre Lebeuf, réalisateur, 4629 rue Boyer, Montréal, Mireille Fortier. agent d'affaires, 15 rue Vimy, Outremont, Jean-Marie Bédard, permanent syndical, 936 Sherbrooke-Est, Montréal, Gilles Constantineau, journaliste 838 rue Maple, Jacques-Cartier, Jacques Godbout, écrivain et cinéaste, 3967 rue Lacombe, Montréal, Jacques Guay, journaliste, 440 rue St-Hubert, Montréal et Gilles L. Duguay, avocat, 15 rue e Vimy, Outremont, pour les objets suivants:
Grouper en association les personnes intéressées à la tolérance et à la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes et la neutralité religieuse des institutions publiques, sous le nom de "Mouvement Laïque de Langue Française".
QU'EST-CE QUE LE "MOUVEMENT LAÏQUE DE LANGUE FRANÇAISE"?
Le MLF est une société de pensée. Une société de pensée, ce n'est as seulement une société où l'on pense; une société de pensée, cela veut dire: une société construite par la pensée, ce n'est pas une société naturelle comme les sociétés établies dès l'origine par a nature. Par exemple, la famille est une société naturelle.
La société de pensée, c'est ne société construite arbitrairement par l'esprit, en réaction ou plus exactement en révolution contre les sociétés naturelles. Les sociétés de pensée qui existent aujourd'hui ou qui ont existé autrefois sont les sociétés secrètes, les loges maçonniques et le parti communiste.
Le "Mouvement Laïque de Langue Française" (MLF) est bien une société de pensée.
LE MLF ET LA FRANC-MAÇONNERIE
En 1866, en France, un certain monsieur Jean Maçé fondait la "Ligue Française de l'Enseignement" dont les statuts permettaient l'organisation de cercles autonomes.
En 1885, le même monsieur Jean Macé, au 5ième congrès de la "Ligué Française de l'Enseignement" à Lille, s'écriait:
Aujourd'hui il faut affirmer que la Ligue est une institution maçonnique. La Lique est une maçonnerie extérieure. Je l'ai dit cent fois dans les loges, d'un bout de la France à l’autre."
De nos jours, la tradition est bien conservée: la Ligue fait toujours son travail maçonnique. Albert Bayet proclame en 1953:
Notre but est de lutter contre la morale chrétienne, de chasser des consciences les vieux dogmes, mais aussi les préceptes et les maximes qu'on y a fait pénétrer sous le couvert de tels dogmes.
Ces positions ont légitimé la condamnation de la "Ligue Française de l'Enseignement" par Pie IX en ces termes:
Nous déplorons que, de cette source même d’extirper radicalement, surtout de l’âme des enfants, la foi catholique, et s'efforçant d'exercer impunément, par toute la France, les industries de son iniquité".
Quel rapport existe-t-il entre la "Ligue Française de l'Enseignement", société de pensée, d'inspiration et d'obédience maçonnique condamnée par l'Église, et le MLF?
Dans "L'Action Laïque", journal officiel de la "Ligue Française de l'Enseignement", du 7 mars 1963, nous pouvons lire le compte-rendu de l'assemblée générale constitutive de l'Union Laïque Franco-Canadienne" tenue mercredi le 30 janvier 1963, à 6.15 P.M., à l'Hôtel de la Ligue Française de l'Enseignement (salle Brenier), 3 rue Récamier, Paris Vll ième. Voici le texte de L'action Laïque:
Le mercredi 30 janvier, à 18 heures, s'est tenue au sein de la Ligue Française de l'Enseignement à Paris, l'assemblée générale d'une nouvelle association qui a pris le titre d'Union Laïque Franco-Canadienne.
En l'absence du président Fauré, retenu et excusé, cette réunion était présidée par M. Bru, vice-président de la Ligue Française de l'Enseignement. Après avoir exposé les buts de la réunion, M. Bru céda la parole à M. Lamarque, également président de la Ligue de l'Enseignement et chargé des relations internationales, qui rappela brièvement ce qu'est l'idéal laïque et en quoi la Ligue de l'Enseignement s'emploie à le développer en tissant notamment des liens étroits avec les laïques du Canada français.
Puis la parole fut donnée à M. Noël Lajoie, professeur canadien exerçant en France et secrétaire du Comité provisoire de l'Union Laïque Franco Canadienne, qui exposa l'origine de l'initiative prise par des animateurs du Mouvement Laïque Canadien de Langue Française (MLF), créé à Montréal en avril 1961 (le 8 avril), en relation avec leurs collègues de la Ligue Française de I'Enseignement.
Après ces exposés, un large débat s'ouvrit auquel participèrent de nombreuses personnes de l'assistance. Puis il fut donné lecture des projets de statuts. Ceux-ci furent adoptés à l'unanimité.
Notons que l'article II précise que l'association a pour objet:
de resserrer les liens entre les Français et les Canadien attachés à la liberté de conscience, et de leur permettre de vulgariser ensemble la notion de séparation des Églises et de l'État et de neutralité religieuse des institutions publiques, spécialement dans le domaine de l'enseignement et de la culture, de la solidarité sociale et de la justice. L'article III indique que ses moyens d'action sont: l'échange réciproque d'informations sur tous les problèmes posés par la laïcité des institutions;
la collaboration entre les enseignants, les étudiants, les animateurs de mouvements et plus généralement de tous ceux qui s'intéressent à la culture populaire, à l'organisation d'échanges universitaires et culturels,
l'encouragement de manifestations littéraires, musicales, théâtrales, audiovisuelles, picturales, chorégraphiques, etc.
La réunion s'est terminée par l'élection du Conseil d'administration qui doit se réunir prochainement pour désigner les membres du bureau.
La radio canadienne était présente et assura un reportage qui retiendra certainement l'attention de nombreux auditeurs du Canada.
Nous ne pouvons que nous réjouir de la création de cette association qui symbolise l'union fraternelle des laïques et singulièrement des éducateurs de langue française du Canada et de ceux de France. Tous les membres de la Ligue Française de l'Enseignement lui apporteront son concours le plus entier.
LE BUT DU MLF
Son but avoué est le but poursuivi par la Ligue Française de l'Enseignement, tel que nous le lisons dans L'Action Laïque, organe de la Ligue de l'Enseignement:
vulgariser ensemble la notion de séparation des Églises et de l'État et de neutralité religieuse des institutions publiques. Notre but, disait encore Albert Bayet, est de lutter contre la morale chrétienne, chasser des consciences les vieux dogmes, niais aussi les préceptes et les maximes qu'on y a fait pénétrer sous le couvert de tels dogmes.
C'est pourquoi vaut certainement pour le Mouvement Laïque de Langue Française la dénonciation énergique du Pape Pie IX, à savoir qu'il est bien une autre société pernicieuse pour la perte des âmes, travaillant à extirper radicalement, surtout de l'âme des enfants, la foi catholique. En effet, cette société de pensée s'est attaquée et continue de s'attaquer à la société naturelle et chrétienne par excellence, la famille, en faisant campagne, dans diverses revues et journaux, et surtout à Radio-Canada - les plus vieux se rappellent l'émission "Aujourd'hui", par exemple - pour le mariage civil, le divorce, l’avortement, le mariage homosexuel, l’euthanasie (étatnazi) et l'école neutre. Nous verrons plus tard qu’est-ce que la neutralité veut dire dans le langage du MLQ.
Le MLF avait déjà "pensé" de toutes pièces et institué une commission scolaire neutre de laquelle ne dépendait aucune école. Cette commission scolaire neutre ne répondait donc pas à une nécessité: elle avait donc été uniquement instituée en réaction, ou mieux encore en révolution, contre les commissions scolaires catholiques du Québec. Nous avons là l' exemple patent d'une institution parallèle dont l'unique raison d'exister est la lutte contre les institutions naturelles et chrétiennes.
En cela le Mouvement Laïque de Langue Française montre bien ce le MLF-MLQ est fondamentalement une société de pensée, c'est à dire:
1) une société construite arbitrairement par la pensée, en révolution contre les société naturelles et chrétiennes;
2) une société qui est toujours affiliée, ou rattachée de près ou de loin, à "ces puissances obscures" dont parlait Pie XII dans un discours aux membres de la "Renaissance Chrétienne", le 22 janvier 1949, "puissances obscures internationales qui s'efforcent de bannir l'Église et la religion du monde et de la vie" (Pie Xll).
Le Mouvement Laïque de Langue Française, nous l'avons vu, est un mouvement en relation étroite avec la Ligue Française de l'Enseignement, dont le but est de lutter contre la morale chrétienne; le MLF s'inscrit par là dans le mouvement révolutionnaire mondial, et il poursuit le double but commun à toutes les organisations révolutionnaires:
a) par la revendication d'abord, par la propagande toujours, par la force enfin s'il le faut, séparer la société des hommes de l' Église Catholique Romaine et,
b) proclamer 1'État Tout Puissant en subordonnant tout et l'État, y compris l'âme humaine et Dieu: c'est ce qu'on appelle (du mot "tout") le totalitarisme athée. (Notons le bien au passage, nous sommes ici au point de rencontre de toutes les doctrines ou idéologies révolutionnaires en vogue de nos jours, quels que soient le nom ou l' idéal particulier dont elles se parent: communisme, marxisme, socialisme, laïcisme, un certain séparatisme et j’en passe. En effet, n'avons nous pas vu le RIN, pour ce qui concerne le séparatisme, déclarer dans son journal officiel, L'Indépendance de juillet 64 (p. 2):
Alors (quand le RIN sera au pouvoir) nous saurons préconiser publiquement, et accomplir surtout, la séparation, la grande, du spirituel et du temporel, de l'Église et de l'État.
