Qui se vante dans les journaux d'écrire les lois?
Une autre loge franc-maçonnique pourrait naître sous peu à Montréal.
La Presse 25 mars 1982 (extraits)
Jacques Benoit
Morts, les franc-maçons?
Alors qu'il y a dix ans ils seraient devenus membres des Chevaliers de Colomb, une trentaine de policiers de la CUM viennent, dit-on dans le milieu maçonnique, d'adhérer à la plus puissante association de francs-maçons du Québec, la Grande loge du Québec.
Lire aussi, attentivement, la pétition récente parue dans "le Devoir" en faveur de la libération du journaliste salvadorien Victor Regalado: y figure, parmi nombre d'autres organismes, deux loges, (ou sections) maçonniques, la loge Montcalm du Grand Orient de France et la loge Liberté de l'Ordre mixte français et international du Droit Humain.
"Nous nous sentons le vent dans les voiles, Nous voulons faire savoir que nous existons. Nous sommes prêts à cela", explique M. André Demets, un spécialiste de la direction de personnel, membre de la loge Montcalm.
(...)
Situation conforme à l'état de fait qui a résulté de la Conquête, c'est, au Québec, la maçonnerie de tradition anglo-saxonne qui a le haut du pavé, la Grande Loge du Québec comptant dans les 10,000 membres, et peut-être même, dit-on, deux fois plus, dont bon nombre de francophones issus principalement du milieu des affaires.
(...)
Mais rien ne dit que ces deux loges, très proches l'une de l'autre bien qu'elles appartiennent à des formations différentes, ne finiront pas par former le noyau d'où pourra sortir, eventuellement une autre grande loge québécoise. "Si le Grand Orient de France existe ici, ce n'est pas pour durer car nous estimons que tôt ou tard il devrait y avoir une obédience (grande loge) du Québec ou du Canada. C'est ce vers quoi nous tendons", expliquait récemment, dans une interview à LA PRESSE, le grand maitre adjoint (vice-président) du Grand Orient, Marcel Samide.
[commentaire antimacon: c'est effectivement ce qui s'est produit en 1992 avec la création du Grand Orient du Canada]
Les deux maçonneries
Différence fondamentale entre les deux grands courants de la franc-maçonnerie: alors que l'anglo-saxonne s'en tient à l'étude de la symbolique maçonnique (qu'on pourrait définir comme la comprehension de l'univers et de la place qu'y tient l'homme) et à l'entraide entre adeptes; la française, ou libérale, entend aussi agir sur la société, en vue, explique Marcel Samide, "d'apporter des améliorations à la condition de l'humanité et des gens". D'où, chaque année, l'obligation pour les loges d'étudier certains grands problèmes sociaux, économiques et concernant la paix (le convent, ou congrès annuel, fait ensuite la synthèse des travaux), d'où, également, l'influence considérable de la maçonnerie sur la societé française. Parce que, signale Marcel Samide, même si elles peuvent ne sembler être au départ que des "voeux pieux", "les idées mûrissent, inévitablement, et qu'elles finisent toujours par se frayer un chemin jusque dans la réalité quotidienne. "On peut agir au niveaux de la chambre des députés, du sénat, des municipalités".
(...)
En France, les ministres francs-maçons sont nombreux
Jamais, aux dires du grand maître adjoint du Grand Orient de France, Marcel Samide., il n'y eut autant de ministres franc-maçons en France qu'aujourd'hui, sinon sous la Troisieme république (1870-1940), où tous l'étaient. Il y en a eu du temps de De Gaulle, de Giscard d'Estaing, mais il n'y en avait pas autant que dans le moment.
Situation qui n'est pas exclusive à la France, Salvador Allende était franc-maçon, comme l'étaient de nombreux présidents des États-Unis: Washington, Madison, Franklin, Jackson, les deux Roosevelt, Wilson, Truman, Johnson, Gerald Ford. En 1975, de même, le Sénat des États-Unis et la Chambre des représentants comptaient, chez leurs élus, la moitié de francs-maçons.
Présente aux plus hauts niveaux de la vie politique française, la franc-maçonnerie a eu et a encore une influence marquée sur la société du pays, au point qu'un de ses ex grands maîtres, Jacques Mitterand, pouvait écrire, en 1975, dans la revue du Grand Orient, "Humanisme": "En raison même de leurs options politiques diverses, ils, (les francs-maçons) préparent ainsi, par textes précis, l'esprit et parfois la lettre même du projet de loi qu'une majorité d'homme de progrès seront susceptibles de voter dans leurs attributions parlementaires".
Un autre ex-grand maitre, Fred Zeller, déclarait en 76 au magazine "Crapouillot": C'est grace aux travaux effectués dans les loges que furent élaborées toutes les grandes lois qui marquèrent l'histoire contemporaine: abolition de l'esclavage dans les colonies, habitations à loyer modéré, statut des fonctionnaires, sécurite sociale, crédit agricole, loi sur la contraception, etc".
Marcel Samide: "L'école laïque française, c'est le fait de la maçonnerie. D'autres législations, sécurité sociale, allocations familiales, planning familial, etc. sont aussi nées, souvent, d'un travail qui a commencé en loge".
La Presse 25 mars 1982 (extraits)
Jacques Benoit
Morts, les franc-maçons?
Alors qu'il y a dix ans ils seraient devenus membres des Chevaliers de Colomb, une trentaine de policiers de la CUM viennent, dit-on dans le milieu maçonnique, d'adhérer à la plus puissante association de francs-maçons du Québec, la Grande loge du Québec.
Lire aussi, attentivement, la pétition récente parue dans "le Devoir" en faveur de la libération du journaliste salvadorien Victor Regalado: y figure, parmi nombre d'autres organismes, deux loges, (ou sections) maçonniques, la loge Montcalm du Grand Orient de France et la loge Liberté de l'Ordre mixte français et international du Droit Humain.
"Nous nous sentons le vent dans les voiles, Nous voulons faire savoir que nous existons. Nous sommes prêts à cela", explique M. André Demets, un spécialiste de la direction de personnel, membre de la loge Montcalm.
(...)
Situation conforme à l'état de fait qui a résulté de la Conquête, c'est, au Québec, la maçonnerie de tradition anglo-saxonne qui a le haut du pavé, la Grande Loge du Québec comptant dans les 10,000 membres, et peut-être même, dit-on, deux fois plus, dont bon nombre de francophones issus principalement du milieu des affaires.
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Mais rien ne dit que ces deux loges, très proches l'une de l'autre bien qu'elles appartiennent à des formations différentes, ne finiront pas par former le noyau d'où pourra sortir, eventuellement une autre grande loge québécoise. "Si le Grand Orient de France existe ici, ce n'est pas pour durer car nous estimons que tôt ou tard il devrait y avoir une obédience (grande loge) du Québec ou du Canada. C'est ce vers quoi nous tendons", expliquait récemment, dans une interview à LA PRESSE, le grand maitre adjoint (vice-président) du Grand Orient, Marcel Samide.
[commentaire antimacon: c'est effectivement ce qui s'est produit en 1992 avec la création du Grand Orient du Canada]
Les deux maçonneries
Différence fondamentale entre les deux grands courants de la franc-maçonnerie: alors que l'anglo-saxonne s'en tient à l'étude de la symbolique maçonnique (qu'on pourrait définir comme la comprehension de l'univers et de la place qu'y tient l'homme) et à l'entraide entre adeptes; la française, ou libérale, entend aussi agir sur la société, en vue, explique Marcel Samide, "d'apporter des améliorations à la condition de l'humanité et des gens". D'où, chaque année, l'obligation pour les loges d'étudier certains grands problèmes sociaux, économiques et concernant la paix (le convent, ou congrès annuel, fait ensuite la synthèse des travaux), d'où, également, l'influence considérable de la maçonnerie sur la societé française. Parce que, signale Marcel Samide, même si elles peuvent ne sembler être au départ que des "voeux pieux", "les idées mûrissent, inévitablement, et qu'elles finisent toujours par se frayer un chemin jusque dans la réalité quotidienne. "On peut agir au niveaux de la chambre des députés, du sénat, des municipalités".
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En France, les ministres francs-maçons sont nombreux
Jamais, aux dires du grand maître adjoint du Grand Orient de France, Marcel Samide., il n'y eut autant de ministres franc-maçons en France qu'aujourd'hui, sinon sous la Troisieme république (1870-1940), où tous l'étaient. Il y en a eu du temps de De Gaulle, de Giscard d'Estaing, mais il n'y en avait pas autant que dans le moment.
Situation qui n'est pas exclusive à la France, Salvador Allende était franc-maçon, comme l'étaient de nombreux présidents des États-Unis: Washington, Madison, Franklin, Jackson, les deux Roosevelt, Wilson, Truman, Johnson, Gerald Ford. En 1975, de même, le Sénat des États-Unis et la Chambre des représentants comptaient, chez leurs élus, la moitié de francs-maçons.
Présente aux plus hauts niveaux de la vie politique française, la franc-maçonnerie a eu et a encore une influence marquée sur la société du pays, au point qu'un de ses ex grands maîtres, Jacques Mitterand, pouvait écrire, en 1975, dans la revue du Grand Orient, "Humanisme": "En raison même de leurs options politiques diverses, ils, (les francs-maçons) préparent ainsi, par textes précis, l'esprit et parfois la lettre même du projet de loi qu'une majorité d'homme de progrès seront susceptibles de voter dans leurs attributions parlementaires".
Un autre ex-grand maitre, Fred Zeller, déclarait en 76 au magazine "Crapouillot": C'est grace aux travaux effectués dans les loges que furent élaborées toutes les grandes lois qui marquèrent l'histoire contemporaine: abolition de l'esclavage dans les colonies, habitations à loyer modéré, statut des fonctionnaires, sécurite sociale, crédit agricole, loi sur la contraception, etc".
Marcel Samide: "L'école laïque française, c'est le fait de la maçonnerie. D'autres législations, sécurité sociale, allocations familiales, planning familial, etc. sont aussi nées, souvent, d'un travail qui a commencé en loge".
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Une autre loge franc-maçonnique pourrait naître sous peu à Montréal.
La Presse 25 mars 1982
Jacques Benoit
Morts, les franc-maçons?
Alors qu'il y a dix ans ils seraient devenus membres des Chevaliers de Colomb, une trentaine de policiers de la CUM viennent, dit-on dans le milieu maçonnique, d'adhérer à la plus puissante association de francs-maçons du Québec, la Grande loge du Québec.
Lire aussi, attentivement, la pétition récente parue dans "le Devoir" en faveur de la libération du journaliste salvadorien Victor Regalado: y figure, parmi nombre d'autres organismes, deux loges, (ou sections) maçonniques, la loge Montcalm du Grand Orient de France et la loge Liberté de l'Ordre mixte français et international du Droit Humain.
"Nous nous sentons le vent dans les voiles, Nous voulons faire savoir que nous existons. Nous sommes prêts à cela", explique M. André Demets, un spécialiste de la direction de personnel, membre de la loge Montcalm.
La maçonnerie dans l'histoire
Perçue habituellement comme une force monolithique, la franc- Maçonnerie se partage, en fait, en de nombreuses factions souvent rivales regroupant au total, à travers le monde, quelque six millions et demi d'adeptes. Deux grands courants coexistent: d'un côté, la franc-maçonnerie de tradition anglo-saxonne, déiste (les membres sont tenus de croire en l'existence du Grand architecte de l'univers et en l'immortalité de l'âme), forte de six millions de francs-maçons dont cinq millions aux États-Unis; de l'autre, la maçonnerie liberale, d'origine française, présente surtout dans les pays francophones et latins, qui, elle, laisse à ses membres la liberté de croire en Dieu ou pas.
Vingt mille livres, dit-on, ont été écrits sur la franc-maçonnerie, ce qui est dire à quel point elle intrigue. Le mot en soi, "franc-maçon", nous renvoie à ses origines, vers 790, avec la formation en Angleterre des premières confréries ouvrière secrètes, formées d'abord essentiellement des bâtisseurs de cathédrales (maçons, architectes, ouvriers) libres en raison de leur métier, de toute espèce de liens d'ordre seigneurial et féodal. "Free mason", disaient les Anglais, "maçon libre". De ces regroupements à caractère d'abord uniquement opératif, et donc seulement préocupés de questions touchant le bâtiment, naissent, peu à peu, à compter du 14e siècle, les loges à caractère aussi spéculatif: les débats ne se limitent plus aux affaires concernant le métier de bâtisseur mais se portent, également, sur des questions philosophiques, sociales. Plus tard, vers 1600, sont admis au sein des loges des "maçons non opératifs", c'est-à-dire pratiquant des métiers autres que ceux du bâtiment. Enfin, en 1717, apparaissent à Londres les loges à caractère purement spéculatif.
C'est, déjà, la franc-maçonnerie moderne qui essaime d'Angleterre vers la France et le reste de l'Europe. Excommuniée en 1738, la maçonnerie n'en poursuit pas moins son expension et apparait, en 1773, le Grand Orient de France (un synonyme de grande loge, designant un regroupement indépendant de loges). C'est le premier pas de la maçonnerie française vers son émancipation, suivi, en 1877, d'un second pas, décisif celui-là: le Grand Orient annule l'obligation faite à ses membres de croire en Dieu - la maçonnerie sera aussi dorénavant libérale.
Situation conforme à l'état de fait qui a résulté de la Conquête, c'est, au Québec, la maçonnerie de tradition anglo-saxonne qui a le haut du pavé, la Grande Loge du Québec comptant dans les 10,000 membres, et peut-être même, dit-on, deux fois plus, dont bon nombre de francophones issus principalement du milieu des affaires. Côté maçonnerie strictement francophone, ou d'esprit français, rien, ou presque, sinon les deux loges citées plus haut et comptant chacune une trentaine de membres. (A noter, toutefois qu'il y eut vers 1751, avant la Conquète, des francs-maçons chez les officiers supérieurs des troupes venues de France,et qu'on soupçonne que Louis-Joseph Papineau,à cause de certaines expressions particulières à la franc-maçonnerie qu'il utilise dans une de ses lettres, en fut lui aussi. Enfin, première Association maconnique française en importance (dans les 30,000 membres répartis en quelque 550 loges), le Grand Orient de France maintint à Montreal pendant une quinzaine d'années, au tournant du siècle, une loge dont fut entre autres vénérable (président) l'ex-maire de Montréal Honoré Beaugrand.
Mais rien ne dit que ces deux loges, très proches l'une de l'autre bien qu'elles appartiennent à des formations différentes, ne finiront pas par former le noyau d'où pourra sortir, eventuellement une autre grande loge québécoise. "Si le Grand Orient de France existe ici, ce n'est pas pour durer car nous estimons que tôt ou tard il devrait y avoir une obédience (grande loge) du Québec ou du Canada. C'est ce vers quoi nous tendons", expliquait récemment, dans une interview à LA PRESSE, le grand maitre adjoint (vice-président) du Grand Orient, Marcel Samide.
Les deux maçonneries
Différence fondamentale entre les deux grands courants de la franc-maçonnerie: alors que l'anglo-saxonne s'en tient à l'étude de la symbolique maçonnique (qu'on pourrait définir comme la comprehension de l'univers et de la place qu'y tient l'homme) et à l'entraide entre adeptes; la française, ou libérale, entend aussi agir sur la société, en vue, explique Marcel Samide, "d'apporter des améliorations à la condition de l'humanité et des gens". D'où, chaque année, l'obligation pour les loges d'étudier certains grands problèmes sociaux, économiques et concernant la paix (le convent, ou congrès annuel, fait ensuite la synthèse des travaux), d'où, également, l'influence considérable de la maçonnerie sur la societé française. Parce que, signale Marcel Samide, même si elles peuvent ne sembler être au départ que des "voeux pieux", "les idées mûrissent, inévitablement, et qu'elles finisent toujours par se frayer un chemin jusque dans la réalité quotidienne. "On peut agir au niveaux de la chambre des députés, du sénat, des municipalités".
