vendredi, avril 21, 2006

L'origine maçonnique de la Saint-Jean Baptiste


La Saint Jean Baptiste est la fête nationale des québécois. Mais naturellement personne ici ne connait l'origine maçonnique de la société Saint-Jean Baptiste, fondée par le franc-maçon Ludger Duvernay.

LA LOGE PAPINEAU-34
Depuis de très nombreuses années, je maintiens des relations avec la grande dame de la littérature québécoise, Andrée Maillet. Régulièrement, nous avons des conversations, elle me parle des deux grandes familles de la bourgeoisie montréalaise dont elle est issue (Maillet-Dupuis) et elle suit avec grand intérêt mes recherches sur la franc-maçonnerie.

En septembre 1987, elle me racontait que son grand-père Maillet avait légué à son père, un insigne portant l'inscription Loge Papineau. Depuis quinze ans, je cherche des preuves maçonniques et historiques de l'appartenance de Louis-Joseph Papineau à la franc-maçonnerie. On ne peut donner le nom d'une Loge que si la personne a été un maçon. De plus, une énigme se posait, jamais je n'avais entendu parler d'une Loge Papineau à Montréal au début du siècle.


Madame Andrée Maillet à accepté d'offrir au Château Ramezay cette insigne (emblème, symbole, médaille, décoration) et m'a confié cette précieuse pièce qui sera présentée dans l'exposition "Rébellions 1837-1838" présentée eu Musée David M. Stewart où sera également exposée le célèbre 'bannière des patriotes" qui fait partie des collections du Musée Château Ramezay.

Origine de l'insigne
Le propriétaire était le Dr Gaston Maillet (1873-1921), fondateur et Gouverneur à vie de l'Hôpital Saint-Luc (Who's Who and Why-1919- 1920, nternational Press, Montréal), premier propriétaire et éditeur de l'"Autorité", fondateur de l'Institut dentaire franco-canadien, qui opérait la plus grande entreprise de dentistes en Amérique-du-Nord. Il était l'une des personnalités les plus importantes et en vue de Montréal. Il était le président de "independant Order of Forester" (I.O.F.) société philanthropique de secours mutuels d'inspiration maçonnique fondée en Grande Bretagne, puis aux Etats-Unis, dont je relate les liens avec les patriotes dans un autre article. La Loge Papineau 34, était la Loge du Dr Maillet. L'insigne en sautoir comporte un livre ouvert avec l'inscription Holy Bible.
Dans le Rite écossais on travaille avec la bible, sous le vocable du Grand Architecte de l'Univers, dans la maçonnerie Ia broderie du sautoir du Frère Orateur désigne le gardien de la Loi Maçonnique, rnais on peut l'interpréter comme un "livre ouvert" qui représente le Livre des Constitutions (Anderson-1723-Londres), dont l'Orateur est le gardien. L'insigne du Dr Maillet est sans aucun doute son insigne d'Orateur de la Loge Papineau de l'l.O.F. (Table de la Loi, Dictionnaire Ligou, Fonds Patenaude, UQAM). Un seul Officier dans une Loge peut porter l'insigne avec les Tables de la Loi, c'est l'Orateur. Cette insigne est unique, c'est pourquoi, il l'avait conservé pour la léguer à ses enfants, les fondateurs du Petit-Journal.

L'émancipation:
Pour fonder une-Loge, il faut sept maîtres, ce que n'avait pas le Grand Orient de France à Montréal en 1896. Les Canadiens-français d'origine désiraient s'affilier au Grand Orient De France. Ils se feront initier à la Loge des Coeurs-Unis de la Grande Loge du Québec. Le Dr Maillet, sera initié le 26 février au grade d'apprenti, le 25 mars au grade de compagnon et le 22 avril 1896 eu grade de maître. C'est inusité en maçonnerie de gravir aussi rapidement les degrés. Pour établir une Loge du Grand Orient de France dirigée par des Frères de Montréal, cette solution e été retenue. Les autres fondateurs seront les frères Godfroy Langlois, député et journaliste, Alphonse Pelletier, imprimeur et éditeur, Achille Fortier, musicien et le Dr Félix Cornu de Hull (ouvrage de Roger LeMoine, à paraître aux Éditions du Boréal Express, avec l'autorisation de l'auteur et de l'éditeur ).

Un fait doit être mentionné au sujet du Dr Maillet. Il avait épousé une française, Eugénie Boudet, la grand-mère de Andrée Maillet. Elle était la petite-fille de Étienne Boudet, typographe au Figaro, communard, commandant des Francs-tireurs de la presse.