LE MLF ET LE RAPPORT PARENT
Le 10 mars 1965, Monseigneur Georges Cabana, Archevêque de Sherbrooke, faisait, au Club Social de Sherbrooke, une conférence sur le Rapport Parent. Dans son édition du 15 mars, le quotidien LA PRESSE en publiait un compte rendu; nous nous bornerons à le rapporter. Le compte rendu de cette conférence de Mgr Cabana, tel qu'il était, jette une lumière inattendue;
1) sur ceux qui serraient les véritables inspirateurs du fameux rapport Parent;
2) sur le but réel des réformes proposées par le rapport Parent;
3) sur l' influence qu'exerçait au sein même du ministère de l' Éducation de Monsieur Gérin-Lajoie, les partisans du Mouvement Laïque de Langue Française, qui entretenait et entretient toujours des relations constantes avec cette Franc-Maçonnerie extérieure qu'est la Ligue Française de l' Enseignement.
Voici le texte du compte-rendu de la conférence de Mgr Cabana paru dans LA PRESSE du 15 mars 1965:
SELON MGR CABANA. LE RAPPORT PARENT PLAGIE L'ENCYCLOPÉDIE GROLIER.
SHERBROOKE. (Spéciale) Selon l'archevêque de Sherbrooke il y aurait bien des similitudes entre les recommandations qu'a faites le rapport Parent, présidé par Mgr Alphonse Marie Parent, et un article publié un mois avant dans "L'encyclopédie de la jeunesse" de Grolier sous la signature du président du Mouvement Laïque de Langue Française, le Dr Mackay.
Mgr Cabana s'adressait, mercredi soir dernier, aux membres du Club social de Sherbrooke. "Avez vous remarqué, a-t-il dit, que le rapport Parent a été publié (du moins la première tranche), en avril 1963, alors que le volume Grolier "Encyclopédie de la jeunesse" a été publié au commencement de mai de la même année?"
L'ARTICLE DU DR MACKAY
"Vous trouverez à la page 66 de Grolier, a poursuivi Mgr Cabana, dans un article du président du Mouvement Laïque de Langue Française, le Dr Mackay, la composition qu'il projette pour le ministère de l'Éducation: un Conseil supérieur de 1'éducation dont le rôle semble facultatif; des comités catholiques, protestants et neutres qui s'occuperont des manuels au point de vue religieux. Regardez comment le rapport Parent organise le ministère. L'article paru dans Grolier a été écrit en même temps ou avant la parution de la première tranche du rapport Parent.
"Il y eut le 30 janvier 1963, une réunion à Paris du comité provisoire de l'Union laïque franco-canadienne, en l'hôtel de la Ligue française de I' enseignement. Des revues non catholiques de France ont souvent des articles élogieux sur ce mouvement. Que doit on penser de toutes ces idées de neutralisme, a conclu le conférencier."
Mgr Cabana a bien souligné que le rapport Parent, bien que rédigé par un des leurs, n'engageait pas le clergé.
LE MLF ET LE CAMP COMMUNISTE
Quand Fidel Castro se fut emparé du pouvoir à Cuba, il fit immédiatement deux choses. La première fut une déclaration de principes : "Soy marxista-léninista y lo sere sempre" (Je suis marxiste-léniniste (communiste) et je le serai toujours) ; et, deuxièmement, il invita officiellement Jean-Paul Sartre à venir à la Havane. Celui ci accepta aussitôt; et, durant son séjour à Cuba, il écrivit la préface d'un livre dont Castro assura la publication.
Or, dans un numéro du journal des étudiants de l'Université de Montréal, "Le Quartier Latin", en date du 9 mars 1965 nous pouvons lire, au bas de la dernière page, dans un coin, la nouvelle suivante:
SARTRE À MONTRÉAL
"Nous apprenons en dernière heure que le philosophe, dramaturge et romancier Jean-Paul Sartre viendra à Montréal au mois d'avril prochain pour participer au congrès annuel du MLF (Mouvement Laïque de Langue Française).
"L'athéisme militant de ce remarquable penseur servira certainement de stimulant au MLF dans son combat pour ]a justice sociale et la liberté de conscience". (Quartier Latin)
"L'Express", publication française dite de "gauche", dans son édition internationale du 22-28 Février 65, consacre justement un article à Jean-Paul Sartre. On y lit, entre autre, cette affirmation péremptoire: "Sartre ne démontre pas le marxisme (communisme), il en parle comme d'une vision du monde " irrécusable ".
Le Pape Pie XI déplorait que "trop peu de personnes aient étudié à fond le but des communistes et la réalité de leur entreprise". C'est pour répondre à ce voeu du Pape Pie XI que Marcel Clément écrivait son maître livre sur le communisme: "Le Communisme face à Dieu" (Ed. Latines) duquel nous avons tiré quelques extraits propres à nous éclairé en la circonstance. À propos de Karl Marx, Marcel Clément dit que l' auteur du "Manifeste du Parti Communiste" "ramène toute l'humanité à une histoire générale de la haine" parce qu'il "explique l'histoire de l'humanité comme reflétant essentiellement l'histoire de la lutte des classes" ; et de là, Marx conclut que "c'est donc logiquement par la multiplication des conflits sociaux que l'on conduira l' humanité au terme de son effort. Marx décrit le mal comme étant le bien. Le principe de toute rédemption, selon Marx, c'est la haine fraternelle" (Marcel Clément). II apparaît donc clairement que le moteur de la révolution prêchée par Marx, c'est la haine de l' homme pour l'homme et partant pour Dieu.
Monsieur Jacques Godbout, dont le nom figure parmi ceux qui sont les fondateurs "officiels" du MLF (à côté du Dr Jacques R. Mackay, de Judith Jasmin, de Jean-Marie Bédard etc.), ne nous dit pas autre chose dans un article, justement intitulé "La Haine", et publié dans la revue marxiste-léniniste "Parti-Pris", du mois de septembre 64, nous éclairera, là-dessus, plus et mieux que tout. Nous la trouvons page 36 (notez bien les mots employés) : "Formés à l'école de Sartre, soit celle du marxisme-léninisme, nous nous sommes entendus sur la nécessité d'utiliser comme thèmes de recherches et de combats, le socialisme, le laïcisme et l'indépendantisme".
De qui est-il question lorsque la revue marxiste "Parti-Pris" parlait de ceux qui "formés à l'école de Sartre, soit celle du marxisme-léninisme", se sont "entendus" ensemble? Pour le laïcisme ne s'agirait il pas du Mouvement Laïque de Langue Française (MLF), dont le Dr Jacques Mackay était le président? Pour l'indépendantisme, ne se pourrait il pas que ce soit le "Rassemblement pour l'Indépendance Nationale" (RIN), dont Monsieur Pierre Bourgault était le président?
(2) Enfin, pour le socialisme, entendait-on désigner le "Parti Socialiste du Québec" (PSQ), dont Jean-Marie Bédard, (.MLF) était le chef?
"Tout converge" tel est le titre que monsieur Lorenzo Paré donnait à l'un de ses éditoriaux récents. Oui, tout converge vers un but unique: séparer la société canadienne française de l'Église Catholique et établir au Québec, un État totalitaire. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir cette menace!
Mais quand les catholiques la verront ils et se mettront ils en garde, eux et leurs enfants, contre l'offensive tenace des forces révolutionnaires et athées ? Quand ceux-là surtout qui sont de plein droit en autorité le verront ils, et cesseront ils de faire le jeu de ces forces en se taisant, ou bien d'en être les dupes en cédant peu à peu à leurs revendications?
Un partage s'est accompli sous nos yeux ces dernières années, au Québec comme de par le monde. Le pape Pie XII l'avait prévu:
Le temps de la réflexion et des projets est passé, écrivait-il; c'est l'heure de l'action. Etes-vous prêts? Les fronts opposés dans le domaine religieux et moral se délimitent toujours plus clairement: c'est l'heure de l'épreuve.
Honneur à ceux qui, ainsi provoqués au combat, descendent dans l'arène avec la persuasion que la force de l'injustice aura un terme et quelle sera un jour vaincue par la sainteté du droit et de la religion.
LES ANTICLÉRICAUX DE FRANCE ET LE QUÉBEC
Dans une petite brochure de France:
Les Cahiers rationalistes: Du Nouveau au Canada. Janv.-Fév 1964, No 216. Revue mensuelle éditée par l'Université rationaliste de Paris.
Dans la présentation de la brochure nous pouvons lire sous la plume d'un certain Jean Bruhat en page 5:
Chargé par le Conseil d'administration de notre Union Rationaliste de la préparer et de la présenter je n'ai malheureusement pu utiliser qu'une infime partie de la documentation dont nous disposons. Il nous faut remercier tous nos nationalistes du Canada français, en particulier Alice Sauvé, présidente de la Ligue des Parents pour la défense de l'Enseigneraient, Joseph La Rivière, Jules Châtelain, le docteur Ferron, etc. Grâce à eux et à leurs lettres, aux coupures de journaux que nous recevons, nous vivons la lutte des canadiens rationalistes.
Plus loin en page 35 de la même brochure on peut lire encore: "Quoi qu'il en soit, "le Nouveau Journal" (Montréal ) n'a pas entraîné dans sa chute le mouvement laïque. Il était en quelque sorte l'organe, il aurait pu le demeurer, s'il n'avait ses difficultés financières. aujourd'hui l'hebdomadaire "La Patrie" semble avoir pris la relève du "Nouveau Journal". Il est aussi vivant, dynamique, et possède en plus un passé dont il peut s'inspirer."