Et le fameux secret maçonnique? "Le secret, répond-il, c'est celui de la personne qui été initiée, et elle est incapable de le décrire. C'est un secret absolument incommunicable, C'est ce que la personne ressent et que vous ressentiriez différemment si vous aviez été initié en même temps." Reste à savoir à quoi on initie, et là-dessus, perce dans ses propos, cette conscience, commune semble-t-il à toute la maçonnerie, de la supériorité du maçon sur le commun. "On part d'un principe: si tous les gens avaient le sentiment d'être parfaits, l'initiation ne serrait pas nécéssaire. On part donc du principe que l'individu a reçu une éducation plus ou moins, faussée, précise-t-il, basée sur la religion ou une morale fondée sur des interdits, qu'on ne lui a pas appris à pratiquer la tolérance mais à bâtir des barrières entre les individus. L'initiation, c'est d'abord avoir la conscience qu'on est très imparfait, qu'on a la possibilité de pouvoir s'améliorer. C'est à la fois la mort de l'individu tel qu'il était et une renaissance fondée sur des critères différents. Le pas en avant est moral, psychologique, sur tous les plans".
Le travail en loge
Quant au travail en loge, il est soumis, dit-il, à certaines règles bien préçises, les trois premier degrés, apprenti, compagnon et maitre, reflétant fidèlement, par ailleurs, par leur appellation, les origines de la maçonnerie, née comme on le sait chez les travailleurs manuels.
Ainsi jusqu'à ce qu'il devienne compagnon, au bout ordinairement d'environ un an, l'apprenti n'a pas le droit de parole, "il utilise d'autres sens, il écoute, il observe". "Quand ils deviennent compagnons, ils peuvent s'exprimer, mais ils doivent demander la parole, ne pas se répéter, ne pas parler trop longtemps. S'ils ne sont pas d'accord, ils peuvent le dire, avec une certaine correction. Aussi, ils doivent faire preuve d'esprit de synthèse et cultiver leur esprit critique. Les applaudissements, ça n'existe pas. Quand quelqu'un a dit ce qu'il avait à dire, il s'assied. Et pas de dialogues à deux.
Posture que doivent prendre les maçons pour parler: debout, dit-il, la main droite sous le cou. la gauche tombante, ce qui "influe sur la façon de s'exprimer."
En France, les ministres francs-maçons sont nombreux
Jamais, aux dires du grand maître adjoint du Grand Orient de France, Marcel Samide., il n'y eut autant de ministres franc-maçons en France qu'aujourd'hui, sinon sous la Troisieme république (1870-1940), où tous l'étaient. Il y en a eu du temps de De Gaulle, de Giscard d'Estaing, mais il n'y en avait pas autant que dans le moment.
Situation qui n'est pas exclusive à la France, Salvador Allende était franc-maçon, comme l'étaient de nombreux présidents des États-Unis: Washington, Madison, Franklin, Jackson, les deux Roosevelt, Wilson, Truman, Johnson, Gerald Ford. En 1975, de même, le Sénat des États-Unis et la Chambre des représentants comptaient, chez leurs élus, la moitié de francs-maçons.
Présente aux plus hauts niveaux de la vie politique française, la franc-maçonnerie a eu et a encore une influence marquée sur la société du pays, au point qu'un de ses ex grands maîtres, Jacques Mitterand, pouvait écrire, en 1975, dans la revue du Grand Orient, "Humanisme": "En raison même de leurs options politiques diverses, ils, (les francs-maçons) préparent ainsi, par textes précis, l'esprit et parfois la lettre même du projet de loi qu'une majorité d'homme de progrès seront susceptibles de voter dans leurs attributions parlementaires".
Un autre ex-grand maitre, Fred Zeller, déclarait en 76 au magazine "Crapouillot": C'est grace aux travaux effectués dans les loges que furent élaborées toutes les grandes lois qui marquèrent l'histoire contemporaine: abolition de l'esclavage dans les colonies, habitations à loyer modéré, statut des fonctionnaires, sécurite sociale, crédit agricole, loi sur la contraception, etc".
Marcel Samide: "L'école laïque française, c'est le fait de la maçonnerie. D'autres législations, sécurité sociale, allocations familiales, planning familial, etc. sont aussi nées, souvent, d'un travail qui a commencé en loge".
L'ordre de Jacques-Cartier,Perspectives, La Presse, 23 octobre 1976
PAR CLAUDE MARCIL
Pendant quarante années, cette société secrète francophone et catholique a tissé une toile d'araignée qui s'étendait du Québec à la Louisiane et de la Colombie britannique au Massachusetts. Dans la discrétion la plus totale, l'Ordre de Jacques-Cartier a milité sur tous les champs de bataille linguistiques clé de l'Amérique du Nord. Il comptait quarante mille membres à l'aube de la Révolution tranquille, au moment où il acceptait le principe de l'autodétermination du Québec. Sept années plus tard il n'en restait aucun. Sa mort a été aussi secrète que son existence, et aujourd'hui encore des anciens de l'Ordre se demandent si par hasard...
Ottawa, automne 1926. Les fonctionnaires francophones fédéraux de la capitale nationale en ont ras le bol. Ils végètent dans leurs postes inférieurs de l'administration. Sans espoir. Leurs patrons sont anglophones et favorisent des anglophones qui sont comme eux protestants. L'employé anglophone peut rencontrer son patron lors d'une réunion d'une quelconque loge maçonnique ou lors d'une démonstration des orangistes. En Ontario, ça aide. Les francophones n'ont espoir que dans le changement de gouvernement et ils constatent, en ce mois d'octobre 1926, que plus ça change, plus c'est pareil. Treize ans auparavant, le Provincial Department of Education de l'Ontario avait adopté le Règlement 17 imposant l'anglais comme langue unique d'enseignement à l'élémentaire. Une guerre et quelques premiers ministres plus tard, rien n'avait changé. Et pourtant les francophones s'étalent battus. Des mères de famille d'Ottawa avaient défendu leurs écoles avec des aiguilles à tricoter, défiant tous les efforts d'intervention de la part des autorités. On avait pétitionné à la planche, battu aux élections les conservateurs et créé un courant d'entraide entre tous les francophones du pays. Rien ne changeait, les manoeuvres en coulisse, sabotaient tous les efforts des francophones et Ottawa se préparait à recevoir la kyrielle de dignitaires anglophones venus pour conférence impériale.
Un soir, quatorze fonctionnaires fédéraux se réunissent dans un presbytère de la paroisse Saint-Charles les d'Ottawa. Tous catholiques convaincus et Franco-Ontariens, ils discutent de la difficulté d'accéder à des postes supérieurs, et des problèmes que leur causent les loges maçonniques et les orangistes. L'un des fonctionnaires a alors une idée brillante; pourquoi ne pas créer une société secrète qui défendrait tes Canadiens Français? L'Ordre de Jacques-Cartier était né.
Les anglophones sont puissants, détiennent tous les pouvoirs et les fondateurs de l'Ordre ne désirent pas se déguiser en chômeurs. L'Ordre sera totalement secret. Certaines sociétés secrètes ne le sont qu'à moitié. On ne sait pas trop se qui s'y passe mais on sait qu'elles existent. On peut trouver dans l'annuaire le numéro de téléphone des Chevaliers de Colomb ou des francs-maçons. L'Ordre de Jacques-Cartier cachera toujours son existence et son activité.
Même si ce n'était que pour toucher les chèques, l'Ordre a besoin d'un écran: ce sera l'Association culturelle canadienne. Difficile de trouver plus vague de ce côté-ci des Rocheuses. Pas question non plus de connaître le nom d'un membre de cette Association, le camouflage ne durerait pas longtemps. L'Ordre procède avec prudence; c'est un club sélect où l'on n'est reçu que sur invitation.
En décembre de la même année, fondation de la première cellule -appelée commanderie par les frères- la cellule Dollard d'Ottawa. Pendant des mois, les frères de l'Ordre étudient un candidat possible, s'informent sur son catholicisme et son nationalisme et aussi sur sa discrétion car il interdit aux membres d'en parler même à leur épouse. Si cette dernière se demande où va son mari, ce dernier peut lui répondre d'appeler le curé. Le curé d'une paroisse est souvent l'aumônier de la commanderie de la paroisse. Après un certain laps de temps, un frère frère est mandaté par la commanderie pour approcher le futur frère.
II faut finasser car à toutes fins pratiques, il faut expliquer à un bon catholique qu'il a été choisi par une association qu'on ne peut pas nommer en vue de faire des choses qu'on ne peut pas préciser. Et il faut payer. On ajoute cependant qu'il rencontrera des connaissances dans le mouvement. Au début des années 30, cinq milles personnes n'ont ainsi appris le nom de l'organisation qu'après avoir été initiées. L'Ordre se développe. Une année après sa fondation, il ordonne aux frères: "Noyautez les organisations canadiennes afin de faire passer nos idées". Ce sera fait. L'Ordre vise un double but: être représenté partout où il y a des Canadiens Français et noyauter ou contrôler toutes les organisations.
C'est d'autant plus facile que la plupart des membre sont des notables, des bourgeois, des gars honorables qui font partie de plusieurs organismes à la fois. Ils noyautent les caisses populaires, les conseils d'administration des commissions scolaires et des organismes culturels. Ils sont inspecteurs d'école, professeurs, journalistes, vendeurs d'assurances. Pas de femme et peu d'ouvriers ou d'agriculteurs. Dévoués, ils suivent aveuglément les ordres. Les quatorze fondateurs sont inamovible et ce sont eux qui décident qui sera chancelier et siégera avec eux. C'est l'état-major de l'Ordre et c'est l'état-major, qui prend les décisions. À Montréal, une commanderie sera dissoute car les montréalais se voulaient trop indépendants d'Ottawa.
Les divisions administratives sont ecclésiastiques. Dans une paroisse, une Commanderie a à sa tête un Grand Commandeur. Tous les Grands Commandeurs du diocèse forment le Conseil régional. Quels que soient les pouvoirs du Conseil l'autorité des chanceliers est totale. derrière Gouin, derrière Duplessis, les frères de l'Ordre travaillent à la mise sur pied de l'Alliance qui deviendra l'Union nationale, victorieuse en 1936. L'Ordre se réjouit, deux des ministres de Duplessis sont membres de l'Ordre, sans compter les députés. L'Ordre verse aussi dans l'antisémitisme par le biais du mouvement l'Achat chez nous qu'il contrôle et du journal la Boussole qu'il finance. Lorsque la guerre de 39 éclate en Europe, l'Ordre compte dix mille membres.
Pour l'Ordre, pas question de laisser les Canadiens Français se faire flamber en Europe. L'Ordre est contre la conscription, et s'active en coulisse lorsque le 15 novembre 1941 l'hebdomadaire le Jour dénonce l'Ordre sur sept colonnes. Pendant dix semaines, Jean-Charles Harvey s'acharne contre l'Ordre, dénonçant son patriotisme, révélant sa devise et son mot d'ordre, nommant ses membres. Malheureusement pour Harvey, une attaque de sa part est une garantie de nationalisme pour la "victime". Jean-Charles Harvey est l'auteur d'un livre qui a fait scandale, les Demi-Civilises, et pour un Canada tel qu'il existe. Le seul résultat est que la Gendarmerie royale commence à s'intéresser aux frères de l'Ordre qui deviennent encore plus secrets. Un frère déclarera plus tard: "Être dans l'Ordre était ma seule façon d'entrer dans le maquis." L'Ordre recrute, noyaute le Bloc Populaire et toute la campagne anticonscription. L'incident Harvey semble oublié lorsque Télesphore Damien Bouchard fait son discours choc au sénat en 1944.
Dans ce discours, le sénateur T.D. Bouchard s'attaque à l'étroitesse de vue du peuple canadien-français, son racisme, à l'attitude ségrégationniste du clergé catholique et dénonce l'existence d'une société secrète, "une armée de l'ombre" travaillant à diviser le Canada et en saper les institutions. Bouchard ne se doutait pas à quel point il avait raison en parlant d'armée de l'ombre. Tous les organismes canadiens-français se seulèvent du même coup. Bouchard était franc-maçon et ne s'en cachait pas. Il attaquait tout le monde et l'Ordre en plus. En moins d'une semaine, il est dégommé de son poste de président de l'Hydro-Québec et le Premier ministre Adélard Godbout doit le désavouer. Pendant des années on dira à ceux qui s'opposent à l'Ordre de se souvenir de Bouchard. Il faudra en effet attendre 19 années avant que quelqu'un parle de l'Ordre au Québec, et, pendant ces années, l'Ordre ne sera pas inactif.
Après la guerre, l'Ordre réussit à imposer ses vues au premier ministre Duplessis —faut le faire- et le force à adopter le fleurdelysé comme drapeau officiel du Québec. Au niveau municipal, l'Ordre s'attaque à la pègre montréalaise grâce au comité de moralité publique où l'on retrouve les "frères" Jean Drapeau, Pierre Desmarais, J.Z.L. Patenaude qui réussissent grâce, au travail Infatigable du frère Pax Plante, à nettoyer -temporairement- la Ville de Montréal. L'Ordre devient dans les années cinquante l'épine dorsale de la francophonie en Amérique du Nord. Il y a des frères partout, en Louisiane, au Massachusetts, en Alberta, dans les Territoires du Nord-Ouest. Partout où les droits des catholiques français sont menacés il y des frères de l'Ordre qui appellent à l'aide les autres frères du Canada qui envoient des secours: création du Dix Sous de la
survivance, collectes pour le journal acadien, l'Evangéline en difficultité, collectes pour l'église de Chéticamp... Ses mots d'ordre sont répercutés dans la presse avec une vitesse incroyable. Les éditorialistes du Devoir sont tous des frères -Gérard Fillion, Pierre Vigeant, Pierre Laporte- d'autres Journalistes encore au Droit, à L'Action catholique et dans les petits hebdos le Progrès du Saguenay, le Clairon de Saint-Hyacinte... L'Ordre rayonne dans une série d'organismes qui vont des compagnies d'assurances canadienne françaises aux groupements d'éducation de culture et de commerce. L'Ordre a toujours prôné l'émancipation économique des Canadiens français, ce qui ne l'empêche pas de couler un million de dollars dans une compagnie de gestion particulièrement inopérante. La grande spécialité reste l'éducation. Les frères Paul Desrochers, Gérard Fillion, Roland Vinette s'activent au Département de l'instruction publique —ancêtre de notre ministère de l'Education— et dans les commissions scolaires. La première commission scolaire régionale au Québec sera fondée par les frères.
Dans les séminaires, des prêtres de l'Ordre surveillent les éléments prometteurs et les suggèrent comme candidats de l'Ordre. L'Ordre suscite la fondation des Chevaliers de Champlain et des Dames de Champlain. Il fonde aussi le Club Richelieu afin d'empêcher les Canadiens français d'être attirés par les Moose, les Elks, les Lions ou autres mammifères anglophones.
L'Ordre est au faite de sa puissance et, pourtant, il y a un malaise. Les militants reprochent de plus en plus à l'Ordre de s'occuper de détails et de mener des luttes inutiles. L'obsession du secret aussi n'est pas sans agacer le militant qui découvre de plus en plus un Québec qui bouge. En même temps que l'Ordre s'active à fonder les Chevaliers de Champlain, un
jeune professeur des Hautes Études commerciales fonde l'Alliance laurentienne. Le frère Raymond Barbeau ne se doute pas que l'agonie de l'Ordre commence.