Après la disparition de l'Érnancipation en 1910, le Dr Maillet a appartenu à la Loge Force et Courage fondée en 1909. Deux personnalités y joueront un grand rôle, le chef ouvrier Gustave Francq de la FTQ et le Dr. Philippe Panneton (Ringuet). Lors de la fondation de la Loge Force et Courage du Grand Orient de France â Montréal, le 10 décembre 1909 le Dr. Maillet est proposé comme Orateur. Il décline pour raisons de santé. (A.J. Lemieux, La Loge de l'Emancipation, sans aucune indication d'édition, Fonds Lionel-Groulx, exemplaire personnel du Chanoine Lionel-Groulx).
Je remercie Madame Andrée Maillet du geste qu'elle pose en remettant l'insigne de son grand père au Château Ramezay, cette pièce fait partie de notre patrimoine.
J-Z..- Léon Patenaude
le 15 janvier 1988.


Une source européenne:

En octobre 1987, j'ai remis à M. Monière et à quelques autres historiens lors du colloque sur les patriotes à l'Université de Montréal. un document
sur les Frères Chasseurs, les Patriotes et la franc-maçonnerie en 1837-1838.
En 1844 paraissait à Paris une Histoire pittoresque de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes de F.T.B Clavel, dont une réédition e été publiée en 1987 chez Artefact avec le collaboration du Grand Orient de France. Le dernier chapitre traite des Frères Chasseurs aux Etats-Unis, dans le Bas-Canada, (pages 394-396), il est fait état des relations des exilés en France, en particulier Jean-Baptiste Henri Brien et Guillaume Levêque (sic). Dans le Dossier d'Histoire du Canada no 2, publié en 1969 par Boréal Express sur la fiche consacrée à Brien, une mention précise "que le Dr Brien, l'un des fondateurs des Fils de la Liberté qui a participé eu soulèvement de 1838, condamné à rnort, puis libéré".. Le texte se termine par: "il n'osera pas reparaître dans le Bas-Canada et on perdra sa trace". Quant à Guillaume Lévesque, sa biographie est publiée dans le Dictionnaire Biographique du Canada, Tome VIIl p. 557, sous la signature de Aurélien Boivin. A son retour au Canada, il occupera d'importantes fonctions à Québec et sera actif et conférencier de l'Institut Canadien de Montréal.

A retenir, Brien et Lévesque à Paris après les événements de 1838, Papineau y sera jusqu'en septembre1845. Il fréquentait Larmennais, Louis Blanc, franc-maçons notoires et les chefs du Parti républicain qui préparaient la révolution de 1846. Clavel mentionne en 1844, "que les Frères chasseurs avaient étendu leurs ramifications jusqu'en France dans les rangs du parti républicain". (On peut consulter l'ouvrage de Clavel) à la bibliothèque générale de I'UQAM, Fonds Patenaude- 1984).. LouIs blanc (1811-1832) militant républicain, puis socialiste, membre du gouvernement provisoire de 1848, député de Paris en 1871, puis sénateur. Il fut un incontestable maçon, initié à la Loge Sectateur de Ménès de Londres avant 1854, il était au Grand Orient de France, puis installé comme 93e du Rite de Memphis et Orateur du Souverain Conseil de cet Ordre maçonnique. En 1881, il est noté comme membre de la Loge l'Humanité de la Drôme, Orient de Valence et comme membre d'honneur de la Loge Les Libres penseurs du Pecq. Papineau, Brien, Lévesque avaient de bonnes relations à Paris.
Plusieurs historiens à Paris contribuent à compléter la recherche sui Papineau et les relations du G.O.D.F. avec les patriotes.
Ces dernières années, les historiens de le maçonnerie se consacrent à la préparation du bicentenaire de la Révolution française en 1989, alors que de mon côté je prépare la célébration, à Montréal, du bicentenaire de la Déclaration des Droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée Nationale en août 1789 à l'instigation de maçons, en particulier l'un des auteurs, le chanoine, vicaire général de Chartres, ayant occupé les hautes fonctions et postes en France, l'Abbé Emmanuel-Joseph Siégés de la Loge des Neufs-Soeurs, Orient de Paris et du célèbre évêque Henry Grégoire, de Blois, membre de la Loge l'Harmonie, Orient de Paris.
Papineau et les chefs patriotes se sont inspirés des philosophes des Lumières, des idéaux maçonniques et six mois avant de mourrir Papineau livrait son testament politique à l'Institut Canadien de Montréal "Liberté, Egalité, Fraternité".
La signature maçonnique de Louis-Joseph Papineau existe, avec [les trois points maçonniques].
.J'ai vu le document. L'historien Jacques Lacoursière connait ce fait et Denis Monière m'a récemment admis qu'il connaissant l'existence de cette signature maçonnique. Il existe dans la correspondance de Papineau avec le Dr Nelson, une lettre se terminant selon la coutume maçonnique par les mots "j'ai dit'', au lieu des salutations habituelles.

