La Grande Loge du Québec: une obédience qui a une double histoire
La franc-maçonnerie au Québec est arrivée dans les bagages du conquérant Anglais en 1759, soit l'année de l'invasion de la Nouvelle-France par l'Angleterre.
La Presse 14 nov. 1963
Par Gilles Pratte
"0n considère généralement que la franc-maçonnerie est arrivée ou Canada en même temps que le drapeau anglais. Des loges étaient attachées à sept ou huit régiments de l'armée de Wolfe qui assiégea Québec en 1759, et à autant de régiments de l'armée d'Amherst qui, l'année suivante, obtenait la capitulation de Montréal."
La version Anglaise de l'histoire de la Grande Loge du Québec abonde dans le même sens:
http://www.glquebec.org/English/history.htm
"The Grand Lodge of Quebec was established on October 20th, 1869.
This important event in our history occurred about a hundred and ten years after the introduction [note: en 1759] of Freemasonry into the part of Canada now known as the Province of Quebec, by the Masons serving in the Regiments which formed the British Force under the command of General James Wolfe."
Par contre, les francs-maçons francophones ont une histoire assez différente de leur obédience:
http://www.glquebec.org/francais/historique.htm
Ce texte est franchement peu crédible et contradictoire. On affirme par exemple, que des loges francophones auraient existé en Nouvelle-France avant la conquête. On cite deux loges aux noms anglophone en affirmant qu'elles auraient été créé en 1752 sous le régime français mais plus loin dans les notes du texte, on souligne l'absurdité évidente de cette théorie:
"Contrairement à ce que croient certains Frères, il est évident que cette loge était anglophone au moment de sa création. On peut d'ailleurs se demander comment et surtout pourquoi des Francs-Maçons francophones auraient donné en 1752 (donc avant la Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques), à leur loge, le nom d'Albion, par lequel les Grecs et les Romains de l'Antiquité désignaient la Grande-Bretagne..."
La loge "coeurs-unis" de Montréal va encore plus loin dans le ridicule en affirmant qu'il y avait des loges à Québec en 1721, ce qui est pourtant contredit dans l'histoire même de leur grande loge. Donc on aura compris que les F-M francos ont l'imagination fertile...
Mais pourquoi donc l'histoire de cette loge est elle si différente selon la langue parlée?
La Grande Loge du Québec est une engeance colonialiste, un instrument du pouvoir anglais. Ses origines le prouve amplement, de même que son membership, en grande majorité constitué d'anglophones. La franc-maçonnerie régulière est sans doute source de progrès ailleur dans le monde, mais ici, il s'agit strictement d'une organisation visant à recruter des collabos pour servir le pouvoir colonialiste. En 1823, les francs-maçons anglophones de Montréal se sont séparé de la Grande Loge provinciale car un franc-maçon francophone, Claude Dénechau, venait d'être élu Grand Maître de l'ordre. Les anglophones ne pouvaient pas supporter de se faire diriger par un francophone. En 1896, des francs-maçons francophone ont quitté la Grande Loge du Québec pour se rallier au Grand Orient de France et fonder la loge l'Émancipation pour ainsi jouir de "l'absence totale d'influence morale de la maçonnerie anglaise" sur la population canadienne-française.
Plus tard, dans les années 1970, Francis Marais , un ancien vénérable maître de la loge "Coeurs-Unis" décide de quitter la Grande Loge pour fonder sa propre obédience en affirmant que la Grande Loge du Québec était dirigée depuis Londres.
(les deux historiques sont reproduites au complet dans les commentaires de ce post).
La Presse 14 nov. 1963
Par Gilles Pratte
"0n considère généralement que la franc-maçonnerie est arrivée ou Canada en même temps que le drapeau anglais. Des loges étaient attachées à sept ou huit régiments de l'armée de Wolfe qui assiégea Québec en 1759, et à autant de régiments de l'armée d'Amherst qui, l'année suivante, obtenait la capitulation de Montréal."
La version Anglaise de l'histoire de la Grande Loge du Québec abonde dans le même sens:
http://www.glquebec.org/English/history.htm
"The Grand Lodge of Quebec was established on October 20th, 1869.
This important event in our history occurred about a hundred and ten years after the introduction [note: en 1759] of Freemasonry into the part of Canada now known as the Province of Quebec, by the Masons serving in the Regiments which formed the British Force under the command of General James Wolfe."
Par contre, les francs-maçons francophones ont une histoire assez différente de leur obédience:
http://www.glquebec.org/francais/historique.htm
Ce texte est franchement peu crédible et contradictoire. On affirme par exemple, que des loges francophones auraient existé en Nouvelle-France avant la conquête. On cite deux loges aux noms anglophone en affirmant qu'elles auraient été créé en 1752 sous le régime français mais plus loin dans les notes du texte, on souligne l'absurdité évidente de cette théorie:
"Contrairement à ce que croient certains Frères, il est évident que cette loge était anglophone au moment de sa création. On peut d'ailleurs se demander comment et surtout pourquoi des Francs-Maçons francophones auraient donné en 1752 (donc avant la Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques), à leur loge, le nom d'Albion, par lequel les Grecs et les Romains de l'Antiquité désignaient la Grande-Bretagne..."
La loge "coeurs-unis" de Montréal va encore plus loin dans le ridicule en affirmant qu'il y avait des loges à Québec en 1721, ce qui est pourtant contredit dans l'histoire même de leur grande loge. Donc on aura compris que les F-M francos ont l'imagination fertile...
Mais pourquoi donc l'histoire de cette loge est elle si différente selon la langue parlée?
La Grande Loge du Québec est une engeance colonialiste, un instrument du pouvoir anglais. Ses origines le prouve amplement, de même que son membership, en grande majorité constitué d'anglophones. La franc-maçonnerie régulière est sans doute source de progrès ailleur dans le monde, mais ici, il s'agit strictement d'une organisation visant à recruter des collabos pour servir le pouvoir colonialiste. En 1823, les francs-maçons anglophones de Montréal se sont séparé de la Grande Loge provinciale car un franc-maçon francophone, Claude Dénechau, venait d'être élu Grand Maître de l'ordre. Les anglophones ne pouvaient pas supporter de se faire diriger par un francophone. En 1896, des francs-maçons francophone ont quitté la Grande Loge du Québec pour se rallier au Grand Orient de France et fonder la loge l'Émancipation pour ainsi jouir de "l'absence totale d'influence morale de la maçonnerie anglaise" sur la population canadienne-française.
Plus tard, dans les années 1970, Francis Marais , un ancien vénérable maître de la loge "Coeurs-Unis" décide de quitter la Grande Loge pour fonder sa propre obédience en affirmant que la Grande Loge du Québec était dirigée depuis Londres.
(les deux historiques sont reproduites au complet dans les commentaires de ce post).
5 Comments:
As taken from the book
One Hundred Years of Freemasonry in the Province of Quebec
By A. J. B. Milborne, P.D.D.G.M., G.L.Q.
The Grand Lodge of Quebec was established on October 20th, 1869.
This important event in our history occurred about a hundred and ten years after the introduction of Freemasonry into the part of Canada now known as the Province of Quebec, by the Masons serving in the Regiments which formed the British Force under the command of General James Wolfe. The battle which decided the fate of the City of Quebec, to which General Wolfe committed his army, was fought on September 13th, 1759, but it was not until the 29th of that month that the British troops marched into the City.
Captain John Knox wrote in his ''Journal of the Campaigns in North America," under the date December 27th, 1759, that "the anniversary of St. John's Day was duly observed by the several Lodges in this garrison."
Until 1920 this celebration was believed to have been the first meeting of the Craft in Quebec, but in that year there came into the possession of the Grand Lodge of Quebec a small book in which James Thompson, a Sergeant in the 78th Regiment (Fraser's Highlanders'), had kept a record of the early meetings of the Craft in Quebec, as well as copies of letters written and received by him during the years he was Grand Secretary of the Provincial Grand Lodge of Quebec. From this record it is now established that the first joint meeting of the Lodges in the garrison was held on November 28th, 1759, which "was as soon as Convenient after the Surrender of this place to His Brittanic Majesty's Arms."
It is surprising that the Masons were able to hold a meeting under the conditions that prevailed. Over five hundred houses had been destroyed during the three months' bombardment, there was little food and no fuel, and scurvy was rampant among the soldiers. A muster of Fraser's Highlanders taken early in 1760 showed that out of a total strength of 894, 580 were in Hospital. The Highlanders had suffered the heaviest casualties of the Regiments engaged, and of these 580 it can be estimated that nearly 200 were wounded. All through the winter months, the British were compelled to maintain a constant alert, for there was no certainty that General Murray, upon whom the command had devolved, would be able to maintain possession, for he was left with only six thousand men to hold a fortress that was in wretched condition. Surrounding him were ten thousand of the enemy under De Levis and Bougainville, able and energetic commanders, who in the absence of the British fleet which had returned to England, now also held command of the St. Lawrence River.
At this meeting it was agreed "that one of the Brethren present of the Greatest Skill and Meritt should take upon him the Name of Grand Master from the Authority of the above Lodges until such time as a favourable opportunity should offer for obtaining a proper Sanction from the Right Worshipful and Right Honourable the Grand Master of England, and in consequence thereof our True and Faithful Brother Mr. John Price Guinnett, Lieutenant in His Majesty's 47th Regiment, was unanimously and to the Great satisfaction of the whole Fraternity assembled Proclaimed Grand Master for the Ensuing year."
The Lodges represented at this meeting were six in number, three holding Warrants from the Grand Lodge of Ireland, two authorised to meet under Dispensations granted by Lodges holding Irish Warrants, and one holding a Warrant from the Provincial Grand Lodge of Massachusetts.
At the time there were two Grand Masters of England, one in the Grand East of the original Grand Lodge of England, formed in 1717 (generally called the Modern Grand Lodge) and the other presiding over the "Ancients" whose Grand Lodge was formed in 1752. Although the record does not say so, it was to the former that application for a Provincial Warrant was made, despite the fact that Irish Masons were much more closely allied to the "Ancients" than to the "Moderns".
Returning to Quebec in the spring of 1760 on board "H.M.S. Vanguard" was Thomas Dunckerley, who later served the Craft in England with great distinction and enthusiasm. He was empowered under a general Patent of Appointment granted to him by the Grand Master of the premier Grand Lodge of England to regulate Masonic affairs where no Provincial Grand Master had been appointed. It was in virtue of this authority that he installed Colonel Simon Fraser, of the 78th Regiment, as Provincial Grand Master of Quebec.
Colonel Fraser returned to England in the summer of 1760, and in the following November the Quebec brethren elected Captain Thomas Augustus Span as Provincial Grand Master, and he was succeeded by Captain Milbourne West in 1761.
In 1762 the Quebec brethren, realising that they were acting without proper authority, petitioned the Grand Master of England for a Warrant. They stated that they had reason to hope that Brothers Dunckerley and Guinnett would have brought the matter to his consideration. The Memorial was taken to England by John Collins, the Surveyor-General, but when is not quite clear. The petition was granted, and a Warrant dated 5th May 1764 was issued appointing Milbourne West Provincial Grand Master. In the meantime, Milbourne West had returned to England, and it is believed that Lieutenant Thomas Turner was elected Provincial Grand Master in 1763 and Joseph Walker in 1764. In 1765 some Quebec brethren went to England in the hope of obtaining the Warrant from Milbourne West. Unfortunately they were all drowned at the end of their homeward journey when the ship's pinnace capsized in the St. Lawrence, and it was never known if they had the Patent in their possession or not. John Collins was then elected Provincial Grand Master, and he subsequently obtained a Patent of Appointment issued on November 2nd, 1767. He served until 1786, when he was succeeded by Colonel Christopher Carleton, who died before his Patent of Appointment reached Quebec. Sir John Johnson, formerly Provincial Grand Master of New York, was appointed Provincial Grand Master for Canada in 1788.
The Provincial Grand Lodge of Quebec continued to function until 1792, and during its period of existence sixty Lodges were on its Register. Many of these were military Lodges. Eight Lodges were chartered in the City of Quebec, four in Montreal, and one in Sorel. Lodges were also chartered in Detroit, Niagara, Michilimackinac, Port William Henry, Fredericton, Cornwall and Vergennes, Vermont. Only two of these Lodges are still in existence - St. Paul's Lodge, Montreal (1770) still on -the English Register, and Dorchester Lodge, Vergennes (1791) now No. 1 on the Register of the Grand Lodge of Vermont.
