lundi, mai 19, 2008

Depuis 1973, le clergé "dialogue" avec la Grande Loge du Québec (!)

(NOTE: En 1991, le cardinal Edouard Gagnon affirmait que la franc-maçonnerie anglaise était aussi anti-chrétienne que celle du Grand Orient de France.)
Lire aussi la réplique de l'historien Jean-Paul de Lagrave à cette lettre dans les commentaires.
En bref, la franc-maçonnerie est condamné par l'église catholique depuis 1738. Or à cette époque, seule la maçonnerie "régulière" existait.
Extrait de la bulle de 1738:
"Nous avons résolu de condamner et de défendre ces centres, réunions, groupements, agrégations ou conventicules, ou francs-maçons, valable à perpétuité.
Que personne au reste ne soit assez téméraire pour oser attaquer ou contredire la présente déclaration, condamnation, défense et interdiction.
Si quelqu'un portait jusqu'a ce point la hardiesse, qu'il sache qu'il encourra la colère du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux apôtres Pierre et Paul".


Catholiques et francs-maçons au Québec

Le Devoir, 3 avril 1976

On nous demande souvent si les relations entre l'Église Catholique et l'Ordre maçonnique ont changé. Le 18 juillet 1974, le cardinal Seper, président de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à Rome, adressait une lettre aux présidents de toutes les conférences épiscopales du monde. Il s'agissait du numéro 2335 du Code du Droit Canon "qui interdit aux catholiques sous peine d'excommunication de faire partie de la Franc-Maçonnerie ou d'autres associations du même genre qui forment des complots contre l'Église ou les pouvoirs civils légitimes".
Des études récentes établissent une claire distinction entre la franc-maçonnerie "régulière" d'inspiration anglaise et celle dite "irrégullère" d'inspiration latine. La vaste majorité des francs-maçons dans le monde (environ 6,000,000) adhèrent à la franc-maçonnerie régulière qui se modèle sur la grande loge Unie d'Angleterre. Pour en faire partie, l'aspirant dois croire en Dieu, Architecte de l'Univers, en sa Providence, en l'immortalité de l'âme; il doit vouloir progresser dans la pratique des vertus morales et humanitaires.
La franc-maçonnerie régulière se présente comme une sorte d'association fraternelle
interconfessionnelle.
Le cardinal Seper, en attendant la publication du nouveau Code canonique en préparation, propose la dlrective suivante: "On peut enseigner avec sûreté et appliquer l'opinion des auteurs disant que le canon 2335 concerne seulement les catholiques qui font partie d'associations agissant contre l'Égllse".
Il revient donc aux évêques des conférences épiscopales de chaque pays de distinguer si les loges maçonniques de leur milieu "agissent contre l'Église" ou pas.
Au Canada, la franc-maçonnerie est organisée sur une base provinciale. Dans chacune des provinces on trouve une Grande Loge qui elle-même est formée de l'ensemble des loges locales. Ainsi, la Grande Loge du Quebec comprend 109 loges locales (dont 4 d'expression française) qui totalisent près de 14,500 membres. Elle est autonomme tout en maintenant certaines relations
d'affinité avec d'autres Grandes Loges "régulières" du canada et du monde.
Il est vrai qu'au Québec, dans les années 1900, la loge de l'Émancipation reliée au Grand Orient de France, s'est erigée contre les institutions de I'Église catholique. Cela a certainement contribué, parmi d'autres raisons, à confirmer un préjugé qui veut que toute la franc-maçonnerie, sans distinction, soit anti-catholique.
Depuis avril 1973 un Comité composé de francs-maçons et de catholiques responsables s'est efforcé de retablir les faits en étudiant la présente situation de la franc-maçonnerie au Québec. Dans un contexte de dialogue, il s'agissait de repenser les attitudes et les rapports nouveaux à établir dans la vérité et la justice, Les résultats de cette étude, qui a retracé les origines de la franc-maçonnerie et son évolution. ont permis de constater que les 109 loges reliées à la Grande Loge du Quebec, adhèrent à la franc-maçonnerie régulière. Or celle-ci "n'offre rien dans ses Constitutions qui puisse légitimement permettre de croire ou de dire qu'elle complote contre l'Eglise catholique".
Nous avons eu l'occasion de vérifier le bien-fondé de cette affirmation.
A partir de cet éclairage, est-il opportun de maintenir l'excommunication des catholiques qui feraient partie d'une loge affiliée à la Grande Loge du Québec?
Nous ne le croyons pas, à moins que des motifs autres que des préjugës, entrent en ligne de compte.
Dans un esprit d'objectivité, ne faudrait-il pas s'orienter, vers une acceptation effective des valeurs propres à l'Église et des valeurs propres à la franc-maçonnerie régulière?

Irénée BEAUBiEN, s.j. Adrien Brunet, o.p. Paul Morisset, s.j. membres du comité de recherche sur la franc-maçonnerie au Québec.
Montréal, le 22 mars 1976

3 Comments:

Blogger anti-macon said...