Deux années plus tard, Marcel Chaput, commandeur de la région de Hull, invite Barbeau à exposer devant quelques personnes ses théories sur l'indépendance. Chaput demande à être reçu par la chancellerie pour y présenter un mémoire sur l'indépendance du Québec. A force d'insister, Chaput se retrouve un jour devant le Grand Chancelier, Pierre Vigeant, journaliste au Devoir. Celui-ci accepte de mettre sur pied un comité dont Chaput sera secrétaire. Cinq membres de l'Ordre sont chargés d'étudier les différents aspects de l'indépendance du Québec. En février 60, quatre mois avant le début de la Révolution tranquille, le comité remet son rapport avec trois conclusions explosives: 1° les Canadlens français forment une nation, 2° s'ils forment une nation, ils ont droit a l'autodétermination 3° les membres de l'Ordre ont liberté d'action et de pensée. La chancellerie accepte le rapport et se dépêche de le mettre sur les tablettes. Chaput demande que le rapport soit publié dans l'Emérilion, journal secret de l'Ordre, et que le thème de l'indépendance soit discuté lors de la prochaine réunion générale de l'Ordre. La chancellerie refuse, Chaput résiste et fonde avec Barbeau et d'Allemagne le R.I.N., Rassemblement pour l'indépendance nationale. En février 61, Chaput est expulsé de l'Ordre. Deux nationalismes s'affrontent au sein de l'Ordre, les séparatistes, qui sont de plus en plus nombreux, et les fédéralistes. La déchirure s'accentue. Le frère séparatiste voit difficilement comment il pourrait en même temps appuyer la monnaie bilingue, les chèques bilingues et autres bébelles bilingues alors qu'il pense en termes de timbres québécois et de chèques unilingues français. L'Ordre continue de solliciter des fonds pour la refrancisation des rues banales dans des villages. Les militants de l'Ordre découvrent que les chanceliers sont devenus des étrangers pour eux, Québécois.
la chancellerie compte une majorité de Chanceliers qui ne sont pas Québécois. Elle représente de moins en moins le Québec. En plus, pour faire des économies, la chancellerie compte beaucoup de personnes qui viennent de la région Ottawa-Hull. Les Québécois renâclent de plus en plus. L'Ordre s'inquiète enfin et fait parvenir aux frères un questionnaire via l'Émérillon. Les conclusions ne sont pas dévoilées et les résultats vont rejoindre la même tablette que le rapport Chaput. L'Ordre se fossilise.
Pour résoudre la crise, des frères québécois proposent une série de mesures pour sauver l'Ordre: le transfert du siège social de l'Ordre à Montréal, la priorité accordée aux problèmes du Québec, l'abolition du caractère secret de l'Ordre et l'ouverture aux femmes, aux ouvriers et aux agriculteurs. La chancellerie ne réagit pas. Par contre, la S.S.J.B. constate que, prenant ses distances vis-à-vis de l'Ordre, elle retrouve un dynamisme oublié. En 1963, le secret tombe,
Charles-Henri Dubé avait longtemps hésité avant d'écrire sur l'Ordre dont il avait été membre. Son article dans le Macclean fait sensation. Dans les réunions de l'Ordre on ne parle que de cela. Officiellement pas de réactions sauf les téléphonesanonymes et le vide autour de Dubé. Un an plus tard c'est au tour de Roger Cyr de révéler les secrets de la Patente -nom donné à l'Ordre de Jacques-Cartier dans la région de Montréal- dans une série d'articles publiés en mars et en avril soit juste avant le congrès de l'Ordre prévu pour le mois de mai. En prévision de ce congrès, le conseil provincial de l'Ordre, présidé par Rosaire Morin, élabore un manifeste canadien-français à la rédaction duquel participent Gérard Fillion, Jean-Marc Léger, François Albert Angers, Mgr Victor Tremblay et beaucoup d'autres forts en neurones. En gros, le manifeste préconise une formule d'États associés et insiste sur l'importance d'une politique de reconquête économique. Le manifeste recommande aussi des mesures qui sapent le pouvoir de la chancellerie. L'Ordre, qui défend depuis près de quarante ans les minorités et qui ne peut se recycler en fonction du Québec, refuse. L'Ordre sait aussi que, sans le Québec, le sort des minorités françaises n'intéressera plus que les démographes.
Devant le refus de l'Ordre, les éléments les plus actifs désertent. Ils quittent, ne vont plus aux réunions et n'envoient plus d'argent. L'Ordre de Jacques-Cartier se meurt d'anémie. Rosaire Morin réussit à réchapper une majorité de frères et fonde l'Ordre de Jean-Talon qui endosse le manifeste, se veut uniquement québécois et se consacre aux problèmes du Québec. Un groupe de conservateurs refusent le principe des Etats associés et fondent la société Renaissance sous la direction de Napoléon Piotte. L'Ordre de Jean Talon continue et, rapidement, on l'accusa de noyauter les Etats-Généraux qui sont convoqués pour l'année 67. Rosaire Morin quitte la présidence de l'Ordre pour se consacrer uniquement aux Etats-Généraux du Canada français. Une année après le départ de Morin, le conseil exécutif se dissout. Le règne des sociétés secrètes était-il terminé?
De 40 000 membres en 1960, l'Ordre était passé à 12 000 quelques années plus tard. En 74, on signalait des réunions de l'Ordre de Jean-Talon dans la région de Trois-Rivières et l'Ordre de Jacques-Cartier joue peut-être encore un rôle chez lesminorités francophone des autres provinces. Selon un ancien de l'Ordre, celui-ci existerait toujours au Nouveau-Brunswick et peut-être ailleur...
Article paru dans l'Emerillon, le journal de l'Ordre de Jacques-Cartier.
Notez que Gérard Fillion, dénoncé dans cet article était à l'époque lui-même membre de L'O.J.C (infiltration par le Grand Orient de L'O.J.C?)
Dénonciation du mouvement laïciste
La virulence du mouvement laïciste dans la province de Québec s'est manifestée spécialement à l'occasion de la demande d'autorisation d'une nouvelle Université à Montréal par les Pères Jésuites. Tous les éléments gauchistes, à commencer par ceux de Radio-Canada, ont lancé une violente campagne contre ce projet.
Quelques-uns ont avoué le véritable motif de cette levée de boucliers: l'érection d'une nouvelle université catholique retarderait l'avènement de l'université laïque dont lis rêvent.
Ce projet gênait un mouvement d'ensemble qui se préparait en sourdine, pour réclamer la séparation de l'Église et de l'État et la laïcisation de l'enseignement dans la province de Québec. C'est ce qui explique la fureur avec laquelle il a été combattu même par des gens ne connaissant absolument rien des questions universitaires.
La manœuvre en six étapes
Le projet des Jésuites ajourné, la manœuvre vers la laïcisation de l'enseignement s'est développée en suivant ces étapes:
1° Émission de Radio-Canada, le 10 novembre 1960, avec M. Maurice Blain (auteur d'articles anticléricaux dans la revue gauchiste CITE LIBRE), sur le sujet de la laïcisation de l'enseignement.
2° Lettre de Maurice Blain à Gérard Fillion, sur le même sujet, insérée dans LE DEVOIR du 15 novembre.
3° Fondation d'une ASSOCIATION LAÏQUE DE LANGUE FRANÇAISE, avec Maurice Blain à la présidence et deux gauchistes bien connus de Radio-Canada, Judith Jasmin et Pierre Leboeuf, respectivement à la vice-présidence et au poste de trésorier.
4° Premières manifestations publiques de cette Association qui donne des entrevues aux journaux en réclamant "la séparation de l'Église et de l'Etat dans le Québec". Le président précise l'objectif: "Reconnaissance du principe de la non-confessionnalité de l'enseignement public à tous les niveaux".
5° Pétition mise en circulation par un groupe de femmes, au premier rang desquelles figurent des collaboratrices de Radio-Canada, pour demander au gouvernement provincial "la création d'écoles laïques primaires et secondaires dans les grands centres".
6° Organisation d'un congrès de l'Association laïque, le 8 avril, à l'Université de Montréal.
Nous n'en voulons pas!
Nous sommes donc devant une offensive de grand style, qui vise l'école laïque, au collège laïc, à l'université laïque, c'est-à-dire à l'enseignement laïque et neutre à tous les degrés.
Les Initiateurs de ce mouvement prennent la précaution élémentaire de se défendre de tout esprit antireligieux, voire de tout esprit anticlérical. CETTE RUSE NE DOIT TROMPER PERSONNE. L'école laïque est indirectement et essentiellement responsable de la déchristianisation de la France. Elle entraînerait le même résultat au Canada français.
Notre population est catholique et attachée à sa religion, dans la proportion de 90%. La minorité ne professant pas le catholicisme est
traitée dans notre province avec une entière générosité. Elle ne saurait invoquer, et d'ailleurs elle n'invoque pas le moindre grief. Nous ne voulons à aucun prix renoncer à la formation chrétienne de nos enfants pour plaire à une poignée d'intellectuels ou pseudo-intellectuels, matérialistes et révolutionnaires. Les fondateurs et animateurs de l'Association laïque de langue française nous trouveront en travers de leur dessein, Ils doivent se le tenir pour dit.
Couronnement d'un vaste mouvement
Le mouvement laïciste couronne un vaste mouvement gauchiste, à l'oeuvre dans le Québec depuis quelques années.
Il convient de remarquer la prépondérance des collaborateurs de Radio-Canada et des collaborateurs de CITE LIBRE au sein du mouvement laïciste. Le groupe de CITE LIBRE jouit depuis longtemps des faveurs de Radio-Canada. N'oublions pas que les évêques de la province, dans leur lettre du 19 mai 1959, n'incriminaient pas seulement l'émission scandaleuse de "La plus belle de céans", mais "les nombreux programmes de la télévision, secteur français, qui battent en brèche, comme de propos délibéré, les plus hautes valeurs de la foi et de la morale chrétiennes."
Le mouvement gauchiste, appuyé par la presse et les émissions culturelles de Radio-Canada, a conquis d'importantes positions dans tous les milieux, ouvriers et bourgeois, politiques et religieux. N'est-il pas prodigieux que l'Association laïque de langue française, réclamant la laïcisation de l'enseignement, puisse tenir ses assises dans un local de notre université catholique de Montréal?
Le parti communiste, qui est à la pointe du mouvement gauchiste, se vante de réaliser des progrès rapides dans notre province. La "Revue
Socialiste de Montréal", dans un de ses numéros, a publié des noms de personnes, hostiles au mouvement révolutionnaire, qu'il faudrait fusiller quand nous ferons notre révolution à la Fidel Castro. Et tout
récemment, Jean-Pierre Fournier, qui occupe d'importantes fonctions au au Congrès canadien du Travail, déclarait à la revue MACLEAN'S:
"Ce que je veux n'est rien de moins qu'une révolution, et rien de moins que ce que Cuba fait actuellement. Je ne le veux pas dans vingt ans, mais demain". (25 mars 1961)
Conclusions
C'est à la révolution qu'on veut nous conduire. A une révolution religieuse en même temps que politique et sociale. La propagande anticatholique marche de pair avec la propagation de l'esprit marxiste.
Nous sommes décidés, quant à nous, à empêcher la révolution. Nous sommes décidés à défendre notre religion et nos traditions. Nous invitons tous les Canadiens français à se tenir en alerte, à veiller avec nous et à agir jusqu'au sacrifice suprême s'il le faut.
Ce manifeste est adopté par de nombreux groupements de Canadiens français dont la liste sera publiée d'ici peu.
(Institut de Recherches
nationales)
Article de A.-J. Lemieux (celui qui enquêta sur la loge l'Émancipation) à propos d'un discours du député libéral Godfroy Langlois (FM notoire de la loge l'Émancipation) au club libéral Laurier.
le nationaliste, 16 fevrier 1908 page 4
http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/nationaliste/
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A COEUR OUVERT
M. Weir et Langlois s'épanchent dans le sein du club israélite Laurier. M. Weir déclare que les immigrants juifs, à leur arrivée, sont déjà supérieurs aux habitants du pays.
Lundi dernier, 10 février, le club israélite libéral Laurier conviait ses membres à entendre MM. Weir et Langlois. Le "Canada" a fait de cette assemblée un compte-rendu, sinon inexact, du moins incomplet. J'ai cru que les lecteurs du "Nationaliste" seraient bien aisés de se renseigner sur cette réunion.
Parti avec deux compagnons, ceux-ci me laissent seul, pour un moment et j'arrive à la porte en même temps que le président.
Comme je veux entrer, le portier me demande si je représente quelque corps particulier.
— Non, lui dis-je: mais en ma qualité de libéral j'aimerais à entendre MM. Weir et Langlois.
— Bienvenu alors, répond-il.
Entré dans la salle, je fais les cent pas, examinant attentivement les décorations. J'y remarque trois cadres. L'un renferme la charte de Montréal et les deux autres, placés à droite et à gauche, des triangles.
Le plafond est couvert de petits drapeaux semés de triangles. Par-ci, par-là des serpents tricolores entrelacés. Au milieu de ce décor, on aperçoit les portraits de M. Gouin et de M. Laurier. Celui de M. Gouin est encadré de deux drapeaux: le tricolore, et le blanc peint de bandes noires, avec au centre des triangles. Celui de M. Laurier est entouré de drapeaux anglais, français et américains. Pour lui, pas de triangles.
De chaque côté de la salle, quatre grands drapeaux: d'un côté le tricolore croisant à la hampe le blanc-noir, avec ses triangles au centre; de l'autre le drapeau anglais croisant ainsi que le premier, le blanc-noir avec des triangles. Le tout se déployant sur l'immense fond rouge que forment les murs et l'ameublement couleur rouge-sang.
Mais déjà une centaine de Juifs sont arrivés, et bientôt MM. les orateurs font leur apparition au milieu des applaudissements.
Me voyant tout entier à mes notes, le président, M. Miller, s'approche et me demande si je suis reporter.
— Non pas, Monsieur.
Le président échange alors quelques mots avec M. Langlois, qui me favorise d'un long regard, comme pour dire: "Est-il gênant un peu, celui-là?"
Les discours commencent. Le président se lève et dit en substance: "Je souhaite la bienvenue à M. Weir, qui est un Vieil ami des Hébreux, et à M. Langlois qui est ici chez des frères."
Ces mots sont soulignés d'applaudissements et de rires. Puis vient M. Weir.
"M. Langlois," dit-il, m'a souvent parlé de ses fidèles amis les Hébreux, qui s'occupent avant tout de l'instruction de leurs enfants, et je puis vous assurer que M. Langlois lui-même prend un grand intérêt à la cause de l'instruction publique.
"Les chrétiens doivent des excuses à la nation juive pour toutes les accusations qu'ils ont portées contre elle relativement aux désordres qui ont eu lieu dans les vieux pays. Ces troubles, presque toujours, ont été fomentés par les chrétiens eux-mêmes, et par des privilégiés ou des gens avides de privilèges. Mais heureusement pour nous libéraux, ce sont toujours des conservateurs qui ont agi ainsi.
"L'Angleterre avait décrété le bannissement des Juifs par tout le royaume. Ce sont 'les conservateurs qui furent les promoteurs de cette loi. Mais bientôt reconnaissant le bien qu'accomplissait la nation juive dans d'autres pays un libéral, Cromwell, fait annuler ce décret, ouvre aux juifs les portes de l'Angleterre et leur donne droit de vote comme à tous les autres citoyens.
"Comme je le disais, les Juifs ont beaucoup fait pour le monde entier et ils sont appelés à jouer un grand rôle dans ce beau Canada. (Applaudissements prolongés.)
"Tout ce que les chrétiens possèdent leur vient des Juifs et ils devraient être reconnaissants envers cette nation, qui leur a donné la loi de Moïse, la sagesse de Salomon, les cantiques de David, l'éloquence de Paul. Et même, d'après leurs croyances, leur propre Dieu. En un mot, tout ce qu'ils ont de plus cher, ils le doivent aux ancêtres de ceux qu'ils persécutent aujourd'hui de par le monde.