The Fourth Battalion of the Royal Regiment of Artillery held a Lodge in virtue of Warrant No. 213 E. R. issued by the Provincial Grand Lodge of New York, which derived its authority from the Grand Lodge of England ("Ancients"). On leaving New York in 1783 following the conclusion of the American War of Independence, the Battalion was divided, two companies going to Nova Scotia, one to Newfoundland, one to Jamaica, and four to "Canada". Of the four companies mustered in "Canada" two companies' were in the City of Quebec in 1785, and it is in this year that the presence of Lodge No. 213 is first noted, though individual "Ancient" Masons are known to have been in Quebec two years earlier. The Battalion returned to England in 1787, and while there its Lodge purchased the vacant Warrant No. 9. In 1790, the Battalion was again posted to Quebec, and a meeting of Lodge No. 9 is recorded on November 4th of that year. In 1829 this Lodge obtained a Warrant from the United Grand Lodge of England as a civilian Lodge, adopting the name "Albion". It is now No. 2 on the Quebec Register.
Another "Ancient" Warrant No. 241 was1 issued in 1787 to an Artillery unit stationed in the City of Quebec. In 1852 it received a "Warrant of Confirmation as St. John's Lodge. It is now No. 3 on the Quebec Register.
In 1790 members of Merchants' Lodge, which had received a Dispensation in 1759, and a "Modern" "Warrant in 1762, and members of St. Andrew's Lodge, originally the Lodge in the 78th Regiment and warranted in 1760, petitioned the Grand Lodge of England ("Ancients") for a Warrant. The petition was granted, and a new Merchant's Lodge came into existence with the No. 265.
In 1791, His Royal Highness Prince Edward came to Quebec with his Regiment - the Seventh Fusiliers. He was a "Modern" Mason, and held the office of Provincial Grand Master of Gibraltar. The three "Ancient" Lodges addressed the Grand Lodge of England ("Ancients") later in the year, and informed it that His Royal Highness had consented to become Provincial Grand Master of Upper and Lower Canada, and prayed that a Warrant of appointment should be issued to him. This was done, but as William Jarvis had already been appointed Provincial Grand Master of Upper Canada, the Patent of Appointment to the Prince was limited to Lower Canada. It was dated March 7th, 1792.
The Provincial Grand Mastership of His Royal Highness Prince Edward, who was created Duke of Kent in 1799, lent great prestige to the "Ancient" Masons, and eventually the "Modern" Masons were completely eclipsed. In his first year of office he granted seven Warrants, one of which was to Dorchester Lodge at St. Johns, now No. 4 on the Register of Quebec. In his second year three Lodges were warranted, among them Select Surveyors' Lodge, opened at Quebec, but later moving to Missisquoi Bay, where in 1795 the first Masons in the Eastern Townships were initiated. This Lodge changed its name to Prevost in 1812, and continued an active life until the formation of the Grand Lodge of Quebec, when the members divided on the question of joining the new body.
In 1794 Prince Edward left Quebec, and on the eve of his departure he was presented with an address signed jointly by the Deputy Provincial Grand Master of the "Moderns" and the Deputy Grand Master of the "Ancients" which contained the significant phrase "We have a confidential hope that under the conciliatory influence of Your Royal Highness the Fraternity in general of Freemasons in His Majesty's Dominions will soon be united".
The official circular of the Provincial Grand Lodge of Lower Canada for the year 1812 announced the election of the Hon. Claude Denechau as Provincial Grand Master. Once again, the Quebec brethren had been compelled to provide themselves with a Provincial Grand Master while waiting for the Grand Master of England to make an appointment. But in 1812 more important things were happening in England. Negotiations were in progress to bring about a union of the "Ancients" whose Grand Master was the Duke of Kent, and the "Moderns" whose Grand Master was his brother, the Duke of Sussex.
The Union was consummated in 1813, with the formation of the United Grand Lodge of England, with the Duke of Sussex as Grand Master. Grand Lodges of the present era have fulltime Grand Secretaries and an efficient office staff, but in its early days the United Grand Lodge had only two Grand Secretaries who attended "at Freemasons' Hall, on the Business of the Society, on Tuesday and Saturday Evenings.'' It should also be borne in mind that the Duke of Sussex was no figurehead. He took his duties most seriously, and demanded to be consulted before any action was taken. It is not surprising, therefore, to find that it was not until 1820 that Denechau received his Patent of Appointment. It is also clear that Canadian Masonic affairs had received considerable attention in the interval, for the Patent gave Denechau jurisdiction over the District of Quebec and Three Rivers only, and three more years elapsed before William McGillivray was appointed Provincial Grand Master over the remaining portion of Lower Canada with the creation of the District Grand Lodge of Montreal and William Henry.
William McGillivray died in 1825, and he was succeeded by John Molson, whom it had pleased the Duke of Sussex to appoint by Patent dated May 15th, 1826 John Molson was installed into his office by Claude Denechau on September 5th, 1826. He resigned in 1833, and no further appointment was made until 1846, when the Hon. Peter McGill received a Patent. In 1848, he appointed T. Douglas Harington, who at the time was the Master of St. George's Lodge, Montreal, his Deputy. In 1852, Bro. Harington was appointed Provincial Grand Master of the District of Quebec and Three Rivers, and in 1860 he was elected to the Grand East of the Grand Lodge of Canada. The Hon. Peter McGill resigned his appointment in 1849 because of ill-health, and the Hon. William Badgley was appointed in his stead. The Provincial Grand Lodge of Montreal and William Henry continued to function until 1857, though the Provincial Grand Master appears to have retained his office after its activities ceased. Following Badgley's death in 1888, the Deputy, W. H. Hutton, continued to supervise the Lodges under English jurisdiction, and as late as 1892 he was reporting to England as "D.D.G.M. in charge".
The movement which brought the Grand Lodge of Canada into existence originated among the Irish Lodges in what is now the Province of Ontario - about ten in number - and at their instance a Convention of Lodges was held at Hamilton on November 24th, 1853. The proposal to form an independent Grand Lodge for Canada was approved, and a Committee was appointed to invite the co-operation of the other Lodges. Progress was made, and on October 10th, 1855 representatives of forty-one Lodges, including thirteen from Lower Canada, met in Convention at Hamilton, and it was resolved to form the Grand Lodge of Canada.
William Mercer Wilson was elected Grand Master, Aldis Bernard of St. George's Lodge, Montreal, Deputy Grand Master, and James Helder Isaacson of Zetland Lodge, Montreal, Assistant Grand Secretary. In 1856 twelve Lower Canada Lodges were on the Register of the new body, and in 1859 two more Lodges were added.
The position in which the Grand Lodge of Canada would be placed by the passing of the British North America Act by which Confederation was brought about, received careful consideration by the Craft generally, and in 1866 the Grand Master of the Grand Lodge of Canada, M.W. Bro. W. B. Simpson (a member of Victoria Lodge No. 173, Montreal), referred to the strong feeling entertained by many Masons in the sister Provinces in favour of a Grand Lodge for the whole of British North America with a Provincial Grand Lodge in each Province, a feeling which he shared. In the following year his successor, M.W. Bro. Wm. Mercer Wilson, also referred to that pleasing possibility, but he informed the Grand Lodge that he had been unable to satisfy his own mind as to the wisest course to be pursued, and he suggested that the question be referred to a special Committee, which was done. The Committee reported, and the Report was received by Grand Lodge, but discussion was postponed until the next Annual Communication. When it was held in 1868 the Report was not, however, brought before Grand Lodge. The Grand Master said "the solution of this great question must be left to time, and to the calm consideration of the Craft generally - too great a desire to secure this result would only delay, if it did not entirely defeat, that union of the whole Masonic body which so many are anxious to secure."
In his Address to the Grand Lodge of Canada at a Special Communication held in Montreal on December 1st, 1869, the Grand Master, M.W. Bro. A. A. Stevenson, referred "to a District Deputy Grand Master who lost no opportunity during his official visits to the Lodges in the Eastern Townships of urging upon them the necessity and importance of withdrawing their allegiance and setting up an establishment of their own." This was undoubtedly a reference to the activities of R.W. Bro. J. Hamilton Graham, who was the prime mover in the movement to establish a Grand Lodge for the Province of Quebec.
A meeting of those supporting this movement was held in Montreal on August 12th, 1869, and adjourned to September 24th. At the adjourned meeting a Committee was appointed to wait upon the Grand Master of the Grand Lodge of Canada, (M.W. Bro. A. A. Stevenson) to request him to call an Especial Communication for the purpose of enabling the Craft in Quebec "to present their views as to the propriety of establishing an independent Grand Lodge for the Province of Quebec." The Grand Master received the Committee, but declined to accede to its request. On the Committee reporting the unsuccessful result of its mission, it was decided to call a convention of the Lodges in the Province of Quebec on October 20th.
This Convention was duly held. V.W. Bro. James Dunbar of St. John's Lodge No. 182 E.R., held in Quebec City, was elected Chairman, and a Credential Committee reported that eighteen Lodges holding Warrants from the Grand Lodge of Canada, two Lodges of English Constitution, and one Lodge of Scottish Constitution were represented. There were thirty Quebec Lodges on the Canadian Register, so that only a bare majority was represented. R.W. Bro. Graham addressed the Convention at considerable length, following which formal resolutions were adopted establishing the Grand Lodge of Quebec. On resumption of labour on the following day, the minutes of the previous day were confirmed, and the Convention proceeded to the election of Grand Lodge Officers. Brother Graham was elected to the Grand East, and installed by R.W. Bro. J. Helder Isaacson, and the Grand Marshall proclaimed the Grand Lodge of Quebec to be duly constituted.
In 1870, the Grand Master, M.W. Bro. J. Hamilton Graham, reported that seven more Lodges had joined, and also that he had granted six Dispensations to form Lodges. In the following year, M.W. Bro. Graham was re-elected Grand Master, and was installed by M.W. Bro. Josiah H. Drummond, Past Grand Master of the State of Maine. It is worth noting that Graham was originally installed by a brother not possessing Grand Master's rank.
The Grand Lodges of Quebec and Canada appointed Committees to consider a settlement of the differences existing between them in 1871. The two Committees met and their joint report was presented to the Grand Lodge of Quebec at its Annual Communication held in September of that year, but no action was taken in the expectation that a more comprehensive basis of settlement would be reached. Committees were again appointed in 1872, but no joint meeting was held, and in the following year, the Grand Master of the Grand Lodge of Canada advised the Grand Master of Quebec "that under present circumstances he did not consider it expedient to take further action." M.W. Bro. Graham then issued a Proclamation breaking off all masonic intercourse with the Grand Lodge of Canada.
When the subject came before the Grand Lodge of Quebec at its Annual Communication held on September 24/25, 1873, it was resolved to invite any communication from the Grand Lodge of Canada which may tend to the restoration of unity. A Special Communication was held on January 6th, 1874 to consider certain correspondence that had passed between the two grand bodies. A Committee was appointed to make a final agreement, and a resolution was passed authorising the Grand Master to ratify any agreement that might be reached without further reference to Grand Lodge.
A reconciliation was effected, and at the Annual Communication held on September 23/24, 1874 the remaining Lodges holding Canadian Warrants affiliated with Quebec. The Grand Lodge of Canada donated $4,000 to the affiliating Lodges which they unanimously resolved to present to the Grand Lodge of Quebec to form the nucleus of a Benevolent Fund.
The formation of the Grand Lodge of Quebec had been predicated on the dogma of sovereign territorial jurisdiction, a dogma which originated in the United States of America, but by no means generally accepted there. It was not applicable to the Province of Quebec which was not a sovereign state, and it formed no part of the traditions of British Masonry.
The Grand Lodge of England had always made it a condition of recognition of a Grand Lodge that any of her Lodges in the territory of the new body may continue under her protection so long as they desire to remain in obedience to her. This condition had been accepted earlier by the Grand Lodge of Canada when it was formally recognised by the United Grand Lodge of England. The Grand Lodge of Quebec was unwilling to accept recognition with this reservation. Negotiations continued, however, over many years without any change in the position, and in 1884 the Grand Master of Quebec (M.W. Bro. E. R. Johnson) issued a Proclamation declaring "all Lodges holding allegiance to any Foreign Grand Lodge to be masonically, irregularly and illegally existing in this Province", and suspending all masonic intercourse with the remaining English Lodges. In 1886 M.W. Bro. Johnson issued an Edict severing all intercourse with the United Grand Lodge of England, an action which did not meet with unanimous approval, but the Grand Master's action was sustained by a vote of 137 to 58. A mediator was appointed, but no progress was made towards a settlement. The Edict was withdrawn by Quebec in 1889, but fraternal relationship with England, subject to the condition above referred to, was not restored until 1906.