N'est-ce pas qu'il est assez intéressant de savoir que "LA PATRIE" était la continuation (en esprit) du "Nouveau Journal" qui était (disent les Cahiers Rationalistes de France) l'organe du mouvement laïque!
En page 39 dans ces mêmes "Cahiers Rationalistes de France" (No 216) en peut lire encore sur le Québec ces lignes révélatrices:
"En tout cas le mouvement en faveur de la laïcité (au Québec) se développe. Deux groupements nouveaux ont été récemment constitués. Il s'agit d'abord des "Jeunesses laïques du Québec".
Un de ses principaux animateurs est M. Jules Chatelain. C'est un groupement de jeunes, et par conséquent il n'est pas embourbé dans les préjugés de ses aines. Quant à la revue "Parti Pris" dont le premier numéro date d'octobre 1963, elle a la position que les "Jeunesses laïques du Québec" sur le plan laïque. Son programme peut se résumer ainsi:
1 - indépendance du Québec (comme moyen);
2 - nationalisation des grandes entreprises;
3 - séparation de l'Église et de l'État."
Au bas de cette même page 39 nous trouvons deux notes révélatrices. La première se lit ainsi:
1- "Voici pour nos lecteurs de France qui voudraient s'informer et AIDER cette revue l'adresse de Parti Pris" et comme deuxième note:
2- "J'ai sous les yeux le numéro 4 de l'Informateur des "Jeunesse Laïque du Québec". Bien émouvantes ces quelques pages ronéotées"! On y parle avec une sympathie qui nous touche de l'Union rationaliste. Je lis cette note: "Mlle Germaine Martin Combes, la fille de feu le Président Émile Combes, (Émile Combes, (1835-1921), politicien laïciste. Auteur de la loi de séparation de l'Église et de l'État (1905) Il fit confisquer tous les biens mobiliers et immobiliers de 30,000 paroisses et de 100,000 prêtres en France.) nous a fait don d'une photographie de son père, de sa serviette alors qu'il était Ministre d'État, et don du coupe-papier alors qu'il était jeune médecin à Paris, France en 1868." Que d'autres sourient! pour ma part je n'en ai pas envie. Une partie de la jeunesse canadienne collectionne les souvenirs du p'tit père Combes! Peut-être cela fait-il vieillot, mais dans un pays où domine l'Église de grand-papa, l'anticléricalisme de papa, est réconfortant."
Et voilà! Qu'en pensez-vous? Les rationalistes, les agnostiques et les anticléricaux de France se penchaient et se penchent encore vers le Québec en 2005. Peu de gens se rendent compte qu'on est en train de nous berner. C'est quasi drôle de voir que certains jeunes, qui rejettent tout le passé chrétien, vont chercher le vieux passé anticlérical de France du 18e et 19e siècle. Et que penser de ces professeurs de France qui sont venus enseigner à nos jeunes? Qui étaient-ils? Je vous laisse deviner. Et enfin que penser de certains prêtres, professeurs de nos séminaristes surtout, qui n'y ont rien vu ou qui disaient que "ça passera" et que le Québec s'inquiètait inutilement?
par Otto Kretzmer
Ce sujet est délicat: il peut susciter des réactions négatives envers son auteur. On dira peut-être de lui qu'il n’est qu’un intégriste, un illuminé, un catholique à gros grains, un empêcheur de danser en rond ou un de ces antiquaires qui époussettent la théorie paranoïde du complot. Cela est tout à fait compréhensible. Mais avant de faire de ces étiquettes un jugement “dernier, permettez-nous de vous instruire sur l'esprit qui nous anime au sujet de la Franc-Maçonnerie.
Comme vous le constaterez, dès les premières lignes des documents que vous lirez, nous dévoilons la bannière secrète de la Franc-Maçonnerie. Cette opération ne peut se faire qu'avec une certaine dose de virulence. Cependant - et nous soulignons ceci à traits rouges - la nature de cette offensive n'a pas ses sources dans la haine et le mépris, mais dans la fermeté d'esprit de personnes qui ont travaillé le sujet pendant de nombreuses lunes. La Franc-Maçonnerie est une religion antichrétienne, une secte luciférienne farouchement anticatholique! et cela ne se dit pas avec la douceur du miel.
Mais, avant de continuer sur cette lancée, soyons bien clair: notre but n'est pas de brimer l'intégrité des personnes qui, à titre de membre agréé, participent aux activités d'une loge maçonnique. La très grande majorité, autant à la base de la hiérarchie qu'au sommet, est bien intentionnée. Comme on dit, c'est du bon monde! Si nous tracions un portrait du franc-maçon, on ne pourrait pas éviter les attributs du citoyen honnête, démocratique et “tolérant.”
Cela dit, reprenons notre cheval de bataille. Ce qui nous révolte ce n'est pas tant l'école de pensée humaniste et laïciste que la Franc-Maçonnerie professe en soi - avec tous les droits légitimes que la démocratie lui confère - c'est son ambition d'imposer une structure totalitaire à l'ensemble de la société et du monde, du réseau scolaire à l'Etat, tant au niveau public que privé.
Au mois de juin 2005, le gouvernement du Québec a voté que les enfants du Québec n’apprendraeint plus la religion de leurs ancêtres, mais la relgion de la religion humaniste séculaire, la franc-maçonnerie.
On peut commencer a se poser de sérieuses questions quand il est recommandé au gouvernement que tous les jeunes chrétiens - catholiques et protestants - soient obligatoirement tenus à se laisser endoctriner, dès le primaire, par le credo libéral et/ou humaniste de la religion franc-maçonnique. Il en est de même quand on encourage la métamorphose du Ministre de l'Education en Ministre du Culte. Et pour tout dire, nous faisons nôtre la dénonciation de l'Association des juristes catholiques du Québec (AJCQ) qui affirme que les recommandations du rapport Proulx «sont basées sur un dirigisme étatique pratiquée dans les états totalitaires ou dans les pays exerçant de la discrimination contre la démocratie scolaire». Ce que nous désirons, c'est un régime démocratique juste et équitable. Et nous sommes convaincus que même parmi les laïcistes, les francs-maçons et les libres penseurs, l'indignation s'élève devant l'énormité de cette dictature qui est en voie d'implantation dans notre société.
Michèle Boulva, «Les juristes catholiques attaquent les visées “totalitaires» du Rapport Proulx., L'informateur catholique 29 juin 1999, p. 2.
L’article suivant est écrit par un Grand Maîtrre maçon. Cet article a le don de prouver que la maçonnerie joue un rôle important dans la fonction publique, tant à Québec qu’à Ottawa. Voici le texte:
J.-Z.-Léon Patenaude, «Pour mieux connaître l'histoire de la laïcité au Québec», Bulletin de Liaison du AMQ, p. 10.
Pour mieux connaître l’histoire de la laïcité au Québec
Dans les combats qu’il mène présentement, le Mouvement Laïque québécois se rattache à une veine historique qui remonte à la fin du XVIIIe siècle.
Déjà, dans son «Appel à la justice» de l’État, paru en 1784, Pierre du Calvet s’élève contre l’exclusivité d’une formation sacerdotale donnée dans les collèges du Québec et réclame que les biens des Jésuites servent à l’établissement d’écoles publiques et d’institutions aptes à l’enseignement des sciences.
Pour sa part, le premier imprimeur-libraire montréalais, Fleury Mesplet, appuie dans la «Gazette de Montréal», le projet d’ériger système d’instruction publique couronné par une université non confessionnelle, projet préconisé par le gouverneur Dorchester à la suite d’une enquête royale prouvant l’analphabétisme chronique de la population en 1790.
L’une des revendications des Patriotes de 1837-1838 a trait à la séparation de l’Eglise et de l’Ecole.Dans la déclaration d’indépendance signée Robert Nelson, il est avancé à l’article 13, qu’il est du «devoir du gouvernement envers le peuple» d’établir un enseignement public. Comme le précise ll’article 4, l’implantation d’un tel système se fera dans la plus entièrre liberté de conscience, puisque «toute union entre l’eglise et l’Etat est déclarée abolie».
La pensée des Patriotes trouvera refuge à l’Institut canadien de Montréal qui livrera de 1844 à 1884 une dire lutte contre l’intolérance cléricale et sa main-mise sur l’enseignement public. La Ligue de l’enseignement poursuivra le combat.
En 1960, dans la vague de la Révolution tranquille, le Mouvement Laïque de langue française se lance dans l’action, sous la présidence du notaire Maurice Blain,. La relève est prise aujourd’hui par le Mouvement laïque québécois.
La bibliographie qui suit permettra aux letrices et lecteurs intéressés d’approfondir la question de la continuité des combats pour la laïcité au Québec.
Jean-Paul de Lagrave, Fleury Mesplet (1734_1794), imprimeur, éditeur, libraire, journaliste: diffuseur des Lumières au Québec, Montréal, Patenaude Editeur, 1985.
Jean-Paul Lagrave, Histoire de l’information au Québec, Montréal, La Presse, 1980.
Jean-Paul de Lagrave et Jacques Ruelland. L’Appel à la Justice de l’etat de Pierre du Calvet, Québec, Le Griffon d’argile 1986.
David Amar et autres, L’école laïque, Montréal. Les Éditions du Jour, 1961.
Jean-Jacques Jolois, J.-F. Perrault (1735-1844) et les origines de l’enseignement laïque au Bas-Canada, Montréal, Les Presses, de l’Université de Montréal, 1969.
Jean-Paul Bernard, Les Rouges: libéralisme, nationalisme et anticléricalisme au milieu du XIXe siècle, Montréal, Les Presses de l’Université du Québec, 1971.