"Je suis vraiment surpris de voir les chrétiens si opposés aux grands principes qui furent la base de la civilisation léguée au genre humain par la race juive.
"Il est vrai que les Juifs n'ont pas de patrie; mais leur mission est d'alleur semer par le monde la paix, l'harmonie et les principes qui mènent infailliblement au progrès et au bien-être des peuples.
"Ils furent les premiers à approfondir les sciences dont nous bénéficions; et si nous savons lire et écrire, si nous connaissons les mathématiques, nous en sommes redevables à la race juive: C'est elle en effet qui a doté les chrétiens de toutes ces découvertes.
"Mais, prenez patience: le jour n'est pas éloigné où, sous le beau ciel du Canada, les Juifs et les chrétiens vivront sur un pied parfait d'égalité.
"Qu'il est beau de voir une nation éparse par le monde, en minorité presque partout, mais dont tous les membres s'inspirent d'une même foi, se guident par les mêmes principes, et cette minorité être la classe dirigeante des trois-quarts du monde.
"J'ai été heureux de constater que la race juive se mêle à la population de cette province, et je constate que dans Labelle, déjà, plusieurs cantons sont essentiellement juifs. Presque toute l'immigration juive se compose des persécutés du vieux monde. Lorsqu'ils mettent le pied sur notre sol, ce pays de liberté, n'est-ce pas qu'ils respirent à l'aise? (Longs applaudissements.)
"Donc, chacun de vous doit être un libéral, puisque ce mot est synonyme de liberté. Soutenez le parti libéral et vos services seront reconnus. Car le parti libéral n'a pas de préjugés et traite avec une égale équité toutes les races.
"Après 1867 vous voyez au Canada un parti politique qui dépense l'argent du peuple, le ruine en le taxant d'une manière que seul le despotisme peut inventer. C'étaient des Conservateurs. Mais depuis 1896 les choses se passent bien autrement, et les Libéraux qui gouvernent tentent de mettre sur un pied d'égalité toutes les races, comme cela doit être dans un pays de liberté. (Applaudissements.)
"Pour revenir à l'instruction publique, je suis heureux de constater que l'éducation que reçoivent vos enfants dans les écoles publiques est de beaucoup supérieures à celle des écoles chrétiennes.
"Je suis heureux de constater aussi l'affluence de l'immigration juive. Cela me permet d'espérer que plus tard nous aurons une classe dirigeante très instruite, puisque, même à leur arrivée, ces immigrants sont déjà supérieurs aux habitants du pays. (Longs applaudissements.)
Le président Miller remercie l'orateur, et dit que les Juifs veulent aider au parti libéral à faire du Canada un pays moderne et grand. (Applaudissements.)
C'est le tour de M. Langlois. Il semble gêné, presque paralysé. Est-ce de voir devant lui le reporter improvisé?
"En bons confrères, ,dit-il en substance je sais que vous m'excuserez, si je ne vous fais pas un long discours: je suis indisposé ce soir.
"Dans le gouvernement de cette Province, où la majorité est canadienne-française, M. Weir est le représentant de la minorité, c'est-à-dire, des protestants. En conséquence je puis vous assurer de son estime pour les Juifs qui sont aussi de la minorité.
"Il a été un brillant avocat des réformes éducationnelles et je puis prédire que bientôt cette cause triomphera sur toute la ligne. Vous le savez, l'intolérance sévit parmi nous; j'en ai été moi-même victime à plusieurs reprises. Mais les Libéraux ont l'esprit large et un homme politique ne doit pas s'occuper des critiques d'un chacun, mais suivre le programme qu'il s'est tracé. (Applaud. L'orateur sourit.)
"Les Catholiques me blâment de prendre les intérêts des Hébreux. Mais peu importe: Ces Catholiques ne figurent pas dans nos rangs. (Applaud.)
"Sir Wilfrid est arrivé au pouvoir au moment des difficultés scolaires du Manitoba. Depuis il a extirpé les idées mesquines et étroites, fruit des préjugés de races et de religions. Il a réglé cette question à la satisfaction de tous.
"Par sa conduite et son triomphe, il a démontré clairement qu'on ne doit pas mêler la religion et la politique. (Applaud.)
"J'ai dit souvent à M. Weir que le club libéral Laurier avait de belles réunions et que le peuple juif était composé de patriotes sur lesquels nous pouvions compter en toute occasion.
"J'espère qu'aux prochaines élections vous saurez le prouver. (Cris et applaudissements.)
Suit à la tribune, M. A.-P. Pigeon, président du club Saint-Louis.
"Je ne vous demande qu'une chose, dit-il, c'est d'être attachés comme un seul homme à notre vaillant ami M. Langlois. (App.)
"Ralliez-vous au parti libéral et particulièrement à M. Langlois. (App.)
Après des remerciements le deuxième vice-président termine en disant:
"Si, aux prochaines élections, M. Langlois a un adversaire, ce dernier aura fort à faire avec le club Laurier."
Voilà M. le Directeur, les renseignements que j'ai cru opportun de donner pour l"instruction" de vos lecteurs.
Vive l'instruction !
A.-J. Lemieux
Montréal, 15 février 1908
LE POISON MAÇONNIQUE
Étude sur la naissance et le développement, en notre pays, de la franc-maçonnerie du Grand Orient de France.
Par M. l'abbé Antonio Huot. (Québec 1911)
Avec permission de l'Autorité Ecclésiastique.
I
BUT COMMUN DE LA FRANC-MAÇONNERIE
"La Franc-Maçonnerie doit poursuivre la déchristianisation de la France, en étendant sans cesse son influence morale et philosophique." (Paroles du F:. Léon Martin au Congrès des Loges de la Région Parisienne. Séance du 30 mai 1904— Compte-rendu du Congrès, p. 31.)
"La lutte engagée entre le catholicisme et la Franc-Maçonnerie est une lutte à mort, sans trêve ni merci" (Mémorandum du Suprême Conseil", no 85, p. 48.)
"Le catholicisme, nous devons nous Francs-Maçons, en poursuivre la démolition définitive." ("Bulletin du Grand-Orient", septembre 1895, p. 168.)
Or, voici ce qu'on lit en tête du règlement de "L'Émancipation", saisi par le jeune Lemieux avec les papiers de la Loge: "Sous l'obed:. du G:.0:. de France, régulièrement constituée le 14ème jour du 4e mois de la V:. L:. [Vraie Lumière] 5896".
LA LOGE PROTÉGÉE
Nous voilà donc en face d'une loge maçonnique fondée à Montréal par le Grand-Orient de France. Cependant, d'après les
comptes rendus d'un procès qui s'est déroulé à Montréal et dans lequel était intéressé le secrétaire de l'Émancipation, le président du tribunal aurait prononcé les paroles suivantes: "On s'étonne que les membres de la loge Émancipation
n'aiment pas à déclarer qu'ils en font partie. La chose est pourtant naturelle; on les a ostracisés à l'hôtel de ville; on a voulu faire perdre sa position à fonctionnaire très important, d'autres ont été destitués; on les a persécutés. Je les comprends et je les protégerai toujours ici."
La protection de la plus haute autorité serait donc accordée à tous les membres d'une loge maçonnique dépendant -selon le propre témoignage écrit de cette loge elle-même,— du plus sectaire et du plus furieusement anticatholique de tous les Orients du monde, liée à ce Grand-Orient par des serments antireligieux, illicites et criminels, dont le règlement (nous possédons le texte même) oblige chacun des membres de la loge à empêcher à tout prix le prêtre de s'approcher du lit d'un confrère en danger de mort.
FUNESTE ÉTAT D'ESPRIT
Les paroles qui viennent de résonner dans un prétoire canadien ont fait naître dans les âmes vraiment catholiques les sentiments de la plus grande tristesse, en ce qu'elles sont révélatrices d'un état d'esprit dont on ne se rend peut-être pas bien compte, mais qui n'en est pas moins des plus funeste. Loin de nous décourager, cependant, elles nous donnent une force nouvelle pour continuer la lutte antimaçonnique avec plus de vigueur que jamais, en nous faisant toucher du doigt l'aveuglement désastreux dont sont frappés certains esprits de notre classe dirigeante. C'est par un aveuglement semblable que la France a passé avant d'arriver à l'état où elle est aujourd'hui.
Voici donc un fait extrêmement grave: la loge "L'Émancipation" est parvenue à se gagner des sympathies dans la classe dirigeante de la société, ou du moins à aveugler les esprits et à s'assurer par là des protections qui nous étonnent.
SOYONS CIRCONSPECTS
N'allons pas tenter, par des faux-fuyants ou de lâches compromissions d'atténuer la gravité de cette constatation. De l'attitude que prendront devant ce fait brutal les défenseurs de la vérité catholique dépendra, dans une certaine mesure, le succès de la bonne cause chez nous.
Que ni l'amitié, ni la partisannerie politique, ni l'intérêt ne nous empêchent de juger cet événement selon les données de la conscience catholique. Il ne nous appartient pas de juger les intentions; mais c'est notre devoir, à nous, journalistes catholiques, de constater les faits, d'en manifester publiquement l'extrême gravité, et de montrer clairement les terribles conséquences qui peuvent en découler.
LE PROCÈS LEMIEUX
Le procès Lemieux sera, dans l'histoire de notre province, une date dont il est impossible de calculer l'importance aujourd'hui. Tous les journalistes catholiques devraient, pendant qu'il en est encore temps, recueillir avec un soin minutieux les comptes rendus aussi complets et aussi détaillés que possible de ce procès. Chaque audience a sa morale; il y
a une leçon à tirer de chaque témoignage, et dans certain témoignage, de chaque déclaration, de chaque réponse faite aux interrogations de Mtre Laflamme. Tout doit être pesé, médité dans le silence du cabinet de travail. Il serait même très utile d'annoter le texte, chacun pour sa propre utilité, de commentaires suggérés, par exemple, par telle ou telle déclaration, par telle ou telle réticence. Prenez, si vous voulez, entre autres affirmations d'un témoin de la Couronne, celle où il a été soutenu que la loge "L'Émancipation" ne tombe pas sous le coup de la loi criminelle canadienne, en tant que société secrète, parce qu'"elle a été fondée par un grand maître en Canada", et rapprochez cette déclaration assermentée de l'en-tête du règlement de "L'Émancipation", où il est dit textuellement que cette loge a été constituée régulièrement "sous l'obédience du Grand-Orient de France"
L'ACTION MAÇONNIQUE CHEZ NOUS
A l'occasion de ce retentissant procès, il nous a paru utile de faire une revue sommaire de ce qu'a été l'action maçonnique dans la province de Québec depuis 1902, année où fut fondée la Ligue d'Enseignement, jusqu'à ce jour.
Pour bien comprendre comment s'est développée cette action chez nous, il est nécessaire de faire une observation qui est d'une importance capitale. La franc-maçonnerie sait très bien que son influence ne pourra être durable nulle part à moins qu'elle ne s'empare de l'école primaire, pour façonner à son gré l'âme des générations futures du peuple qu'elle veut corrompre. Et Mgr l'évêque de Viviers (France) avait cent fois raison d'écrire, dans sa belle lettre pastorale du Carême de cette année: "C'est un duel à mort entre la Franc-Maçonnerie et l'Église. L'école est le champ clos où se livre entre ces deux forces une bataille ardente et décisive. C'est par l'enseignement que la Franc-Maçonnerie veut arracher les âmes à Dieu: et ces âmes qui sont à elle, qu'elle a engendrées à une vie supérieure, l'Église les défendra avec une énergie aussi indomptable que l'instinct de son cœur maternel. La Franc-Maçonnerie ne désarmera pas; elle perdrait sa raison d'être. L'Église ne faiblira pas: elle trahirait sa mission essentielle. La lutte n'est donc pas près de finir."
LA FRANC-MAÇONNERIE À L'ÉCOLE
Il est donc extrêmement important pour nous, Canadiens français, de savoir comment la Franc-Maçonnerie s'y est prise en France pour s'emparer de l'enseignement populaire, si nous voulons lutter avec avantage contre ses empiètements dans notre province.
L'histoire des trente dernières années de la politique française est là pour nous l'apprendre. Résumons cette histoire lamentable en quelques mots:
Et d'abord, observons que de 1870 à 1880, dans les commencements de la lutte, alors que l'opinion publique en France était encore catholique, les francs-maçons se sont toujours gardés de dire qu'ils voulaient déchristianiser l'enseignement du pays. Leur tactique a consisté uniquement à mettre de plus en plus exclusivement sous le contrôle du gouvernement toutes les écoles primaires de France, et cela en prônant partout la "nécessité" d'un enseignement gratuit et obligatoire. Ils se donnèrent, dans les élections, comme les protecteurs du peuple, des ouvriers, et réclamèrent à grands cris la gratuité de l'enseignement. Or, tout ce programme électoral était soigneusement élaboré dans les loges et l'on était bien décidé à en arriver, petit à petit, au contrôle exclusif de l'enseignement par l'État. Ce monopole une fois établi par là loi, les francs-maçons étaient sûrs qu'en faisant élire leurs créatures au Parlement, ils arriveraient à faire des écoles antichrétiennes, que tous les enfants seraient forcés de fréquenter, par la loi de l'instruction obligatoire.
Le 11 juin 1872, en effet, comme nous l'apprend le journal maçonnique, la "Chaîne d'Union" (an. 1879, p. 217), une circulaire déposée à l'assemblée générale du Grand-Orient par le F:. de Hérédia, député de Paris, contenait cette déclaration: "Nous demandons l'instruction obligatoire pour tous, gratuite et laïque dans toutes les écoles publiques et communales". Au Convent du Grand-Orient de septembre 1879, le F:. Francolin prononçait, au cours d'une allocution fort applaudie, ces paroles
significatives: "J'ai cru qu'il fallait dire nettement que nous sommes l'avant-garde de l'éducation laïque et
républicaine et que partout où il a un enfant, partout où il y a une école, on trouvera la main d'un Franc-Maçon..." (Compte rendu du Convent de 1879; p.337)
L'ÉCOLE SANS DIEU
On sait ce qui résulta de cette campagne maçonnique, menée hypocritement au nom des "intérêts du peuple", du "progrès" et du "respect de la conscience de l'enfant" (quel cynisme odieux déployé ici pour faire avaler l'école laïque c'est-à-dire l'école sans Dieu!).
La loi du 16 juin 1881 rendit l'enseignement gratuit; la loi du 28 mars 1882 le rendit obligatoire; et, enfin, la loi du 30 octobre 1886 laïcisa le personnel enseignant. (Cf. Le François, "Le plan maçonnique".)
Mais cela ne suffisait pas à la rage maçonnique. Les religieux et les Sœurs possédaient de superbes écoles libres, qu'il fallait détruire à tout prix, pour se débarrasser de concurrents dangereux parce que supérieurs aux maçons, même au seul point de vue pédagogique. Aussi, au Convent du Grand-Orient de 1891, le F:. Blatin fit-il voter la résolution suivante: "Les membres maçons du Parlement sont invités par le Conseil de l'Ordre à s'associer énergiquement à toutes les mesures qui tendraient à la suppression des Congrégations religieuses." (Compte rendu du Convent de 1891, p. 471.) En 1898, le F:. Dyvrande s'écriait, au Convent: "Il y a une classe d'individus, qu'il faut exclure de l'enseignement, parce constituent pour la France et pour la République le seul danger, ce sont les Congrégation..." (Compte rendu du Convent de 1898, p. 312).
On sait comment la loi Waldeck-Rousseau, du 1er juillet 1901, dite "Loi des Associations", mettait pratiquement hors la loi les Congrégations religieuses et comment l'odieux Combes a appliqué ces odieux décrets.
Voilà, en quatre lignes, l'histoire de l'action maçonnique sur le terrain de l'enseignement populaire en France, et voilà comment les francs-maçons canadiens-français de "L'Émancipation" entendent s'appliquer à la démolition de l'enseignement catholique dans la province de Québec.