A similar position existed with regard to the Lodges holding Warrants from the Grand Lodge of Scotland. In 1878 that grand body wrote to the Master of Elgin Lodge that in opening fraternal relations with the Grand Lodge of Quebec, there was not the slightest intention of recognising any right upon which might be founded a demand for the severance of the ties existing between, it and its daughter Lodge in Montreal. Earlier in the year, the Grand Lodge of Scotland had not only issued Warrants establishing two new Lodges in the Province of Quebec, but had also appointed a Provincial Grand Master. The Grand Master of Quebec (M.W. Bro. Sir Melbourne M. Tait) at once issued a Proclamation declaring such action an unlawful invasion of Quebec's jurisdiction, and suspending intercourse between the two grand bodies. In 1881 the three Scottish Lodges surrendered their Warrants to the Grand Lodge of Scotland and took new Warrants from the Grand Lodge of Quebec. A Special Communication was held on January 27th, 1881, and the Grand Master informed Grand Lodge of the basic principles of settlement. The Masters of the three Lodges, their Officers and Brethren were then admitted and after mutual congratulations on the settlement had been exchanged, the Masters and Wardens took their seats as members of the Grand Lodge of Quebec.
In 1894 there were fifty-eight Lodges on the Register. Seventeen of the Lodges were meeting in various buildings in the City of Montreal, and it was considered that the time had arrived for the erection of a central building for their accommodation and also to provide a home for Grand Lodge. A joint stock company was organised to proceed with the project. Land was purchased on Dorchester Street and the foundation stone of the new Temple was laid with masonic honours by M.W. Bro. John P. Noyes on October 6th, 1894 The Temple was consecrated at a Special Communication on November 21st, 1895. The ceremonies were conducted by M.W. Bro. Frederick Massey, who was assisted by the Choir of Royal Albert Lodge. In 1909 it was reported that through the generosity of brethren a majority of the stock of the Montreal Temple Company was held in trust for Grand Lodge.
During the years of the First World War there were many opportunities for assisting in the work of the patriotic societies which were generously met by the Lodges. In addition, Grand Lodge subscribed $7921 to the Canadian Patriotic Fund, $700 to the Belgian Relief Fund, $5150 to the Canadian Red Cross Society, and it also furnished a Motor Ambulance at a cost of $2750.
The Fiftieth Anniversary of the founding of the Grand Lodge was celebrated at the Annual Communication held on February llth, 1920. The Grand Master, M.W. Bro. Arthur B. Wood, urged the Lodges to curtail the number of candidates until the work, which had accumulated because of the closing down of the Lodges for several weeks in the previous year by order of the Health Authorities in an endeavour to check the spread of the influenza epidemic, had been completed. He also referred to the many problems which had arisen from the increasing popularity of the Order, particularly that of meeting the requirements of the Lodges in the Dorchester Street Temple.
Those who served in the armed forces of the Crown know very well the spirit of comradeship that the sharing of common privations and dangers engenders, but many of them had also noticed that a more intimate relationship existed between some men than others, more particularly evident perhaps among prisoners of war. That this relationship was masonic was not concealed from them, and as it was also seen that it was a worthy association, many decided that as soon as the opportunity presented itself they would themselves knock at a Lodge door and seek admission to the Craft. This is probably the primary reason that there was a large increase in the membership when the War was brought to an end.
It was found that the accommodation at the Dorchester Street Temple had become inadequate for the Lodges and other masonic bodies meeting there. It was decided that a more suitable building should be erected, and also that it should be in the form of a Memorial to the many brethren who had made the supreme sacrifice on sea, on land, and in the air. A campaign to raise the necessary funds was organised, and its successful outcome was announced at a dinner held in the Windsor Hotel on November 10th, 1923. This was the most enthusiastic meeting of the Craft that Montreal had ever experienced. Excitement began when the Grand Master, M.W. Bro. Rev. Allan P. Shatford announced his own generous subscription, to mount steadily as each Lodge reported the amount of its members' contributions. The objective was $500,000, but generous help from some of the country Lodges, un-affiliated Masons and the two Lodges on the English Register - St. Paul's and St. George's - brought the total subscriptions to over $703,000.
There was delay in obtaining a suitable site for the new Temple. This hindered the completion of the project, and fulfilment of the pledges to subscribe, due to a serious falling off in the economic prosperity of the country, as well as to deaths, removals and other causes created difficulties in financing it. However, these problems were met. A lot was purchased on Sherbrooke Street West at the corner of St. Mark Street, and the cornerstone of the new building was laid with masonic honours on June 22nd, 1929 by the Grand Master, M.W. Bro. Henry Willis. Grand Lodge was opened in the Dorchester Street Temple, and two thousand Brethren marched in procession to the site. An inspiring address was delivered 'by M.W. Bro. Rev. Allan P. Shatford, Who said "If it is important that material edifices' should be securely founded, how much more essential it is that social and moral temples should rest upon enduring foundations. History warns us that any Society or institution built upon unsafe or unsound principles cannot endure.'' "Our ceremony is symbolic - it points to those moral and spiritual foundations upon which our Order rests."
The sixtieth Annual Communication of Grand Lodge was held in the new Temple on February 12th, 1930. During the Second World War a total of $36,000 was forwarded to the United Grand Lodge of England towards the alleviation of the distress of the victims of enemy bombing. Grand Lodge also contributed $13,500 to the Canadian Red Cross Society, and $1350 to the War Services Fund. Safe-keeping for five large cases of records sent to Canada by the United Grand Lodge was also provided.
Following the opening of a subscription list, sufficient funds were forthcoming to complete the Memorial Hall of the Montreal Masonic Memorial Temple, and prior to the opening of the evening session of the Annual Communication held on October 10th, 1951, it was dedicated to the Glory of the Great Architect of the Universe, and to the memory of the Brethren who had laid down their lives for their Country. The Grand Master M.W. Bro. J. W. Buckland was assisted by M-W. Bros. Rev. Malcolm A. Campbell and Rev. L. F. Crothers. The six Murals, the work of Bros. Adam Sheriff-Scott and Charles W. Kelsey, were then unveiled by District Deputy Grand Masters. The benediction was pronounced by W. Bro. the Right Rev. John H. Dixon, Lord Bishop of Montreal, a member of St. Paul's Lodge, No. 374 E.R.
Such is a brief resume of the historical background of the Craft in a very small part of the world over which it is spread, and the more important events in the history of the Grand Lodge of Quebec. In rapidly changing times, in which older institutions have undergone, and are still undergoing, extensive modifications, Masonry has constantly resisted the efforts of reformers and 'improvers'. Soundly based upon principles accepted by men of good will - though of differing political and religious persuasions - Freemasonry may look forward confidently to the future. It is the duty of every Freemason to see that these principles are maintained by observing the precept laid down in the Volume of the Sacred Law - "Remove not the ancient landmark which thy fathers have set."
A. J. B. Milborne .
1. La Grande Loge du Québec
La Constitution de la Grande Loge du Québec affirme avec une précision scrupuleuse les principes universels de régularité auxquels elle entend se conformer :
2. La Constitution de la Grande Loge et de ses Loges subordonnées est fondée sur
Premièrement - Les « Anciennes Maximes » et usages et règlements établis de l'Ancienne et Très Vénérable Fraternité des Francs-Maçons ;
Deuxièmement - Les « Règlements généraux » tels qu'approuvés et confirmés A.D. 1721 ;
Troisièmement - Les « Vieux Commandements » des Francs-Maçons libres et acceptés tels qu'ils ont été rassemblés et publiés A.D. 1723 *.
Ceci dit clairement et nettement quel est, en vertu même de son adhésion aux idéaux maçonniques traditionnels, le caractère de la Grande Loge du Québec. Elle s'affirme pour l'essentiel comme initiatique, spiritualiste et dégagée des controverses du monde extérieur. Ceci implique, à l'exemple des grandes obédiences du monde, la référence expresse à la divinité, la recherche initiatique dans la voie de la spiritualité, l'interdiction de toute controverse politique ou religieuse en Loge, l'abstention de toute participation à des travaux maçonniques auxquels assisteraient des membres d'obédiences non reconnues par la Grande Loge du Québec parce que n'adhérant pas à l'intégralité des principes de base. - Attitude rigoureuse sans doute, mais qui est absolument indispensable pour rester dans la voie de l'authenticité traditionnelle.
En fonction même du caractère initiatique primordial de leurs activités, les maçons de la Grande Loge du Québec ne peuvent admettre à leurs travaux en visiteurs, des Francs-Maçons n'acceptant pas les Landmarks de la Franc-Maçonnerie régulière. Ces visiteurs ne sauraient en effet participer à ses travaux et en même temps s'en démarquer en contestant ces principes. Réciproquement, les membres de la Grande Loge du Québec s'interdisent de participer à des réunions de Francs-Maçons non reconnus. C'est simplement la conséquence de l'importance attachée à l'Art Royal : une « Tenue » maçonnique n'est pas une réunion quelconque entre amis et connaissances ; c'est un acte initiatique. Tout est simple si l'on ne perd jamais de vue la frontière entre l'univers de la Loge au travail et le monde extérieur. Chaque Franc-Maçon a des amis précieux et des intimes qui ne sont pas Francs-Maçons, et de même il a de l'affection et de l'estime pour bien des Francs-Maçons irréguliers. Mais ces relations, aussi étroites soient-elles, trouvent leur cadre, leur expression et leur accomplissement ailleurs et en d'autres moments.
La tradition maçonnique n'admet à l'initiation que des hommes. Il n'y a là aucune misogynie, mais le strict respect d'anciens usages qui reflètent une vieille expérience initiatique, bien antérieure à la Franc-Maçonnerie, et qui tient compte des tensions et des problèmes psychologiques propres à des sociétés qui seraient à la fois mixtes et fermées. Il existe d'ailleurs des organisations maçonniques ouvertes aux femmes, et parfois exclusivement à elles. Elles sont dignes de considération, comme le sont d'autres obédiences irrégulières.
En 2000, la Grande Loge du Québec compte 91 Loges dont deux sont inscrites au « Registre anglais » (English Register *) ; onze d'entre elles sont francophones *.
2. Le XVIII e siècle
Alors qu'ils venaient de conquérir Québec, en 1759, le premier geste des officiers du général James Wolfe fut de fonder une Grande Loge provinciale, c'est-à-dire d'établir une puissance maçonnique dans le territoire acquis à la Grande-Bretagne. Toutefois, il ne faut pas en déduire que cela constituait la première manifestation de la Franc-Maçonnerie sur ce territoire et que celle-ci n'existait pas auparavant sur les rives du Saint-Laurent *. Bien au contraire : parmi les plus anciennes loges de la Nouvelle-France qui existent encore aujourd'hui, l' Antiquity Lodge n o 1 et la Loge Albion n o 2 avaient été créées respectivement à Montréal et à Québec en 1752 * ; mais il faudra attendre 1788 pour que naisse à Québec la St. John's Lodge n o 3, 1792 pour qu'apparaisse la Dorchester Lodge n o 4 à Châteauguay et 1803 pour que se forme la Golden Rule Lodge n o 5 à Stanstead *. Auparavant, les Francs-Maçons francophones se seraient réunis en Nouvelle-France dans la Loge des Francs-Maçons régénérés, dont la date de fondation nous est inconnue mais qui doit être postérieure à 1743, cette loge ayant été parrainée par la Loge Amitié et Fraternité fondée à Dunkerque cette même année. L'an 1752 marque donc pour nous le début de la Franc-Maçonnerie au Canada et l'année 1759 est celle de la naissance de l'obédience dont est issue la Grande Loge du Québec.
La Franc-Maçonnerie serait née en France en 1725 ou 1726 *. Les chartes des loges françaises sont d'abord octroyées par Londres seulement, puis par Londres ou par des loges françaises, jusqu'à ce que soit fondée, en 1728, la Grande Loge de France. En 1740, on compte dans ce pays 24 loges dont 15 à Paris. En 1762, il y a 75 loges à Paris et 44 en province. La Franc-Maçonnerie est donc en pleine expansion dans la seconde moitié du XVIII e siècle, aussi bien en France qu'en Grande-Bretagne, et il ne faut pas s'étonner qu'elle se développe dans leurs colonies respectives. Mais alors que la Franc-Maçonnerie spéculative fut créée à Londres en 1717 et que les Constitutions du pasteur James Anderson, qui l'organisent, ne datent que de 1723, certains historiens font remonter la création de la Loge Albion, de Québec, à 1721. C'est ce que semble attester une lettre datée du 31 janvier 1851 et envoyée par le Secrétaire de la Loge La clémente Amitié de Paris, Hyacinthe Leblanc de Marconay, qui séjourna au Canada de 1834 à 1840, au Vénérable et aux membres de la Loge Albion n o 17 de Québec :
Vénérable Maître et Frères, vous avez l'avantage de posséder un des plus anciens temples de la Franc-Maçonnerie, puisque son érection date de 1721 *.