Catholiques et francs-maçons au Québec
Le devoir 7 avril 1976
M. le directeur,
-"LE DEVOIR" publiait te 3 avril 1976, parmi les lettres reçues des lecteurs, un texte intitulé "Catholiques et Francs-Maçons

au Québec" que signaient trois religieux, les pères Irénée Beaubien, Paul Morisset Jésuite, et Adrien Brunet Dominicain,

membres d'un "comlté de recherche sur la Franc-Maçonnerie au Québec".
Le texte nous rappelait que les catholiques qui adhèrent à une loge Maçonnique étaient toujours excommuniés, mais que le

cardinal président de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ancienne Sainte Inquisition) voyait d'un bon oeil la

suppression de cette sanctlon du Droit canon pour les membres de la Franc-Maçonnerie "réguliére".
C'est justement au sujet de cette distinction entre la franc-maçonnerie "régulière" et "irrégulière" que porte mon

intervention.
Travaillant dans une somme considérable de documents pour écrire l'histoire de l'information au Québec des origines à nos

jours, j'ai eu à me pencher sur l'historique de la maçonnerie québécoise. Aussi est-ce à titre d'historien que je sens le

besoin de préciser des faits.
Le texte des trois membres du comité déjà clté donne l'impression qu'il a toujours existé une Franc-Maçonnerie régulière et

une autre dissidente, qui serait la seule condamnable. En réalité la distinction ne peut être établie qu'à partir de 1877
quand le Grand Orient de France radie de ses constitutions le nom du Grand Architecte de l'Univers.
Auparavant, Il n'y avait qu'une seule Maçonnerie de rites dlfférents. Et c'est bien contre elle que l'Église n'a cessé de

s'élever, et cela depuis 1738. C'est le pape clément XII qui, dans la bulle In eminenti porte la première en date des

condamnations contre la maçonnerie.
C'est sur le sol de l'Angleterre, qui était la patrie des libertés, que s'était constitué officlellement la premiére Grande

Loge du monde moderne. Déjà depuis de longues années, les francs-maçons opératifs, constructeurs et tailleurs de pierre,

avalent accepté dans leurs loges des hommes "libres et de bonnes moeurs", étrangers au métler, mais soucieux de fraternité et

de solIdarité.
Sous leur action, les loges s'étaient transformées, tout en restant fidèles à l"art royal des constructeurs. Elles devaient

éprouver le besoin de se grouper entre elles et c'est à Londres qu'elles devaient réaliser une fédération en 1717. Aux quatre

loges ayant pris l'initiative de ce mouvement; d'autres loges ne tardent pas à s'associer et, en 1721, seize loges décidaient

de mettre un peu d'ordre dans les vieilles constitutions gothiques, qui régissaient les Francs-Maçons.
les Constiitions refondues par James Anderson sont éditées à Londres en 1723. En voici le premier article:
"Un maçon est obligé, de par sa tenure, d'obéir à la Loi morale; et s'il entend correctement l'Art, il ne sera jamais un

stupide athée ni un libertin irreligieux. Mais, bien que dans les Temps anciens les maçons étaient obligés, dans tous les

pays, de suivre la religion de ce pays ou de cette nation, quelle qu'elle fut, il est considéré aujourd'hui plus expédient de

ne les obliger nullement qu'envers la religion sur laquelle tous les hommes sont d`accord; laissant â chacun ses opinions

personnelles. Cette religion consiste à être hommes bons et sincères, hommes d'honneur et de probité. quelles que soient les

dénominations ou croyances qui peuvent les dIstitnguer par quoi la Maçonnerie deviendra le centre de l'union et le moyen de

concilier; par une amitié sincère, des gens qui auraient dû perpétuellement rester séparés". Ce texte étant de 1723 et la

bulle de CIément XII, en date de 1738, c'est bien contre cette Franc-Maçonnerie, la seule qui existe, que l'Église s'oppose.

Le pape Benoît XIV confirme que la bulle Providas , en 1751, la bulle de son prédécésseur.
Avant l'apparition de la "maçonnerie irrégulière" de 1877, quatre autres papes ont également publié des bulles condamnant la

Maçonnerie, les papes sont Pie VII, Léon XII, Pie VIII et Pie IX et voici la liste des bulles: Eccleslam (1821), Quo

gravlera (1825), Traditi (1829), Qui pluribus, (1846), Multlpplices inter (1865), Apostolicae Sedis (1869) et Etsi multa

(1873).
En 1877, le Grand Orient de France vote la supression de la formule du "Grand-Architecte de l'Univers" des constitutions et

rend la croyance en Dieu 'facultative. Aussitôt, la Grande Loge d'Angleterre rompt ses relations avec le Grand Orient. Ici

s'insère la division entre régularité et irrégularité, chère aux membres du comité d'étude sur la Maçonnerie québécoise.
Toutefols, cette dlstinctlon on ne la trouve pas dans les bulles des papes qui continuent à condamner en bloc la

franc-maçonnerie.
Ainsi, le 20 avril 1884, Léon XIII lance l'encyclique Humanum genus, suivie par deux autres actes pontificaux, Praeclara