Nous verrons plus loin ce qu'ils ont déjà fait depuis qu'ils ont fondé, à Montréal, la Ligue d'Enseignement, c'est-à-dire depuis 1902. Cette revue sommaire nous permettra de constater qu'ils sont décidés à faire chez nous ce que leurs frères
ont fait ailleurs.
LA PERVERSION DES CERVEAUX
En attendant, nous nous permettons de livrer à la méditation de nos lecteurs les paroles suivantes, prononcées par un franc-maçon notoire, le Dr Debierre, au Convent de 1901:
"Tant que nous n'aurons pas transformé le cerveau de nos concitoyens, tant que nous n'aurons pas pétri autrement le cerveau de nos enfants, j'estime que nous n'aurons rien fait pour l'avenir de la libre-pensée..."
La haine antireligieuse du catholique franc-maçon, et donc apostat, est insondable. Et tous ceux qui, chez nous, regardent les projets parlementaires de Godfroy Langlois contre notre enseignement comme un petit jeu innocent font un tort considérable à la cause de la vérité.
"Vous seriez dix fois plus coupable que les Français, nous disait hier encore un catholique de France très distingué si, après ce qui s'est passé chez nous depuis 1880, vous laissiez les francs-maçons s'emparer de votre enseignement."
Il y a malheureusement, aujourd'hui, en dehors de la franc-maçonnerie, des Canadiens-Français qui soit par ignorance des tactiques maçonniques, soit par esprit de parti, sont prêts à décerner des brevets d'honnêtes gens à tous nos francs- maçons de Montréal et d'ailleurs.
II
LA FRANC-MAÇONNERIE À L'OEUVRE, À MONTRÉAL
À peine fondée, la loge "L'Émancipation", fidèle au mot d'ordre reçu du Grand-Orient de France, se lança à l'assaut de l'enseignement catholique de notre province.
Dès le 9 octobre 1902, avait lieu à la salle Poiré, à Montréal, une réunion convoquée, -disaient alors
certain journaux français de Montréal-, "dans le but de fonder une association connue sous le nom de "Ligue d'Enseignement", dont l'objet serait de s'occuper, d'une manière pratique, des questions d'instruction publique". On remarquait parmi les personnes présentes à cette assemblée: Godfroy Langlois, Dr Louis Laberge, Dr Gaston Maillet, L. Larose, J. Fortier, Dr J. Warren, Dr Adelstan de Martigny. M. Godfroy Langlois fut élu secrétaire de l'assemblée et appelé à prendre la parole fit entre autres, les remarques suivantes (cf. "Le Journal", de Montréal, No du 10 octobre 1902):
"Il a suggéré que l'on forme une ligue qui s'occuperait de cette grave question [l'instruction publique] au même titre que les Chambres de Commerce discutent les matières commerciales. Il a fait remarquer qu'en France il y a une ligue d'enseignement dont les membres, fort nombreux, exercent une influence fort considérable sur l'instruction publique".L'inspirateur de l'organisation montréalaise offrait donc comme modèle d'association aux citoyens de la métropole la fameuse Ligue maçonnique de Jean Macé. Les trop nombreux badauds qui s'étaient rendus, le soir du 9 octobre 1902, à la salle Poiré, assistèrent ensuite à l'organisation d'un comité dont le rôle devait être de "dresser les règlements et la constitution de la Ligue". Ce comité comptait parmi ses membres: Dr Louis Laberge, Dr J. Warren, J. Fortier, Dr Adelstan de Martigny, Dr Gaston Maillet. M. Godfroy Langlois était nommé secrétaire-archiviste de la nouvelle Ligue. Ces élections du 9 octobre, toutes préparées d'avance au sein de la loge "L'Émancipation", se firent, comme on peut bien le penser, très rapidement, et l'on eut soin de glisser, çà et là, parmi les membres organisateurs, des citoyens respectables de Montréal, qui avaient jugé bon de répondre à l'appel de Godfroy Langlois pour aller défendre la cause de l'instruction publique, que personne n'attaquait.
CE BLOC ENFARINE...
Voilà donc la comédie maçonnique qui se joua à Montréal, le soir du 9 octobre 1902.
Heureusement pour la cause catholique, elle ne devait pas se répéter. Le 21 janvier 1903, M. Arthur Beauchesne, qui fit beaucoup de bruit aux "Débats" de Montréal en 1902 et qui était alors un des officiers de la nouvelle Ligue de l'Enseignement, reçut de M. l'abbé F.-A. Baillargé, curé de S.-Hubert (Chambly), une lettre où ce dernier posait au rédacteur du "Journal" quelques questions assez embarrassantes:
"La ligue est-elle eu faveur de l'uniformité des livres? de l'école gratuite? de l'école obligatoire? de l'abolition du conseil de l'Instruction publique? de la création d'un ministère de l'Instruction publique, etc.?"
La réponse de M. Arthur Beauchesne, alors secrétaire-correspondant de la fameuses Ligue montréalaise, manqua de clarté: "La Ligue d'Enseignement, dont je suis secrétaire-correspondant, écrivit-il au curé de Saint-Hubert, ne s'étant pas prononcée sur les huit premières questions que me pose M. l'abbé Baillargé, je ne saurais dire ce quelle en pense... La Ligue d'Enseignement n'a pas été fondée dans un but de destruction...Le radical ou l'ultramontain peut en faire partie."
Dès ce jour, tous les catholiques clairvoyants furent fixés sur le but de la nouvelle Ligue. Mais il fallait plus que cela pour réveiller tous les esprits.
UNE IMPOSTURE DEMASQUÉE
Le coup décisif fut porté par M. Henri Bernard, qui prouva, dans une brochure qui est aujourd'hui un précieux document pour l'histoire de l'action maçonnique à Montréal, que la Ligue de Godfroy Langlois n'était rien autre chose qu'une succursale de la Ligue de F:. Jean Macé, du Grand-Orient. Il est bon de relire aujourd'hui ces documents. Les voici tels que publiés danS la brochure de M. Henri Bernard:
"La "Correspondance hebdomadaire" de la Ligue française de l'Enseignement, annonce, dans son No 2 (14 décembre 1902), que, à la séance du conseil général de la Ligue, le 18 du même mois, sera présentée l'adhésion d'une nouvelle société, portant le No 2890, et désignée sous le nom de "Cercle de la Ligue d'Enseignement de Montréal (Canada)."
"Le "Bulletin trimestriel" de la Ligue française de l'Enseignement, XXIIe année, No 204, (janvier, février, mars 1903) annonce, en douzième page, qu'à la séance du Conseil général de la ligue, tenue le 18 décembre 1902, l'adhésion du cercle
de la Ligue de l'Enseignement de Montréal (Canada), portant le No 2890, a été acceptée."
Et la "Correspondance hebdomadaire" de la Ligue française de Jean Macé se faisait un plaisir d'annoncer que "c'est grâce aux démarches de M.Herbette, membre du Conseil général, qu'un cercle de la Ligue a pu être constitué à Montréal."
Cet acte de naissance de la Ligue montréalaise fût aussi son acte de décès. Et le "Canada" du 21 juillet 1903, alors sous la direction du coryphée des loges, Godfroy Langlois, après trois ou quatre bons mensonges à la mode maçonnique, se voyait forcé de déclarer que la Ligue d'Enseignement de Montréal ne croyait pas devoir poursuivre activement ses travaux pour le moment.
UNE ORGANISATIONS MAÇONNIQUE
À propos de la Ligue française de l'Enseignement, rappelons, en passant, les paroles cyniques que prononçait, au 5e Congrès de la Ligue, tenu à Lille, au mois d'avril 1885, son fondateur, le F:. Jean Macé:
"Autrefois, nous affirmions que la Ligue de l'Enseignement n'était pas une société religieuse et politique. Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi. Aujourd’ hui il faut affirmer que la Ligue est une société maçonnique."
Mais le "Canada" n'avait pas fini de mentir. Le 4 février 1904, ce journal publiait, sous le titre : "Protestation et désaveu" un long article, au cours duquel il citait une résolution votée par la Ligue de Montréal, proposée par MM. Robert Rocher et Godfroy Langlois, secondée par Joseph Fortier et le Dr J.-L. Warren, qui protestait contre l'adhésion de l'association montréalaise à la Ligue maçonnique de Jean Macé et où l'on disait, entre autres choses:
"Que cette adhésion, qui aurait été accordée sans être recherchée, est refusée respectueusement par la Ligue de l'Enseignement de Montréal."
Je vous recommande le "respectueusement"!
Quelle comédie.
LE CORTÈGE DES DUPES
La chose intéressante à noter sept ans après, aujourd'hui que nous savons d'une façon certaine que les promoteurs de la Ligue montréalaise étaient, pour la plupart, des membres de "l'Émancipation", c'est le nombre considérables de noms respectables qui furent inscrits sur la première liste des adhérents à la trop fameuse ligue.
Rapprochez cette liste de celle publiée par le "Canada" du 27 décembre 1909 et l'on peut lire les noms de ceux qui, sans être francs-maçons, assistèrent aux funérailles civiles du Dr. P.-S. Côte. Vous trouverez à peu près les mêmes noms dans ces deux
listes.
Nous avons là ceux qu'on peut appeler les alliés inconscient de la franc-maçonnerie: badauds, naïfs amis politiques qui ne savent rien refuser aux membres de leur parti, gens toujours prêts prêts à prendre la défense des francs-maçons, "ces malheureuses victimes de l'intolérance", enfin tous ceux qui ont versé des larmes sur le sort de "ce pauvre Ludger larose" et
l'ont proclamé "magnanime", lors du procès Lemieux. On n'a pas d'idée du mal que font ces gens-là au sein d'une société catholique. C'est sur eux que compte la franc-maçonnerie pour travailler en sûreté à son oeuvre de mort. Les Carbonari des Hautes Ventes italiennes les appelaient: "les respectables imbéciles". Ce sont des esprits malades de ce libéralisme qui
ne cesse de clamer, sur le ton larmoyant, qu'il faut être tolérant pour l'erreur, afin d'avoir la paix, et qui ne sait jamais trouver un mot de blâme pour les persécuteurs de l'Église. Souhaitons que cette "respectable imbécillité" ne continue pas à s'étendre chez nous. Sinon, elle nous perdrait.
UN AGENT DE LA FRANC-MAÇONNERIE
Cette découverte d'une Ligue d'Enseignement maçonnique à Montréal en 1904, par le courageux et clairvoyant Henri Bernard, ne produisit malheureusement pas sur l'opinion publique de notre province l'effet bienfaisant qu'on était en droit d'en attendre. M. Godfroy Langlois resta à la tête du journal ministériel de langue française de la métropole, où il continua, pendant quelques années encore, grâce au prestige politique du "Canada", à corrompre la mentalité de ses lecteurs sur les questions d'enseignement, par une campagne insidieuse et hypocrite. Peu de temps après, ce coryphée des loges se faisait élire député de Saint-Louis, grâce aux youpins du quartier.
Soutenu par des amis qu'aveuglait l'esprit de parti, le député franc-maçon donnait en pleine Chambre de Québec, le scandale de déclarations mensongères, destinées à jeter de la poudre aux yeux, se posant hypocritement comme une victime de la presse catholique "intransigeante", et niait effrontément avoir jamais appartenu à la franc-maçonnerie. Lisez plutôt ce compte-rendu d'un discours du député de Saint-Louis, tel que publié dans le "Soleil" du 30 janvier 1907, p.5:
LE CYNISME D'UN FRANC-MACON
"Avant de passer à l'ordre du jour, M. Langlois, député de Saint-Louis, à soulevé une question de privilège relativement aux calomnies dont il est l'objet, particulièrement dans les journaux tels que "La Croix", "La Vérité" et "L'Événement". Il croit qu'il est désormais temps de mettre un terme à cette infâme campagne de dénigrement systématique contre lui. On l'accuse d'être franc-maçon et partisan d'une école nationale. Le député de Saint-Louis fait succinctement l'histoire de l'histoire de
sa candidature en 1904 et des moyens employés pour égarer l'opinion publique. Sur les hustings, de maison en maison et auprès des femmes du quartier, on cria qu'il était franc-maçon. C'était une manœuvre. Cette campagne était faite dans un but de spéculation, et sa candidature n'était qu'une protestation contre les monopoles. Il répudia dans le temps la calomnie et déclare de nouveau qu'il n'est pas un franc-maçon.”
Notez, s'il vous plaît, la déclaration du député de Saint-Louis que sa candidature "n'était qu'une protestation contre les monopoles", et rapprochez cette déclaration de l'attitude de Godfroy Langlois à la Chambre, au printemps de cette année (1911) en faveur du trust montréalais Robert & Cie, dont il se fit alors le défenseur acharné. Puis, admirez avec nous la sincérité de ce "défenseur des intérêts du peuple" et de ce grand pourfendeur de monopoles.
TACTIQUES MAÇONNIQUES CONTRE L'INFLUENCE CATHOLIQUE
Fidèle à la tactique suivie dans tous les pays par la franc-maçonnerie, Godfroy Langlois déposait bientôt à la Chambre un projet de loi qui demandait l'élection par le peuple des membres de la Commission scolaire de la ville de Montréal. Son but était évidemment de faire disparaître de cette commission les trois membres qui sont nommés par l'archevêque de Montréal et de faire de l'élection de tous les membres sans exception une affaire de cabale politico-maçonnique. Grâce à l'attitude clairvoyant et énergique de plusieurs députés de la Législature, cet insidieux projet de loi fut prestement mis au rancart pour cette session.
Poussé par la ténacité fanatique de "L'Émancipation", Godfroy Langlois ne, se tint pas pour battu et par trois fois, il ramena son insidieux projet devant la Chambre. À la session de 1909, il crut toucher au triomphe, et le comité de législation, chargé de l'étude du fameux projet de loi maçonnique, se prononça en faveur de son principe: l'élection des commissaires par le peuple. Notre parlement catholique ne pouvait ratifier définitivement cette législation, préparée au sein d'une loge maçonnique. Le comité n'osa pas aller plus loin, et se contenta de recommander à la Chambre la nomination d'une Commission pour enquêter sur le sujet. Et que vit-on alors, dans notre catholique province de Québec? On vit une commission
extra-parlementaire tenir de longues séances, aux frais du trésor public, dans le seul but de savoir s'il était urgent on non d'obtempérer aux souhaits d'un franc-maçon sur les modifications à faire dans l'organisation d'une commission scolaire catholique.
Et les gens qui avaient amené cette dépense extraordinaire de fonds publics, dans le seul but d'imposer à la ville de Montréal une législation scolaire hostile aux intérêts de l'Église, étaient les mêmes qui, un an auparavant, demandaient partout l'uniformité des livres, sous prétexte d'économiser l'argent "du pauvre peuple".
Jamais on n'avait vu encore une aussi odieuse comédie se jouer dans notre province, au nez des honnêtes gens. Et pendant ce temps-là nous donnions force conseils à nos frères de France pour leur apprendre comment on se libère de la tyrannie maçonnique!
III
FAITS ET GESTES DE LA LOGE "L'ÉMANCIPATION"
Pour finir cette revue, -très sommaire,— de l'action maçonnique dans la province de Québec depuis la fondation de la Ligue d'Enseignement, en 1902, il nous reste à voir quels ont été les moyens d'action de la succursale montréalaise du Grand-Orient de France.