En fait, la Loge Albion fut d'abord une loge militaire du 4 e Bataillon de l'artillerie britannique ; elle reçut sa charte en 1785 de la Grande Loge provinciale de l'État de New York, de l'obédience de la Grande Loge de Londres. En 1787, elle fit l'acquisition de la charte d'une loge mise en sommeil - la première Loge Albion - qui avait été créée non en 1721, mais en 1752 * et qui avait été mise en sommeil quelques années plus tard. En 1829, cette loge militaire devint civile et s'affilia en 1869 à la Grande Loge du Québec, qui lui donna le n o 2, attestant du même coup que sa création était postérieure de quelques semaines ou de quelques mois à celle de la loge qui portait, à son registre, le n o 1, l' Antiquity Lodge, fondée la même année *.
L'Ordre, qui parle surtout anglais au Québec, s'épanouit et obtient donc après la Conquête sa souveraineté à l'égal des autres puissances maçonniques du monde. Malgré les persécutions cléricales, les Francs-Maçons francophones renforcent toutefois les bases d'une Franc-Maçonnerie de langue française.
3. Sous le signe de la tolérance
La tolérance fut à l'origine de la fondation de la Franc-Maçonnerie moderne : les premières loges qui se regroupèrent à Londres en 1717 voulaient être des « centres d'union » où chacun pouvait fraternellement échanger en honnête homme, loin des dogmes religieux et des idéologies politiques *. La tolérance permettait d'accepter chez les autres des convictions différentes des siennes. Elle facilitait la paix sociale en accentuant les échanges d'idées dans le respect de chacun.
Il ne faut pas un grand art, une éloquence bien recherchée, pour prouver que les chrétiens doivent se tolérer les uns les autres. Je vais plus loin ; je vous dis qu'il faut regarder tous les hommes comme nos frères *.
Cette affirmation de Voltaire, tirée de son Traité sur la tolérance, reflète l'esprit même qui animait la Franc-Maçonnerie.
Bien que les bulles antimaçonniques de 1738 et de 1751 n'aient jamais été promulguées dans l'ex-Nouvelle-France *, devenue la Province de Québec, le supérieur des Sulpiciens et seigneur de Montréal, Étienne Montgolfier, s'élève contre l'Ordre en 1771 *. Il nous apprend ainsi qu'il existait à Montréal, à cette époque, un important groupe de Maçons francophones, dont plusieurs avaient été initiés en France vers 1760-1763, que beaucoup de d'hommes de conditions diverses étaient attirés par l'Ordre, que des cérémonies maçonniques avaient même lieu publiquement, que des Maçons francophones se réunissaient déjà en Nouvelle-France et, qu'après la Conquête, des loges civiles et francophones furent créées *.
Citant les études de Pierre-Henry Villars * et Charles E. Holmes *, Roger Le Moine donne quelques noms de Maçons francophones qui auraient été initiés ou se sont retrouvés dans la Loge La Parfaite Union de New York, fondée vers 1760 : certains sont des calvinistes suisses enrôlés dans comme mercenaires dans les armées britanniques * et exercent des fonctions maçonniques : Jean Allaz (Secrétaire), J.B. Rieux (Vénérable Maître), Charles Rivez et Jean Rochat, et d'autres sont des officiers canadiens : Charles Daneau de Muy, Louis-Nicolas Duflos, Antoine Foucher, Jacques Gichaud (Second Surveillant), Pierre Hertel de Beaubassin, Joseph Marin de La Malgue, P.-A. Rameau de La Roche de Granval et Jean-Baptiste Testard de Montigny *. D'autres encore ont été initiés en Angleterre ; c'est le cas du gouverneur marquis de Duquesne et d'un Français d'adoption, le baron de Dieskau, initiés à la loge qui se réunit à la taverne Horn de Westminster, le premier en 1730 et, le second, entre 1720 et 1723. Quoique combattant dans des camps ennemis, ces Maçons se sont unis pour créer une loge francophone en plein New York.
Le fort de Saint-Frédéric, qui doit son nom à un Franc-Maçon, Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, secrétaire de la Marine, était certainement le centre d'une activité maçonnique intense. Tous ces Maçons canadiens qui se retrouvent à La Parfaite Union sont passés par le fort Saint-Frédéric ou par la région où se sont déroulées les dernières opérations militaires du régime français, mises à part celles de Québec et de Sainte-Foy. Les échanges de prisonniers entre camps adverses ne se concrétisant pas, les Canadiens furent finalement regroupés à New York. Charles Daneau de Muy fut initié à New York, où il passa directement d'Apprenti à Maître, mais qu'en est-il des autres ? Roger Le Moine pense qu'ils furent certainement initiés en Nouvelle-France *. Testard de Montigny et Marin de La Malgue, par exemple, n'étaient jamais sorti du territoire de la Nouvelle-France avant de se faire capturer le 24 juin 1759. Jean-Baptiste Testard de Montigny aurait-il pu occuper l'important poste d'Orateur de La Parfaite Union le 16 avril 1761 s'il n'avait pas été initié avant 1759 ? Capturé le même jour que Charles Daneau de Muy, Joseph Marin de La Malgue avait sauvé de la mort, en 1756, le général Israel Putnam tombé aux mains des Indiens et dont il avait reconnu à certains signes l'appartenance à la Franc-Maçonnerie ; comment aurait-il pu reconnaître ces signes s'il n'avait été initié en Nouvelle-France avant 1756 ? Le fort Saint-Frédéric était certainement investi par un grand nombre de Francs-Maçons d'origines diverses. Le 8 avril 1759 était créée la Lake George Lodge . L'année suivante, le Grand Maître Jeremy Gridley était autorisé par la Grande Loge de Londres à créer autant de loges qu'il le jugeait nécessaire. Une autre loge fut immédiatement instituée à Crown Point.
Pourquoi Montgolfier s'élève-t-il contre l'Ordre précisément en 1771 ? C'est que les Francs-Maçons de langue française - dont plusieurs reviennent de Nouvelle-Angleterre - s'imposent de plus en plus dans les loges britanniques.
Revenu en 1768 d'un voyage qu'il fit en France, le négociant Pierre Gamelin *, dont parle Montgolfier dans sa lettre, apporta avec lui une demande faite par la Grande Loge de France à la Provincial Grand Lodge of Quebec d'enregistrer la constitution d'une loge francophone à Montréal - ce qui prouve que la maçonnerie française, en raison des changements politiques survenus en Nouvelle-France, avait perdu son autorité en Amérique. Le Grand Maître provincial Edward Antill, qui redoute une division des effectifs des loges, accorde cependant la dispense. Installée le 17 juin 1769, la St. Peter's Lodge n o 4 * décidait le 24 juin 1771 de tenir ses travaux en français à l'une de ses deux tenues mensuelles *. Pierre Gamelin y était alors Second Surveillant ; le Vénérable Maître était Jean Rochat et le Premier Surveillant, François Picotté de Belestre, chevalier de Saint-Louis. Parmi les autres membres de la St. Peter's Lodge se trouvaient d'anciens militaires, administrateurs et bourgeois du régime français : Michel Chartier de Lotbinière et Joseph Le Moine, qui avaient tous deux, comme François Picoté de Belestre, circulé du côté lac Champlain, l'avocat Michel Amable Berthelot d'Artigny, Jean-Baptiste Céloron de Blainville, Benjamin-Mathieu d'Amours de Cligancourt, Charles Curot, Jean Dumoulin, Louis Ermatinger, Jean-Baptiste-Melchior Hertel de Rouville, Joseph-Guillaume de Lorimier, l'avocat Simon Sanguinet, Louis Verchères *. Cette loge regroupait les notables de langue française à tendance extrêmement loyaliste, provenant en partie de familles nobles ou possédant des seigneuries. Des mariages renforçaient les liens familiaux et maçonniques ; ainsi Benjamin-Mathieu d'Amours de Cligancourt épousa Catherine de Lorimier et Joseph-Guillaume de Lorimier maria Madeleine d'Amours de Cligancourt *. Tous ces Frères avaient certainement été initiés à l'époque du régime français et désiraient poursuivre leurs travaux maçonniques dans leur langue. En 1770, une deuxième loge, St. Paul's Lodge, était créée et une troisième, Select Lodge, en 1782 *.
4. La loge des Frères du Canada
À Montréal, une autre loge fut constituée de Maçons à tendance libérale, composée en grande partie de bourgeois : la Loge des Frères du Canada, instituée en 1785 *. Elle était formée de notables qui gravitaient autour du premier imprimeur-libraire de Montréal, Fleury Mesplet. Le Vénérable Maître en était le notaire Jean-Guillaume Delisle de la Cailleterie, qui avait été délégué à Londres en 1783 pour réclamer entre autres une chambre d'assemblée *. Le Gardien du Sceau était Jacques-Clément Herse, ouvrier-imprimeur venu de Philadelphie avec Mesplet et devenu négociant *. Louis L'Hardy qui s'intitule, dans quelques documents, « ami » de Mesplet, était le « fournisseur » de la loge *. Au nombre des autres Frères du Canada, nous trouvons les organistes Louis Champagne * et Antoine Tabeau, de la famille propriétaire du second atelier de l'imprimeur * ; Philippe de Rocheblave, collaborateur à la Gazette de Montréal * ; Pierre Marassé, qui aida Mesplet dans ses revendications auprès du Congrès des États-Unis, de même que Étienne Fournier et Alexandre Henry *.
Fleury Mesplet n'apparaît toutefois pas au seul tableau connu des Frères du Canada, celui de 1788, ni sur une attestation notariale de 1790 donnant les noms des dirigeants *. Dans cette dernière, Jacques-Clément Herse signe avec les trois points traditionnels, près du sceau en cire rouge représentant sur un écu l'oil du Grand Architecte de l'Univers, deux mains fraternellement unies au-dessus de l'adjectif « Inséparable », et des feuilles d'acacia *. À noter que l'année de fondation de cette loge fut aussi celle de la naissance de la Gazette de Montréal, le grand périodique d'information de Mesplet *.
Un autre atelier des Frères du Canada existait à Québec. Un document qui est un compte rendu d'une dernière tenue *, atteste le lien avec la loge montréalaise et donne une liste d'initiés : les avocats Pierre-Louis Panet, un anti-esclavagiste, Antoine Méru Panet, Bonaventure Panet, l'imprimeur P.-E. Desbarats, Pierre Labadie, le notaire Pierre Grisé, le linguiste François Gamelin Launière, Gaspard Tarieu de Lanaudière. Le 8 juin 1788, les Frères du Canada de Québec se mettaient en sommeil et retournaient leur charte aux Frères du Canada de Montréa1 *.
La Loge des Frères du Canada avait pris la relève de la Loge Les Francs-Maçons régénérés * qui avait eu comme marraine la Loge Amitié et Fraternité de Dunkerque fondée en 1743 *. Les Frères du Canada relevaient du Grand Orient de France *. Ils obtinrent toutefois en 1816 à Québec une charte de la Grande Loge du Québec, signée par le Grand Maître provincial Claude Dénéchau et contresignée par le Vénérable Maître de la Loge des Frères du Canada, Joseph-François Perrault, assistant du Grand Maître provincial *.
La chanson des Frères du Canada exprime bien le message maçonnique vécu dans la province de Québec dans la seconde partie du XVIII e siècle. En voici le refrain et les sept couplets :
Vivons, aimons, chérissons la Concorde,
Chantons l'amour qui nous a réunis.
Dans nos plaisirs évitons la discorde,
Soyons toujours d'un seul et même avis.
Par des égards que chacun se prévienne,
Soyons polis, complaisants, sans fadeur.
S'il se glissait entre nous quelque haine,
De la chasser, engageons notre honneur.
Que la vertu jamais de nous s'écarte ;
Enchaînons-la dans un juste milieu.
Nourrissons-nous d'une joie délicate ;
Qu'aucun excès n'avilisse nos jeux.
Point de pédant, maudissons cette race,
Redoutons-la, autant que le poison.
Elle décide toujours avec audace,
Et bien souvent, sans rime ni raison.
Dans nos plaisirs qu'aucune inquiétude
Ne porte obstacle à nos amusements.
Ayons pour nous cette aimable habitude
De n'afficher que le contentement.
Par des bienfaits, signalons notre gloire,
Soyons vertueux, à la mort, à la vie !
Que tous nos noms, au temple de mémoire,
À l'univers puissent porter envie.
Que nos promesses ne soient point chimère,
Appliquons-nous tous à les maintenir.
Que notre amour soit ardent et sincère
N'en oublions jamais le souvenir.