(1894) et Annum ingressi (1902).
Le dernier document officiel d'un pape condamnant la. Maçonnerie, et qui est toujours en vigueur malgré les interprétations

isolés, est l'artlcle 2335 du Code de Droit canon promulguë en 1917 par le pape Benoit XV :
"C'eux qui donnent leur nom à une secte maçonnique ou à d'autres associations du même genre qui complottent contre l'Église

ou les pouvoirs civils légitimes contractent par, le fait même une excommunication simplement réservé au Siège-apostolique".
Au Québec, il a existé des loges maçonniques avant la fin de la Nouvelle-France. Les loges ont considerablement augmenté en
nombre avec la venue dés armées de Wolfe. En 1759, dans la capitale,la grande loge provinciale est créé. Beaucoup de notables

en feront éventuellement partie. Et méme l`un d'entre eux, Claude Dénechau passera à une grande-maitrise entre 1813 et 1836.

le përe de l'enseignement public au Québec, François-Xavier Perrault (1753-1844), était aussi un haut dignitaire de l'ordre.

La maçonnerie n'a été attaquée comme corps au Québec qu'a la fin du XIXe siècle. Elle avait été auparavant dénoncée mais au

niveau des personnes, par exemple par le vicaire général Étienne de Montgolfier après la conquête ou par Mgr Ignace Bourget,

deuxième évêque de Montréal.
Mais l'ordre lui-même devait être attaqué violemment par Mgr Louis-François Laflèche, de Trois Rivières, par le journaliste

Jules-Paul Tardivel (victime du fumiste Léo Taxil) et l'oblat Pierre-Zacharie Lacasse. Par la suite, certains membres du haut

clergé allaient être les lnspirateurs de sociétés secrètes devant contrer la Maçonnerie au Quebec.
La lettre des pères Beaubien, Morisset et Brunet marque un revirement total à l'égard d'un Ordre qui n'est pas, n'en déplaise

à ces religieux, "une sorte d'association fraternelle interconfessionnelle". Ce n'est pas lnterconfesslonnel, parce que

l'homme ne pratiquant aucune religion y est admis sur un pied d'égalité avec l'adente d'une croyance.
De plus, il ne peut je crois, être discuté de religion en loge. Une loge, d'après ce que nous en laisse percevoir l'Histoire;

est une école de tolérance. C'est pourquo on pouvait trouver à Paris, en 1778, dans une même loge, Voltaire, Franklin et

l'abbé Delille.
Comme disait Voltaire dans son Traité sur la tolérance: "Ne cherchez pas à gêner les coeurs, et tous les coeurs seront à

vous". Jean-Paul de LAgrave. Longueil, le 4 avril 1976.

12:40 a.m.  
Blogger anti-macon said...