Un sujet tabou

La franc-maçonnerie demeure un sujet tabou chez les historiens. Vient de paraître une biographie de Ludger Duvernay du politicologue Denis Monière. décembre 1987, (Québec-Amérique). J'ai eu l'occasion à quelques reprises de poser la question, en particulier à M. Monière en vue de la publication de son ouvrage, même publiquement, lors du colloque sur les Patriotes en octobre 1987 sur la question du choix du 24 juin et du nom de saint-Jean-Baptiste comme Patron de l'Association fondée en 1834 par Duvernay. l n'est fait aucune allusion, aucune référence et aucune mention tant pour les Frères Chasseurs dont Duvernay était le président d'honneur, ni de l'appartenance de ce dernier à la maçonnerie et des coïncidences quant au choix de la date et du nom.


Il est universellement connu que le 24 juin est le solstice d'été et que saint-Jean-Baptiste est l'un des deux Patrons de la franc-maçonnerie, (Annonciateur de la Lumière); l'autre étant saint-Jean l'Evangéliste (l'Apocalypse).

Le lendemain de Io parution de l'ouvrage de monsieur Monière, j'ai communiqué avec lui à la suite de la critique du professeur Lamonde dans Le Devoir du 12 décembre 1957. J'ai demandé à monsieur Monière s'il avait consulté le "scrapbook" de Duvernay. Il m'a dit ignorer, lui le biographe, l'existence de ce docurnent. Aucune mention ou référence n'étant faite. On peut consulter, le -scrapbook- de Duvernay à la bibliothèque du Musée David M Stewart.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je n'ai pas assisté à la conférence de Gilles Rhéaume, mais je sais qu'il tenait une série de séminaires portant sur les origines franc-maçonnes des Patriotes et de la Société St-Jean-Baptiste. Vous le rejoignez là-dessus à l'exception qu'il admire la franc-maçonnerie.

Il manque des précisions historiques. Déjà des loges franc-maçonniques existaient au Canada et en France avant la Conquête. Ces loges pouvaient découler des anciennes communautés de la religion réformée (hughenots) qui furent forcées à la conversion suite à la révocation de l'Édit de Nantes.
La Franc-maçonnerie est née en Écosse suite aux guerres civiles à connotation religieuse en Angleterre. Une de ses vertus est de promouvoir la Tolérance religieuse, vertu introduite par Henri IV de Navarre, roi de France. La Nouvelle-france est née sous Henri IV.