Sur les débris du plus grand des naufrages,
Dans le néant, dit-on, tout tombera,
Consolons-nous en attendant l'orage
Et dans le temps se sauve qui pourra.
Cette chanson définit un nouvel art de vivre dont les caractéristiques sont, par ordre d'insertion dans la pièce : la fraternité, l'égalité, la tolérance, la vertu, la liberté, la bienfaisance, le respect de la société des Francs-Maçons et de ses règles. Le refrain insiste sur l'esprit fraternel qui doit animer les travaux des Frères du Canada : la concorde prend la figure d'une égérie qu'il faut chérir. Le premier couplet invite les initiés à vivre en égaux, sans permettre à la haine de briser l'harmonie basée sur une exquise politesse. Le deuxième couplet rappelle cette pensée d'Horace : « En toutes choses, il y a une juste mesure ; il existe des limites fixes, au-delà ou en-deçà desquelles le bien ne saurait exister * ». Le troisième couplet marque seul une opposition à l'égard d'un groupe social : les « pédants ». Leur fanatisme les rend redoutables car ils ne font pas appel à la raison. Dans le quatrième couplet, l'auteur dit que les activités maçonniques doivent se dérouler sous le signe de la liberté dans la plus grande sérénité. Que la bienfaisance soit le signe de l'amour de l'humanité, soutient-on dans le cinquième couplet. Il est question d'une loyauté indéfectible envers les constitutions de l'Ordre dans le sixième couplet. Enfin, apparaît dans le dernier couplet un autre rappel de la pensée d'Horace : « Nous sommes tous poussés au même but ; dans l'urne, notre sort à tous est agité, il sortira un peu plus tôt, un peu plus tard ; mais nous tous prendrons passage dans la barque pour l'exil éternel * ». En bref, la chanson conseille le juste milieu en toutes choses. Le Maçon doit être un homme d'honneur, vertueux, serein, fidèle à ses promesses et n'attendant aucune autre récompense que la satisfaction de faire le bien.
5. 1759 : la Grande Loge provinciale
À part les loges des Frères du Canada, entre 1759 et 1791 la Province de Québec a compté 37 loges dont sept à Montréa1 *. Après la prise de Québec, le lieutenant John Price Guinnett avait été proclamé Grand Maître le 28 novembre 1759, alors qu'avait été fondée une Grande Loge provinciale qui groupait six loges des régiments de Wolfe *. La Grande Loge d'Angleterre ne reconnut jamais l'élection de Guinnett, la considérant irrégulière *. La situation fut régularisée lors de l'installation du colonel Simon Fraser comme Grand Maître le 24 juin 1760 *.
En 1762, il y avait dans la province 13 loges militaires et une de marchands à Québec, relevant toutes de la Grande Loge provinciale du Québec * ; en 1767, Edward Antill était nommé représentant du Grand Maître de la Grande Loge provinciale à Montréal *. Sous la Grande Maîtrise de sir John Johnson *, le siège de la Maçonnerie fut transféré de Québec à Montréal en 1788 : Thomas McCord, un membre de la St. Peter's Lodge, fut nommé Grand Secrétaire et William Grant *, Représentant du Grand Maître à Québec *.
La Grande Maîtrise fut accordée au prince Edward, duc de Kent, le 22 juin 1792 par les deux Grandes Loges d'Angleterre. Depuis 1751 en effet, la Franc-Maçonnerie anglaise était divisée entre les Modernes et les Anciens, scission qui ne devait se résorber qu'en 1813 *. Au moment de l'arrivée du duc au Canada il n'y avait que trois loges des « Anciens » au Québec. Il en créa sept en 1792, trois de plus en 1793 et deux en 1794. Au départ du prince en janvier 1794, une adresse lui fut présentée par William Grant, Député du Grand Maître des « Modernes » et par Thomas Ainslie, Député du Grand Maître des « Anciens * ».
* Grande Loge du Québec (1987), Constitution de la Grande Loge du Québec, Maçons Anciens, Libres et Acceptés, et de ses Loges subordonnées, mise à jour, amendée et adoptés par la Grande Loge lors de sa tenue extraordinaire du 17 octobre 1987, tenant compte de toutes les modifications adoptées jusqu'à cette date, p. 25.
*English Register : registre tenu par la Grande Loge Unie d'Angleterre. Ce sont la St. Paul's Lodge # 374 et la St. George's Lodge # 440.
* Ce sont : la Loge des Cours-Unis # 45 ; la Loge des Artisans-Réunis # 140 ; la Loge Dénéchau # 80 ; la Loge Renaissance # 119 ; la Loge Delta # 136 ; la Loge Jean-Théophile-Désaguliers # 138 ; la Loge Laval # 139 ; la Loge Lorraine # 141 ; la Loge Amitié # 143 ; la Loge Bienvenue # 145 ; la Loge France .
* Jean-Paul de Lagrave (1990), La Franc-maçonnerie au Québec, Longueuil, Société historique du Marigot, cahier # 23, 50 p.
*Masonic Directory (Quebec)/Annuaire maçonnique du Québec, Montréal, Grande Loge du Québec, 2000.
* Arthur Henry Moore (1905), History of Golden Rule Lodge 1803-1903, Toronto, William Briggs.
* La naissance en 1721 de la Loge Amitié et Fraternité de Dunkerque, qui fait remonter à cette même année la création de la Franc-Maçonnerie en France, n'est plus admise par les historiens. Cette loge a en fait été créée en 1743 ; ce fut en 1725 ou 1726 que des loges pionnières se réunirent en France et formèrent la Grande Loge de France en 1728. Roger Le Moine (1989), « La franc-maçonnerie sous le régime français. État de la question », Cahiers des Dix, n o 44, p. 115.
* Ægidius Fauteux (1934), « Carnets d'un curieux. Sociétés secrètes d'autrefois », La Patrie, 5 mai, p. 38.
* Anonyme (1886), Les Loges de Francs-Maçons dans la province de Québec. Mouvement de leur population depuis 20 ans avec quelques notes historiques sur toutes les loges qui ont existé depuis 30 ans d'après les documents officiels, manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale du Québec à Montréal..
* Contrairement à ce que croient certains Frères, i l est évident que cette loge était anglophone au moment de sa création. On peut d'ailleurs se demander comment et surtout pourquoi des Francs-Maçons francophones auraient donné en 1752 (donc avant la Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques), à leur loge, le nom d' Albion, par lequel les Grecs et les Romains de l'Antiquité désignaient la Grande-Bretagne (le terme apparaît dans l' Histoire naturelle de l'écrivain romain Pline l'Ancien, 23-79 après J.-C., mais remonterait au VI e siècle avant J.-C.) et qui est maintenant utilisé de façon péjorative dans l'expression « la perfide Albion » - expression que l'on trouve en octobre 1793 dans le poème intitulé « L`ère des Français », d'Augustin, marquis de Ximénès (1726-1817) : « Attaquons dans ses eaux/la perfide Albion ! » ( Poésies révolutionnaires et contre-révolutionnaires, Paris, 1821, t. 1, p. 160). D'un autre côté, si les anglophones étaient assez nombreux à Montréal en 1752 pour y créer l' Antiquity Lodge, ils l'étaient probablement aussi à Québec pour y créer une Loge Albion et même pour y tenir des travaux en français, d'autant plus que la défaite de Harold II à la bataille d'Hastings le 14 octobre 1066 et le couronnement de Guillaume I er le Conquérant, duc de Normandie, comme roi d'Angleterre (25 décembre 1066), avait amené, jusqu'en 1731, un perte de prestige de la langue anglaise et une imposition du français comme langue officielle de la justice britannique et de la noblesse. Si des Francs-Maçons francophones avaient donné le nom d' Albion à l'une de leurs loges, ce n'eût pu être qu'au mépris de la plus élémentaire tolérance ; un tel geste antimaçonnique eût été teinté d'un cynisme déplacé - certes étranger à l'esprit même de ces Francs-Maçons, qu'ils fussent francophones ou anglophones. C'est pourquoi nous soutenons que la L' Albion Lodge fut créée par des Francs-Maçons anglophones.
* Étienne Gout (1973), « L'éclosion des Fils de la Lumière», Historia, hors série « Les Francs-Maçons », p. 42.
*Ouvres de Voltaire, Édition Moland, t. XXV, p. 104.
*Aucune bulle antimaçonnique n'avait été promulguée en métropole.
* L'occasion en est le refus qu'un Franc-Maçon remplisse les fonctions de marguillier de Notre-Dame de Montréal, l'unique paroisse de la ville. Le 20 janvier 1771, Montgolfier écrit en effet à l'évêque de Québec, Mgr Jean-Olivier Briand : « Nous avons un grand nombre de Francs-Maçons dans cette ville. Il y en avait quelques-uns, mais en petit nombre et cachés, sous le gouvernement français. Plusieurs de nos négociants ayant passé en France au temps de la révolution [c'est-à-dire au lendemain de la Conquête] pour y arranger leurs affaires, s'y sont laissé séduire. La liberté du gouvernement présent leur laisse celle de se manifester; et plusieurs ne craignent pas de le faire. Il y a déjà plusieurs années que quelques-uns par surprise et incognito se sont insinués dans les assemblées des marguilliers ; ils n'étaient pas ou peu connus sous le nom de leur société ; ils ne fréquentaient pas les loges ; personne n'en était scandalisé ; j'ai cru qu'il était prudent de se taire et de les laisser passer. Cependant c'est par une brigue de ses confrères cachés (je le sais) que le sieur [Pierre] Gamelin a été choisi en la dernière élection. Il était plus connu que bien d'autres, mais ayant promis qu'il ne tiendrait plus de loge, j'ai cru que ce serait une bonne occasion de le retirer comme ceux qui l'avaient précédé ; et il a passé comme eux. L'éclat de la cérémonie franc-maçonne, dans laquelle il a paru publiquement le 3 de ce mois a un peu remué les esprits. Il m'eut été facile d'apaiser toutes choses en engageant ce monsieur, sans bruit et à l'amiable, à me donner sa démission de marguillier, car je ne pouvais pas espérer qu'étant maître de loge il y renoncerait absolument ; et je sentais que plus on ferait de bruit, plus il se croirait obligé par honneur à soutenir ses démarches. Mais on m'a fait faire malgré moi une faute, mais qui heureusement n'a pas eu de mauvaise suite ; c'est de l'avoir passé dans les visites que je rendais dans son quartier au commencement de l'année. Il y a été sensible, et cette circonstance a failli mettre obstacle à un accommodement qui cependant a été heureusement conclu dimanche dernier, 13 du courant. En voici les démarches et la conclusion. Ce jour-là j'ai mandé honnêtement ce monsieur. Il m'est venu trouver avant la grand-messe. Je lui ai d'abord fait quelque excuse de l'avoir passé dans mes visites, en l'assurant que c'était contre mon inclination, mais seulement pour ménager la délicatesse d'un certain public ignorant. Il m'a avoué sa sensibilité, puis nous sommes entrés en matière. Je lui ai fait lire la décision de la Sorbonne de 1745, et les bulles des souverains pontifes, ainsi que le tout se trouve dans l'abrégé du dictionnaire de Pontas, tome second, page 1382. Je lui ai fait sentir ce qu'il devait à la religion, à sa patrie, à sa famine, et ce qu'il se devait à lui-même, et l'incompatibilité des assemblées franc-maçonnes avec celles des marguilliers, et l'ai prié d'opter entre les deux parties. Il comptait son honneur intéressé de part et d'autre, cependant il m'a promis qu'il renoncerait aux loges. Je ne me repose qu'à demi, ou même pas du tout sur cette promesse. Mais j'espère à bien que s'il y paraît, ce ne sera que rarement, très secrètement et sans scandale, et que la faute lui sera purement personnelle. Nous nous sommes quittés sur cela et paraissant contents l'un de l'autre. Après cette première démarche, j'ai fait convoquer une assemblée de marguilliers pour le même jour. On ne savait pas où en était cette affaire et on s'attendait qu'elle serait mise sur le tapis. L'assemblée n'a pas été aussi nombreuse que je l'aurais désiré ; mais cependant il s'y est trouvé quelques Francs-Maçons et autres. Je leur ai fait faire la même lecture que j'avais faite le matin au sieur Gamelin, puis partant de ce principe, je leur ai représenté que de tous temps l'assemblée des marguilliers n'avait pas été seulement une assemblée d'honnêtes gens selon le monde, mais de chrétiens fervents et soumis à l'Église ; qu'ils savaient ce qu'avaient été leurs ancêtres et qu'ils ne devaient pas souffrir qu'elle dégénérât, et fût composée d'enfants rebelles à l'Église et excommuniés ; que je les en laissais eux-mêmes les juges ; que je n'étais pas surpris que plusieurs jeunes gens séduits et curieux eussent pris parti dans la société franc-maçonne ; mais je le serais grandement si des gens graves et des pères de famille demeuraient attachés à des assemblées qui, quand elles ne seraient pas criminelles et impies, seraient au moins puériles et indignes d'eux ; que je ne voulais pas toucher à ceux de cette société qui avaient été choisis jusqu'à présent marguilliers, soit qu'on les eût connus auparavant, ou non ; que j'espérais qu'ils se retireraient d'eux-mêmes de l'une ou l'autre assemblée ; mais que pour l'avenir dans l'élection des marguilliers, on supprimerait entièrement les noms de tous ceux qui seraient soupçonnés d'être Francs-Maçons, à moins qu'ils ne donnassent des marques suffisantes qu'ils y avaient renoncé. Tous ces messieurs ont paru entrer dans ces vues, et ont rapporté dans leur famille l'idée qu'on devait avoir chrétiennement des Francs-Maçons. » Lettre d'Étienne Montgolfier à l'évêque de Québec, datée du 20 janvier 1771 : Archives de la chancellerie de l'archidiocèse de Montréal, correspondance de Montgolfier (1771-1775), 901-005, 771-1.