Le Grand Orient de France
dans le contexte québécois (1896-1923)
ROGER LE MOINE
Département des lettres françaises
Université d'Ottawa
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais rappeler brièvement l'histoire de la maçonnerie tant en Europe qu'en Amérique, de façon à rendre intelligibles certains passages de mon propos.
La franc-maçonnerie spéculative, qui s'est substituée petit à petit à la franc-maçonnerie opérative, a pris son essor en Angleterre au début du XVIIIe siècle. Des loges se regroupent alors en une première obédience qui est créée en 1717. Et, deux ans plus tard, sont adoptées des Constitutions rédigées par le pasteur Anderson. Très tôt, soit à partir de 1726, la franc-maçonnerie essaime dans la plupart des pays d'Europe ainsi que dans les colonies d'Amérique. En Nouvelle-France, une ou deux loges sont créées vers la fin du Régime français. Elles relèvent de la Grande Loge de France qui, après 37 années d'existence, sera remplacée en 1773 par le Grand Orient de France. Pendant la guerre de Sept Ans, c'est-à-dire avant le Traité de Paris, la maçonnerie britannique s'implante dans ce qui était encore la Nouvelle-France. À la Saint-Jean d'hiver de 17S9, des loges militaires devenues civiles et des loges civiles nouvellement créées se regroupent pour fonder une Grande Loge du Cnada qui relève de la Grande Loge de Londres ou des Modernes. Les loges se multiplient à la Grande Loge du Canada, succède, en 1792, la Grande Loge Bas-Canada qui est à son tour remplacée, en 1823, par deux grandes loges, soit l'une pour Montréal et William Henry (Sorel), et l'autre, pour Québec et Trois-Rivières. Avec la Confédération est proposée la création de loges provinciales relevant d'une grande loge fédérale. C'est la structure qui prévaut encore aujourd'hui. - Faut-il préciser que la maçonnerie s'est toujours adaptée aux transformation des structures politiques et au redécoupage des états. - C'est dire qu'au moment de la création de l'Émancipation, en 1896, et de Force et Courage, en 1910, la maçonnerie canadienne, qui émane de la britannique, occupe de façon exclusive le territoire québécois, les loges d'origine française étant probablement disparues vers la fin du XVIIIe siècle. Et elle ne voit pas d'un oeil favorable ce retour de la maçonnerie française, en l'occurrence celle du Grand Orient, à cause d'une situation qui oppose les deux obédiences depuis 1877. Cette année-là, le Grand Orient avait décidé de modifier sa constitution, qui s'inspirait de celle du pasteur Anderson, de façon à attirer en ses loges les incroyants tout autant que les croyants. À cause de son geste, le Grand Orient devait être condamné par la franc-maçonnerie britannique et par toutes celles qui, comme la canadienne, en étaient issues. En sorte que les membres des deux loges seront pris à parti par les catholiques comme aussi par leurs frères de la Grande Loge du Québec. J'aimerais ajouter à ce court historique que si la franc-maçonnerie vise à la transformation de l'individu tout au cours d'une fête initiatique, rien ne s'oppose à ce qu'elle tente de marquer la société dans le sens de ses orientations, bien que certaines obédiences refusent à toute action sociale. Ce qui fait que, émanant d'une obédiences qui a voulu influencer l'appareil politique de la Troisième république, l'Émancipation et Force et Courage vont donner, comme on le verra, dans l'engagement.
je ne m'attacherai pas à la description de la situation sociale, politique et religieuse qui prévalait au Québec à la fin du XIXe siècle. Je me permettrai cependant de faire remarquer que je ne crois pas que les événements politiques qui se déroulent à l'époque, comme le renversement du gouvernement conservateur, aient pu jouer un rôle dans la création de la première des deux loges. Il s'agit d'une simple coïncidence. Car, au moment où les libéraux prennent le pouvoir, en juin 1896, les démarches qui devaient mener à la création de l'Émancipation sont engagées depuis deux mois déjà. Comme on le verra, ceux qui les ont entreprises veulent s'attaquer à ce qui leur semble être la cause du mal, c'est-à-dire à l'attitude du clergé qui, en détenant le pouvoir, pervertit le fonctionnement de l'appareil démocratique qui est en place.
Les fondateurs de l'Émancipation ou plutôt ceux qui, en avril 1896, demandent une constitution symbolique au Grand-Orient de France, soit Félix Cornu, Achille Fortier, Godfroy Langlois, Ludger Larose, Gaston Maillet, Léger Meunier, Alphonse Pelletier, Lorenzo Prince et Louis-Édouard Trudeau sont Canadiens et ils appartiennent au milieu des professions libérales, du journalisme, de l'industrie et des arts. Les premiers ont été initiés à la loge Les Coeurs-Unis et le dernier, à la loge Mount Royal de la Grande Loge du Québec. Ils veulent quitter cette obédience pour des raisons qui tiennent à "l'insuffisance du travail vraiment maçonnique" lors des tenues et surtout à "l'absence totale d'influence morale de la maçonnerie anglaise" sur la population canadienne-française. Telles sont du moins les raisons avancées dans la requête adressée au Grand Orient en mai 1896.
Ces maçons se proposent de mettre de l'avant des objectifs qu'ils ont clairement définis dans l'article I du Règlement de la loge:
Il est formé à Montréal, Canada, une société d'hommes probes qui, liés par des sentiments de liberté, d'égalité et de fraternité, travaillent individuellement et en commun à la réalisation des progrès sociaux, exerçant ainsi la bienfaisance dans le sens le plus étendu. Le but principal qu'ils poursuivent, c'est l'affranchissement intellectuel du peuple canadien encore courbé sous le despotisme clérical, en créant une société morale et libre.

En 1903, dans son Rapport d'inspection, Émile Jullien ne perçoit pas la situation autrement. Si les francophones du Canada "sont partout dans les assemblées législatives, dans les Conseils du Gouvernement", c'est-à-dire s'ils peuvent jouer un rôle dans le gouvernement de l'État, ils demeurent dominés par le clergé. Développant sa pensée, Émile Jullien écrit:
[...] le clergé catholique occupe, dans le Canada français une situation prépondérante; l'épiscopat y est une puissance, les congrégations y sont maîtresses absolues de l'enseignement et détiennent une part considérable de la richesse. Je n'en veux citer comme exemple, que les Sulpiciens qui sont toujours en vertu d'une ordonnance de Louis XIV, propriétaire du tréfonds de la grande île sur laquelle est construit Montréal, et tire encore profit des droits régaliens de Lods et Ventes, rachetables seulement depuis quelque vingt ans, en vertu d'une décision du Parlement.
Mêlés aux choses de la politique, les évêques s'arrogent le droit de diriger toutes les manifestations de la vie publique, d'intervenir en toutes circonstances, de procéder non seulement par voie de mandements, mais par voie même de communiqués aux journaux. Être signalé par eux comme manifestant des sentiments d'indépendance et de liberté de conscience, c'est un danger. On court le risque, sinon de l'excommunication avec les formules du Moyen Âge, du moins de la mise en interdit, auprès de tous les bien-pensants, qui s'appellent Légion, et ce n'est pas une mince affaire quand il s'agit des nécessités de la vie, de l'exercice d'une profession ou d'un commerce...
Cette analyse du milieu, qui se ressent sans doute des échanges de Jullien avec les membres de la loge, montre assez bien que, en l'espace de sept ans, la situation n'a pas évolué et que les objectifs du début sont toujours poursuivis.
Si les maçons de l'Émancipation veulent ainsi contrer l'influence du clergé, c'est pour instaurer une société qu'Arthur Beauchesne définit ainsi:

Nous voulons autant que possible imiter notre mère-patrie dont les idées libérales font l'admiration du monde entier. Nous voulons propager ici les principes inaliénables de la liberté, de l'égalité, de la fraternité; et, pour atteindre ce but, nous désirons montrer en exemple la marche accomplie par la République française dans la voie du progrès et de l'intelligence
Tandis qu'Alfred Marcil, d'une façon plus directe, affirme l'intention des francs-maçons de "coopérer à la grande oeuvre de la Libre-Pensée". De fait, la loge tente d'imposer un type de société respectant les libertés de pensée et d'expression. Les institutions étant en place, il reste a réduire l'influence du clergé.
Mais les maçons fondateurs n'auraient sans doute pas effectué les démarches que l'on sait s'ils n'avaient jugé que la mentalité commençait de changer. Cela leur semble plus important que la prise du pouvoir par les libéraux:
Et cependant un esprit de liberté commence à souffler, on parle tout bas, mais on parle. On parle et on applaudit tout Français de France qui vient s'expliquer dans la langue de vérité. Le terrain est prêt, au moins dans certains milieux d'intellectualité plus élevée, et le foyer encore un peu tiède, à lumière et chaleur contenues, d'où partent les premières lueurs d'où se répandra peu à peu, plus rapidement, j'espère, si on l'aide la parole vivifiante sur la grande province française de Québec...
Dans ce contexte, comment les maçons de l'Émancipation vont-ils s'y prendre pour réaliser leur projet? Quels moyens vont-ils utiliser?
Comme d'instinct, et à la façon de tous ceux qui ont voulu réformer leur milieu dans le sens de la démocratie, ils se préoccupent de la question de l'enseignement et de la diffusion des connaissances. Pour être plus précis, ils tentent d'orienter les esprits plus avancés et ceux qu'ils espèrent attirer dans la maçonnerie par l'action du cercle Alpha-Oméga et la diffusion de diverses publications. De même, ils se préoccupent du sort des jeunes filles qui, faute d'écoles secondaires, se voyaient refuser l'accès a l'université. Et, plus largement, ils proposent une réforme du système public d'enseignement.
En fondant le cercle Alpha-Oméga, la loge tente d'exercer son influence par des conférences. Les deux seules qui nous soient parvenues portent sur les phénomènes psychiques de même que sur l'avenir et le néant. Mais surtout, le cercle crée une bibliothèque constituée d'essais appartenant a la production positiviste et traitant de questions reliées a l'émergence et à l'évolution de l'univers, à l'apparition de la vie sur terre, aux croyances et aux superstitions, aux rites et aux religions, au spiritisme et à la magie. On y retrouve des textes assez nombreux sur l'inexistence de Dieu ainsi que sur l'hérédité et les problèmes psychologiques du Christ. On y retrouve également des essais politiques et sociaux. Il s'agit d'une bibliothèque qui, dans un contexte catholique, est destinée a nourrir la contestation en fournissant des arguments d'actualité. Car les auteurs, a part Voltaire, Meslier et Champfort, sont des contemporains comme Émile Boutroux, Aristide Briand, Maria Deraismes, Camille Flammarion, Anatole France, J. C. Frazer, Félix Le Dantec, Henri Poincaré et Élisée Reclus. En outre, le cercle lance une publication, le Pourquoi pas?, qui, en plus de traduire les objectifs de la loge dans le domaine de l'éducation, cherche à discréditer le clergé. La loge poursuit les mêmes fins avec La Petite Revue qui s'adresse a à un public plus large et avec le journal Les Débats qui deviendra Le Combat et qui a deux reprises sera dirigé par des francs-maçons.
Initiative plus importante, la loge, qui n'admet pas que nulle école ne dispense aux jeunes filles la formation leur permettant d'être admises a l'université, fonde un lycée de jeunes filles sur lequel rien ne nous est parvenu a part quelques renseignements révélateurs de problèmes financiers. En décembre 1909, un concert-bénéfice et une souscription sont organisés. Un appel a la générosité des maçons est lancé en 1910. La même année, on redoute que l'institution ne ferme ses portes. Quand a-t-elle été fondée? Combien de temps a-t-elle fonctionné? Quel était son programme? Quels ont été ses effectifs?