Les fondateurs de "L'Émancipation" ont eu d'abord l'habileté, suivant la tactique maçonnique, de s'assurer des collaborateurs fidèles dans toutes lest classes de notre société. Magistrats, avocats, médecins, négociants, ouvriers, se trouvaient réunis, chaque semaine ou à peu près, dans la salle du fameux "Cercle Littéraire" de la rue Sainte-Catherine, d'où on les a délogés sans cérémonies, un bon jour qu'ils venaient de comploter une saleté contre les prêtres du Congrès Eucharistique. Là,
on lisait les instructions reçues du Grand-Orient de Paris, on préparait les discours à glisser adroitement au milieu des réunions politiques, on donnait les résultats des enquêtes, faites auprès de tel ou tel personnage de nôtre monde politique, dans le but de savoir si la loge pouvait compter sur son concours ou du moins sur son silence, et l'on sortait de la réunion plus disposé que jamais à lancer partout les idées maçonniques. C'est ainsi que Gonzalve Desaulniers s'écriait, dans un banquet donné à Montréal à un député, le 10 décembre 1908 : "A l'heure actuelle, le libéralisme s'obstine dans la grande réforme de l'éducation. Après nous avoir donné l'équilibre financier, rompu depuis de longues années, il nous devait l'équilibre moral, qui n'existe pas encore." (Le "Canada", 11 décembre L908.) Comment trouvez-vous ce sophisme maçonnique, qui consiste à faire croire aux badauds que la foi catholique n'a pu encore donner au peuple canadien-français "l'équilibre moral" et que c'est le libéralisme des radicaux de "L'Émancipation" qui va donner à notre peuple cet équilibre? Est-ce assez odieux? Et, venant après Desaulniers, Godfroy Langlois prononçait, lui aussi, au même banquet, des paroles fort significatives: M. Godfroy Langlois, dit "le "Canada" (num. cité), veut la révision des programmes d'études dans les villes. Il réclame la création d'une bibliothèque publique. L'uniformité des livres et l'élection des commissaires, à Montréal, sont des mesures que le parti libéral ne peut pas ignorer. Il veut en outre protéger l'élément laïque dans la carrière de l'enseignement."
Et voilà comment le coryphée des loges trouvait moyen, au banquet politique du 10 décembre 1908, de glisser entre deux verres de champagne tout le programme maçonnique de la réforme de l'enseignement.
LA FRANC-MAÇONNERIE ET NOS OUVRIERS
En même temps, par l'intermédiaire du chef ouvrier Francq, franc-maçon comme Godfroy Langlois, on corrompait l'opinion de certaines unions de la métropole, et le public canadien-français était péniblement surpris, un bon jour, de voir tel Con- seil des Métiers voter le souhait que le Parlement de Québec adopte au plus tôt l'enseignement gratuit, uniforme et Obligatoire. Et l'on eut, un autre jour, le scandale d'un groupe de nos ouvriers de Montréal votant des résolutions de protestation contre l'exécution, si juste et si légitime, de l'anarchiste et de l'infâme corrupteur Ferrer.
LA FRANC-MAÇONNERIE S'ATTAQUE AUX FEMMES
Chose plus terrible encore, "L'Émancipation", docile à la direction et à l'exemple du Grand-Orient, s'appliquait à corrompre l'âme féminine, et on voyait se fonder, en pleine ville de Montréal, sous la direction des francs-maçons et de Colombine, ce
lycée de jeunes filles, où les chefs de la loge interdisaient "tout enseignement religieux" et défendaient aux institutrices "de faire toute prière avec les élèves et même de leur parler religion."
On croit vraiment rêver quand on se rappelle aujourd'hui ces faits et qu'on songe que les auteurs de ces scandales étaient des Canadiens français comme nous, des fils de familles catholiques comme nous, des élèves de nos collèges catholiques comme nous. Et c'est pourtant la pure et simple réalité. Méprisant les leçons de leur enfance chrétienne et les bienfaits reçus, au temps de leur jeunesse, des mains du prêtre, les Langlois, les Desaulniers, les Laberge, les Dupuis, les McAvoy, les Maillet, les Chaput, etc., se liaient par des serments secrets à la tâche de déchristianiser l'enseignement en notre province.
L'EMPOISONNEMENT DES INTELLECTUELS
Pour singer en tout les francs-maçons du Grand-Orient, les membres de "L'Émancipation" ont établi, à Montréal, une succursale de "L'Alliance Scientifique Universelle", société d'esprit et d'inspiration maçonniques et où l'on invoque le patronage de Renan l'apostat, pour traiter des questions soi-disant scientifiques. Le but de ces sociétés pseudo-savantes, qui se développent parallèlement aux loges et qui en reçoivent la direction, c'est de contribuer à la formation d'une opinion publique "maçonnique" sur les questions de haute philosophie, qui sont: la création de l'univers et de l'homme par Dieu, la spiritualité da l'âme, son immortalité, etc. De plus, la franc-maçonnerie leur recommande expressément de décrier les écrivains et les journalistes catholiques, d'exalter au contraire l’œuvre des auteurs athées, libres-penseurs ou simplement neutres. Rappelez-vous, à ce propos, les louanges que décernait le "Pays," l'année dernière, au Dr Albert Laurendeau, de Saint-Gabriel de Brandon, lors de l'apparition de son travail matérialiste dans le volume des comptes rendus du IVe Congrès des Médecins de langue française de l'Amérique du Nord. À en croire l'organe maçonnique, c'était un savant de premier ordre, qui se révélait à ses compatriotes dans une étude admirable, alors qu'on ne trouvait, dans ces pages odieuses, écrites en mauvais français, que des vieilleries qui traînent depuis cinquante ans dans toutes les brochures de propagande de l'école matérialiste. Heureusement, pour la cause de la vérité, il se trouva un homme qui sut jeter par terre l'idole de la fausse science, élevée sur le piédestal de la niaiserie et des préjugés par l'"Alliance Scientifique Universelle." Ce fut sir Alphonse Pelletier, qui donna alors à tous nos hommes publics un bel exemple de fierté et de courage catholiques, en signalant, dans une lettre à Mgr l'Archevêque de Montréal, l'esprit antichrétien de cette société maçonnique, dont le président était alors, on s'en souvient, le Dr Louis Laberge, membre de "L'Émancipation."
PROPAGANDE MAÇONNIQUE
Quand nous aurons rappelé que c'est aux Congrès des Loges parisiennes, tenus en 1905 et 1906, que nous devons la perte de l'éminent consul de France, M. Kleickowski, il ne nous restera plus, pour compléter cette revue sommaire de l'action maçonnique au Canada français, dans les huit dernières années, qu'à signaler à nos compatriotes la corruption de quelques âmes canadiennes-françaises, pratiquée dans le secret de certaines officines médicales de la métropole, et la distribution, secrète aussi, de l'infâme "Vie de Jésus", d'Ernest Renan, parmi notre jeunesse étudiante.
CONCLUSIONS A TIRER -RÉSOLUTIONS À PRENDRE
De cette revue de huit années d'action maçonnique chez nous, nous paraissent découler certaines conclusions, qu'il sera utile de méditer pour nous préparer efficacement aux luttes de l'avenir.
1° L'ennemi est dans la place. Toutes les déclamations optimistes de nos aveugles intellectuels ne pourront rien contre ce fait brutal: l'existence, en plein cœur de notre catholique province de Québec, de 92 francs-maçons, liés par serment au Grand-Orient de France et décidés à tout pour tuer la foi dans l'âme du peuple canadien-français.
2° Tant que les membres de "L'Émancipation", dont nous possédons aujourd'hui la liste complète et bien authentique, n'auront pas fait leur soumission publique à leur archevêque, comme l'exige la discipline de l'Église, c'est le devoir de tous
les fidèles -et particulièrement des journalistes,- de considérer ces 92 Canadiens-français comme des ennemis jurés de la doctrine catholique, quelle que soit la protection qu'on leur accorde dans les tribunaux ou au sein des partis politiques.
3° La première et la principale chose à défendre contre les francs-maçons, chez nous comme ailleurs, c'est l'école catholique. Tant que nous garderons nos écoles foncièrement catholiques, nous sommes sûrs de garder notre peuple catholique. Les francs-maçons ont compris, ici comme partout, cette vérité capitale, puisque c'est à notre enseignement catholique qu'ils se sont attaqués tout d'abord et que leur première oeuvre, chez nous comme en France et en Belgique, a été une "Ligue d'Enseignement".
4° Faisons donc une guerre à mort, dans nos journaux et nos revues catholiques, à l'école "neutre", dont l'établissement a marqué, partout où a triomphé la secte damnée, le premier jalon de la conquête maçonnique. Soyons impitoyables pour tout projet "d'écoles nationales", destiné uniquement à exclure l'enseignement religieux de nos programmes scolaires. L'école confessionnelle, voilà la garantie certaine de l'avenir catholique de notre pays.
5° Mettons, sans pitié, dans la classe des êtres dangereux tous les catholiques qui, soit par intérêt, soit par esprit de parti, soit par ignorance de l'esprit ou des oeuvres de la franc-maçonnerie, jettent le ridicule sur les écrivains catholiques, lorsque ceux-ci fidèles au mot, d'ordre sauveur de Léon XIII: "En premier lieu, arrachez à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites-la voir telle qu'elle est", s'efforcent par, leurs écrits, d'éclairer nos compatriotes sur le but de la secte et sur sou oeuvre.
6° Défions-nous du jargon maçonnique. Il y a un langage chrétien; il Y aussi un langage maçonnique. "Progrès", "droits de la science","liberté de conscience", "nécessité de marcher avec son temps", "force irrésistible des idées modernes", "tolérance", "intransigeance catholique", "nécessités de l'évolution",' "politique indépendante de la religion", "droits de l'homme", "concessions doctrinales pour ramener la paix dans les esprits", "neutralité dans la littérature"; "indépendance de l'art" ,etc.-: voilà quelques-unes, des. formules creuses dont se sert habituellement la franc-maçonnerie pour demander partout la suppression de l'enseignement catholique. Des catholiques de chez nous, qui ne sont pas franc-maçons mais qui sont
niais, sont déjà tombés dans ces pièges maçonniques.
7° N'oublions jamais qu'il a pour nous si nous ne voulons pas être vaincus un jour, une nécessité absolue de donner aux élèves de nos collèges une solide formation, non seulement catholique, mais aussi antimaçonnique. Et pour cela, ajoutons, sans tarder, à notre enseignement apologétique trois ou quatre bons chapitres sur l'esprit et surtout sur les oeuvres de la franc-maçonnerie au XIXe siècle et de nos jours.
8° Généralisons, dans toutes nos sociétés catholiques, la pratique, éminemment salutaire, de la "Ligue du Sacré-cœur", qui fait prendre à tous ses membres l'engagement formel de ne jamais entrer dans aucune société secrète.
9° Enfin, ne nous fions aucunement aux journaux catholiques qui sont avant tout les organes d'un parti politique, pour renseigner notre peuple sur les agissements de la franc-maçonnerie. L'exemple des huit dernières années est là pour nous édifier là-dessus. Des journaux canadiens-français, qui n'ont pas eu honte, en ces derniers temps, de mener contre le clergé de notre province une campagne éhontée, et qui sont toujours prêts à en appeler à l'autorité ecclésiastique supérieure, chaque fois que les journalistes catholiques mettent à nu leurs odieux mensonges, n'ont pas trouvé, pendant les huit dernières années de la campagne maçonnique, un seul mot de blâme à l'adresse des adeptes de "L'Émancipation". Pourquoi cette neutralité? Pourquoi ce silence, désastreux pour la cause catholique? Tout simplement parce que les coryphées des loges appartenaient à leur parti politique.
LA LOGE:. L’ÉMANCIPATION
PAR
A.-J. LEMIEUX
LA »CROIX »
309, rue Saint-Paul, Montréal
1910
PREFACE
Le lecteur pourra constater que je ne donne qu'un résumé du travail qui se fait à la loge l'Émancipation affiliée au Grand Orient de France…. Il me faut faire une forte réserve de détails que couvrent mes preuves, afin d'être en position de me défendre, si l'on me fait un procès…. Je tiens à assurer le lecteur, que le jour où l'on m'intentera une poursuite judiciaire, on me fournira l'occasion d'accumuler la plus formidable preuve, qui ait jamais été faite, à l'appui d'accusations portées contre une secte. Lorsque ces preuves seront fournies, nos franc-maçons ne mentionneront plus l'affaire Léo Taxil.
Si l'on croit que c'est du chantage ou de l'intimidation que je veux faire, j'invite ceux qui auraient à se plaindre de cette brochure à me rencontrer sur le terrain judiciaire…
Je donne le rapport de six assemblées de la loge l'Émancipation, et des détails inédits sur les funérailles civiles du docteur P.-S. Côté…
Je ne fais aucun commentaire: je me contente de mettre une note explicative après certains noms mentionnés dans les rapports, afin qu'il n'y ait pas d'équivoque,... et qu'on comprenne que je ne parle pas en aveugle…
La loge:. l'Émancipation
Assemblée du 8 octobre 1909
Un juge au sein de la loge.- Frère:. Godefroy Langlois au Bureau de Contrôle.— On demande la division du comté d'Hochelaga.— À l'assaut de la législature "provinciale".— On ridiculise l'archevêque de Montréal. — Un chef ouvrier qui veut à tout prix avoir l'uniformité des livres. — La Semaine de M. Gustave Comte.— Frère Adelstan De Martigny au Convent de 1909. — Lorsqu'un frère veut être candidat.— À l'assaut du Bureau de Contrôle. — Un indiscret au "Concile Plénier."
Un frère:. fait remarquer que certains membres font bien peu de chose dans l'intérêt de la loge... Un autre frère:. réplique: « aux reproches de frère:. un tel, je dirai que lorsque je suis sur le banc, je fais tout en mon possible dans l'intérêt de la loge... »
Frère:. Gustave Francq, chef ouvrier, a souligné le fait que le Canada a été le seul journal à reproduire toutes les résolutions passées par le dernier congrès ouvrier. Le même frère:. discute longuement le choix des candidats au Bureau de Contrôle. Il dit qu'il cède le pas à M. Ainey, (aujourd'hui membre du Bureau de Contrôle) mais que s'il avait voulu, il aurait battu Ainey au scrutin.
On demande au frère:. Godefroy Langlois, député de Saint-Louis, de poser sa candidature au Bureau de Contrôle.
On discute aussi la division du comté d'Hochelaga ou les frères:. veulent pousser de l'avant la candidature d'un membre de la loge l'Émancipation. Profitant de la circonstance, voici ce qu'un frère:. disait: Il faut s'emparer de la législature provinciale, parce que c'est elle qui gouverne le plus grand nombre de catholiques au Canada.
Les frères:. ont ridiculisé les conseils donnés aux ouvriers par Monseigneur Bruchési à l'occasion de la fête du Travail.
Frère:. Gustave Francq a promis qu'avant longtemps, une requête recouverte d'au-delà de 25,000 signatures d'ouvriers serait envoyée au Premier Ministre, pour le forcer à demander des soumissions pour l'impression de livres tels que le veut l'uniformité préconisée par la loge.
"Nous aurons ainsi la différence de prix, entre les séries de livres des Congrégations religieuses et les soumissions fournies par le gouvernement et de là au succès final il n'y aura qu'un pas."
Au sein de la loge, ce soir-là, on a lu la condamnation de la "Semaine" de Gustave Comte, par Monseigneur Bruchési et les frères:. en sont venus à la conclusion qu'il fallait prendre les moyens d'en finir avec l'oppression du peuple par l'autorité religieuse. Il faut au peuple la liberté: "Les Évêques se croient les seuls autorisés à travailler au relèvement social de la race canadienne-française."
Les frères:. ont célébré les succès remportés en France par le frère:. Adelstan De Martigny, (médecin de Montréal), qui a représenté la loge l'Émancipation au convent de 1909. Dans le temps, les journaux s'accordaient à dire que le docteur De Martigny était allé, en France, étudier le fonctionnement des sanatoriums anti-tuberculeux…
Lorsqu'un membre de l'Émancipation veut être candidat à l'échevinage, au Bureau de Contrôle, ou à la législature, il doit tout d'abord faire part de ses intentions, au comité d'élection de la loge. S'il arrivait que plusieurs frères:. voulussent être candidats dans la même circonscription, seul,
le candidat choisi par le comité d'élection, devra se présenter.