* Alain Le Bihan ( Francs-Maçons parisiens du Grand Orient de France, Paris, B.N, 1966) montre bien qu'aucune loge de ce type n'a existé en Nouvelle-France dans les régiments français (de Guyenne, de la Sarre, de La Reine, du Languedoc, du Royal-Roussillon, du Béarn, du Berry, sans compter les détachements de la Marine à Louisbourg, ceux d'Artois, de Bourgogne de Cambis et des Volontaires étrangers qui y ont été cantonnés à la fin du régime français, selon George F. Stanley ( Les Soldats, Montréal, Éd. de l'Homme. 1980, p. 117). S'il se trouvait des Maçons parmi les soldats français, ils devaient avoir été initiés dans des loges civiles, ce qui n'était d'ailleurs pas interdit.
* Pierre-Henry Villars (1966), Ces filles du Grand Orient de France : les loges américaines de langue française. Pl \ délivrée le mercredi 16 avril 1966 (E \ V \ ) à la R \ L \ L'Atlantide franco-américaine, G \ O \ D \ F \ , Or \ de New York.
* Charles E. Holmes (1948), "Loge de la Parfaite Union, 1760. A Regular French Lodge in which French-Canadians were initiated", Masonic Light, janvier.
* Le 66 e Régiment d'infanterie, le Régiment de New York ou le 3 e Bataillon.
* Roger Le Moine (1989), p. 123-128.
*Ibid., p. 133.
* Selon Roger Le Moine (1989), p. 128, Pierre-Joseph Gamelin, dit Pierre Gamelin, garde-magasin au fort Saint-Frédéric et au fort La Présentation en 1758, se serait adonné au commerce. Compromis dans l'Affaire du Canada, il se rendit en France en 1766, muni d'un sauf-conduit, et réussit à se justifier. De retour à Montréal en 1768, il est marguillier à Notre-Dame en 1770. Mais le fait qu'il se manifeste comme Maçon provoque une vive réaction du curé Jolivet, du grand-vicaire Montgolfier et de l'évêque Briand.
* Le n o 4 de cette loge n'est pas celui qu'aurait pu lui donner la Grande Loge du Québec, qui l'a en fait attribué à la Dorchester Lodge en 1792.
* Charles E. Holmes (1946), "When the nobility and aristocracy of French Canada favored Free Masonry": exposé donné au Masonic Study Club de Westmount par C.E. Holmes, p. 17. Fonds J.-Z.-Léon Patenaude, Université du Québec à Montréal. Voir aussi A.J.B. Milborne (1959), Freemasonry in the Province of Quebec 1759-1959, Knowlton, L'auteur, p. 22.
* Charles E. Holmes (1946), p. 17-19.
*Ibid., p. 18.
* Milborne (1959), p. 24, 32.
* Charles E. Holmes (1947), « Les Frères du Canada - The Brethren of Canada » , Masonic Light, octobre, p. 44, 45.
* Jean-Paul de Lagrave (1985), Fleury Mesplet (1734-1794), diffuseur des Lumières au Québec, Montréal, Patenaude Éditeur, p. 259, 494.
*Ibid., pp.209, 494. Voir aussi Charles E. Holmes (1946), p. 11.
*Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 209, 253, 256, 494.
* Charles E. Holmes (1946), p. 12.
*Jean-Paul de Lagrave (1985), Voir aussi Charles E. Holmes (1947), p. 41.
*Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 267, 494.
*Ibid. , p. 202, 208, 494, 495.
* Charles E. Holmes (1947), p. 40, 44.
* Archives nationales du Québec à Montréal : Lettres et documents avec sceaux, 1776-1905, vol. 2 : 06 M CD 1-1/2.
* Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 217.
* Charles E. Holmes (1947), p. 48.
* Charles E. Holmes (1946), p. 9-11.
*Charles E. Holmes (1945), "French Canadian Masons of Yesterday", conférence prononcée à l'occasion du 75 e anniversaire de la loge des Cours-Unis, p. 8-9.
*F. Weil (1963), « La Franc-Maçonnerie en France jusqu'en 1755 », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, vol. XXVII, p. 1 812, p. 1 812.
* Charles E. Holmes (1947), p. 48.
* Charles E. Holmes (1946), p. 4. Lire 1816 et non 1792.
* E.-Z. Massicotte (1920), « La chanson des Frères du Canada », Bulletin des recherches historiques, vol. XXVI, mai, p. 152-153.
* Horace (1967), Odes, chant séculaire, épodes, satires, épîtres, art poétique, Paris, Garnier-Flammarion, p. 149-150 (Satire 1, livre premier).
*Ibid., p. 73 (Ode 111, livre 11).
*H. Graham (1892), Outlines of the History of Freemasonry in the Province of Quebec, Montréal, Lovell, p. 38-39.
* A.J.B. Milborne (1959), p. 2-3.
*Ibid., p. 6.
*Ibid., p. 8.
*Ibid., p. 13.
*Ibid., p. 15.
*Sir John Johnson avait organisé un régiment loyaliste durant la guerre d'Indépendance des colonies américaines. De 1791 à sa mort, il fut superintendant des Affaires indiennes au Canada, Johnson avait été Grand Maître provincial de New York en 1767. De Johnson, les historiens maçonniques américains ont écrit : « ses yeux étaient devenus aveugles aux signes maçonniques et ses oreilles sourdes au mot du Maçon ». Ibid., p. 38, 40.
*Edward-William Gray fut initié à l'âge de 18 ans, à Québec en 1760. Il obtint une commission de notaire à Montréal en 1765. Il fut nommé directeur des postes dans cette même ville en 1778. Il était un membre actif de la St. Peter's Lodge. Ibid., p. 87. Au cours d'une vente publique, Gray acheta en 1785 les presses de Mesplet et les lui « prêta » ensuite à vie. Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 222.
*Ibid., p. 40.
*Paul Naudon (1963) , La Franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je? » # 1064, p. 40-42.
* A.J.B. Milborne (1959), p. 47.
6. Les manifestations publiques des Francs-Maçons au XVIIIe siècle
Les Francs-Maçons se manifestaient publiquement dans la province. Ainsi en 1787, à Québec, l'hôtel du Chien d'or, devenu le Freemasons' Hall, fut solennellement dédié à la Franc-Maçonnerie le 3 novembre, en présence du gouverneur général Guy Carleton, lord Dorchester, de lady Maria Dorchester et de nombreux invités de marque *. Le pasteur Alexander Spark, qui prit éventuellement la direction de la Gazette de Québec, prononça l'homélie de circonstance *. Dans son numéro du 28 mars 1793, ce même journal donne la description des funérailles maçonniques du boulanger Alexander Galloway dont le corps « fut accompagné d'une manière très solennelle par son Altesse Royale le prince Édouard (.) et par tous ses frères alors sous sa juridiction en cette ville ». Le corps gisait « sur un chariot, accompagné de six porteurs du drap mortuaire, avec des bandoulières blanches et des bandes blanches autour de leurs chapeaux, et des gants blancs, portant chacun une branche verte * ».
Les Francs-Maçons ne négligeaient pas la publicité dans la presse. Ainsi dans la Gazette de Québec du 21 juin 1764, un appel d'adhésion à la Tanswell Merchants' Lodge n o 1 est lancé *. Composée de commerçants, cette loge avait été fondée au début de 1760 *. Dans la Gazette de Montréal, Mesplet traite de Franc-Maçonnerie surtout à l'occasion des Saint-Jean d'hiver et d'été en publiant des convocations ou des allocutions de circonstance *. Ainsi, il donne un discours du Secrétaire de la Union Lodge d'Albany, prononcé le 24 juin 1785, dont voici des extraits exprimant le vou d'unir les Maçons des nouveaux États-Unis d'Amérique et ceux du Canada, en oubliant le récent conflit avec la Grande-Bretagne :
Si dans le cours de la dernière révolution de l'Amérique il a été fait quelques brèches à nos murs, si la chaîne d'or qui unit toutes les parties de la Fraternité a contracté quelques rouilles ou si les cordes de notre tabernacle ont été desserrées, comme cela regarde particulièrement la dignité de notre institution, et votre honneur, je vous conjure par les devoirs les plus sacrés de réparer présence immédiatement ces brèches, de dérouiller et polir cette chaîne, de resserrer ces cordes de manière qu'elles durent éternellement *.
Les annonces maçonniques que publie Mesplet, sauf celles des Frères du Canada *, sont uniquement en anglais et sont officiellement signées, par le Grand Trésorier de la Grande Loge provinciale du Québec, John Gerbrand Beck *.
William Moore, l'imprimeur du Quebec Herald, s'affichait comme Franc-Maçon et James Tanswell, l'éditeur du Héraut français *, était grand secrétaire de la Grande Loge du Québec en 1784. Adam Lymburner et William Grant, qui luttèrent pour une chambre d'assemblée, étaient aussi Francs-Maçons. Daniel Clause, de la direction des Affaires indiennes, qui accorda un important contrat d'impression à Marie Mirabeau-Mesplet durant l'emprisonnement de son époux, avait été initié à New York et était le beau-frère du Grand Maître de la Grande Loge du Québec, sir John Johnson *.
Le Franc-Maçon le plus célèbre à se manifester au Québec dans le dernier quart du XVIII e siècle fut Benjamin Franklin, qui vint à Montréal en 1776 à titre de commissaire du Congrès américain *. C'est son intervention qui dota Montréal de son premier imprimeur *. Celui-ci, Fleury Mesplet, fut le diffuseur au Québec des idées philosophiques *, dont le plus éminent représentant, Voltaire, avait été initié à la Loge des Neuf-Sours, à Paris, en présence de Benjamin Franklin *.
Comme partout en Occident, les deux grands événements mondiaux qu'ont été la guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique et la Révolution française ont déchiré la Franc-Maçonnerie au Québec. Il y avait des Francs-Maçons parmi les Loyalistes, tel Johnson, déjà cité, devenu Grand Maître des loges britanniques dans la province. Par contre, les leaders du mouvement de libération des colonies étaient aussi Francs-Maçons, tels George Washington, Benjamin Franklin et le marquis de Lafayette *. Ce trio a sûrement influencé l'attitude de ses Frères Maçons parmi les négociants montréalais qui ont appuyé les Fils de la Liberté *. La première Lettre du Congrès adressée aux habitants du Québec en 1774 est empreinte de l'idéal maçonnique, insistant sur la liberté, l'égalité et la fraternité et citant même un « frère », Montesquieu, pour les inciter à secouer le joug de l'Angleterre *. Le même esprit se reflète dans l'appel des Français libres à leurs Frères du Canada, adressé à la population par Edmond-Charles Genet, ambassadeur de la République française à Philadelphie, en 1793 *. Véritable hymne à la Liberté, cet appel ressemble à ceux que lançait, au nom de la France républicaine, Condorcet, membre comme l'avait été Voltaire, de la célèbre Loge des Neuf-Sours *. La Lettre de Genet aux Canadiens est le développement de l'article premier de la Déclaration des droits rédigée par Condorcet, article qui se lit comme suit : « Les droits naturels, civils et politiques des hommes sont : la liberté, l'égalité, la sûreté, la propriété, la garantie sociale et la résistance à l'oppression * ». « Tout autour de vous, vous invite à la liberté », écrit Genet aux Canadiens ; « le pays que vous habitez a été conquis par vos pères. Il ne doit sa prospérité qu'à leurs soins et aux vôtres. Cette terre vous appartient. Elle doit être indépendante * ». À cette déclaration était joint l'ouvrage Les Droits de l'homme de Thomas Paine, Franc-Maçon lui aussi, ami de Franklin et de Condorcet *, ouvrage valorisant les idéaux de la Révolution française. Mesplet se chargea de faire circuler l'appel des Français libres aux Canadiens ainsi que le livre de Paine à Montréal et dans la province *.