Lucie Laurin, Des luttes et des droits - antécédents et historique de la Ligue des droits de l’homme de 1936 à 1975, Montréal, Le Méridien, 1985.
Ruby Heap, “La Ligue de l’enseignement (1902-1904): héritage du passé et nouveaux défis”. Revue d’Histoire de l’Amérique française, vol. 36, no 3, décembre 1982.
Yvan Lamonde, “Les archives de l’Institut canadien de Montréal (1844-1900) - Historique et inventaire”, Revue de l’Histoire de l’Amérique française, vol. 28, no 1, juin 1994.
Conférences annuelles de l’Institut canadien des affaires publiques, Montréal, Les Educations du Jour, 1961 à 1967.
Dans l’article suivant, l’auteur nie de toutes ses forces que la franc-maçonnerie soit une religion ou une secte. Nous verrons par la suite qu’il ment comme il respire. Pour ceux de la fonction publique qui se demandent pourquoi certains postes leur sont refusés, la réponse est simple: vous devez faire partie de la maçonnerie pour gagner du galon.
LE DEVOIR 17/6/87
Les francophones dans la Franc-Maçonnerie
LIBRE OPINION
J. Z. LÉON PATENAUDE
L’auteur à été le premier francophone originaire du Québec initié au Grand Orient de France du cours de la période contemporaine. Il fut aussi l'initiateur en 1977 du Grand Orient du Québec, association des trancs-maçons du Québec.
Dans un rapport d'une étude indépendante de Me Pierre Gagnon de Québec, sur les relations interpersonnelles au sein du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS), on conclut que ce service se livre à une discrimination systématique envers les francophones et envers tout autre groupe bien défini et étaye la thèse d'une CIA canadienne infiltrée par la Franc-Maçonnerie anglo-protestante au sein de cet organisme par des anciens de la GRC.
Malgré les nombreuses dénonciations dans les Rapports annuels du Commissaire aux langues officielles dans de nombreux organismes et ministères fédéraux, cette situation constatée aujourd'hui à l'endroit de la SCRS mérite d’être clarifiée.
Ni une église, ni une secte
On connaît les résistances dans la fonction publique fédérale, dans les ministères fédéraux et particulier de la Défense nationale et de la Gendarmerie royale du Canada à l'application de la Loi sur les langues officielles et aux très nombreuses recommandations des commissaires qui se sont succédé.
Puisque le rôle et l'importance de la Franc-Maçonnerie inglo-saxonne est mentionnée, il est temps après tant d'années de luttes au sein de la fonction publique fédérale, de faire le point sur les résultats et percer les résistances solides, comme c'est le cas actuellement de la SCRS. et de ta GRC, tel que vu récemment, ainsi que dans d’autres importants ministères fédéraux.
Puisqu’il est question de réseaux de Francs-Maçons et de la Franc-Maçonnerie dans cette triste réalité, le public a le droit de savoir la situation des Francs-Maçons francophones du Québec sur la question culturelle, les problèmes linguistiques et le respect de la Loi sur les langues officielles.
La Franc-Maçonnerie n'est pas une église, ni une secte, ni un parti politique, ni un syndicat, et elle n'est pas homogène. Il existe deux grandes tendances: la Franc-Maçonnerie démocratique libérale et la Franc-Maçonnerie anglo-protestante. Toutes les deux sont universelles.
Depuis 1795, cette réalité historique existe et l’histoire de la Franc-Maçonnerie au Québec témoigne de ce fait des différences culturelles, linguistiques, sociales depuis Mesplet, DuCalvet, Jean-François Xavier Perreault, Louis-Joseph Papineau, , Ludger Duvernay, parmi les Patriotes de 1837, des dirigeants de l’Institut canadien de Montréal (On doit référer à l’ouvrage de Bernard Les Rouges, PUQ, page 272, concernant les relations entre cet organisme et et le Grand Orient de France).Il y à de plus la Loge Émancipation avec Honoré Beaugrand, Godfroy Langlois, la Ligue de l’enseignement, la Loge Force et Courage du Grand Orient de France.
Loyauté et désintéressement
Les deux Francs-Maçonneries ne maintiennent aucun lien entre elles. J’appartiens à la Franc-Maçonnerie libérale représentée au Québec par
quatre Obédiences reconnues, ayant plusieurs loges francophones et qui ne sont pas reconnues par l'autre Franc-Maçonnerie.
La Franc-Maçonnerie libérale est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui à pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. La Franc-Maçonnerie libérale au Québec groupe très majoritairement des francophones d’origine québécoise et canadienne-française.
Pour un Franc-Maçon, c’est la pratique de la loyauté et du désintéressement; il vit dans un milieu social et culturel; il a des racines culturel et sa langue, et il demande protection à la Charte des droits et libertés ainsi que travailler dans sa langue et faire une carrière dans lez services publics à tous les niveaux.
La Franc-Maçonnerie libérale est composée d’obédiences qui admettent les femmes et l’égalité des deux sexes dans leurs Temples. C'est pourquoi les maçons francophones du Québec favorisent les demandes et les réclamations des femmes dans la Fonction publique fédérale en particulier, dans l’armée et dans le Services de la GRC.
La Franc-Maçonnerie se compose d’individus venus de tous les horizons, d'origine philosophique et religieuse ou sociale totalement diverses, oeuvrant ainsi au Québec en français, profondément attachés à notre langue, notre culture, ses droits conférés dans la Loi sur les langues officielles, et notre possibilité de gravir tous les échelons dans les services gouvernementaux en travaillant en français.
Pour un Franc-Maçon libéral francophone, il y a de devoirs à accomplir, de sacrifices à consentir, de périls à redouter; la Franc-Maconnerie ne doit pas être un moyen de parvenir...et ceux qui n’en sont pas convaincus ne tardemt pas à se retirer. Nous ne cherchons aucun pouvoir, ni politique, ni religieux; nous travaillons pour le progrès de l'humanité dans le respect de la dignité humaine. la justice sociale, la laïcité, le contrôle de la violence et contre tous les totalitarismes. le racisme, l’antisémitisme, et réclament la séparation de de l’État et des églises ainsi que l’école publique non confessionnelle.
La société distincte du Québec
Les Franc-Maçons francophones ne réclament aucun privilège, mais seulement la mise en application de mesures, et cela rapidement au sein du gouvernement fédéral pour permettre l’accession de francophones à des postes de commandes, selon les expériences et compétences, le respect intégral dans les ministères de la Loi des langues officielles.
Les Francs-Maçons francophones québécois tiennent compte des réalités sociologiques, culturelles et politiques de la société distincte du Québec.
Je voudrais rappeler un fait historique pour une meilleure cornpréhension des francophones au sein ce la Fonction Publique fédérale. En 1928, à Ottawa, un groupe de fonctionnaires fédéraux fondaient une société discrète: l’Ordre des commandeurs de Jacques Cartier. Le secrétaire-fondateur était un Canadien français franc-maçon afin de promouvoir et favoriser la venue des Canadiens français dans le gouvernement: le Service civil.
Ayant personnellement joué un rôle durant 13 années (1944-39) au sein de cette franc-maçonnerie catholique et canadienne-française, l’historien Raymond Laliberté a reconnu son rôle, son Importance et son influence, principalement dans les milieux gouvernementaux en faveur du français et de la place que les francophones devaient y occuper (Je réfère le lecteur intéressé à l’ouvrage de M. Laliberté sous le titre Une Société secrète: l'Ordre de Jaques Cartier, éditions Hurtibise, HM-1983).
Les Francs-Maçons du Québec ont toujours été séparés selon la culture et la langue. Les luttes se sont atténuées. mais la résistance semble se prolonger dans les milieux fédéraux, ce qu’évoque le Rapport et l’étude du comité. Les Francs-Maçons francophone ne peuvent que se réjouir de toutes les initiatives qui devront être prises afin d'assure le droit linguistique au sein de SCR, de la GRC et de la Défense nationale, sans minimiser les recommandations des Rapports annuels des commissaires aux langues officielles, de même qu'appuyer, favoriser l’égalité des femmes dans les Forces armées et les Forces de sécurité, incluant les femmes de culture et de langue françaises.
M. Horace Miner, un sociologue du l'Université du Michigan aux U.S.A., publiait en 1939 une étude sociologique sur un village canadien-français, Saint-Denis de Kamouraska. Au cours de son ouvrage, Horace Miner en vint à comprendre que le Québec s'était formé en villages et en villes -non pas autour des usines, comme c'est le cas aux U.S.A. -, mais par paroisse, autour des lieux de culte, c'est-à-dire, autour des églises.
Ainsi, s'est-il peut-être posé la question: Quelle est la plus haute forme de civilisation? Celle où les hommes s'agglutinent en villages autour des usines, afin de pouvoir vivre; ou bien celle où les hommes se rassemblent autour du lieu de culte et construisent leur vie à partir de ce centre, tirant de la terre le nécessaire pour vivre?
Nous nous trouvons alors en face de deux civilisations différentes qui se sont construites à partir de deux conceptions différentes. La première civilisation repose sur la nature essentiellement religieuse de l'homme: le "lien" qui unit l'homme à Dieu est "premier"; il est surtout "vrai", car il produit des vertus chez l'homme dont la plus remarquable, à l'oeil d’un sociologue, est ce détachement persévérant des biens de la terre, la tempérance. Toute la vie sociale est alors imprégnée par l'effet de cette vertu cardinale. On aura reconnu là la caractéristique d'une civilisation catholique: Dieu premier servi.