Un frère:. dit: Si les membres de la loge le voulaient, nous pourrions avoir au moins un contrôleur sur quatre et poussant plus loin son enthousiasme il ajoutait: En nous donnant la main, en travaillant ferme, il y aurait sur les 4 contrôleurs, 3 membres de la loge l'Émancipation.
Un autre frère:. propose que la loge mette sur les rangs plusieurs candidats, lors des élections municipales de février 1910.
Les frères:. se sont beaucoup amusés d'une prétendue indiscrétion de la part d'un membre du Concile Plénier, qui se tenait à Québec.
Assemblée du 12 novembre 1909
Élection de Saint-Jacques.— M. Clément Robillard.— M. Gabriel Marchand au Conseil législatif.— Son successeur.— Un ami de M. Perrault.— Les meilleurs cabaleurs. — Victoire de l'Émancipation.— Le curé de Saint-Hubert.
A cette assemblée, on applaudit à la victoire de M. Clément Robillard dans Saint-Jacques. Un
frère:. communique à la loge une déclaration qu'il prétend avoir obtenue du nouveau député.
On compte comme certaine la nomination de M. Gabriel Marchand, député de Saint-Jean, au conseil législatif. Un frère:. propose que la candidature de M. Poulin, dans Saint-Jean, soit patronnée par l'Émancipation, mais au préalable, dit-il, il faut obtenir de lui une promesse semblable à celle obtenue du député de Saint-Jacques.
On a loué l'hypocrisie d'un frère qui serait le confident de M. Perreault, directeur général des écoles sous le contrôle de la commission scolaire catholique de Montréal.
Ce soir là, il y eut trois initiations.
Un frère:. fait ressortir la nécessité de contrôler la presse: pour appuyer sa théorie, il fait la réflexion suivante: On a beau se couvrir du manteau de la religion catholique, si les journaux font campagne contre nous, on ne peut se faire élire dans une circonscription aussi catholique que la division Saint-Jacques.
Un autre frère:. signale la victoire de Saint-Jacques comme étant celle de l'Émancipation. Cette victoire, dit-il, c'est le commencement de l'écrasement des castors.
On a beaucoup ri du Curé de Saint-Hubert, qui avait exigé des candidats, une déclaration catégorique relativement à la franc-maçonnerie.
A cette assemblée, la question de l'instruction publique y a été discutée longuement.
Assemblée du 26 novembre 1909
Frères:. Maillet et Langlois dans Saint-Jacques.- Honorabilité du frère:. Maillet.- San Francisco et Montréal.— Création d'un lycée.— Élections municipales. — Ernest Tétreau dans le quartier Saint-Denis.— Comité d'Élection.- Paul Marcel de l'Académie.— Mgr Paul Bruchési.— Germain Beaulieu.
Le frère:. Oscar Emond, agent d'immeuble, obtient un degré supérieur.
La loge promet aux frères:. Gaston Maillet et Godefroy Langlois, d'être toute entière avec eux dans la division Saint-Jacques, après la contestation.
Un frère:. a rapporté la conversation de soupçons sur la conduite du frère:. Maillet pendant la campagne électorale de Saint-Jacques. La loge est convaincue de la parfaite honorabilité du frère:. Maillet et s'il y a eu de la corruption électorale dans Saint-Jacques, il n'en est nullement responsable: en conséquence, si quelqu'un porte une accusation contre lui, la loge prendra les moyens de le défendre.
Dans sa lettre à l'Émancipation, M. Donat Caron de San Francisco, demande à la loge de lui aider à répandre à Montréal, un journal de la libre-pensée.
On annonce les élections des officiers, pour la prochaine réunion qui aura lieu le 10 décembre.
On discute la création d'un nouveau lycée, pour lequel on demandera une subvention au gouvernement.
Un frère:. a rapporté la conversation de frère:. Adelstan De Martigny et la sienne avec un ministre presbytérien lors de leur retour d'Europe.
On soulève la question des candidatures municipales. Un membre dit: La loge a la haute main sur le frère:. Francq: ce dernier devra faire, auprès du candidat Ernest Tétreau, les démarches nécessaires pour s'assurer son concours s'il est élu: s'il refuse, le frère:. Francq devra faire en sorte qu'Ernest Tétreau soit battu dans le quartier ouvrier où il a posé sa candidature.
Un frère:. fait remarquer que le comité d'élection n'a pas été institué seulement dans le but de choisir des candidats, mais pour assurer à la loge le plus grand nombre possible d'échevins sympathiques. Si les candidats ne font pas partie de la loge, les membres du comité devraient s'assurer leur concours d'une autre manière.
Un frère:. a rencontré Paul Marcel, directeur du théâtre l'Académie, et ce dernier lui a demandé pour assister à une tenue de la loge. Ce frère:. lui a répondu: Vous ne pouvez assister si vous n'avez pas votre diplôme de maître: il lui a fait remarquer que s'il se courbait devant Paul Bruchési et nommait un censeur, la loge lui refuserait son concours. Sur ce, un autre frère:. ajoute: "Paul Marcel en a nommé un censeur, Germain Beaulieu, mais ce dernier est à couteau tiré avec le clergé."
Assemblée du 10 décembre 1909
Frères:. en règle.— Ceux qui sont en retard. - Ou ne peut pas poursuivre ceux qui doivent la loge. — Le bibliothécaire municipal. — L'inspecteur des Postes. — Il reviendra. — Le député de Vaudreuil. — Nouvelle loge. — Inspecteur de Police de Montréal. — Le nom de la nouvelle loge. — Les élections, — Le Club canadien. — Pas de recrutement à la vapeur — Dieu et l'Immortalité de l'âme. — Conférences. Soirée du 12 décembre… Le musée. — Le lycée des jeunes filles.
Le Secrétaire donne lecture de tous les noms des frères:. qui ont droit de vote: —
Il mentionne aussi les noms de ceux qui sont arriérés dans leurs paiements.
On apprend la maladie du docteur Lacombe.
Le secrétaire dit qu'il a écrit au frère:. Arthur Lamalice et que ce dernier ne répond pas. Un membre ajoute: il faut le retrancher.
Un frère:. propose de rayer les noms de ceux qui sont arriérés dans leurs paiements, puisqu'il n'y a pas moyen de les poursuivre.
Un frère:. fait remarquer que le frère:. Frédéric Villeneuve est certainement en état de payer sa contribution maintenant qu'il a obtenu la position de bibliothécaire municipal, grâce à l'influence de la loge.
Le frère:. Victor Gaudet est arriéré dans les paiements de sa contribution. Un frère:. fait remarquer que Gaudet a eu un moment de mauvaise humeur à cause du retrait de sa candidature dans Maisonneuve, lors des dernières élections générales, mais il reviendra.
Le nom du frère:. Gustave Boyer, député de Vaudreuil, est rayé à cette réunion.
On donne ensuite l'état financier de la loge. On mentionne la formation d'une nouvelle loge dont le frère:. Grandchamp, inspecteur de police de Montréal, sera le secrétaire, et dont feront partie des docteurs Marcil, d'Hochelaga, et Henri Desmarais, et d'autres, dont nous tairons les noms pour le moment. Tous les papiers concernant cette nouvelle loge ont été envoyés au Grand Orient de France. Nous attendons l'approbation du Grand Orient sous peu. Voici les noms suggérés, pour désigner la nouvelle loge: Évolution, Aurore, Force et Courage. Le Grand Orient choisi le nom de Force et Courage. Tel est le nom de la nouvelle loge.
Les élections ont lieu: Maîtres des Banquets frère:. J. T. Marchand, ancien président du Club Canadien et frère:. Paul Turgeon, liquidateur, du bureau de Chartrand et Turgeon.
On propose comme Orateur, frère:. Gaston Maillet. Il objecte en disant qu'il est malade et qu'il suit un traitement chez le docteur Lasalle, spécialiste de la rue Saint-Denis.
Un membre invite les frères à assister au séances du Club Canadien.
Le vénérable de la nouvelle loge, dont nous tairons le nom, dit ceci: « Nous observerons les règlements à la lettre. Nous serons très discrets, afin de réussir mieux que ne l'a fait la loge l'Émancipation, depuis 14 ans qu'elle existe. Les membres de la loge l'Émancipation qui voudront nous rendre visite devront se procurer les mots de passe et signes, car personne n'entrera à moins que ces formalités ne soient remplies. La nouvelle loge se réunira avec l'Émancipation en attendant d'avoir un autre local. Puis il ajoute: Nous ne voulons pas faire de recrutement à la vapeur. Tout ce que nous voulons, ce sont des hommes convaincus et prêts à supporter la loge, dans son travail d'évolution. »
« Je serai contre l'entrée, dans la loge, d'un profane qui croirait encore en Dieu ou en l'immortalité de l'âme. »
Maintenant que nous avons un comité d'étude, nous aurons des conférences une fois par mois et d'ici quelques temps, nous serons plus fermes dans les résolutions que nous avons prises en entrant.
Une soirée aura lieu le 12 décembre (dimanche soir) à l'auditorium. Les frères:. auront des billets gratis. Frère:. Dubois, violoncelliste, y prêtera son concours, ainsi que MM. Paul Marcel, Rouvière, Palmiéri. Hamel et Dme Rither.
Dans le mots de février, nous aurons une soirée au Monument National et si nous voulons, nous ferons salle comble.
Le musée est dans la dèche et il est grand temps que l'on vienne à son secours.
Un concert sera donné, pour nous permettre d'amasser les fonds nécessaires, pour soutenir le lycée des jeunes filles.
Assemblée du 24 décembre 1909
Décès du docteur P. S. Côté. — Funérailles civiles. — Converti. — Mort en athée. — Invitation aux funérailles. — "Laval en corps". -Couronne de fleurs — Inconnus. — La non existence de la loge. — Le réveil. — Traqué, poursuivis, persécutés. — On nous croit des milliers. — Notre force serait nulle. — Le corps de Côté sera incinérée. — Ce n'est pas dans son testament. — Le Questionnaire. -Nous aurons des journaux à nous. — Proposition de nouveaux membres. — Il ne désire que parvenir. — C'est un journaliste très avancé. - Le lycée des jeunes filles. — Ce n'est pas l'affaire des prêtres. — Tu iras au lycée quand même. — Une mère qui connaît son devoir.
Cette assemblée fut surtout remarquable par la longue discussion que suscitèrent le décès et les funérailles civiles de feu le Dr P. S. Coté, qui demeurait au No. 75 de la rue Saint-Denis, à Montréal. (Ces funérailles eurent un grand retentissement par toute la province.)
Voici ce qu'un frère:. disait à ce propos: Les catholiques vont encore essayer de faire croire que Côté s'est converti, mais je suis en mesure de prouver qu'il fut brave jusqu'au bout et qu'il est mort en athée. Les frères:. doivent se faire un devoir d'assister aux funérailles civiles du défunt, dimanche après midi. Que tous les membres, soit par téléphone ou autrement, avertissent leurs amis, afin qu'il y ait une suite nombreuse. S'il y a possibilité, il faudra faire en sorte que les étudiants de Laval assistent en corps.
Il est proposé par un frère:. que la Loge l'Émancipation envoie une couronne de fleurs avec le nom de la loge écrit sur la carte. Un des fondateurs répond: "Ce qui a fait notre force depuis 14 ans, c'est que nous sommes restés inconnus. On doute de l'existence de la loge l'Émancipation et ce que le frère:. vient de proposer donnerait l'éveil. Nous sommes poursuivis, persécutés. On nous croit des milliers et si un jour on savait le nombre des membres, notre force serait nulle. Je propose donc que la loge envoie une couronne de fleurs et que sur la carte on inscrive tout simplement: "par des amis". Quelqu'un dit que le corps de Côté sera incinéré. Un autre reprend que ce n'est pas dans son testament, et le premier réplique que maintenant ce n'est pas nécessaire.
Un membre propose que les réponses au questionnaire que devra donner tout membre en entrant, soit la propriété de la loge afin que plus tard si un membre voulait trahir, la loge puisse lui lancer ces réponses à la face. Espérons que dans ce temps-là, ajoute le même frère:., nous aurons des journaux à nous.
Il est proposé par frère:. Godefroy Langlois, secondé par frère:. Adelstan De Martigny qu'un comité soit formé pour étudier les rapports qui doivent exister entre les deux loges.
A cette même réunion MM. Albert Ferland, Raoul Sylvestre, Adolphe Descarries, Gustave Valois, Alcipiade Brosseau, avocat, sont proposés comme nouveaux membres de la loge. Quelqu'un fait remarquer que M. Alcipiade Brosseau désire entrer à la loge, non pas parce qu'il est convaincu, mais simplement parce qu'il désire parvenir, et un membre se permet de plaisanter en ces termes: "Attendons qu'il soit parvenu et alors nous l'accepterons."
A cette même réunion M. Nighthingale est aussi proposé comme nouveau membre. A l'appui de sa proposition le proposeur fait remarquer que c'est un journaliste très avancé.
Il est proposé de préparer une liste de souscription pour venir en aide an lycée des jeunes filles. A ce moment un membre raconte l'anecdote suivante: "Une jeune fille est allée à confesse et le prêtre lui a défendu de continuer ses études au lycée. La jeune fille fit part de cette défense à sa mère, qui lui répondit: Ça ce n'est pas l'affaire des prêtres, tu y retourneras quand même." Et le frère:. ajoute: "Heureusement que c'était une mère qui connaissait son devoir."
Le frère Dubois a été prié de se choisir une salle convenable pour les artistes. Il aura un programme ragoûtant et cette séance sera au profit du lycée. Un membre ajoute : Veuillez me téléphoner demain et si le frère:. Dubois a choisi le Monument National, je ferai imprimer les billets immédiatement.
Funérailles civiles du Dr Côté
(26 décembre 1909)
M. Honoré Gervais. — L'Émancipation y est représentée. — On ignore l'Église Saint-Jacques. -M. Clément Robillard. — Gonzalve Desaulnier. -Coin Rachel et Saint-Denis. — A la Salle Saint-Joseph. — Le cercle Alpha-Oméga. — Mgr Paul Bruchési. — Une femme difficile à influencer. — Côté jugé par un des leurs. — Cusson et Beauchemin. - Éducation à donner au enfants. — Côté était libre-penseur.