7. Le XIX e siècle : l'opposition cléricale
Sauf la lettre de Montgolfier, aucun document ne montre au XVIII e siècle une opposition cléricale à l'égard de la Franc-Maçonnerie à Montréal. Mais tout change au siècle suivant. Le clergé catholique s'oppose alors de toutes ses forces à l'Ordre, le dénonçant avec dureté et blâmant sévèrement les Canadiens-français qui en font partie. Par ailleurs, les clergés des confessions protestantes appuyaient ouvertement la Maçonnerie *. Se disant les successeurs des bâtisseurs de cathédrales, les Maçons posaient solennellement les fondations des églises, des écoles, des hôpitaux de la communauté anglophone *.
En 1899, la Grande Loge du Québec comptait 57 loges groupant 3 825 Francs-Maçons *. Une seule loge, celle des Cours-Unis de Montréal, travaillait en français *. Comme les loges bleues, tous les ateliers supérieurs n'utilisaient que l'anglais. C'est ce fait qui avait incité des Francs-Maçons de langue française, dispersés ici et là, à fonder, le 18 octobre 1870, la Loge des Cours-Unis qui tint ses premières réunions à l'Institut canadien *.
Ce patronage n'est pas surprenant si l'on sait que l'Institut canadien portait haut l'idée de tolérance à Montréal. Fondé en 1844, il fut en butte aux attaques de Mgr Ignace Bourget de 1858 à 1870 *. L'évêque de Montréal obtint même du pape la condamnation de l'Institut canadien en raison de la publication, dans son annuaire de 1868, d'une conférence de son président, Louis-Antoine Dessaulles, sur la tolérance *, qui disait entre autres de celle-ci :
C'est l'une des applications pratiques du plus grand de tous les principes moraux, religieux et sociaux : Faites aux autres ce que vous voulez qu'il vous soit fait à vous-même. La tolérance, c'est donc la fraternité, l'esprit de la religion bien comprise.
Et il ajoutait :
Et pourquoi donc faire de l'intolérance aujourd'hui, dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle qui a forcé tous les fanatismes de (sic) reconnaître, dans l'ordre des faits au moins, l'indépendance de la pensée humaine ; du siècle qui a fait disparaître les castes et consacre peu à peu en faveur des peuples le grand dogme de l'égalité politique et civile * ?
Dès 1858, Mgr Bourget avait dénoncé la Franc-Maçonnerie dont les initiés fomentaient, selon lui, de « noirs complots » contre la religion et l'État *. À ce moment, les loges étaient fréquentées par les citoyens anglophones les plus respectables. Le juge William Badgley, ancien procureur général du Québec, en était Grand Maître. Il avait succédé à Peter McGill et à John Molson, deux anciens présidents de la Banque de Montréal et commerçants éminents *. Dans le district de Québec, le Grand Maître était Claude Dénéchau, conseiller législatif, le premier Canadien-français à atteindre cette haute fonction maçonnique *. Il y avait en effet deux Grands Maîtres au Québec depuis le début du XIX e siècle : l'un avait juridiction sur la région de Québec et de Trois-Rivières, l'autre sur celle de Montréal et de William-Henry *.
8. 1869 : la Grande Loge du Québec
Après la formation dans le Haut-Canada (Ontario) de la Grande Loge du Canada, le 10 octobre 1855, Montréal devait placer sous son autorité toutes les loges de la province de Québec ou Bas-Canada *. Mais le 24 septembre 1869, ayant à leur tête John Hamilton Graham, les Maçons de Montréal et des autres loges du territoire réclamèrent la souveraineté maçonnique du Québec *. La Grande Loge du Canada, quoique l'ayant accordée à la Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, rejeta cette demande *. Il y eut aussi opposition de la part de la Grande Loge Unie d'Angleterre *. Les Maçons du Québec reçurent toutefois l'appui des plus importantes Grandes Loges des États-Unis *. À son convent des 8 et 9 juillet 1874, la Grande Loge du Canada reconnaissait finalement la souveraineté de la Grande Loge du Québec *. Mais ce corps maçonnique n'avait pas attendu cette formalité pour agir. Dans les faits, il était fondé depuis le 20 octobre 1869, regroupait 28 loges et avait comme Grand Maître John Hamilton Graham, qui avait été installé par les Grands Maîtres du Maine et du Vermont *. À Montréal, les Maçons s'occupaient d'ouvres de bienfaisance, en particulier de l'Hôpital Général et de la Société de secours aux orphelines *. Une cérémonie maçonnique avait donné lieu, le 15 septembre 1831, à la pose de la première pierre d'une aile de l'hôpital *.
Dès 1824, les Francs-Maçons eurent pignon sur rue à Montréal. Cette année-là, John Molson fit construire le premier temple sur une partie de l'emplacement actuel du Marché Bonsecours. Un incendie devait le détruire le 24 avril 1833 *. Un second temple fut élevé en 1846 au square Dalhousie, près de la rue Notre-Dame. Il fut anéanti à son tour par le feu le 8 juillet 1852, en même temps qu'une grande partie des habitations de la ville *. Les fondations du troisième temple furent posées le 24 juin 1865, au coin de la rue Notre-Dame et de la place d'Armes, à l'emplacement où se dresserait plus tard l'édifice Aldred *. Un quatrième temple commença à être bâti, rue Dorchester, le 6 octobre 1894 *. Devenu trop petit, ce temple fut remplacé par l'actuel Temple Maçonnique de Montréal, au coin des rues Sherbrooke et Saint-Marc, inauguré à l'occasion de la soixantième assemblée générale de la Grande Loge du Québec, le 12 février 1930, par le Grand Maître Henry Willis *.
Du côté des Hauts Grades, la Franc-Maçonnerie du Québec relevait du Suprême Conseil du Dominion, fondé le 15 juillet 1874 et dont le siège social était (et est toujours) à Hamilton (Ontario). En 1890, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, Montréal comptait un 33 e , William H. Hutton. Cette même année, dans tout le Québec, il y avait 34 ateliers supérieurs, totalisant 825 initiés *. Dans le Rite d'York, un Grand Chapitre de Royal Arch fut formé à Montréal le 14 octobre 1874, sous la présidence de John Hamilton Graham. En 1880, il existait neuf Chapitres au Québec, dont cinq à Montréa1 *. Quant à l'Ordre des Templiers maçonniques, un Préceptorat nommé Richard-Cour-de-Lion fut établi à Montréal en 1863 sous l'égide du Grand Prieuré du Canada, qui se déclarait indépendant de l'Angleterre en 1884 *.
9. Des Francs-Maçons canadiens-français
Même si de nombreux Canadiens-français manifestaient à l'Institut canadien un esprit maçonnique en luttant pour la tolérance, bien peu figuraient sur les tableaux des loges avant la fondation des Cours-Unis. Il existait par ailleurs des Francs-Maçons isolés qui avaient été initiés à l'étranger ou demeuraient affiliés à des loges situées à l'extérieur du pays. La signature de Louis-Joseph Papineau *, autant que ses idées, attestent qu'il avait reçu la Lumière dans une loge de Francs-Maçons libéraux en France. Pour sa part, Honoré Beaugrand, fondateur de La Patrie et maire de Montréal, fut initié dans la loge King Philip à Fall River, dans le Massachusetts, en 1873 *. Un président de l'Institut canadien, Rodolphe Laflamme, fut inscrit au tableau de 1856 de la Loge Jacques-Cartier de Montréal *. De son côté, le journaliste Arthur Buies signa beaucoup d'écrits à tendance maçonnique et défendit même l'Ordre dans La Lanterne en blâmant les condamnations du pape Pie IX *.
Créée sous les ailes de l'Institut canadien, la Loge des Cours-Unis eut un rôle important comme embryon d'une Franc-Maçonnerie d'expression française au Québec. Cette loge donnera naissance en 1896 à la Loge Émancipation, rattachée au Grand Orient de France *. Elle reprit, sous la conduite de son Vénérable, le journaliste et député Godfroy Langlois, les combats de l'Institut canadien contre l'ignorance et l'intolérance. Au nombre des 20 premiers membres d' Émancipation, 14 provenaient des Cours-Unis et les autres des loges Zetland, Mount Royal, St. George's et Antiquity *.
L'Émancipation naît dans un fiévreux climat antimaçonnique alimenté par des lettres pastorales et une encyclique de Léon XIII, Humanum genus, parue le 20 avril 1884 *. Deux ans plus tôt, l'évêque de Trois-Rivières, Mgr Louis-François Laflèche, écrivait :
Pour quiconque sait observer la marche des faits et saisir le fil conducteur qui les dirige, il est visible que l'influence maçonnique est la grande force qui rallie les ennemis de l'Église au Canada comme ailleurs, et leur indique les points qu'il faut battre en brèche *.
Dès la publication de l'encyclique, le même évêque, dans une homélie prononcée dans sa cathédrale, s'exclamait :
Ah ! peuple canadien, puisses-tu comprendre ainsi ta mission et ne pas te laisser égarer par les conseils des hommes pervers qui veulent te séparer de l'Église ta mère, pour te faire entrer dans les rangs d'une société maudite, le corps de Satan *.
Dans ses commentaires, publiés en 1885, Mgr Laflèche parlait d'une Franc-Maçonnerie clandestine, de ses « plans cachés », des « trésors » mis à contribution « pour faciliter l'ouvre de déchristianisation et de désorganisation sociale que l'on a entreprise * ».
Dans un mandement, le 25 mai 1884, l'évêque de Montréal, Mgr Charles-Édouard Fabre, cherchait à atténuer cette idée de toute-puissance :
Nous ressentions une honte indicible et un serrement de cour inexprimable, il y a quelques jours, à lire dans un journal européen que surtout le Canada faisait le scandale du monde chrétien par le nombre des membres des sociétés secrètes qu'il renferme et par la puissance qu'elles y exercent. Ah ! Si cela était vrai, quelle humiliation pour nous ! Non ! Grâces en soient rendues au Ciel, nous avons conservé la foi de nos pères, et la religion parmi nous est encore la première institution que nous ayons appris à vénérer, à laquelle nous sommes attachés de cour et d'âme ; et ce n'est pas un titre de gloire ou un sujet de vanité pour les catholiques de ce pays de figurer sur la liste des loges maçonniques *.
La hantise de la puissance maçonnique devint telle que le journaliste Jules-Paul Tardivel publiait, dans son journal La Vérité *, les dénonciations de Diana Vaughan, personnage créé de toutes pièces par le fumiste parisien Léo Taxil * pour ridiculiser les tenants de l'imaginaire péril maçonnique. Ce pseudo-cauchemar servira d'ailleurs de trame, en 1895, au roman de Tardivel, Pour la Patrie *, où des Maçons jouent le rôle d'oppresseurs.
Seuls les Maçons canadiens français - et non les Maçons canadiens anglais - souffrirent de l'opposition cléricale, car ils étaient insérés dans une société où l'ocuménisme n'avait pas encore fleuri. À la fin du XIX e siècle, la Franc-Maçonnerie était entièrement structurée au Québec et Montréal était le cour d'une nouvelle province maçonnique dont la souveraineté était reconnue dans le monde.
*Ibid., p. 4- 5.
*Ibid. Voir Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 397.
*Gazette de Québec, 28 mars 1793.
*Gazette de Québec, 21 juin 1764.
*H. Graham (1892), p. 41.
* Par exemple, les numéros des 26 janvier 1786, 11 mai 1786, 13 septembre 1787, 18 septembre 1788.
*Gazette de Montréal, 26 janvier 1786.
* Exemples de textes sur les Frères du Canada dans les numéros des 13 septembre 1787 et 18 septembre 1788.
*Gazette de Montréal, 5 juin 1788.
*Ibid., p. 446.
*Ibid.
*Ibid., p. 63, 72.
*Ibid., p. 65.
*Ibid., p. 1 (introduction)
*Ibid., p. 447.
*Jean-André Faucher (1981) , Dictionnaire maçonnique, Paris, Éd. Jean Picollec , p. 111, 162, 290.
*Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 35.
*Ibid., p. 26-30.
*Ibid. , p. 409-412.
* Frank Alengry (1973), Condorcet, guide de la Révolution française, New York, Burt Franklin, p. 19.
*Ibid., p. 371.
* J ean-Paul de Lagrave (1985), p. 410.