On ne sait. Faute de documents, son histoire est plutôt faite d'interrogations. Une seule chose est sûre, le lycée a existé en 1909 et en 1910.
Afin de réaliser ses objectifs premiers qui visent à la transformation de toute la société, la loge elle-même va s'attacher à la question de l'éducation qu'elle situe dans une perspective de laïcité. C'est ainsi qu'elle participe à la fondation et favorise le développement d'une Ligue de l'enseignement montréalaise. Conçue sur le modèle qui avait été mis au point en France en 1866 par Jean Macé, cette ligue partage les mêmes préoccupations. Trois francs-maçons parmi les huit qui en sont membres font partie du bureau de direction. Ce sont Godfroy Langlois, Arthur Beauchesne et Louis Laberge qui sont fort capables de faire valoir et d'imposer leurs idées.
La ligue s'occupe surtout de l'enseignement élémentaire qui doit être accessible à tous, aux pauvres comme aux riches. C'est dire qu'il devra être gratuit et obligatoire et que les manuels seront distribués gratuitement aux enfants dont les parents ne disposent pas des moyens financiers en permettant l'achat. Pour réaliser ses objectifs, la loge croit que l'enseignement devra se libérer de l'emprise du clergé et, en outre, s'adapter au contexte. C'est ainsi qu'aux disciplines traditionnelles s'ajouteront la comptabilité et l'apprentissage de certaines techniques appliquées dans les usines. Des bibliothèques publiques permettront à ceux qui ont quitté l'école de parfaire leurs connaissances. La ligue se préoccupe encore du sort des instituteurs dont la situation financière est précaire et dont la formation est sou-vent déficiente. Pour qu'ils puissent compléter leurs études, le réseau des écoles normales devra s'étendre à toute la province. Tels sont, fort brièvement évoqués, les objectifs de la loge et de la ligue; ce sont également ceux de deux journaux du temps, La Patrie et Le Canada, qui poursuivent des buts semblables outre qu'ils réclament la création. dune grande bibliothèque publique à Montréal.
L'Émancipation a-t-elle fait fausse route en s'attachant exclusivement à la question de l'enseignement? Sans doute pas, en dépit de l'absence de résultats immédiats. Mais ses membres qui, en 1910, fondent Force et Courage ont sans doute compris qu'ils gagneraient a diversifier leur action.
Le 7 décembre 1909, quatre francs-maçons de la loge l'Émancipation, soit les docteurs Alfred Marcil et Henri Desmarais, ainsi que Paul-G. François, Narcisse Grandchamp, inspecteur de police, et Louis Hauron, importateur, se réunissent pour créer une seconde loge. Se joignent a eux, également de l'Émancipation, Pierre A. Grenier, dessinateur, et Honoré Saint-Martin. Le 19 janvier, le Grand Orient leur accorde une constitution symbolique "pour la loge [...] formée a l'o... de Montréal sous le titre distinctif de Force et Courage". L'installation a lieu le 16 mars. Lors de cette cérémonie, le vénérable Alfred Marcil précise de façon générale les objectifs de la loge lorsqu'il affirme sa volonté de "planter [...] le drapeau de la libre pensée". On verra de quelle façon.
Le contexte ne se prête guère à semblable fondation. Les francs-maçons sont persécutés par le clergé et de plus en plus au fur et a mesure qu'approche le moment du Congrès eucharistique de Montréal. Marcil parle "d'effervescence hystérico-cléricale". Ils le sont également par des maçons de l'Émancipation qui, après la mise en sommeil de leur loge, sont retournés à la Grande Loge du Québec où ils avaient été initiés. Il se peut que certaines déclarations de Marcil les aient effrayés.
La loge s'adresse aux esprits avancés qu'elle espère gagner à ses vues. C'est ainsi qu'elle soutient le cercle Alpha Oméga et ceux qui lui succéderont, soit l'Institut du Canada français et le cercle Renaissance. Les membres de ces sociétés sont invités à assister à des conférences, a discuter et a fréquenter la bibliothèque du cercle Alpha Oméga qui passera a l'Institut du Canada français puis au cercle Renaissance. Elle devait s'enrichir d'année en année et même offrir a ses usagers des journaux et des revues françaises comme Le Quotidien, Le Merle blanc! Le Crapouillot, le Progrès civique, Les Cahiers des Droits de l'Homme, La Revue mondiale, Clarté, L'Humanité, Rappel et Ère nouvelle. De même, la loge distribue divers ouvrages comme Idées mortes, Idées vivantes d'Albert Bayet, La faillite des religions de Claraz, Les blasphèmes de jean Richepin, Le bon sens du curé Meslier et Le mariage des prêtres de Claraz. Et elle diffuse des brochures de propagande émanant de l'obédience. Fernand Marrié écrit au Grand Orient le premier février 1918:
Pourriez-vous aussi nous envoyer d'autres brochures de propagande que le contre-catéchisme? Comme nous avons eu par deux fois un assez grand nombre de cette brochure, nous pensons qu'il serait opportun d'avoir quelque chose de nouveau (pour ici bien entendu).
La loge publie également ses propres brochures. La seule qui nous soit parvenue s'intitule La paix mondiale et la franc-maçonnerie. Régime futur de la Turquie et de l'Arménie. Ce texte de Fernand Marrié exprime, à travers l'évocation du massacre des Arméniens par les Turcs, les préoccupations humanitaires et socialisantes du Grand Orient. Tels sont les textes sur lesquels la loge fonde ses espoirs de propagande.
Force et Courage s'attache à un plus vaste public par le truchement du journal Le Pays qui est fondé par "un groupe important de citoyens de Montréal". Les collaborateurs sont "des libéraux, mais des libéraux dans le sens le plus exact de ce terme", est-il noté dans le prospectus du journal. Au dire de Fernand Marrié, la loge prendra le contrôle du journal en 1920 alors qu'il est dirigé par une équipe. D'ailleurs, en 1918 et 1919, sa rédaction avait été assurée par un franc-maçon, le romancier Arsène Bessette. Si Le Pays reprend le programme que l'on connaît dans le champ de l'éducation, il recommande en outre l'uniformisation des manuels scolaires qui étaient différents d'une paroisse et d'une communauté à l'autre; et il s'attaque à la formation dispensée dans les collèges classiques parce que peu adaptée aux exigences de la société. Telles sont les différentes initiatives que la loge destine au public qu'elle juge réceptif.