L'autre civilisation, celle qui a prospéré aux U.S.A., spécialement en Nouvelle-Angleterre, est née, elle aussi, de la religion. Mais le lien qui unit l'homme à Dieu est interprété d'une façon toute différente: l'homme prospère, et non pas l'homme vertueux, est considéré, socialement, comme "béni de Dieu" C'est la civilisation née du puritanisme protestant. De là à l'affirmation d'Adam Smith, que l'intérêt individuel bien entendu pour les biens économiques est le principe ordonnateur de la vie sociale, il n'y a qu'un pas qui fut franchi: le libéralisme économique était né.
Dans son maître livre, “Progress and Religion,” l'historien catholique Christopher Dawson analyse l'intime connexion qui existe entre le puritanisme protestant et le capitalisme: le puritanisme fut la motivation religieuse (erronée) qui permit l'avènement de la société capitaliste. Dans une telle société, la vie sociale n'est plus, principalement, qu'une vie économique. L'ordre social lui-même ne dépend plus de la morale, mais de la libre compétition des intérêts individuels pour les biens économiques. Bref, l'amour de l'argent dont Saint-Paul dit qu'il est la "racine de tous les maux" a remplacé, pratiquement, l'amour de Dieu et du prochain. Les conditions se trouvaient donc réunies, à brève ou longue échéance, pour que puisse naître et se développer la pire maladie sociale que le monde ait connue, le communisme athée! De la lutte entre individus pour les biens économiques à la lutte des classes, il n’y a qu’un pas qui fut franchi allègrement.
En 1965, au Québec, la situation pouvait s'exprimer ainsi: Les enfants de la civilisation catholique se sont pris d'une soif inextinguible, semble-t-il, pour les biens de la terre, et ils refusent en bloc l'héritage d'une civilisation qui a produit des hommes vertueux au lieu de produire des hommes riches et puissants. Au souci du devoir accompli fait place le culte national des droits revendiqués. C'est la mort de la société catholique et l'émergence de la société protestante et nationaliste.
A ce changement de cap de la société québécoise on a donné le nom, dans les journaux, de "Révolution Tranquille". Personnellement, je ne crois pas que nous en soyons encore à la "Révolution" proprement dite; nous en sommes à l'étape préalable: l'apostasie.
En effet, beaucoup de Québécois ne veulent pas encore briser radicalement le lien naturel qui unit l'homme à Dieu; mais, par contre, ils veulent que ce lien ne soit plus catholique, du moins socialement. La preuve de cet état d'esprit est dans cette manie générale de tout "déconfessionnaliser" au nom du "pluralisme social". Le nom catholique est devenu gênant pour beaucoup, et cela pour la bonne raison qu'ils ne vivent plus selon les exigences morales de leur foi catholique; au lieu de réformer leur vie en conséquence, ils préfèrent réformer les structures selon une nouvelle conscience non confessionnelle. Et pour que cette "laïcisation" se fasse sans que l'unité sociale soit rompue trop tôt, on substitue "tranquillement" le lien national au lien religieux. Le dénominateur commun de l'unité n'est plus l'Eglise, mais la Nation. La radio, la télévision, et la grande presse s'emploient sans relâche à propager la nouvelle "idéologie".
Au Québec, on peut donc dire qu'actuellement tout se traduit par une tendance, d'abord, et par une volonté, ensuite, de se détacher du Christ par le biais de la Nation. Tout est québécois, plus rien n'est catholique, socialement. C'est "l’Apostasie Tranquille” précédant la "Révolution.” Evidemment, on évite de se l’avouer à soi-même, seul à seul: mais, mus par un instinct grégaire nationalisé, tous "marchent” dans le coup. Le but de la vie sociale n'est plus la perfection des citoyens, mais la "liberté" de vivre civilement comme si l'on n'était plus catholique.
Parmi les jeunes, certains ont été formés "soit à l'école de Sartre, soit à celle du marxisme-léninisme"; plusieurs d'entre eux ont déjà pris conscience" des demi trahisons casuistiques de l’ Apostasie Tranquille, et, par la “science révolutionnaire", ils vont au delà de l'apostasie vers le communisme athée. Ils ont déjà réclamé la reconnaissance du DROIT de croire que la religion soit un mal" et ils préparent “scientifiquement" la prise du pouvoir par le Parti. Aussi saluent-ils l'avènement de "l'homme québécois" comme celui d'un "Homme Nouveau" qui a amorcé la "situation révolutionnaire" au Québec et rendu possible pour l'avenir une guerre civile qui fera "accoucher l'Histoire": "Car les partis réellement socialistes, disent-ils, n'ont pu prendre le pouvoir en quelque pays que ce soit, que pendant une guerre civile". Pour provoquer la guerre civile, ils ont "choisi d'exploiter scientifiquement" "comme thèmes de recherche et de combat le socialisme, le laïcisme et l'indépendantisme".
Telle est encore la situation dans la province de Québec en 2005.
Que faire?
La réponse est simple: il faut faire comme le Pape, résister. Mais résister avec cet espoir invincible: l'homme moderne saura encore découvrir, dans la conception religieuse à lui offerte par le catholicisme, sa propre vocation à une civilisation qui ne meurt pas, mais qui avance sans cesse vers la perfection naturelle et surnaturelle de l'esprit humain que a grâce de Dieu rend capable de la possession honnête et pacifique des biens temporels tout en l'ouvrant à l'espérance des biens éternels (Ecc.l Suam). Autrement dit, la consigne de Pie XI dans Quas Primas est plus que jamais actuelle en 2005: La Paix du Christ par le Règne du Christ.
Mais pour que le Christ règne a nouveau, il faut des homme nouveaux. C'est-à-dire,
1- des hommes catholiques, des
2- conscients de l'être
3- et capables de traduire en termes sociaux exacts la conscience qu'ils ont du lien qui les unit au Christ-Roi
L'interprétation sociale exact de ce lien, c'est la doctrine sociale de l'Eglise.
Dans ce qui suit, je vais faire l’historique du Mouvement Laïque Québécois et le démasquer.
MOUVEMENT LAÏQUE DE LANGUE FRANÇAISE
Avis est donné qu'en vertu de la troisième partie de la loi des compagnies de Québec, il a été accordé, par le Lieutenant-gouverneur de la province de Québec, des lettres patentes, en date du 4e jour de janvier 1962, constituant en corporation sans capital-actions: Dr Jacques R. Mackay, psychiatre, 1870 Côte-des-Neiges, Montréal, Judith Jasmin, journaliste, 1230 rue Mc Gregor, Montréal, Pierre Lebeuf, réalisateur, 4629 rue Boyer, Montréal, Mireille Fortier. agent d'affaires, 15 rue Vimy, Outremont, Jean-Marie Bédard, permanent syndical, 936 Sherbrooke-Est, Montréal, Gilles Constantineau, journaliste 838 rue Maple, Jacques-Cartier, Jacques Godbout, écrivain et cinéaste, 3967 rue Lacombe, Montréal, Jacques Guay, journaliste, 440 rue St-Hubert, Montréal et Gilles L. Duguay, avocat, 15 rue e Vimy, Outremont, pour les objets suivants:
Grouper en association les personnes intéressées à la tolérance et à la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes et la neutralité religieuse des institutions publiques, sous le nom de "Mouvement Laïque de Langue Française".
QU'EST-CE QUE LE "MOUVEMENT LAÏQUE DE LANGUE FRANÇAISE"?
Le MLF est une société de pensée. Une société de pensée, ce n'est as seulement une société où l'on pense; une société de pensée, cela veut dire: une société construite par la pensée, ce n'est pas une société naturelle comme les sociétés établies dès l'origine par a nature. Par exemple, la famille est une société naturelle.
La société de pensée, c'est ne société construite arbitrairement par l'esprit, en réaction ou plus exactement en révolution contre les sociétés naturelles. Les sociétés de pensée qui existent aujourd'hui ou qui ont existé autrefois sont les sociétés secrètes, les loges maçonniques et le parti communiste.
Le "Mouvement Laïque de Langue Française" (MLF) est bien une société de pensée.
LE MLF ET LA FRANC-MAÇONNERIE
En 1866, en France, un certain monsieur Jean Maçé fondait la "Ligue Française de l'Enseignement" dont les statuts permettaient l'organisation de cercles autonomes.
En 1885, le même monsieur Jean Macé, au 5ième congrès de la "Ligué Française de l'Enseignement" à Lille, s'écriait:
Aujourd'hui il faut affirmer que la Ligue est une institution maçonnique. La Lique est une maçonnerie extérieure. Je l'ai dit cent fois dans les loges, d'un bout de la France à l’autre."
De nos jours, la tradition est bien conservée: la Ligue fait toujours son travail maçonnique. Albert Bayet proclame en 1953:
Notre but est de lutter contre la morale chrétienne, de chasser des consciences les vieux dogmes, mais aussi les préceptes et les maximes qu'on y a fait pénétrer sous le couvert de tels dogmes.
Ces positions ont légitimé la condamnation de la "Ligue Française de l'Enseignement" par Pie IX en ces termes:
Nous déplorons que, de cette source même d’extirper radicalement, surtout de l’âme des enfants, la foi catholique, et s'efforçant d'exercer impunément, par toute la France, les industries de son iniquité".
Quel rapport existe-t-il entre la "Ligue Française de l'Enseignement", société de pensée, d'inspiration et d'obédience maçonnique condamnée par l'Église, et le MLF?
Dans "L'Action Laïque", journal officiel de la "Ligue Française de l'Enseignement", du 7 mars 1963, nous pouvons lire le compte-rendu de l'assemblée générale constitutive de l'Union Laïque Franco-Canadienne" tenue mercredi le 30 janvier 1963, à 6.15 P.M., à l'Hôtel de la Ligue Française de l'Enseignement (salle Brenier), 3 rue Récamier, Paris Vll ième. Voici le texte de L'action Laïque:
Le mercredi 30 janvier, à 18 heures, s'est tenue au sein de la Ligue Française de l'Enseignement à Paris, l'assemblée générale d'une nouvelle association qui a pris le titre d'Union Laïque Franco-Canadienne.