* Archambault de Montfort (1970), Les Idées de Condorcet sur le suffrage, Genève, Slatkine Reprints, p. 134.
*Jean-Paul de Lagrave (1985), p. 414, 419.
*Durant tout le siècle, aucun blâme ne vint des clergés protestants. De plus, leurs membres sont présents dans les loges.
* Étienne Gout (1973), p. 44-45. Ainsi, le 1 er juillet 1868, à Dundee Centre au Québec, les Maçons posent les fondations de l'église presbytérienne ; le 22 septembre 1881, ils inaugurent les travaux de construction d'un pont au-dessus de la rivière Saint-François entre Richmond et Melbourne ; le 18 mai 1882, ils posent la première pierre de l'église anglicane Saint-Jean à Shefford Ouest ; le 1 er juillet 1884, ils président une cérémonie semblable pour l'église méthodiste à Stanbridge, etc. Voir A.J.B. Milborne (1959), p. 120, 162-165.
* A.J.B. Milborne (1959), p. 235.
* Charles E. Holmes (1945), p. 4.
*Lucien Lacasse (1969), Histoire de la loge des Cours-Unis n o 45, Montréal, L'auteur, p. 4.
*Léon Pouliot (1976), Monseigneur Bourget et son temps, t. IV : Affrontement avec l'Institut canadien (1858-1870), Montréal, Bellarmin, p. 7-8.
*Ibid., p. 56, 61-64.
*Jean-Paul de Lagrave (1978), Liberté et servitude de l'information au Québec confédéré (1867-1967), Montréal, LG, p. 166.
* Jean-Paul de Lagrave (1976), Le Combat des idées au Québec-Uni (18401867), Montréal, LG, p. 62.
* A.J.B. Milborne (1959), p. 76, 82-83.
*Ibid., p. 61.
*Ibid., p. 66-67.
*Ibid., p. 107-108.
*Ibid., p. 121-122.
*Ibid.
*I bid., p. 135.
*Ibid., p. 142-143.
*Ibid., p. 127.
*Ibid., p. 140-141, 144.
*Ibid., p. 74, 80.
*Ibid., p. 80.
*Ibid., p. 72, 80.
*Ibid., p. 82-83.
*Ibid., p. 116.
*Ibid., p. 173.
*Ibid., p. 199.
*H. Graham (1892), p. 630, 633.
*Ibid., p. 499, 501, 518.
*Ibid., p. 613, 620.
*Signature de Louis-Joseph Papineau avec les trois points traditionnels : Institut généalogique Drouin (1965), Dictionnaire national des Canadiens français, Montréal, Institut généalogique Drouin, t. 111, p. 1 961.
*Voir la chronologie dans Aurélien Boivin (1979), Honoré Beaugrand, La chasse-galerie, Montréal, Fides, p. 94.
* A.J.B. Milborne (1959), p. 108. Il ne faut pas confondre cette loge avec l'Ordre de Jacques Cartier, également appelé « la Patente », société secrète canadienne-française fondée vers 1927 à Montréal avec l'appui du clergé catholique afin de contrôler les sociétés patriotiques considérées comme anticléricales.
* Charles E. Holmes (1945), p. 3-4.
* R oger Le Moine (1987), « La loge L'Émancipation de Montréal », Chroniques d'histoire maçonnique, Paris, Institut d'études et de recherches maçonniques, p. 55.
*Ibid., p. 56-57.
*Jean-Paul de Lagrave (1978), p. 239-240.
*Ibid., p. 241.
*Ibid., p. 243.
*Ibid., p. 243-244.
*Ibid., p. 241-242.
*Ibid., p. 246.
*Ibid., p. 244.
* Jules-Paul Tardivel (1895), Pour la Patrie : roman du XX e siècle, Montréal, Cadieux et Derome. L'auteur parle de la Franc-Maçonnerie comme d'une « horrible secte » composée d'« ouvriers des ténèbres » qui combattent sous « l'étendard de Satan » : p. 18, 220. 231.
* D'après Jacques G. Ruelland (2002), La Pierre angulaire. Histoire de la franc-maçonnerie régulière au Québec, Montréal, Éditions Point de fuite.
V. F. Dr Jacques G. Ruelland, R. L. Jean T. Désaguliers no. 138 (G. R. Q.), M. A. F. & A.
Notre bon ami, le franc-maçon Daniel Laprès est de retour!
http://www.lecourrier.qc.ca/blog/18/
Pour en finir avec Daniel Laprès
Daniel Laprès
Rédacteur-pigiste et membre du Réseau démocratique canadien
(c’est bien ainsi que La Presse vous présente, n’est-ce pas?)
Mon cher Monsieur Laprès,
Si je vous écris cette lettre, c’est que je sais que vous la lirez… Depuis quelque temps, en effet, vous êtes un assidu de ce blogue (vous me traquez même jusqu'au Tibet) et c’est tout à votre honneur. Et au mien d’ailleurs. Car un collaborateur de La Presse qui écrit sur un site d’un hebdo régional, ce n’est pas courant.
Notre fructueuse rencontre s’est produite à la suite d’un blogue que j’ai écrit le 10 mars dernier. Intitulé « Une tempête du diable » le texte faisait état, entre autres choses, d’une biographie écrite sur le politicien maskoutain Thélesphore-Damien Bouchard. C’est vous qui aviez écrit le texte paru dans La Presse du 9 mars, section Opinions.
Mon papier vous concernant ne comptait que 350 mots. Votre réplique (que dis-je, votre logorrhée) en a comporté, au total, près de 3 500, soit 10 fois plus. Ça m’a intrigué. Ce qui m’a amené à m’intéresser davantage à votre personne et il s’avère que l’Internet constitue un merveilleux outil pour ce type de recherche.
La chose fut simple puisque, d’abord, votre nom n’est pas commun. Je subodore que vous soyez le seul « Daniel Laprès » sur Google. Ensuite, votre nom apparaît assez souvent, particulièrement dans les blogues. Dommage pour vous, les commentaires sont très largement (sinon tous) négatifs.
Je n’en ferai pas la nomenclature, ça serait trop long, mais permettez-moi d’en signaler quelques-uns qui m’ont franchement étonné. J’ai été particulièrement surpris de retrouver votre nom sur les blogues de Loco Locass et des Cowboys Fringuants. Mais rassurez-vous, je ne baserai pas mon argumentaire sur les propos qui y sont dits.
Ni sur ceux, cinglants, que l’écrivain Claude Jasmin a écrit sur son blogue. Il vous traite carrément de « fou », ce qui n’est certainement pas mon opinion sur vous. Je crains, au contraire, que vous ne soyez dangereusement intelligent.
Mais là où les bras me sont tombés, j’avoue, c’est lorsqu’on vous a relié à une secte maçonnique. Honnêtement, Monsieur Laprès, que vous soyez franc-maçon, Témoin de Jéhovah ou Chevalier de Colomb, je m’en fiche totalement. Rien pour me faire friser les poils des jambes.
Sauf que… Sauf que cette information m’a mis la puce à l’oreille. Cela expliquant ceci, j’y ai peut-être trouvé la raison pour laquelle vous vous intéressez tellement (et curieusement) à Thélesphore-Damien Bouchard. Les raisons que vous m’avez données, lorsque je vous ai posé la question, ne m’avaient nullement convaincu. Surtout votre enfance passée à Saint-Dominique. Tout de même… Soyons sérieux.
Il est de notoriété publique que T.-D. Bouchard faisait partie de la franc-maçonnerie. Progressiste et anticlérical, il était farouchement opposé à l’Ordre de Jacques-Cartier, ce berceau du nationalisme québécois. On sent déjà une certaine parenté d’idée, n’est-ce pas, Monsieur Laprès…
Que T.-D. Bouchard ait été un franc-maçon, cela n’enlève absolument rien à la valeur de l’homme et du politicien. Personnellement, je suis fier de ce Maskoutain et je suis sûr que plusieurs de mes concitoyens le sont aussi. Il a fait de grandes choses pour sa ville et pour le Québec.
Mais ce qui me turlupine un peu (pas mal, à vrai dire), c’est qu’on se serve de sa mémoire pour dénigrer le nationalisme actuel. Les choses ont changé, Monsieur Laprès, depuis 50 ans. Et je suis loin d’être sûr que notre T.-D. endosserait aujourd’hui les propos anti-nationalistes que vous tenez actuellement sur toutes les tribunes qui vous sont disponibles.
Parlant de tribunes, Monsieur Laprès, laissez-moi vous prendre par la main, à mon tour, pour vous mettre gentiment à la porte de mon blogue. Cet espace est ouvert à tous ceux qui veulent s’exprimer sauf ceux, peut-être, qui s’en serviraient comme d’un canal pour déverser leur propagande. Vous avez l’art d’insérer dans chacun de vos commentaires des arguties fielleuses qui reviennent toujours au même. Je ne suis pas certain que cela intéresse nos lecteurs. Ni moi d’ailleurs. Il y a beaucoup d'autres sujets à traiter à Saint-Hyacinthe que vos fumeuses théories.
De toute façon, je n’ai aucune intention de recommencer avec vous cette joute de ping-pong épistolaire à l’issue de laquelle vous joueriez invariablement le rôle du mauvais perdant qui veut avoir à tout prix le dernier mot ou de l’éternel incompris. J’ai d’autres choses à faire.
Quant à votre « menace » de tenir une conférence de presse à Saint-Hyacinthe pour comparer vos revenus aux miens, j’ai bien peur qu’il ne se trouve pas beaucoup de journalistes pour vous couvrir. Vous seriez donc seul à vous couvrir… de ridicule.
Un mot, pourtant, sur vos revenus. Vous avez avoué candidement que La Presse vous payait 350$ pour une collaboration mensuelle. Je suis peut-être un puriste, mais il me semble qu’il y a là un problème éthique. Comme vos textes apparaissent sous la rubrique « opinions », sur Cyberpresse (là où ils sont archivés), cela laisse entendre qu’il s’agit d’une lettre d’un lecteur et non d’un collaborateur rémunéré. Et vous n’y parler pas d’horticulture, à ce que je sache, mais de sujets strictement politiques. Enfin, ce n’est tout de même pas la fin du monde…
Vous me dites également que vous avez un train de vie modeste, et que vous n’aimez pas le jet-set et les restos chics. Ce qui expliquerait que vous vous contentiez de peu de revenus. Il se peut que vous ayez changé, depuis votre passage comme adjoint du ministre des Affaires étrangères, Bill Graham, en 2003 et 2004. Mais votre relevé de compte de dépenses indique tout de même une réclamation de 16 089.10$, pour l’année 2004, en plus de votre salaire. Ça, c’est davantage que ne reçoit, en pension annuelle, une personne âgée même si elle réclame le supplément de revenu garanti.
Enfin, votre affiliation au Réseau démocratique canadien me laisse perplexe. J’ai eu beau chercher sur Google, les seules et uniques entrées sur cet organisme réfèrent à vous : Daniel Laprès, membre du Réseau démocratique canadien. Coudon, êtes-vous le seul membre? Pourtant, avec un nom comme celui-là, il me semble que ça devrait être facile de susciter des adhésions et de recevoir des subventions… fédérales. Surtout pour vous, qui avez déjà vos entrées dans l’appareil gouvernemental. Un petit effort, Monsieur Laprès…
Je vous encourage donc à poursuivre vos belles activités et à faire valoir votre belle plume partout où vous voudrez… sauf dans mon blogue.
Paul-Henri Frenière
http://www.erudit.org/revue/vi/2001/v26/n3/201559ar.pdf
Un document intéressant concernant l'histoire du Québec du point de vue maçonnique.
extrait:
Dès le premier numéro du premier journal The Quebec Gazette/La
Gazette de Québec, une annonce attire l'attention. Le 21 juin 1764, on invite
les lecteurs à participer à la fête maçonnique de la Saint-Jean d'été.
Pour 5 shillings, on peut se procurer des tickets chez le Frère Prentice.
C'est ainsi que la Merchant's Lodge «recrute» alors des membres. On sait
l'importance que prend la franc-maçonnerie au Québec dès les lendemains
de Conquête et le rôle qu'y joueront bientôt les Canadiens
Au sujet du symbolisme du logo de la grande loge du Québec
http://www.glquebec.org/graphics2007/main/logo.gif
Notez les pieds des "anges" maçonniques. ce ne sont pas des pieds mais ...des sabots!
Des anges avec des sabots de bélier???
Le logo de la grande loge du Québec est presqu'identique à celui de la grand lodge of England (la maison mère de l'obédience) et ce fait des sabots est aussi mentionné ici:
http://freemasonrywatch.org/britishmasons.html
la citation latine "audi, vide, tace" signifie à peu près "écoute, regarde, garde le silence"
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