Si Force et Courage poursuit les objectifs de l'Émancipation, dans le domaine de l'éducation et de la lutte contre le clergé, elle se préoccupe plus largement de questions sociales reliées à la santé et au bien-être des travailleurs. Elle est marquée par des médecins comme le docteur Alfred Marcil, qui est directeur des Services de santé de la Cité de Montréal, et par le docteur Adelstan Le Moyne de Martigny de la loge l'Émancipation qui a étudié à Paris. Il a même oeuvré comme assistant de Louis Pasteur. Tous deux s'attachent a cette terrible maladie de la misère qu'est alors la tuberculose. De leur propre initiative, ils se sont rendus en France en 1909 afin d'observer le fonctionnement des bureaux d'hygiène, de l'ceuvre de la Goutte de Lait, des colonies de vacances et des dispensaires anti-tuberculeux. Martigny ne se contente pas de pratiquer la médecine. Comme il est une sommité, il fait part de ses connaissances à ses confrères par une publication intitulée Le traitement de la tuberculose par la méthode de Marmorek (1905) ainsi que par des articles qui paraissent dans le mensuel La Clinique qu'avait fondé son frère le docteur François-Xavier de Martigny, lui-même membre de l'Émancipation. Collaboreront également à La Clinique d'autres médecins francs-maçons comme les docteurs Aldéric-Avila Chrétien-Zaugg et Henri-Masson Duhamel.
Animés de préoccupations semblables, d'autres francs-maçons ou sympathisants participeront à la fondation, en 1920, de l'Hôpital français qui devait recevoir de 1o a 15 malades indigents en plus de 15 malades solvables, les seconds se trouvant à défrayer le coût de l'hospitalisation des premiers et les médecins offrant leurs services a titre gratuit. À l'époque, nombreux sont les Français qui vivent dans la misère a Montréal et qui refusent d'être soignés ailleurs que dans des hôpitaux laïques. L'hôpital sera en butte à l'hostilité de Mgr Bruchési qui n'est pas séduit par "l'idée de libéralité" qui a présidé
à sa fondation. Se poseront également des problèmes d'argent. En 1923, pour que l'hôpital soit mieux géré, il est confié a des religieuses. C'est ainsi que se termine son histoire laïque.
Plus que par ses médecins, la loge a été influencée par trois de ses membres, Gustave Feancq, Edouard Henry et Fernand Marrié, soit deux Belges et un Canadien qui se sont impliqués dans la création et le fonctionnement d'unions ouvrières. Si la carrière de Marrié, qui a revendiqué au nom d'un socialisme disons humanitaire, et si celle de Henry, qui a fondé une union de débardeurs dans le port de Montréal, sont encore assez mal connues, ce n'est pas le cas de celle de Gustave Francq.
Bruxellois d'origine, Francq débarque au Canada en 1887. Il a seize ans. Comme typographe, il travaille à des journaux comme La Presse, La Patrie et Le Canada. Il adhère a l'Union des typographes puis il fonde sa propre imprimerie. Elle lui sert à diffuser ses idées sociales ainsi que celles des mouvements auxquels il appartient. En 1904, il participe a la réorganisation du Parti ouvrier canadien. Il y occupe le poste de secrétaire. Il lance en 1906 le journal Vox populi qui est l'organe du Congrès des métiers et du travail de Montréal puis, en 1908, le journal L'Ouvrier qui se porte a la défense du Parti ouvrier aux élections provinciales de 1908 dans Hochelaga. La même année, il est admis a l'Émancipation. En 1909, il est élu à la présidence du Congrès des métiers et du travail de Montréal. En 1916, il lance un autre journal, Le Monde ouvrier, dans lequel se rejoignent les préoccupations du Parti ouvrier, des unions internationales et de Force et Courage a laquelle il s'est affilié en 1910. Car Le Monde ouvrier se préoccupe du bien-être de la population, de la santé, du salaire minimum, des conditions de travail, du statut de la femme, de la prostitution, de l'école obligatoire, de la gratuité des manuels scolaires, des cours pour adultes et des bibliothèques publiques. La lutte contre l'ignorance et celle contre la pauvreté ne sont pas sans rapport. L'une et l'autre ont partie liée. Comme le fait remarquer «G. Coute» dans le Pourquoi pas? du 3 février 1910:
L'ignorant a toujours été et sera toujours une proie facile pour les charlatans. Dans tous les pays, sauf en ceux où des gouvernements démocratiques s'occupent d'instruire suffisamment ou peu s'en faut le public, une minorité ambitieuse et cupide a toujours mis un frein coupable à l'émancipation populaire.
En 1919, Francq croit bon d'apporter des précisions sur ses orientations. C'est ainsi qu'il publie Bolchevisme ou Syndicalisme, lequel?, un ouvrage où, tout à la fois, il affirme sa foi dans un socialisme de type britannique et condamne le bolchevisme. D'ailleurs, il a toujours redouté la dictature du prolétariat qui est "d'autant plus dangereux qu'il est ignorant, d'autant plus cruel qu'il n'a jamais connu autre chose que la violence". Chez Francq, le contrat social, qui se double d'une profession de foi dans la connaissance, tire son origine de son expérience auprès des travailleurs, de l'enseignement de la Commune dont il a vu les excès, de ses appartenances syndicales comme aussi d'une maçonnerie, celle du Grand Orient, qui a pensé transformer la société par la fondation du Parti socialiste. Par ses positions, Francq montre bien que l'idéal social de Force et Courage se confond avec celui du Congrès des métiers et du travail de Montréal. À tel point qu'on ne pourrait préciser par quoi Francq a d'abord été marqué si l'on ne savait que les débuts de son action syndicale sont antérieurs à son initiation. Marrié raisonne de la même façon. Et sans doute aussi Henry. On conçoit mal que celui-ci ait pu appartenir a la même loge que les deux autres tout en se réclamant d'un idéal différent. Telle est l'histoire de la loge Force et Courage qu'on peut suivre jusqu'au début des années 1920. Pour les années qui suivent, la documentation est a peu près inexistante. Tout porte a croire que cette loge a été mise en sommeil au moment de la Seconde Guerre mondiale.
Les deux loges dont il vient d'être question ont cru en un État laïque et démocratique sans doute plus socialisant dans le cas de Force et Courage que dans celui de l'Émancipation. Il s'est produit de l'une a l'autre une sorte de glissement vers la gauche, tant par les effectifs que par les orientations. Si elles ont toutes deux proposé des mesures susceptibles de favoriser l'alphabétisation et la scolarisation de la population en général - tels seront les objectifs principaux de
l'Émancipation - Force et Courage, du moins par certains de ses membres, s'est surtout intéressée à la classe ouvrière. D'où l'action menée dans le domaine de la santé et des unions. D'ailleurs, les maçons avaient senti que les travailleurs, à cause de leurs besoins, étaient plus réceptifs aux idées nouvelles que les bourgeois qui avaient été domestiqués dans les collèges classiques. Ainsi, Force et Courage rejoint les unions ouvrières qui poursuivaient les mêmes objectifs sociaux et politiques. On pourrait affirmer que les deux loges participent de l'évolution des forces vives qui tentent alors de transformer la société québécoise. L'Émancipation a partie liée avec la Ligue de l'enseignement puis Force et Courage, avec les syndicats internationaux. Et si certains maçons ont donné dans l'anticléricalisme, ce fut par impatience. Car le milieu tardait à se transformer selon leurs voeux.