En l'absence du président Fauré, retenu et excusé, cette réunion était présidée par M. Bru, vice-président de la Ligue Française de l'Enseignement. Après avoir exposé les buts de la réunion, M. Bru céda la parole à M. Lamarque, également président de la Ligue de l'Enseignement et chargé des relations internationales, qui rappela brièvement ce qu'est l'idéal laïque et en quoi la Ligue de l'Enseignement s'emploie à le développer en tissant notamment des liens étroits avec les laïques du Canada français.
Puis la parole fut donnée à M. Noël Lajoie, professeur canadien exerçant en France et secrétaire du Comité provisoire de l'Union Laïque Franco Canadienne, qui exposa l'origine de l'initiative prise par des animateurs du Mouvement Laïque Canadien de Langue Française (MLF), créé à Montréal en avril 1961 (le 8 avril), en relation avec leurs collègues de la Ligue Française de I'Enseignement.
Après ces exposés, un large débat s'ouvrit auquel participèrent de nombreuses personnes de l'assistance. Puis il fut donné lecture des projets de statuts. Ceux-ci furent adoptés à l'unanimité.
Notons que l'article II précise que l'association a pour objet:
de resserrer les liens entre les Français et les Canadien attachés à la liberté de conscience, et de leur permettre de vulgariser ensemble la notion de séparation des Églises et de l'État et de neutralité religieuse des institutions publiques, spécialement dans le domaine de l'enseignement et de la culture, de la solidarité sociale et de la justice. L'article III indique que ses moyens d'action sont: l'échange réciproque d'informations sur tous les problèmes posés par la laïcité des institutions;
la collaboration entre les enseignants, les étudiants, les animateurs de mouvements et plus généralement de tous ceux qui s'intéressent à la culture populaire, à l'organisation d'échanges universitaires et culturels,
l'encouragement de manifestations littéraires, musicales, théâtrales, audiovisuelles, picturales, chorégraphiques, etc.
La réunion s'est terminée par l'élection du Conseil d'administration qui doit se réunir prochainement pour désigner les membres du bureau.
La radio canadienne était présente et assura un reportage qui retiendra certainement l'attention de nombreux auditeurs du Canada.
Nous ne pouvons que nous réjouir de la création de cette association qui symbolise l'union fraternelle des laïques et singulièrement des éducateurs de langue française du Canada et de ceux de France. Tous les membres de la Ligue Française de l'Enseignement lui apporteront son concours le plus entier.
LE BUT DU MLF
Son but avoué est le but poursuivi par la Ligue Française de l'Enseignement, tel que nous le lisons dans L'Action Laïque, organe de la Ligue de l'Enseignement:
vulgariser ensemble la notion de séparation des Églises et de l'État et de neutralité religieuse des institutions publiques. Notre but, disait encore Albert Bayet, est de lutter contre la morale chrétienne, chasser des consciences les vieux dogmes, niais aussi les préceptes et les maximes qu'on y a fait pénétrer sous le couvert de tels dogmes.
C'est pourquoi vaut certainement pour le Mouvement Laïque de Langue Française la dénonciation énergique du Pape Pie IX, à savoir qu'il est bien une autre société pernicieuse pour la perte des âmes, travaillant à extirper radicalement, surtout de l'âme des enfants, la foi catholique. En effet, cette société de pensée s'est attaquée et continue de s'attaquer à la société naturelle et chrétienne par excellence, la famille, en faisant campagne, dans diverses revues et journaux, et surtout à Radio-Canada - les plus vieux se rappellent l'émission "Aujourd'hui", par exemple - pour le mariage civil, le divorce, l’avortement, le mariage homosexuel, l’euthanasie (étatnazi) et l'école neutre. Nous verrons plus tard qu’est-ce que la neutralité veut dire dans le langage du MLQ.
Le MLF avait déjà "pensé" de toutes pièces et institué une commission scolaire neutre de laquelle ne dépendait aucune école. Cette commission scolaire neutre ne répondait donc pas à une nécessité: elle avait donc été uniquement instituée en réaction, ou mieux encore en révolution, contre les commissions scolaires catholiques du Québec. Nous avons là l' exemple patent d'une institution parallèle dont l'unique raison d'exister est la lutte contre les institutions naturelles et chrétiennes.
En cela le Mouvement Laïque de Langue Française montre bien ce le MLF-MLQ est fondamentalement une société de pensée, c'est à dire:
1) une société construite arbitrairement par la pensée, en révolution contre les société naturelles et chrétiennes;
2) une société qui est toujours affiliée, ou rattachée de près ou de loin, à "ces puissances obscures" dont parlait Pie XII dans un discours aux membres de la "Renaissance Chrétienne", le 22 janvier 1949, "puissances obscures internationales qui s'efforcent de bannir l'Église et la religion du monde et de la vie" (Pie Xll).
Le Mouvement Laïque de Langue Française, nous l'avons vu, est un mouvement en relation étroite avec la Ligue Française de l'Enseignement, dont le but est de lutter contre la morale chrétienne; le MLF s'inscrit par là dans le mouvement révolutionnaire mondial, et il poursuit le double but commun à toutes les organisations révolutionnaires:
a) par la revendication d'abord, par la propagande toujours, par la force enfin s'il le faut, séparer la société des hommes de l' Église Catholique Romaine et,
b) proclamer 1'État Tout Puissant en subordonnant tout et l'État, y compris l'âme humaine et Dieu: c'est ce qu'on appelle (du mot "tout") le totalitarisme athée. (Notons le bien au passage, nous sommes ici au point de rencontre de toutes les doctrines ou idéologies révolutionnaires en vogue de nos jours, quels que soient le nom ou l' idéal particulier dont elles se parent: communisme, marxisme, socialisme, laïcisme, un certain séparatisme et j’en passe. En effet, n'avons nous pas vu le RIN, pour ce qui concerne le séparatisme, déclarer dans son journal officiel, L'Indépendance de juillet 64 (p. 2):
Alors (quand le RIN sera au pouvoir) nous saurons préconiser publiquement, et accomplir surtout, la séparation, la grande, du spirituel et du temporel, de l'Église et de l'État.
LE MLF ET LE RAPPORT PARENT
Le 10 mars 1965, Monseigneur Georges Cabana, Archevêque de Sherbrooke, faisait, au Club Social de Sherbrooke, une conférence sur le Rapport Parent. Dans son édition du 15 mars, le quotidien LA PRESSE en publiait un compte rendu; nous nous bornerons à le rapporter. Le compte rendu de cette conférence de Mgr Cabana, tel qu'il était, jette une lumière inattendue;
1) sur ceux qui serraient les véritables inspirateurs du fameux rapport Parent;
2) sur le but réel des réformes proposées par le rapport Parent;
3) sur l' influence qu'exerçait au sein même du ministère de l' Éducation de Monsieur Gérin-Lajoie, les partisans du Mouvement Laïque de Langue Française, qui entretenait et entretient toujours des relations constantes avec cette Franc-Maçonnerie extérieure qu'est la Ligue Française de l' Enseignement.
Voici le texte du compte-rendu de la conférence de Mgr Cabana paru dans LA PRESSE du 15 mars 1965:
SELON MGR CABANA. LE RAPPORT PARENT PLAGIE L'ENCYCLOPÉDIE GROLIER.
SHERBROOKE. (Spéciale) Selon l'archevêque de Sherbrooke il y aurait bien des similitudes entre les recommandations qu'a faites le rapport Parent, présidé par Mgr Alphonse Marie Parent, et un article publié un mois avant dans "L'encyclopédie de la jeunesse" de Grolier sous la signature du président du Mouvement Laïque de Langue Française, le Dr Mackay.
Mgr Cabana s'adressait, mercredi soir dernier, aux membres du Club social de Sherbrooke. "Avez vous remarqué, a-t-il dit, que le rapport Parent a été publié (du moins la première tranche), en avril 1963, alors que le volume Grolier "Encyclopédie de la jeunesse" a été publié au commencement de mai de la même année?"
L'ARTICLE DU DR MACKAY
"Vous trouverez à la page 66 de Grolier, a poursuivi Mgr Cabana, dans un article du président du Mouvement Laïque de Langue Française, le Dr Mackay, la composition qu'il projette pour le ministère de l'Éducation: un Conseil supérieur de 1'éducation dont le rôle semble facultatif; des comités catholiques, protestants et neutres qui s'occuperont des manuels au point de vue religieux. Regardez comment le rapport Parent organise le ministère. L'article paru dans Grolier a été écrit en même temps ou avant la parution de la première tranche du rapport Parent.
"Il y eut le 30 janvier 1963, une réunion à Paris du comité provisoire de l'Union laïque franco-canadienne, en l'hôtel de la Ligue française de I' enseignement. Des revues non catholiques de France ont souvent des articles élogieux sur ce mouvement. Que doit on penser de toutes ces idées de neutralisme, a conclu le conférencier."
Mgr Cabana a bien souligné que le rapport Parent, bien que rédigé par un des leurs, n'engageait pas le clergé.
LE MLF ET LE CAMP COMMUNISTE
Quand Fidel Castro se fut emparé du pouvoir à Cuba, il fit immédiatement deux choses. La première fut une déclaration de principes : "Soy marxista-léninista y lo sere sempre" (Je suis marxiste-léniniste (communiste) et je le serai toujours) ; et, deuxièmement, il invita officiellement Jean-Paul Sartre à venir à la Havane. Celui ci accepta aussitôt; et, durant son séjour à Cuba, il écrivit la préface d'un livre dont Castro assura la publication.