Il y avait déjà une heure que j'arpentais la rue Saint-Denis, de la rue Lagauchetière à la rue Dorchester, lorsque le cortège commença à défiler. Pendant ce temps j'observais ce qui se passait: M. H. Gervais, député de Saint-Jacques au fédéral, probablement averti par des amis, se rendit à la demeure du Dr Côté, consulta quelques amis puis revint à la pharmacie Saint-Denis, coin de la rue Dorchester, où il entra quelques instants. Il retourna à la demeure du Dr Côté. Chemin faisant, il serra la main à droite et à gauche puis tout à coup se sentant très probablement dans une atmosphère insalubre, prit le parti de retourner chez lui en passant par la rue Dorchester. J'avais remarqué un très grand nombre de membres de la loge d'Émancipation qui s'alignaient derrière le corbillard. Le cortège suivait la rue Saint-Denis, passa devant l'église Saint-Jacques que tous les bons catholiques de la loge oublièrent de saluer. Au coin de la rue Sherbrooke, monsieur C. Robillard quitta le cortège. M. G. Desaulnier, qui arriva à ce même endroit quelques instant trop tard pour se joindre aux amis, prit un char, qui se dirigeait dans la direction de la rue Rachel. Je me rendis à l'intersection des rues Saint-Denis et Rachel. Le cortège s'arrêta. Quelqu'un dit: « Nous allons nous rendre à la salle Saint-Joseph, il n'y a que ceux qui ont des cartes qui soient admis. »
Je revins avec ceux qui retournaient à la salle Saint-Joseph. Un jeune membre du cercle Alpha-Oméga que je rencontre très souvent depuis, conversait avec ses compagnons et voici ses paroles: « Ça, au moins, c'est un brave, il est mort comme un homme, et je vous assure que quand même Paul Bruchési, ou n'importe qui aurait voulu le voir, sa femme n'est pas une personne que l'on peut influencer. » Et après d'assez longs commentaires, il en vint à cette conclusion: « Entre nous, si Côté est chez le diable, comme le disent les catholiques, il ne l'a pas volé, car s'il y a quelqu'un qui l'a mérité c'est bien lui. » Ses compagnons soulignèrent cette farce par des rires ironiques. MM. Cusson et Beauchemin étaient ensemble, l'un d'eux dit: Tout à l'heure, au coin de la rue Rachel, une petite fille m'a demandé: Qui est mort?. — je lui dit c'est le Dr Côté.— Était-il catholique? — Non lui dis je. — C'est donc pour cela qu'il n'y a pas de croix sur le corbillard. — Mais alors, il est donc protestant? — Non. — Mais que peut-il être s'il n'est ni protestant, ni catholique? — Il est libre-penseur. — Il est sûrement en enfer, alors. Je me mis à rire et lui dis: Pauvre petite, tant qu'on est jeune, on nous fait facilement croire ces choses-là. Mais quand tu seras grande, tu n'y croiras plus. Je laissai ces libres penseurs convaincus au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Denis.
Voici le rapport que donnait le Canada du 2 décembre 1909.
« Une foule nombreuse accompagne sa dépouille jusqu'au cimetière Mont-Royal.
« Les funérailles civiles du Dr P. S. Côté ont eut lieu hier après-midi à trois heures. La dépouille mortelle est partie de la maison mortuaire No 75 rue Saint-Denis, et le cortège funèbre à suivi en suite les rues Saint-Denis, Rachel, jusqu'au cimetière Mont-Royal.
« Le deuil était conduit par MM, N. Circé, beau-père du défunt, J. Michaud, son beau-frère et V. Plamondon son cousin.
« Parmi les personnes présentes à ces imposantes funérailles on remarquaient: l'Hon. L. O. David, les juges Lafontaine, St-Pierre et Choquette. l'échevin Dagenais, Dr. Globensky, Dr. Louis Laberge, Dr Bourdon, MM. Godefroy Langlois, Jules Helbronner, C. Charbonneau, Arthur Maillé, Gaston Maillet, Honoré Gervais, Clément Robillard, Gonzalve Désaulniers, Clovis Laporte, Paul Turgeon, Olivar Asselin, Fred. Villeneuve, Achille Goyette, échevin Prud'homme, H. Avayou, Honoré St-Martin, H. Péloquin, Dr Asselin, J. A. Bleau, Dr H. Renaud, Guillaume Boivin, E. Laliberté, O. Normandin, Palmiéri, L. C. Petit, Arthur Lamalice, Geo. Poliquin. F. Marrié, N. Lefaivre, D. Versailles, Chs. Roger, Louis Flenti, Ach. Cuson, Camille Dumouchel, Pierre Drolet, A. Martin. Albert St-Martin, L. P. Dupré, Ernest Lafontaine, H. Viger, J. B. Viger, C.A. Rodier, W. Bessette, Louvigny de Montigny, J.A Lamer, Louis Lefaivre, D. Villecourt. D. Donaldson, Chs. Holmes, J. Beauchemin. Osc. Hé-Duhamel, Alph. Ouimet, Camille Masard, Ernest Deguise, A. Foucher, Marc Lachambre. A.
Careau, Jos. Marcotte, Henri Mathurin, A. Lemay, Eug. Pelletier, F.J. Pelletier, Geo. Normandin, M. Hess, Noury, J. F. Jacques, J. A. Ritchot, Ern. Ritchot, Jules Aigré. Pierre Beaudoin, Louis Payette, E. Télat, P. Noel, Dr Dufeutrelle, Dr Marcil, Dr. H. Desmarais, Inspecteur Grandchamp, Elz. Boulay, Pierre Saillard. Dr. Bourdon, Michel Helbronner, ex-éch. Gagnon, Léger Mercier, Alphée Mercier, Dr. Ad. Lebel, Cap. O. H. Bélanger, Jos. Grenier, Dr. Aubry, A. L. Chapdelaine, Rob. Maillet, Cherrier, A. Parent, Béliveau, Chas. Nasgelé, E. Bourdette, A. Geoffrion, J. A. Perron, Al. Duhamel, A. B. Côté. Chas. Côté, A. A. Beauedt, L. A. Lepage, J. S. Lepage, A. Larocque, L. P. H. Dastoor, L. N. Betournay, Jos. Moquin, L. Bolduc, Pierre Gouiller, P. Bourchet, J. B. Laplante, A. L. Forget, Ed. Glas, P. Lassonde, Louis Becquette, Louis Houle, C. Lacombe, A. Brière, le personnel de la rédaction du "Canada", Gustave Comte, Paul de Martigny, Alfred Mouseau, A. Lalonde, M. E. Arby, E. Vernier, Albert Laberge.
Mesdames Viger, Lassonde, Duplessis Donaldson, Drolet et Mlle Dumas.
« La famille avait reçu comme témoignages de sympathie à l'occasion de la mort du Dr. P. S. Côté, nombre d'offrandes de fleurs, parmi lesquelles on remarquait celles envoyées par le "Canada"; le Dr Louis Laberge, au nom de L'"Alliance Scientifique Universelle"; les professeurs et les élèves du Lycée de jeunes filles. MM. Robert Ernest, A. E. Beauchemin, Horace Kearlry, le "Cercle Littéraire"; la famille Vandelac.
« Après les funérailles, les membres du cercle Alpha-Oméga, se sont réunis et M. Elz Boulay fit l'éloge du défunt qui fut suivie de la lecture d'une poésie à sa mémoire, par M. E. Laliberté. »
Assemblée du 14 janvier 1910
Albert Ferland. — L. P. Dupré. — Il a volé. — Pierre Leclerc. — Ses indiscrétions n'ont pas fait de tort. — M. Giroux. — On veut le faire consentir à être incinéré. — Arthur Lamalice, Frédéric Villeneuve — Le Sénateur Casgrain, Honoré Mercier et Payette. — Dr Dagenais dans Saint-Gabriel. — Dr Louis Laberge. — Agénor Tarnier. — Télégramme de Québec. Olivar Asselin. — Dr Villecourt est un indiscret. — Larose visite le cercle Alpha-Oméga. Il ne faut pas dire qu'on est maçon. — Un frère:. indiscret. — Ce n'est pas E. C. Villeneuve de Saint-Jean. — Le "Pays".— Ce ne sont pas les hôteliers. — Le "Devoir" est à côté. — L'alliance Scientifique Universelle. — La tempérance. — Liberté:., Egalité:., Fraternité:. —
M. Albert Ferland est refusé parce qu'il est réconcilié avec le clergé.
Le nouveau vénérable promet d'observer fidèlement la constitution du Grand Orient de France. Frère:. Honoré St-Martin, A. P. Beauchemin et Gonzalve Desaulnier font partie d'un comité. M.L.P. Dupré, avocat, est présenté par Larose et Beauchemin. Un frère:. fait objection à l'entrée de Dupré dans la loge: je l'ai connu, dit-il étant pauvre et dans le malheur: je l'ai pris avec moi et il a profité du fait qu'il connaissait mes secrets pour me dénoncer au Barreau. Vous savez que d'après les règlements du Barreau on ne peut pas faire de sollicitation. Si vous pensez qu'un tel homme peut faire partie de notre association, je l'accepterai.
Pierre Leclerc, membre de la loge des Coeurs-Unis, demande à faire partie de la loge Émancipation. Un frère:. rappelle ses indiscrétions lors de la commission royale à Montréal. Un membre s'enquiert: Est-ce qu'il en a nommé d'autres? On répond oui. Alors est-ce que ça fait du tort? Réponse non. Pourquoi le refuser si ses indiscrétions n'ont fait de tort à personne? Et ce frère:. ajoute: Frère:. Vénérable, il y a deux ans que Pierre Leclerc est proposé et il n'est pas encore accepté.
A cette même assemblée. M. Girouard, avocat d'Arthabaskaville, a été proposé comme nouveau membre.
Le profane Giroux serait un autre indiscret, réplique un frère:. en s'opposant à son entrée à la loge, et nous en avons déjà assez. Le proposeur réplique: Il n'a même pas essayé de savoir le nombre des membres de la loge. Dans la campagne de Saint-Jacques, au mois de novembre, Giroux apprit que la loge travaillait pour Clément Robillard, et il a travaillé de toutes ses forces pour notre candidat.
Un frère:. est malade à l'hôpital général. Un membre de la loge propose qu'on lui fasse mettre dans son testament qu'il se fasse incinérer.
Le comité des finances sera comme suit: frères:. Fortier, Tanner, St-Mars que l'on substitue au frère:. Cherrier qui avait été choisi en premier lieu. A cette assemblée, le frère:. Arthur Lamalice est rayé. Un frère:. propose de rayer le nom de Gustave Boyer, député de Vaudreuil. Le secrétaire répond que c'est déjà fait.
On mentionne encore le fait que le frère:. Frédéric Villeneuve, bibliothécaire municipal, est arriéré pour sa contribution. On en vient aux élections municipales. On fait le choix des candidats à appuyer. La loge décide de soutenir la candidature de frère:. G. Maillet dans Saint-Louis, celle du sénateur Casgrain à la mairie. Au Bureau de Contrôle, les candidatures de M. Ainey, H. Mercier et Payette. On décide de soutenir la candidature de l'échevin Proulx dans Saint-Jean-Baptiste. Un frère:. propose que la loge appuie le Dr Dagenais dans Saint-Gabriel. Un frère:. réplique: Si en votant pour Dagenais nous opposons en sa personne un adversaire du frère:. Dr L. Laberge, président du Bureau d'hygiène, nous devons faire tout en notre possible pour faire battre Dagenais. Il y eut sur ce sujet une discussion d'au moins 20 minutes. Un autre membre ajoute: Je suis d'opinion que si l'Est avait comme candidat un bon maçon on aurait quelque chance de réussir. Un frère:. donne à la loge une communication du frère:. Agenor Tanner qui demande le concours de la loge pour soutenir sa candidature dans Argenteuil, siège laissé vacant par la nomination de M. Weir. Il a reçu aujourd'hui un télégramme de Québec et il est parti pour le comté où il tentera de se
faire choisir comme candidat. Un membre dit: Lorsque Asselin, Olivar a écrit dans le "Devoir" que les maçons avaient voté en Bloc pour Langlois au Monument National, je crois que c'est le Dr Villecourt qui le lui avait dit. On soupçonne aussi le Dr Villecourt d'être l'auteur des indiscrétions qui se commettent à l'Archevêché sur le compte du Cercle Alpha-Oméga.
Le cercle Alpha-Oméga a été fondé par les membres de la loge l'Emancipation. Mercredi, frère:. Larose assistait à une réunion du club Alpha-Omega. Un membre reproche aux autres frères:. de dire qu'ils sont maçons pour faire de la propagande, et il ajoute: Plutôt que de parler de la franc-maçonnerie, il vaudrait mieux parler contre les curés, contre les religieux, traiter la question de l'instruction publique, l'uniformité des livres, le ministère de l'instruction publique. Ceci porterait beaucoup plus de fruit que si vous dites que vous êtes maçons. On croit que les renseignements qui percent au dehors ont pour cause l'indiscrétion d'un frère:.. Après certaines remarques, un frère:. ajoute, je ne voudrais pas que le frère:. Villemage croie que je veux l'accuser. Le journal le "Pays" est l'organe de la loge de l'Emancipation. Un frère:. se vante d'avoir fait souscrire les parts en 50 minutes par les membres de la loge. Un frère:. prétend que le Dr Villecourt lui a fait voir son diplôme de "Maître". Un autre frère:. dit: J'ai demandé à la loge l'Émancipation de s'unir à l'Alliance Scientifique Universelle et de travailler avec nous. On cite le "Devoir", écrivant que les souscripteurs au "Pays" étaient des hôteliers. On réfute cette assertion, disant: Pas un seul hôtelier n'a fourni de fonds au journal, mais ce sont les membres de la loge qui en sont les fournisseurs. Le "Devoir" est encore dans l'erreur. La Tempérance telle que prêchée par le Clergé est incompatible avec notre devise: Liberté, Égalité, prendre un coup quand nous en avons le désir.
L'assemblée est close à minuit et quart.
Voici les noms de quelques-uns des membres de la loge l'Emancipation figurant le 14 janvier 1910. Comme je le disais au début, je me garde une réserve: Godefroy Langlois, député de Saint-Louis; Dr Gaston Maillet, Dentiste; Dr Louis Laberge, bureau d'hygiène de Montréal;
Léger Mercier, imprimeur, rue St-Jacques; Dr Adelstan De Martiguy, coin Sanguinet et Sherbrooke;
Victor Gaudet, avocat, inspecteur des Postes; Gonzalve Désaulniers, C. R.; Damien Bouchard, greffier de la ville de Saint-Hyacinthe; Juge F. N. Dupuis, recorder de Montréal; Dr. Henri Duhamel;
Oscar Normandin, marchand de fourrures; Arthur Cherrier, banquier, Boulevard Saint-Laurent;
Henri Saint-Mars; J. T. Marchand, de J. T. Marchand et Cie.; Clovis Laporte. avocat;
Omer Chaput, de la Tribune, de Sherbrooke; Paul Turgeon, liquidateur; Henri Craig, du Pays;
A. J. Laliberté, aussi du Cercle Alpha-Omega; Oscar Emond. agent d'immeuble, bâtisse de la Banque des Cantons de l'Est; Gustave Francq, chef ouvrier; Dan. McAvoy, avocat; E. C Villemagne, de Saint-Jean, P.Q.; Arsène Bessette, du Canada-Francais, Saint-Jean.
Conclusion
Cette brochure ne donne qu'un aperçu du travail que peuvent accomplir quelques hommes audacieux, dans leurs démarches ténébreuses, mais trop lâches pour lutter à ciel ouvert.
Ils étaient nombreux, ceux qui croyaient à l'impossibilité de savoir ce qui se passait à la loge l'Emancipation, ceux qui se refusaient à croire qu'un travail incessant aurait bientôt raison de ces visages doubles, qui s'arrogent le droit d'instruire nos enfants à leur guise, d'en faire des mécréants comme eux, des ingrats qui n'ont pas même le respect des morts; — mais j'espère qu'ils seront plus nombreux encore ceux qui sauront ce que valent les réformes patronnées par la loge l'Émancipation. Les mères de familles sauront quel danger elles font courir à leurs jeunes filles lorsqu'elles les confient au lycée des frères Langlois et De Martigny, et les ouvriers sauront ce que valent les théories émises par un Gustave Francq.
Il y a deux ans que je travaille à démasquer ces frères:. et je présente aujourd'hui au public les premiers fruits de mes recherches et de mes efforts.
Dans un volume qui paraîtra d'ici quelque mois, je raconterai, jour par jour, le travail accompli, je démontrerai, preuves en main l'exactitude de mes avancés.
J'attends maintenant la vengeance de ces bons frères:.
Un dernier mot: Si les membres de l'Emancipation ne trouvent pas ces détails suffisants, je pourrai rendre public le petit complot monté contre les membres du clergé (ils comprennent ce que je veux dire) que l'un d’eux imagina pour faire éclater quelque scandale pendant les fêtes du Congrès Eucharistique. Je démontrerai (si ce n'est pas déjà fait) de quel bois se chauffent nos émancipés.
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