12:41 a.m.  
Blogger anti-macon said...

http://www.renewamerica.us/columns/abbott/060904

In 1991, Canadian Cardinal Eduard Gagnon who was an advisor to both Pope Paul VI and John Paul II on the true nature of Freemasonry stated unambiguously 'Anglo-Masonry is no less anti-religious than the French [Grand-Orient] version... it is obvious that the attitude is very anti-Catholic.' (30 DAYS, April 1991)

Cardinal Gagnon included some revealing experiences in his 30 DAYS interview. 'Let me relate one of the many episodes. When I was teaching moral theology in Canada, I was Cardinal Paul Emile Leger's canonist. I often had to lodge requests with the Apostolic Penitentiary in Rome for excommunication orders to be lifted in the cases of people who had stolen the Sacred Host on Masonry's orders. They had been well paid for the task and some regretted their action asking the Church to pardon them. The episode took place in Canada where Masonry is not believed to be anti-religious.'

As recently as 2004, Cardinal Gagnon re-affirmed what he said in his 30 DAYS interview, adding that in his opinion, the great loss of faith by a large majority of Catholics in Canada's Quebec province, which includes Montreal, was due to the subliminal Masonic propaganda that basically one religion is just as good as another. This is, of course, the heresy of indifferentism

5:56 p.m.  

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