Or, dans un numéro du journal des étudiants de l'Université de Montréal, "Le Quartier Latin", en date du 9 mars 1965 nous pouvons lire, au bas de la dernière page, dans un coin, la nouvelle suivante:
SARTRE À MONTRÉAL
"Nous apprenons en dernière heure que le philosophe, dramaturge et romancier Jean-Paul Sartre viendra à Montréal au mois d'avril prochain pour participer au congrès annuel du MLF (Mouvement Laïque de Langue Française).
"L'athéisme militant de ce remarquable penseur servira certainement de stimulant au MLF dans son combat pour ]a justice sociale et la liberté de conscience". (Quartier Latin)
"L'Express", publication française dite de "gauche", dans son édition internationale du 22-28 Février 65, consacre justement un article à Jean-Paul Sartre. On y lit, entre autre, cette affirmation péremptoire: "Sartre ne démontre pas le marxisme (communisme), il en parle comme d'une vision du monde " irrécusable ".
Le Pape Pie XI déplorait que "trop peu de personnes aient étudié à fond le but des communistes et la réalité de leur entreprise". C'est pour répondre à ce voeu du Pape Pie XI que Marcel Clément écrivait son maître livre sur le communisme: "Le Communisme face à Dieu" (Ed. Latines) duquel nous avons tiré quelques extraits propres à nous éclairé en la circonstance. À propos de Karl Marx, Marcel Clément dit que l' auteur du "Manifeste du Parti Communiste" "ramène toute l'humanité à une histoire générale de la haine" parce qu'il "explique l'histoire de l'humanité comme reflétant essentiellement l'histoire de la lutte des classes" ; et de là, Marx conclut que "c'est donc logiquement par la multiplication des conflits sociaux que l'on conduira l' humanité au terme de son effort. Marx décrit le mal comme étant le bien. Le principe de toute rédemption, selon Marx, c'est la haine fraternelle" (Marcel Clément). II apparaît donc clairement que le moteur de la révolution prêchée par Marx, c'est la haine de l' homme pour l'homme et partant pour Dieu.
Monsieur Jacques Godbout, dont le nom figure parmi ceux qui sont les fondateurs "officiels" du MLF (à côté du Dr Jacques R. Mackay, de Judith Jasmin, de Jean-Marie Bédard etc.), ne nous dit pas autre chose dans un article, justement intitulé "La Haine", et publié dans la revue marxiste-léniniste "Parti-Pris", du mois de septembre 64, nous éclairera, là-dessus, plus et mieux que tout. Nous la trouvons page 36 (notez bien les mots employés) : "Formés à l'école de Sartre, soit celle du marxisme-léninisme, nous nous sommes entendus sur la nécessité d'utiliser comme thèmes de recherches et de combats, le socialisme, le laïcisme et l'indépendantisme".
De qui est-il question lorsque la revue marxiste "Parti-Pris" parlait de ceux qui "formés à l'école de Sartre, soit celle du marxisme-léninisme", se sont "entendus" ensemble? Pour le laïcisme ne s'agirait il pas du Mouvement Laïque de Langue Française (MLF), dont le Dr Jacques Mackay était le président? Pour l'indépendantisme, ne se pourrait il pas que ce soit le "Rassemblement pour l'Indépendance Nationale" (RIN), dont Monsieur Pierre Bourgault était le président?
(2) Enfin, pour le socialisme, entendait-on désigner le "Parti Socialiste du Québec" (PSQ), dont Jean-Marie Bédard, (.MLF) était le chef?
"Tout converge" tel est le titre que monsieur Lorenzo Paré donnait à l'un de ses éditoriaux récents. Oui, tout converge vers un but unique: séparer la société canadienne française de l'Église Catholique et établir au Québec, un État totalitaire. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir cette menace!
Mais quand les catholiques la verront ils et se mettront ils en garde, eux et leurs enfants, contre l'offensive tenace des forces révolutionnaires et athées ? Quand ceux-là surtout qui sont de plein droit en autorité le verront ils, et cesseront ils de faire le jeu de ces forces en se taisant, ou bien d'en être les dupes en cédant peu à peu à leurs revendications?
Un partage s'est accompli sous nos yeux ces dernières années, au Québec comme de par le monde. Le pape Pie XII l'avait prévu:
Le temps de la réflexion et des projets est passé, écrivait-il; c'est l'heure de l'action. Etes-vous prêts? Les fronts opposés dans le domaine religieux et moral se délimitent toujours plus clairement: c'est l'heure de l'épreuve.
Honneur à ceux qui, ainsi provoqués au combat, descendent dans l'arène avec la persuasion que la force de l'injustice aura un terme et quelle sera un jour vaincue par la sainteté du droit et de la religion.
LES ANTICLÉRICAUX DE FRANCE ET LE QUÉBEC
Dans une petite brochure de France:
Les Cahiers rationalistes: Du Nouveau au Canada. Janv.-Fév 1964, No 216. Revue mensuelle éditée par l'Université rationaliste de Paris.
Dans la présentation de la brochure nous pouvons lire sous la plume d'un certain Jean Bruhat en page 5:
Chargé par le Conseil d'administration de notre Union Rationaliste de la préparer et de la présenter je n'ai malheureusement pu utiliser qu'une infime partie de la documentation dont nous disposons. Il nous faut remercier tous nos nationalistes du Canada français, en particulier Alice Sauvé, présidente de la Ligue des Parents pour la défense de l'Enseigneraient, Joseph La Rivière, Jules Châtelain, le docteur Ferron, etc. Grâce à eux et à leurs lettres, aux coupures de journaux que nous recevons, nous vivons la lutte des canadiens rationalistes.
Plus loin en page 35 de la même brochure on peut lire encore: "Quoi qu'il en soit, "le Nouveau Journal" (Montréal ) n'a pas entraîné dans sa chute le mouvement laïque. Il était en quelque sorte l'organe, il aurait pu le demeurer, s'il n'avait ses difficultés financières. aujourd'hui l'hebdomadaire "La Patrie" semble avoir pris la relève du "Nouveau Journal". Il est aussi vivant, dynamique, et possède en plus un passé dont il peut s'inspirer."
N'est-ce pas qu'il est assez intéressant de savoir que "LA PATRIE" était la continuation (en esprit) du "Nouveau Journal" qui était (disent les Cahiers Rationalistes de France) l'organe du mouvement laïque!
En page 39 dans ces mêmes "Cahiers Rationalistes de France" (No 216) en peut lire encore sur le Québec ces lignes révélatrices:
"En tout cas le mouvement en faveur de la laïcité (au Québec) se développe. Deux groupements nouveaux ont été récemment constitués. Il s'agit d'abord des "Jeunesses laïques du Québec".
Un de ses principaux animateurs est M. Jules Chatelain. C'est un groupement de jeunes, et par conséquent il n'est pas embourbé dans les préjugés de ses aines. Quant à la revue "Parti Pris" dont le premier numéro date d'octobre 1963, elle a la position que les "Jeunesses laïques du Québec" sur le plan laïque. Son programme peut se résumer ainsi:
1 - indépendance du Québec (comme moyen);
2 - nationalisation des grandes entreprises;
3 - séparation de l'Église et de l'État."
Au bas de cette même page 39 nous trouvons deux notes révélatrices. La première se lit ainsi:
1- "Voici pour nos lecteurs de France qui voudraient s'informer et AIDER cette revue l'adresse de Parti Pris" et comme deuxième note:
2- "J'ai sous les yeux le numéro 4 de l'Informateur des "Jeunesse Laïque du Québec". Bien émouvantes ces quelques pages ronéotées"! On y parle avec une sympathie qui nous touche de l'Union rationaliste. Je lis cette note: "Mlle Germaine Martin Combes, la fille de feu le Président Émile Combes, (Émile Combes, (1835-1921), politicien laïciste. Auteur de la loi de séparation de l'Église et de l'État (1905) Il fit confisquer tous les biens mobiliers et immobiliers de 30,000 paroisses et de 100,000 prêtres en France.) nous a fait don d'une photographie de son père, de sa serviette alors qu'il était Ministre d'État, et don du coupe-papier alors qu'il était jeune médecin à Paris, France en 1868." Que d'autres sourient! pour ma part je n'en ai pas envie. Une partie de la jeunesse canadienne collectionne les souvenirs du p'tit père Combes! Peut-être cela fait-il vieillot, mais dans un pays où domine l'Église de grand-papa, l'anticléricalisme de papa, est réconfortant."
Et voilà! Qu'en pensez-vous? Les rationalistes, les agnostiques et les anticléricaux de France se penchaient et se penchent encore vers le Québec en 2005. Peu de gens se rendent compte qu'on est en train de nous berner. C'est quasi drôle de voir que certains jeunes, qui rejettent tout le passé chrétien, vont chercher le vieux passé anticlérical de France du 18e et 19e siècle. Et que penser de ces professeurs de France qui sont venus enseigner à nos jeunes? Qui étaient-ils? Je vous laisse deviner. Et enfin que penser de certains prêtres, professeurs de nos séminaristes surtout, qui n'y ont rien vu ou qui disaient que "ça passera" et que le Québec s'inquiètait inutilement?
3 Comments:
Voici un texte pondu par le Grand Orient de France, dans la revue Humanisme de décembre 1975. La franc-maçonnerie y déclare solonellement qu’elle s’oppose à l’Église catholique. Nous savons que la franc-maçonnerie veut tout simplement soustraire les enfants non seulement de l’influence de l’Église, mais aussi de leurs parents.