L'introduction de loges en France fut sponsorisé par la franc-maçonnerie du Royaume Unis d'Angleterre et d'Écosse. Le but était de recréer un réseau d'influence (renseignement, diplomatie et corruption) dans le royaume de France. Les prétentions anglaises de fusionner avec la couronne de France n'étaient pas encore délaissées. L'Angleterre possèdait encore Calais et les îles anglonormandes. Les Français n'étaient pas en reste. Ils auront protégé et soutenu la faction catholique d'Écosse avec d'abord l'aventure du Royal Écossais, et le soutien à Charles II qui brisa la Triple Alliance avec les Pays Bas et la Suède. C'est sous Charles II que Radisson et DesGroseillers passèrent aux Anglais pour fonder la Compagnie de la Baie d'Hudson.
Les Hughenots avant la révocation n'avaient pas le droit d'Habiter en Canada, c'est à dire y posséder des terres et d'y fonder famille. Mais ils pouvaient y être pour tenir boutique et commercer. Par le commerce, ils pouvaient voyager et développer un réseau commercial avec les colonies anglaises où se trouvait déjà une forte communauté francophone hughenote dans la Nouvelle York (New Rochelle, Manhattan fut acheté par le huguenot Pierre Minuit pour les Néerlandais), et dans les Carolines.
Suite à l'expulsion des Hughenots de France par Louis XIV, la population francophone dans les colonies anglaises devint plus importante que celle de la Nouvelle-France. Faute de pouvoir fréquenter leur culte, les ex-Réformés ont continué à propager les thèmes de République des Purs, Tyrannie Éclairée ou Révolution et Régicide du Tyrans à travers la période des Lumières grâce aux Sociétés Secrètes. Cela a donné Voltaire, le déiste anglophile, proche de Newton. JJ Rousseau qui introduisit le thème de l'homme bon, débarrassé de la corruption de sa psuché par la société et qui reconstruira le monde (c'est le Robinson Crusoë qui gouvernera sur le Caffre Vendredi).
La Franc-Maçonnerie avait ses adeptes dans la noblesse française et Montcalm est dit être membre de la Franc-maçonnerie. Elle ne dominait pas encore toute l'Angleterre, suite au renversement (et exécution) de Charles II. L'Armée commandée par les nobles, était dominée par le clan de Cumberland et les Tory Anglosaxons. La Franc-Maçonnerie était bien implantée dans la société calviniste d'Écosse. Elle se reflètait au niveau politique dans le parti Whig, ancêtre du parti Travailliste (Labour) au R.-U., et du parti Libéral du Canada. Le clan de Cumberland prônait la suprématie anglosaxonne et l'éradication de ses opposants. L'identité celtique écossaise et irlandaise fut attaquée et une politique d'expulsion économique fut pratiquée pour favoriser leur émigration vers les colonies (taxes foncières, acquisitions de la propriété terrienne par les anglosaxons et remplacement des habitants par les troupeaux de moutons). Dans les colonies, on pratiquera le nettoyage ethnique des autochtones pro-français, puis des Acadiens. La Guerre de Sept Ans prolongea cette politique. Les Écossais furent les premiers à être envoyés au front contre les Francais.
La bataille de Ticonderoga en 1758 fut un gaspillage de sang écossais trop évident. Les Anglais ne subissaient que des revers dans les Appalaches depuis le début de la guerre. Un renversement politique survint avec William Pitt et le parti Whig. Il imposa un changement de garde dans la hiérarchie de l'Armée et favorisa l'action diplomatique pour de nouvelles alliances. Il rehaussera le prix des pelleteries achetées aux Indiens pour briser des alliances datant de la Grande Paix de Montréal de 1701 et la diplomatie clandestine par le canal de la franc-maçonnerie. Wolfe était un franc-maçon et un homme de Pitt. Des contacts ont-ils eu lieu entre Wolfe et Montcalm? Ce dernier ne croyait plus à la main-mise française sur l'Amérique. Les troupes de Wolfe ont pu débarquer et grimper les falaises des plaines d'Abraham laissées dégarnies par Montcalm, grâce à soit-disant un déserteur possédant le mot de passe "France" et guidant les troupes anglaises se passant pour un transport de ravitaillement. Le "déserteur" n'était-il pas un Américain de descendance huguenote et probablement franc-maçon avec des renseignements donnés par une loge locale de la Franc-Maçonnerie? Cela ressemblerait à l'affaire de Benedict Arnold pendant la Guerre d'Indépendance américaine.

Ce clan local de Franc-Maçons collaborera avec les Anglais par le commerce et en supportant l'effort de guerre contre Pontiac. Ils seront divisés au moment de l'invasion américaine de 1776. Mais, la collaboration s'étendra dans la lutte contre Napoléon, le Tyran terminateur de la Révolution française. D'où le financement de la colonne de Nelson dans la place Jacques-Cartier.
James McGill, né dans une famille Calviniste d'écosse était probablement franc-maçon. Il épousa une Catholique française et promeut l'union entre les Écossais et les Français au Canada, avec la Tolérance et le commerce. Puis, il lègua la majeure partie de sa fortune avec sa propriété de Burnside pour fonder une université servant à éduquer l'élite francophone et la communauté anglo-écossaise dans les principes de la franc-maçonnerie. À sa contrubution fut adjointe une partie des biens des Jésuites (ordre dissout 25 ans plus tôt), de sorte que les premiers locaux de l'université McGill furent dans un ancien collège Jésuite.

De ce clan local franc-maçon collaborant avec l'occupant sortira les Libéraux s'opposant au gouverneur Craig et à la Clique du Château, prônant la responsabilité parlementaire et développant une alliance avec leur pendant ontarien (W.L. McKenzie) opposé au Family Compact, et néo-écossais. Papineau en tête. Le reste de l'Histoire est enseigné en classe.

12:46 p.m.  

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