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UNE LOGE DU GRAND-ORIENT AU QUÉBEC EN 1892
REGLEMENT
DE LA
R. L’ÉMANCIPATION
A L’OR. DE MONTREAL
(CANADA)
SOUS L’OBED. DU GR. OR. DE FRANCE
Régulièrement constitué le 14e jour du quatrième mois de la V. I. 5896
Précédé de la Table des Préceptes Maçonniques
Homologué Par le Conseil de l’Ordre dans sa séance du 7 février 1898 (E. V.)
MONTRÉAL
ALPH. PELLETIER, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
rue Saint-Laurent
1898
Humanisme, revue du Grand-Orient de France, décembre 1975
Dans l'histoire de la Franc-Maçonnerie au Québec, l'«Emancipation» a été la première Loge à s'engager socialement.
Affiliée au Grand Orient de France, elle est fondée en 1892 par Honoré Beaugrand, directeur du quotidien «la Patrie» et ancien maire de Montréal.
L'Emancipation souhaitait améliorer l'instruction publique chez les Canadiens français. Les Maçons réclamaient entre autres la création d'un ministère de l'Education, l'enseignement gratuit et obligatoire et des salaires convenables pour les instituteurs.
Combattre en faveur d'un tel progrès, en 1892, au Québec, c'était s'opposer directement à l’Église qui contrôlait l'enseignement à tous les niveaux. Un ministère de l’Éducation aurait rendu caduc un "conseil de l’instruction publique" où régnaient les évêques en vertu d'une législation basée sur les idées les moins progressistes du catholicisme de cette époque.
Encore aujourd’hui, bien que le Québec ait enfin obtenu, en 1960, ce que l'Emancipation demandait en 1892, les exégèses catholiques de la Franc_Maçonnerie présentent toujours cette Loge du Grand Orient comme une destructrice de l'idéal chrétien dans la province. («Offensive maçonnique à Montréal» in Carrefour chrétien, juin 1976: Catholicisme et Franc_Maçonnerie in le Devoir, le 2 avril 1976. Dans ces articles, écrits par des prêtres, la Loge l’Emancipation prend un visage diabolique.)
C’est que, jusqu'à une époque toute récente, l'histoire québécoise a été le monopole des clercs. D'ailleurs, l'historien typique d'une conception cléricale de l'histoire, le chanoine Lionel Groulx, a fait école. Et ce sont ses disciples qui orientent actuellement la pensée historique au Québec, tout en amenuisant l'angélisme et le fanatisme de Groulx, dénonciateur du "rôle obscur" des Juifs et des Maçons dans l’histoire québécoise.
Les ouvrages de Groulx ne cessent d'être réédités par les puissants éditeurs des maisons religieuses. Il est symptomatique de constater encore que son histoire, qui est en fait la promotion d'une idée, à savoir que les Canadiens français doivent tout à l'Eglise, est l’objet d'un battage publicitaire intense.
(En juin 1976. la maison Fides, des Pères de Sainte-Croix, réédite L’Histoire du Canada français, de Groulx, pour la première fois en format de poche.)
Alors qu'on vient d'inaugurer une ligne de métro, on n'a pas manqué de nommer l'une de ses stations, "Lionel-Groulx". Par contre le terminus s'appelle "Honoré-Beaugrand". C'est un hommage à l'un des plus grands démocrates que le Québec ait connu et qui n'a jamais caché son appartenance à la Maçonnerie.
C'est un peu, malgré Groulx, la réhabilitation de la Loge L’Emancipation dont nous allons suivre le cheminement dans un Québec d'ancien régime.
La lutte antimaçonnique
La Franc-Maçonnerie a vraiment pris son essor en Nouvelle-France, le 28 novembre 1759, lorsque les Loges des armées du général Wolfe, dans la ville de Québec conquise, ont constitué une grande Loge provinciale.
Malgré les nombreuses bulles des papes, aucun évêque canadien n'avait osé dénoncer la Maçonnerie antérieurement au règne du pape Léon XIII. Les attaques viendront juste avant la parution de l'encyclique Humanum genus, le 20 avril 1884, et la naissance de l’Emancipation. Il est évident, dès lors, que l'offensive antimaçonnique veut contrer l’idéal de l'Ordre, qu'importe l’obédience ou le rite. Car le Grand Orient de France n'avait encore aucune Loge au Québec.
Il faut toutefois noter que les idées sur l'instruction publique, qui seront celles de l’Emancipation, sont déjà préconisées dans «la Patrie» que dirige Honoré Beaugrand. Ainsi, celui-ci écrit-il, dans l’édition du 26 novembre 1880, qu'il est nécessaire de promouvoir «la diffusion de l’instruction parmi les masses, soit en la rendant gratuite, soit en la mettant à la portée des pauvres.»
Ce sont tout d'abord des «catholiques éclairés» qui, le 14 juillet 1881, font état, dans une supplique adressée à Léon XIII, de l'influence de la Franc-Maçonnerie au Québec .(Cette supplique est envoyée dans le contexte d’un conflit entre l’université Laval de Québec et un groupe de catholiques intransigeants de Montréal, les auteurs du document du document, désireux d’empêcher l’expension de cette université où quelques médecins anglophones et maçons étaient professeurs.)
Le pape apprend ainsi qu'il s'est formé des écoles qui, sous différentes formes et de diverses manières, n'ont cessé, de concert avec la Franc-Maçonnerie, de combattre la doctrine et les oeuvres catholiques.
... les adeptes des sociétés secrètes, ajoutent-ils, sont d'autant plus dangereux qu’ils n'arborent jamais franchement leurs couleurs, mais qu'au contraire ils se proclament catholiques dévoués, tout en travaillant sans cesse à miner sourdement et à ruiner partout les saines doctrines et l’esprit de l’Église.
... cette guerre à l’Église du Christ se traduit surtout dans le travail constant bien que caché, auquel ils se livrent pour détruire l’influence du clergé dans toutes les matières sociales, et dépopulariser, ruiner ou décourager les institutions et les oeuvres les plus chères au coeur de l’Église; c'est ainsi qu’ils crient sans cesse contre divers ordres religieux; qu’ils méprisent, cherchent à décourager par tous les moyens, et même ridiculisent les congrégations de la Sainte Vierge, les cercles catholiques, la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus, etc. C'est ainsi encore qu’ils persécutent constamment les catholiques dévoués qui, suivant le conseil du saint pontife Pie IX, votre prédécesseur, consacrent leurs veilles à écrire des livres et des journaux pour la propagation de la bonne doctrine, et qu’ils soulèvent contre eux les préjugés et les haines et emploient tous les moyens de les déconsidérer et de les ruiner.
Ce texte contient déjà toutes les armes antimaçonniques qu'on utilisera ultérieurement au Québec. Alors que le catholicisme est tout-puissant, il est présenté comme menacé par une force obscure, mystérieuse et haineuse. Tout opposant à l’Église, de par cette opposition même, devient un "Maçon" qu'il soit ou non initié.
Le premier évêque à brandir l’épouvantail est Mg. Louis-François Laflèche, de Trois-Rivières. «Pour quiconque», écrit-il en 1882, «sait observer la marche des faits, et saisir le fil conducteur qui les dirige, il est visible que l’influence maçonnique est la grande force qui rallie les ennemis de l’Église, au Canada comme ailleurs, et leur indique les points qu'il faut battre en brèche.» (Conclusion du “Mémoire sur les difficultés religieuses au Canada”.)
Le 1 juin 1883, l’archevêque de Québec, Mgr. Elzéar-Alexandre Taschereau publie un mandement sur les sociétés secrètes. Il y dit que l'adhésion à de tels organismes est défendue aux catholiques, sous peine d'excommunication. Il en profite pour mettre en garde ses fidèles contre certaines dénonciations calomnieuses: il est très grave, précise-t-il, d'accuser faussement d'être un Franc-Maçon...
L'idée de toute-puissance que l’on cherche à attribuer à la Franc-Maçonnerie est atténuée dans un mandement de l'évêque de Montréal, Mgr. Edouard Fabre, lu dans toutes les églises, le 25 mai 1884.
«Nous ressentions une honte indicible», écrit l’évêque, «et un serrement de coeur inexprimable, il y a quelques jours, à lire dans un journal européen que surtout le Canada faisait le scandale chrétien par le nombre des membres des sociétés secrètes qu'il renferme et par la puissance qu'elles y exercent. Ah! si cela était vrai, quelle humiliation pour nous! Non! Grâces en soient rendues au Ciel, nous avons conservé la foi de nos pères, et la religion parmi nous est première institution que nous ayons appris à vénérer, à laquelle nous sommes attachés de coeur et d’âme; ei pas un titre de gloire ou un sujet de vanité pour les catholiques de ce pays de figurer sur les listes des des Loges maçonniques...» (Le Journal de Rome écrivait le 16 avril 1884: «En combien de pays, malgré la défense formelle de l’Église, la Franc-Maçonnerie n’a=t=elle pas séduit jusqu’à des catholiques; faut-il rappeler ces tristes compromissions, sinon ces adhésions déclarées qui, en Portugal, au Brésil, dans l’Amérique du Nord, au Canada surtout, décourageant les fidèles du Christ, étonnent et scandalisent le reste de l’univers...)
Le clergé veut bien combattre la Franc-Maçonnerie. Mais de là à représenter victorieuse, il y a une marge. D’où l’intervention de Mgr. Fabre.
Mgr. Laflèche, qui deviendra grand adversaire de l'idéal maçonnique au Québec, s'écrie dans un prononcé à Trois-Rivières, le 1884 (À l’occasion des fêtes du 250e anniversaire de fondation de Trois-Rivière.)
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